chapter #19 « someday we'll be together »
Les quelques rayons de la lune éclairaient paisiblement la pièce ; enveloppé dans des draps d'un beau blanc, l'adolescent dormait profondément. Il se souvenait du sourire totalement idiot qui traînait sur les lèvres de son oncle, de ces maquillages étranges sur son visage, de ses étreintes maladroites et de ses discours enflammés, lorsqu'il parlait de son frère ou de sa sœur ; et ça lui faisait mal de se rendre compte qu'il ne se heurterait plus jamais à ce grand gaillard. Toutes ces barrières auxquelles il s'était accroché, en entrant dans la puberté, étaient tombés, une par une ; il avait fondu en larmes, une vingtaine de fois, les larmes ne cessaient de prendre la fuite loin de ses yeux et pour une fois, il s'en fichait totalement d'être un homme, d'être fort. Parce qu'à cet instant, il redevenait ce petit garçon maladroit qui cherchait l'affection des adultes, autour de lui.
Dans un léger soupir, il se détourna de cette image ; les sillons de larmes qui ne quittaient pas les joues de son fils ne cessait de lui rappeler la raison de sa présence dans le village caché du Sable. Il referma la porte avec une douceur extrême et le bruit de ses pas résonna un court instant dans le corridor de la maison ; une petite maison, très loin de la taille de la demeure du clan Nara ou des appartements du Kazekage mais une bonne odeur traînait dans l'air, cette fameuse odeur qui n'existait plus entre les murs de sa demeure. Ses doigts fins passèrent dans ses mèches brunes et il les rattacha, d'un geste mécanique, en un catogan bancal ; ses prunelles d'un bel ébène s'attardèrent sur les photographies qui trônaient fièrement sur les murs blancs. Et il fut étonné lorsqu'il tomba nez à nez avec son propre reflet dans l'une d'elle ; une dizaine d'années en moins, cet air impassible sur le visage, ce tube de nicotine entre les lèvres et ses deux coéquipiers, près de lui. Ils semblaient si heureux, à cet instant.
« j'aime cette photo »
Le son de la voix lui arracha un sursaut et il posa un regard réprobateur sur son ex-épouse ; les cernes qui traînaient sous ses yeux émeraudes attestaient de la dureté de ses nuits. Elle s'approcha sans faire de bruit de lui et se posta à sa droite, ses prunelles d'un beau vert se perdant dans les tréfonds de cette photo ; elle était celle qui se trouvait derrière l'appareil, ce jour-là. Une petite sortie banale, entre amis ; leurs enfants respectifs allaient sur leurs quatre ans et ils avaient appréciés l'idée de se retrouver entre adultes, loin des cris, des couches et des « maman », « papa ».
« je me souviens parfaitement de cette journée » souffla-t-elle, dans un murmure « Shikadai était avec Hinata, nous traînions comme des adolescents dans les rues, enchaînant les conneries »
« je me souviens surtout que j'ai sauvé Ino d'un chien furieux, et qu'il m'avait mordu les fesses » lâcha le brun, un sourire amusé au coin des lèvres
« ce n'est pas faux mais dans tous les cas, tu as toujours été un peu courageux mais en même temps, particulièrement pleurnichard »
« vraiment ? » grogna-t-il « tu n'as pas fini avec ce surnom ? »
« jamais, Shikamaru »
Son prénom entre les lèvres de la femme lui arracha un frisson et il détourna le regard, un soupir s'échappa de ses lèvres ; elle fourra lentement ses mains dans ses poches. Il se racla la gorge.
« j'ai besoin d'une cigarette, tu m'accompagnes ? » proposa-t-il
D'un simple hochement de tête, ils se retrouvèrent sur le perron de la demeure ; son corps se heurta brutalement au bois et il glissa un tube de nicotine entre ses lèvres, l'allumant d'un geste expert. Elle lui jeta un regard légèrement réprobateur et un petit sourire naquit au coin des lèvres du brun.
« tu n'as jamais aimé cette sale habitude » souffla-t-il, amusé
« en même temps, ça pue et ça réduit ton espérance de vie »
« ce n'est pas plus mal, ça »
Un grognement s'échappa des lèvres de la blonde et elle s'installa de tout son long, près de lui ; ses mains jouant nerveusement avec le tissu qui recouvrait son corps.
« ne dis pas ça, Shikamaru » lâcha-t-elle, dans un murmure, au bout de quelque secondes « je ne sais pas ce que je ferais si je te perdais, toi aussi »
Le ton brisé dans sa voix manqua de faire perdre la raison au grand brun, il aurait aimé la prendre dans ses bras, lui dire tout bas que tout irait bien pour eux mais les souvenirs de ces deux dernières années lui arracha un frisson et il se contenta de se mettre en position assise, ses prunelles d'un beau brun se perdant dans l'immensité du ciel noirci.
