chapter #24 « keep holding on »

Un tas de souvenirs hantaient ces murs, au teint marbré ; ce bâtiment existait depuis des siècles, il avait eu la chance de connaître en son sein de grands hommes. Quelques photographies des précédents Hokage traînaient sur les murs, ils étaient beaux, vêtus de cette fameuse tunique blanche.

Le bruit de ses pas à l'allure effréné flottait, entre les parois du bâtiment ; son cœur lui faisait mal dans sa cage thoracique. Son épaule se heurta douloureusement à une silhouette mais il ne s'arrêta pas, il continuait sa route, à bout de souffle ; deux long jours, il n'avait pas fait une seule pause. Un tel épuisement coulait dans ses veines et pourtant, il était là ; les prunelles d'un bel ébène du garçon s'accrochèrent à une tignasse blonde. Un sourcil froncé, il stoppa sa course, reprenant douloureusement une inspiration ; alors qu'elle, elle posait un regard surpris sur lui. Il se heurta silencieusement à cette inquiétude dans ses iris d'un magnifique bleu ; ils se connaissaient depuis si longtemps, si bien qu'ils étaient connectés, lorsqu'elle souffrait, il souffrait. D'un pas lent, elle s'avança et se heurta au torse du bout d'homme ; ses bras frêles se glissèrent autour de sa carrure imposante et elle chercha, une demi-seconde, un certain réconfort, auprès de lui.

« dieu merci, tu es là » lâcha-t-elle, dans un murmure
« pardon » souffla-t-il, essoufflé « je suis parti dès que j'ai su »

Elle ne dit rien, resserrant simplement sa prise autour de son corps ; elle se souvenait bien de ces années adolescentes qu'ils avaient partagés, tous les deux, d'à quel point elle s'était moqué ouvertement de lui parce qu'il possédait quelques centimètres en moins. A cet instant, elle était heureuse qu'il soit si grand et si fort ; ça la rassurait.

« Saï n'est pas là ? » demanda-t-il
« non, en mission ; il revient dans huit jours »

Le brun acquiesça, silencieusement ; ça ne l'étonnait pas. L'artiste était resté, pendant si longtemps, ce garçon que personne n'appréciait réellement, qui ne comprenait pas les sentiments et qui se perdait dans un tas de sensations inconnues ; mais lorsque il avait comprit, à quel point il était fou amoureux de la douce Yamanaka, il avait mit ça de côté, il s'était promit d'être un bon mari, un père aimant et surtout, un shinobi digne du clan de son épouse.

Ils se séparèrent doucement et il déposa chastement ses lèvres sur son front tremblant, ils souffraient tous les deux ; et il s'apprêtait à faire un pas vers le bureau du Hokage, lorsqu'elle l'en empêcha, attirant son attention sur elle. Les sourcils froncés, il posa son regard brun sur le visage inquiet de sa meilleure amie.

« Shikamaru » commença-t-elle « Sakura et t-.. »
« ce n'est pas le moment » la coupa-t-il, d'une voix faible « pas tout de suite, s'il te plaît »

Pendant une seconde, ses prunelles bleutés se plongèrent dans les profondeurs des iris brunes du garçon ; il semblait en proie à un tas d'émotions contradictoires, un tas d'inquiétudes et elle comprenait, ça lui sciait les tripes, elle aussi. Elle acquiesça, simplement et relâcha le poignet du brun ; il s'empressa de fondre dans le bureau du Hokage, sans prendre la peine de dire quoi que ce soit.

Les quelques feuilles qu'il tenait dans ses mains, s'échappèrent de sa prise lorsque ses prunelles bleutés se posèrent sur la silhouette de son ami, sur le pas de la porte ; il semblait à bout de souffle, pris dans un tremblement incertain. Dans un geste lent, Naruto ramassa les papiers et les fourra dans un dossier quelconque, acquiesçant simplement ; ce boulot le tuerait d'épuisement, à un moment.

