chapter #18 « he was here »

Un soupir s'échappa de ses lèvres et il essuya, d'un revers de manche maladroit, les quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur son front ; il avait presque l'impression d'étouffer sous ces couches de vêtements, pourtant il avait troqué sa tenue habituelle par un pantalon léger et un tee-shirt. Une tignasse rose se tira près de lui et glissa une main dans la sienne ; elle était délicate, sûrement qu'elle tentait maladroitement d'être là pour lui. Il exerça une petite pression ; lorsque le blondinet s'était glissé à sa porte, pour lui annoncé la nouvelle, il avait senti une telle douleur dans sa cage thoracique. Kankuro était le frère de son ex-épouse mais d'un côté, il le considérait un peu lui-même comme un frère ; ils s'entendaient bien, ils s'appréciaient et partageaient quelques bières, parfois.

Mains dans les poches, ses iris brunes observaient silencieusement les deux adultes ; ils se tenaient la main mais ne disaient rien. L'adolescence traînait des pieds, bien-sûr, la question ne s'était même pas posé lorsqu'ils avaient tous préparés leurs sacs ; mais était-ce vraiment une bonne idée ? Il ne répondait plus à ses lettres, ne lui disait rien ; pour un baiser qu'elle ne parvenait pas à effacer de son esprit. Un grognement s'échappa de ses lèvres et s'engouffra dans les bâtiments du Kazekage, emboîtant le pas des adultes.

Son poing s'écrasa contre le bois de la porte ; la voix rauque mais légèrement tremblante du chef du village s'éleva dans les airs et il s'engouffra dans la pièce, les deux demoiselles sur ses pas. Le regard dans le vide, le rouquin fixait un point imaginaire sur le mur devant lui ; le bordel sur son bureau prouvait la cruauté de la situation.

« Gaara » appela le brun

Et là, il sembla se rendre compte de sa présence ; le ton de cette voix, il la connaissait bien. Le Kazekage posa son regard émeraude sur les invités ; quelques sillons de larmes traînaient sur ces joues et bien qu'ils n'étaient pas vraiment proches, le brun eût presque envie de le prendre dans ses bras, un court instant, de lui dire que ça irait bien.

« tu es venu » souffla-t-il
« bien-sûr, dès que j'ai su ; je suis désolé, Gaara »
« tu es venu, c'est une bonne chose »
« c'est une question idiote mais comment tu te sens ? »

Un soupir, sûrement d'épuisement, s'échappa des lèvres du rouquin et se heurta aux murs de la pièce ; il allait tellement mal, comment pourrait-il être bien? Kankuro était son frère, cet homme un peu idiot mais si protecteur, envers lui ; malgré les atrocités de leurs passés, il avait été bon avec lui, il avait crû en lui, il lui avait prêté main forte, il était presque mort pour qu'il ai la vie sauve, lui, un simple hôte de démon. Il passa une main las dans ses mèches écarlates.

« ce n'est pas la première fois que je perds quelqu'un mais c'est la première fois que ça fait si mal » souffla-t-il « est-ce qu'il existe un remède ? toi qui a perdu ton maître et tes parents »
« ça fait moins mal avec du temps, beaucoup de temps » lâcha le brun

Des années s'étaient envolés mais il avait encore tellement mal, chaque fois qu'il pensait à ses parents ou à son maître ; là où certains n'avaient pas eu la chance d'avoir de père, lui en avait eu deux, deux qui étaient morts en héros. Un soupir s'échappa de ses lèvres.

« du temps, hein.. » répéta le rouquin
« comment vont Temari et Shikadai ? » demanda le brun
« pas très bien ; mais je suis sûr que ta présence aidera »

Son regard émeraude se porta un instant sur les deux personnes derrière le grand brun et il tenta un petit sourire reconnaissant ; elles ne faisaient pas vraiment partis de la famille mais leurs présentes lui faisait plaisir. Il se souvenait très bien que Sakura lui avait sauvé la vie, à lui et à Kankuro, plus d'une fois ; que seraient devenus les frères No Sabaku sans elle? Elle avait joué un rôle important dans leurs existences ; et bien qu'elle fréquentait actuellement l'ex-époux de sa grande sœur, il ne désirait pas être en mauvais terme avec elle. La rose lui retourna un sourire poli.

« Shikamaru, il faut que je t'avoue quelque chose » souffla le rouquin, maladroitement
« je t'écoute, Gaara » lâcha-t-il
« il serait mieux si nous étions seuls » avoua-t-il

Ses prunelles brunes rencontrèrent le regard émeraude de la rose et elle lui adressa un petit sourire, au ton rassurant ; sa présence lui faisait un peu de bien. Elle ramassa le sac de sa fille, sur le sol et le balança sur son épaule ; acquiesçant aux mots du Kazekage.

« dans tous les cas, je suis censé réserver nos chambres ; auriez-vous un hôtel à me conseiller ? » lança la rose
« vous n'aurez pas besoin d'un hôtel, vous séjournerez ici ; dans les appartements du Kazekage » répliqua Gaara, les mains liés sur le bureau « quelqu'un attends derrière la porte, pour vous conduire à vos chambres »

Bien que surprise, elle le remercia et déposa un rapide baiser sur la joue de son amant ; quittant la pièce avec sa fille. Comme le Kazekage l'avait dit quelques secondes avant, quelqu'un attendait sagement de l'autre côté de la porte ; il récupéra leurs sacs poliment et leur intima de le suivre, à travers les couloirs.