« tu penses vraiment ce que tu dis, Temari ? » demanda-t-il « que tu ne serais pas ce que tu ferais, si tu me perdais »
« bien sûr, Shikamaru, tu restes l-.. » commença-t-elle
« alors, pourquoi tu m'as menti ? »
Ces mots lui coupèrent le souffle ; elle posa un regard légèrement paniqué sur le garçon mais il lui tournait le dos, jouant avec la cigarette entre ses lèvres. Même de dos, elle le trouvait beau ; avec ses mèches brunes un peu en bordel, sa tunique ébène qui se collait maladroitement aux muscles de son dos, cet odeur de tabac froid qui émanait de lui. Un jour, il serait sa perte ; lui et son air impassible, lui et sa maladresse, lui et son addiction débile. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle glissa une main légèrement tremblante dans ses mèches blondes.
« comment tu le sais ? » demanda-t-elle, dans un murmure
« ton frère, Gaara, m'a mit au courant dès que je suis arrivé, tout à l'heure » avoua-t-il « rassure-toi, il n'a rien dit devant Sakura et Sarada, j'étais seul avec lui »
Ses prunelles d'un beau vert se confrontèrent silencieusement au bois du perron.
« tu m'as menti, Temari » continua-t-il « tu m'as raconté de la merde, à moi, l'homme avec qui tu partageais ta vie depuis quinze ans ; tu m'as menti, alors que j'aurais tout plaqué pour toi, j'aurais coupé les liens avec tout le monde si il le fallait, j'aurais fait n'importe quoi pour toi »
La voix rauque du brun lui arracha un frisson ; il était rare qu'il dise de telles choses, ils avaient partagés tant d'années mais son passé douloureux la privait de toutes ces choses que les filles aimaient majoritairement faire avec leurs amants. Pas de mots doux sur l'oreiller, pas de câlin affectueux, pas de dérapages, pas de surnoms ; à l'époque, les bagues qu'ils portaient respectivement à l'annulaire prouvaient qu'ils étaient mariés, ensemble, qu'ils s'aimaient. Pathétique, non ?
« tu as brisé notre famille, avec ton mensonge » lâcha-t-il, finalement, dans un soupir douloureux
Dans un élan agile, elle se heurta maladroitement au dos du brun, ses bras frêles s'accrochèrent à sa silhouette forte et elle tenta tant bien que mal de ne pas fondre en larmes ; il avait raison, tous ses mots étaient juste, elle avait brisé leur famille avec son mensonge. Un sanglot s'échappa de ses lèvres.
« je suis tellement désolé.. » souffla-t-elle, dans un murmure agonisant « je ne savais pas quoi faire d'autre.. »
« tu aurais dû me permettre de t'accompagner, d'être là pour toi, pour vous »
Le mégot de sa cigarette se retrouva bien vite dans le cendrier qui traînait sur le perron et il déposa ses mains tremblantes sur ses cuisses, le cœur battant dans la cage thoracique.
« pourquoi tu ne l'as pas fais ? pourquoi tu ne m'as rien dis ? »
« parce que tu serais parti avec moi » lâcha-t-elle
Ses mots se heurtèrent au froid de la nuit ; il se releva dans un bond agile et se jeta sur ses deux pieds, les sourcils froncés. Que disait-elle ? Qu'elle ne lui avait rien dit parce que, justement, il serait venu avec elle ? Mais n'était-ce pas l'une des promesses qu'ils s'étaient murmurés devant l'autel ? Un grognement s'échappa de ses lèvres et il pointa un doigt menaçant vers la mère de son fils.
« ne joues pas à ça, Temari » grogna-t-il « bien-sûr que je serais parti avec toi, je te l'ai dis, j'aurais fais n'importe quoi pour toi, juste pour toi »
« justement, tu n'allais pas me suivre, être loin de tes amis, de ton clan parce que mon frère était malade »
« pourquoi pas ? je m'en fichais de mes amis, de mon clan ; j'aurais trouvé un moyen, tu n'avais pas à prendre cette décision, cette peine, toute seule bon sang »
Une pointe colère vibrait dans sa gorge ; il détestait ça, l'idée qu'elle l'ai mis de côté volontairement, il se sentait comme un moins que rien, et peut-être au final, était-ce vraiment ce qu'il était. Elle se releva maladroitement et tituba doucement vers lui mais il fit un pas en arrière, secouant la tête de droite à gauche, dans un soupir agacé.