« Shikamaru, je-.. » tenta-t-il, d'une voix douce
« ne fais pas ça » le coupa le brun, tremblant « ne fais pas ça, elle n'est pas morte, alors s'il te plaît, ne me parles pas comme si c'était le cas, Naruto ; j'ai besoin de ton enthousiasme habituel »

Le brun tenta de prendre une inspiration, frottant ses mains moites sur le tissu sombre de son pantalon ; il était effrayé à l'idée que les mots qui s'échapperaient des lèvres du blond soient bien trop douloureux. Son cœur battait si vite dans sa cage thoracique, que peut-être qu'il allait prendre la fuite, qu'il allait simplement faire une crise cardiaque ; le souffle lui manquait. Un soupir s'échappa des lèvres du blond et il acquiesça ; bien sûr que le Nara était capable d'entendre n'importe quoi, ils avaient joués leurs rôles pendant la quatrième grande guerre, ils avaient assistés impuissant à la mort de Shukaku, d'Inoichi et de Neji.

« nous sommes sur le point d'atteindre le délai, tu connais les lois ; au bout d'un mois, je suis dans l'obligation de déclarer les shinobis portés disparus, décédés » expliqua-t-il, le cœur lourd « le seigneur a mit ces lois en place, lui-même ; je suis littéralement dans l'incapacité de faire quoi que ce soit, tu le sais »
« tu aurais dû me mettre au courant, avant » grogna le brun, les sourcils froncés
« tu es parti à Suna ; tu venais de perdre Kankuro, qui était ton beau-frère et ton ami, comment aurais-je pu faire une telle chose ? Temari avait besoin de toi, ton fils avait besoin de toi »
« tu aurais dû me le dire, Naruto »
« je sais, et j'en suis désolé ; la situation est compliqué »

Dans un élan tremblant, le stratège coinça un tube de nicotine entre ses lèvres ; bien que ce n'était pas autorisé dans l'enceinte du bâtiment, le blond ne dit rien, il comprenait sa souffrance et à cet instant, si une cigarette parvenait à lui apporter un semblant de paix, il était prêt à dire oui, à n'importe quoi. Un soupir s'échappa des lèvres du brun et il passa ses doigts dans ses mèches brunes, bordéliques ; il était épuisé.

« en quoi consistait la mission ? » demanda-t-il, en tirant une taffe
« ce n'était pas quelque chose de compliqué » nota le blond « une mission banale, l'équipe était simplement censé faire un tour dans un village détruit, pendant la quatrième grande guerre ; de nombreux témoignages, récemment, ont rapportés que des survivants traînaient là-bas » il prit une inspiration « le but était de les amener à moi, le village ne cesse de s'agrandir et j'aurais aimé qu'ils viennent vivre ici »
« tu as toujours été comme ça » constata le brun « un grand cœur »
« je suis comme ça, parce que j'ai eu la chance d'avoir de bons amis ; quoi que tu dises, Shikamaru, tu m'as sauvé »

Le blond avait eu toutes les cartes en main, toutes les raisons d'être un tueur, d'arracher la vie à un tas de villageois ; mais une rencontre, au bon moment, avait tout changé. Shikamaru, Chôji, Kiba, Iruka ; ils l'avaient sauvés, sans réellement s'en rendre compte. Le stratège tira une dernière taffe et s'approcha de la baie vitrée, légèrement ouverte ; il glissa le mégot dans l'ouverture et se posta face au bureau, droit comme un pic. Une telle détermination émanait de lui, à cet instant qu'un frisson prit le blond.

« je t'écoute » souffla-t-il, les sourcils froncés
« je souhaite prendre la situation en main »
« c'est-à-dire, Shikamaru ? »
« réunir plusieurs membres et lancer une mission de sauvetage »

Un énième soupir s'échappa des lèvres du blond ; oh, ça, il s'en doutait.

« le délai est passé, tu le sais » rappela-t-il
« mais tu es bien placé pour comprendre, l'abandon n'est pas une option »

Shikamaru n'avait pas tort ; il avait couru après un certain Uchiha pendant si longtemps, qu'il n'était pas la capacité de dire non. Le grognement qui s'échappa des lippes du blond, par la suite, arracha un petit sourire en coin au brun ; il connaissait assez son ami, il le connaissait même sur le bout des doigts.