« tu m'as privé de notre fils, de toi, sans que je n'ai le choix, tu t'en rends compte ? » souffla-t-il « et j'ai tellement envie de te haïr pour ça mais explique-moi pourquoi je n'y arrives pas »
Quelques larmes perlèrent au coin des paupières du grand brun et il les essuya d'un revers de manche maladroit ; elle fit de nouveau un pas en avant, brisant ces quelques centimètres qui les séparaient et la seconde d'après, ses lèvres se heurtaient brutalement aux siennes, dans un baiser bancal. Instinctivement, les mains du garçon trouvèrent leurs places au creux de ses reins et son corps se confronta au sien, dans la fraîcheur de la nuit.
Une partie de lui mourrait d'envie de prendre ses lèvres en otage pour des heures, sûrement parce qu'au fond de lui, il n'avait jamais réellement cessé de l'aimer mais le visage d'une tignasse rose se glissa dans son esprit et il repoussa son ancienne épouse, maladroitement.
« je.. » commença-t-il « je ne peux pas faire ça, à Sakura »
Un éclat de tristesse se glissa dans les prunelles émeraude de la femme, et elle acquiesça faiblement ; une main tremblante dans ses mèches brunes, il prit une inspiration. Il n'avait pas le droit de faire ça à la Haruno, ils s'étaient bien trouvés tous les deux, il l'appréciait tellement ; alors pourquoi son être tout entier brûlait lorsque Temari était dans les parages ? Un soupir s'échappa de ses lèvres.
« c'est vraiment quelqu'un de bien, tu sais » lâcha-t-il « je n'ai jamais été infidèle, je ne peux pas commencer ça maintenant et.. et tu sais aussi bien que moi, que je suis avec elle »
Bien qu'elle ne l'avouerait pas, elle aurait aimé qu'il reste près d'elle, qu'ils s'embrassent encore et encore, qu'ils se perdent dans des draps, parce qu'avec lui, elle en oubliait cette souffrance dans ses entrailles. Il posa une main délicate sur son épaule.
« je suis désolé, Tem »
Et dans un bond agile, il s'extirpa du perron. Les larmes, qu'elle tentait tant bien que mal de ne pas perdre depuis qu'il l'avait repoussé, roulèrent sur ses joues au teint légèrement hâlé ; elle enfouit son visage entre ses mains et ses genoux heurtèrent le bois du perron. Parce que, pour une fois, elle ne parvint pas à être forte.
Ses prunelles d'un beau brun se perdirent un court instant dans les limbes du plafond, d'un blanc apaisant ; le souvenir des lèvres de son ancienne épouse sur les siennes lui revint et il étouffa un frisson. Un léger ronflement flottait du côté droit du lit et lorsqu'il fit volte-face, il tomba nez à nez avec des mèches d'un beau rose virevoltant sur l'oreiller ; un sourire naquit au coin de ses lèvres et il glissa le bout de ses doigts sur sa nuque. S'en était tellement idiot ; il n'avait jamais remarqué ce bout de femme, avant, il ne s'était jamais rendu compte d'à quel point elle était exceptionnelle, d'à quel point ils se complétaient bien. Ses caresses sur sa peau arrachèrent la rose aux bras de Morphée et elle se tourna vers lui, un doux sourire sur les lèvres ; il aimait ce sourire qu'elle lui offrait, au réveil et constamment. Elle déposa délicatement ses doigts sur la joue rugueuse du garçon et fronça les sourcils ; il avait une lueur étrange dans le fond de ses prunelles. Lentement, à l'aide de son coude, elle se redressa, inquiète.
« quelque chose ne va pas, Shikamaru ? » demanda-t-elle
Le simple son de sa voix lui arracha un léger sursaut et le sourire qui traînait au coin de ses lèvres, disparut soudainement ; il étouffa un frisson et acquiesça, faiblement. Il était effrayé, les mots s'échapperaient de ses lèvres et il avait peur de ce qu'ils adviendraient d'eux, de ce « nous » qu'ils avaient forgés.
« il s'est passé quelque chose, ce soir » souffla-t-il
« quelque chose ? » répéta-t-elle, les sourcils froncés
« je suis allé voir mon fils et Temari, tu sais et nous avons eu une discussion »
Les mots s'échappaient maladroitement ; il avait du mal à dire les choses.
« en fait, elle m'a menti ; elle n'est pas parti loin de moi parce que Gaara avait besoin d'elle mais parce que Kankuro était déjà malade » expliqua-t-il « elle savait que je la suivrais et elle refusait que je le fasse, alors elle m'a menti »
La rose écoutait attentivement, les sourcils froncés ; elle se redressa en position assise, cachant la pâleur de ses cuisses avec le drap qui la couvrait quelques secondes avant. Les battements de son cœur se faisaient presque douloureux, elle avait l'impression qu'elle allait le perdre d'une seconde à l'autre.
« et on s'est embrassés »
Au bord de l'apoplexie, ses prunelles émeraudes se confrontèrent silencieusement aux iris d'un bel ébène du garçon ; elle cherchait une réponse, une réponse dont elle ne connaissait pas la question. Ils s'étaient embrassés, qu'il disait ; que voulait-il dire par là ? Elle aurait aimé fondre en larmes, qui aurait crû que ses mots entre les lèvres de Shikamaru Nara lui feraient tant mal ? Elle se souvenait bien de cet adolescent, constamment pris dans un bâillement ; elle se souvenait de combien elle admirait cette intelligence qu'il avait.
« est-ce que tu l'aimes ? » demanda-t-elle, au bout de quelques secondes
L'aimait-il ? Ils s'étaient connus pendant un examen, ils s'étaient affrontés et il avait abandonné ; elle était venu à sa rescousse et il en avait fait de même. Ils avaient partagés un million de baisers, un centaine de nuits enflammés ; ils avaient un petit garçon, devenu adolescent. L'aimait-il ? Elle avait ce caractère insupportable, cette façon brutale de prendre les commandes lorsqu'ils étaient au lit ; constamment en train de prendre la fuite loin de l'affection, jamais de mots doux, jamais de « je t'aime » sous les draps. Elle était bourrée de défauts mais l'aimait-il ?
« je vois » lâcha la rose, un sourire triste sur les lèvres « je ne t'en veux pas, j'aurais dû m'en douter avant »
« Sakura.. » souffla-t-il, dans un murmure douloureux
« tu es amoureux d'elle, depuis ce soir-là dans le bar ; je ne t'en veux pas, qui suis-je pour me mettre en travers de vos sentiments ? »
Quelques larmes roulèrent sur les joues de la rose et ça lui coupa le souffle ; il aimait son sourire, ce sourire qu'elle lui lançait constamment. Incapable d'être simple spectateur de cette image, il ne parvint pas à mettre une barrière ; les larmes dévalèrent ses joues rugueuses et il la tira brutalement dans une étreinte, maladroite. Parce qu'il l'aimait, oui.
« je suis désolé » souffla-t-il
« ne fais pas ça, ne t'excuse parce que tu l'aimes ; tu ne choisis pas de qui tu tombes amoureux »
Il avait vraiment crû pendant un instant qu'elle était la bonne, avec ses mèches d'un beau rose bordéliques, avec son sourire, avec sa maladresse, avec sa force un peu trop brutale ; un reniflement flotta dans l'air et il resserra sa prise, autour de son corps en proie aux sanglots.
« je.. » commença-t-il « je t'aime »
Un doux murmure ; qui lui arrachèrent un énième sanglot, alors que ses larmes s'écrasaient contre le haut du brun. Dans un geste délicat, il attrapa son visage entre ses mains et força le contact entre leurs prunelles.
« tu es parfaite, Sakura » souffla-t-il « tu m'as rendu meilleur, tu as apaisé mes peines, tu m'as montré ce qu'était un amour tel que celui que tu m'as offert ; j'aurais vraiment aimé que tu sois mon âme-sœur ou me rendre compte avant d'à quel point tu es exceptionnelle »
« arrêtes, Shikamar-.. »
« non, vraiment ; j'aurais aimé, peut-être que les choses auraient été différentes »
Il souffrait tellement à cet instant ; les lèvres de la rose rencontrèrent les siennes, délicatement et il répondit au baiser, sans une once d'hésitation. Elle était là et bordel ce qu'elle l'apaisait. En manque d'air, elle colla son front au sien et caressa ses joues rugueuses du bout des doigts.
« rejoins-la » lâcha-t-elle, dans un murmure douloureux
Une once d'incompréhension se glissa dans les prunelles du brun et elle le repoussa, lui jetant le pantalon qu'il avait laissé sur le sol, deux heures en arrière ; il l'enfila maladroitement et posa son regard sur elle. Il aurait aimé la prendre dans ses bras mais il venait de perdre ce droit ; et ça lui faisait mal.
« vite, avant que je ne change d'avis » souffla-t-elle, un petit sourire au coin des lèvres
Il se tût, une seconde ; ses prunelles d'un beau brun s'attardant sur son visage, son corps, sur elle, toute entière. Puis, sans un mot de plus, il s'en alla, le cœur lourd.
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