« bien, tu as deux heures pour être prêt ; je réunis des hommes, ils t'attendront aux portes » lâcha le blond, d'une voix forte « ramènes-les, Shikamaru »
« t'en fais pas pour ça, Naruto »

Ils s'échangèrent un sourire, une demi-seconde ; puis, le brun fit volte-face et disparut au détour d'un couloir.

Le bois de la porte céda au visage de sa meilleure amie ; d'un pas lent, il s'engouffra dans l'appartement et fronça les sourcils. Un parfum de fleurs traînait entre les murs, ce parfum qui l'avait accompagné toute son enfance, son adolescence et encore maintenant, là, tout de suite ; sans un mot, il s'avança dans le corridor et son dos se heurta doucement au canapé. Elle s'empressa de le rejoindre, déposant deux tasses de thés sur la table basse.

« je pars à sa recherche » dit-il

Le son de sa voix résonna un instant, se répercutant sur les parois de l'appartement. Elle attrapa sa tasse de thé, fumante et la porta à ses lèvres ; ça avait un goût sucré, elle n'aimait pas spécialement le thé mais son époux appréciait la découverte des goûts.

« je sais » souffla-t-elle « 'fin, je me doute »

Elle le connaissait assez, pour ça ; dès l'instant où ses prunelles bleutés s'étaient déposés sur la silhouette du brun, elle avait su au fond d'elle qu'il partirait à la recherche de la jeune femme, comment aurait-il pu resté sans rien faire ? Bien qu'il possédait certains traits de caractères, il était empli de courage, empli d'une force moral et d'un sens de l'amitié qui la rendait fière.

« j'ai appris que pour la rupture »

Une légère grimace se glissa sur les lèvres du garçon et il prit une inspiration, hissant sa tasse à ses lèvres ; ça lui était totalement sorti de l'esprit, la rupture, le fait que la rose traînait dans les rues du village caché de la Feuille. Que ferait-il si il la croisait ? Serait-il capable de dire quoi que ce soit ? Prendrait-elle la fuite ? Il étouffa un grognement entre ses lèvres.

Ino semblait en proie à un tas de questions, perdue dans la contemplation du liquide dans sa tasse ; il claqua bruyamment des doigts sous son nez et acquiesça.

« poses ta question » lâcha-t-il
« comment tu-.. » commença-t-elle
« le fil rouge, souviens-toi »

Le sourire qui naquit au coin des lèvres de la jeune femme lui mit du baume au cœur ; pendant son enfance, le brun n'avait pas réellement très bien prit l'idée qu'Ino serait une partie importante de sa vie, jusqu'à son dernier souffle et un après-midi, Yoshino avait prit les deux enfants à part. D'une voix claire, elle avait annoncé l'existence de ce fil rouge du destin, qui liait deux personnes ; ce fil rouge qui liait Shikaku à Inoichi et Chôza. Ce fichu fil rouge qui liait Shikamaru à Ino ; ça les avait marqués, inconsciemment et chaque fois que l'un allait mal, l'autre lui sortait cette vieille histoire.

« est-ce que tu es sûr de toi ? » demanda-t-elle « tu sais, au bout d'un certain moment, un retour en arrière ne sera plus possible ; tu as été heureux avec Temari, mais est-ce que tu es sûr que ce n'est pas terminé entre vous deux ? »
« Ino, je-.. » souffla-t-il, dans un élan incertain
« ce n'est pas parce que je suis en colère contre elle, que je ne veux pas que tu sois avec elle, d'accord ? » déclara la blonde, sa tasse entre les doigts « tu as été heureux avec Sakura, je l'ai vu ; pas seulement dans ton sourire mais dans ton regard, dans ta façon d'être, tu l'aimes »
« j'ai hésité » avoua-t-il « pendant un instant, j'ai vraiment hésité, Ino ; j'étais là et je ne savais pas, mais je suis sûr de moi, Temari est et restera sûrement jusqu'à la fin, mon âme-sœur »

Elle soutint son regard, un instant ; puis, elle acquiesça.

« bien, tant que tu es heureux »

Le brun ne répondit pas, il n'avait pas besoin, il savait qu'en ces quelques secondes, la douce Yamanaka avait vu au plus profond de son âme ; ils étaient liés par ce fichu fil rouge.

Il était là, douloureusement ; son regard se perdait silencieusement dans l'atlas sombre, laissait des traînes empreint d'une souffrance vive. Une main délicate le tira de sa contemplation et il adressa un petit sourire à son meilleur ami ; ses prunelles d'un bel ébène se posèrent sur un brun, qui tentait maladroitement de de faire son lacet, grommelant quelques mots incompréhensibles dans sa barbe, son chien à ses pieds. La fourrure d'un beau blanc de l'animal contrastait parfaitement avec les sombres couleurs des vêtements de son maître ; il étouffa un bâillement entre ses lèvres et balança son sac sur son dos, resserrant correctement les attaches.

« tu es prêt ? » lui demanda la voix douce de Chôji
« toujours, et toi ? » souffla-t-il
« j'ai confiance en toi, en nous ; je suis plus que prêt »

Une flamme confiante traînait au fond des prunelles du garçon enrobé et il esquissa un sourire ; s'en était étrange, d'aussi loin que ses souvenirs remontaient, le roux était là, son paquet de chips dans les mains, ce sourire idiot au bord des lèvres. Sa présence avait quelque chose de particulièrement apaisant.

« oye, les garçons » s'exclama le brun
« qu'est-ce qu'il y a, Kiba ? » demanda le rouquin
« regardez » souffla-t-il, en pointant du doigt quelque chose

Dans un geste lent, le brun fit volte-face ; son regard s'accrocha aux prunelles bleutés de sa meilleure amie, elle était là, aux portes du village. Son cœur rata un battement lorsqu'il succomba aux iris écarlates de la femme qui l'accompagnait, quelques sillons de larmes sur les joues ; le sac qui traînait sur son dos retomba dans un bruit étouffé sur le sol et il s'approcha d'elle, la tirant dans une étreinte. Un lien un peu spécial les liait, tous les deux ; elle se souvenait bien de toutes ces conversations qu'elle avait eu avec Asuma, concernant ce bout d'homme. Il déclarait constamment que Shikamaru ferait de grandes choses, qu'il avait toutes les cartes en main, qu'il était juste un peu trop flemmard ; il l'avait toujours considéré plus comme un fils, qu'un élève. Elle s'accrocha tant bien que mal à lui et fondit en larmes, silencieusement, le brun resserra sa prise.

« Shikamaru.. » lâcha-t-elle dans un murmure agonisant
« le roi est sous ma protection » dit-il « je n'abandonnerais pas »

Doucement, elle se tira de l'étreinte et plongea son regard dans le sien ; il lui ressemblait à cet instant, il ressemblait à Asuma. Cette flamme au fond de ses prunelles lui mit un peu de baume au cœur et elle renifla bruyamment.

« faites attention à vous » souffla-t-elle, faiblement « et ramenez-la, s'il vous plaît »

Une telle souffrance émanait de la femme qu'ils se retinrent tous, tant bien que mal, de ne pas la prendre dans leurs bras ; dans un mouvement doux, Ino la tira contre elle et encercla ses épaules d'un bras rassurant. Ses prunelles bleutés se posèrent sur les trois garçons, cette situation les touchait tous ; Shikamaru prit une inspiration et attrapa son sac, sur le sol poussiéreux. Dans un bond agile, Kiba se hissa sur ses deux pieds et esquissa un sourire, levant son pouce en l'air ; le jappement que lâcha son chien attira l'attention de Kurenaï.

« comptez sur moi, Kurenaï » s'exclama-t-il « je reviendrais avec la petite Miraï »
« moi aussi, comptez sur moi » ajouta le roux, un petit sourire au coin des lèvres

Il s'avança, doucement et attrapa les mains de la brune dans les siennes ; dans un geste tendre, il déposa chastement un baiser sur le dos de sa main, esquissant un sourire en coin.

« tout se passera bien » souffla-t-il, sûr de lui

Un sourire naquit au coin des lèvres du stratège ; Naruto avait fait le bon choix, en mettant ces trois-là dans la même équipe. Son regard s'accrocha un instant aux prunelles pourpres de la femme et il acquiesça.

« c'est une promesse » lâcha-t-il, au gré du vent

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