La main tremblante, il passa ses doigts dans ses mèches écarlates ; Shikamaru tira une chaise et se heurta au bois de celle-ci. Ils avaient marchés deux jours, doublant la cadence dès qu'ils le pouvaient ; il était épuisé, physiquement et émotionnellement. Gaara sembla prendre une inspiration, difficilement et posa son regard émeraude dans le sien ; il ne parvenait pas à déchiffrer ce sentiment de culpabilité qui traînait au fond de ses prunelles. Il fronça les sourcils.

« Gaara, qu'est-ce qu'il se passe ? » souffla le brun, inquiet
« c'est de ma faute » lâcha le rouquin, dans un murmure
« de quoi tu parles ? tu n'as rien fais, c'est normal de se sentir coupable après la mort d'un pr-.. »
« non, tu ne comprends pas » le coupa-t-il « je ne parle pas de Kankuro »
« alors, qu'est-ce que c'est ? qu'est-ce qui est de ta faute ? »

Sans un mot, le rouquin se hissa sur ses deux pieds et contourna le bureau ; face au brun, il s'adossa au bois du meuble et un soupir s'échappa de ses lèvres. Il était légèrement tremblant, ses mèches pourpres habituellement si bien coiffés partaient dans tous les sens ; et il semblait au bord du vide.

« c'est à cause de moi, si Temari est venu ici » avoua-t-il « je-.. »
« je t'arrête de suite, je suis déjà au courant ; mais ce n'est pas de ta faute, elle a choisi son poste de conseillère à sa famille, son mariage, tu n'as rien à voir là-dedans »
« non, tu ne comprends pas ; ce n'est pas à cause de ça qu'elle est partit »
« qu'est-ce que tu veux dire ? »

Il prit une inspiration, tant bien que mal.

« ça fait un long moment que Kankuro était malade, très longtemps ; mais seuls Temari et moi-même étions au courant, juste nous et nous avions convenus que je resterais près de lui pendant qu'elle resterait à Konoha. puis, ça s'est soudainement aggravé ; et une nuit, j'ai vraiment crû le perdre, il était là, crachant du sang et j'ai juste paniqué »

Le simple souvenir de cette nuit lui arracha un frisson ; il tenta de faire taire ses tremblements, en vain.

« je l'ai appelé, en pleine nuit ; en la suppliant de venir ici, en lui disant que j'étais incapable de tenir le coup seul, que j'avais besoin d'elle. le lendemain, j'ai espéré revenir sur ma parole mais tu la connais, elle a débarqué vingt-quatre heures après, avec votre fils ; c'est de ma faute, Shikamaru, je suis vraiment désolé »
« quelle idiote » lâcha le brun, dans un murmure

Il glissa sa main tremblante dans ses mèches brunes et un soupir s'échappa de ses lèvres ; pourquoi ça ne l'étonnait même pas de Temari ? Qu'elle s'empresse de venir à la rescousse de ses frères ? Et quelle idiote, sûrement que si elle lui avait dit, il l'aurait suivit ; il aurait été présent dans les derniers moments du brun, l'aurait soutenu. Une pointe de culpabilité naquit au fond de ses entrailles et il repoussa sa chaise, d'un geste lent ; ses iris brunes vagabondèrent un instant sur le visage du rouquin et maladroitement, il le tira dans une étreinte. Tant pis pour ce côté impassible, tant pis pour ce côté « je n'aime pas le contact humain » ; ils avaient besoin de cette étreinte.

Son poing s'écrasa maladroitement contre le bois de la porte et il prit une inspiration, douloureuse ; sûrement qu'il était un peu effrayé de l'état dans lequel il trouverait son petit garçon. Shikadai aimait tellement ses oncles, plus particulièrement Kankuro qui s'était occupé de lui avec une force et un amour incroyable ; le gâtant et lui offrant un tas de marionnettes que l'adolescent gardant encore dans un vieux coffre dans sa chambre. Un soupir s'échappa de ses lèvres et le bois de la porte céda au visage noyé dans la tristesse d'une tignasse blonde ; ils échangèrent un long regard, un regard qui leur vola plus d'un frisson. Ils étaient là, au pas de cette porte et bien qu'ils avaient terriblement envie de fondre dans les bras l'un de l'autre, ils ne firent rien ; ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre, après tout.

Une tignasse brune apparût au détour d'un couloir et ses prunelles brunes s'attardèrent un instant sur les sillons de larmes sur les joues de l'adolescent ; il semblait tremblant, épuisé. Et cette image lui brisa le cœur ; dans un geste lent, il repoussa doucement la femme, refermant la porte derrière lui et s'accroupit.

« vient par là » souffla-t-il, à l'intention de son fils

L'adolescent s'empressa de fondre dans les bras de son paternel, étouffant un cri désespéré dans le tissu brun qu'il portait ; il s'accrochait difficilement à lui, cherchant un peu de réconfort dans cette amère odeur de tabac froid. Bien-sûr, il avait espéré encore et encore que son père passe le cap de la porte et là, il était là ; avec son habituel regard un peu nonchalant mais empli d'un tas d'émotions diverses. Et Shikamaru ne dit rien, ne fit rien lorsqu'il sentit la poitrine de son ex-amante se heurter à son dos ; sûrement qu'ils en avaient besoin, tous les trois.

Il ne savait pas combien de minutes s'étaient envolés, combien d'heures mais il était resté là, sur le sol, dans l'entrée ; son fils entre ses bras et son ex-épouse dans son dos. Les prunelles émeraude de l'adolescent se posèrent dans ses iris brunes et il esquissa un petit sourire, essuyant délicatement les quelques larmes qui traînaient encore sur ses joues ; il était tendre, il tentait d'être rassurant.

« je suis venu dès que j'ai su, je suis désolé Shikadai » souffla-t-il, d'une voix douce « je n'imagine pas une seule seconde la souffrance que tu ressens ; ton oncle était vraiment quelqu'un de bien et je suis désolé de ne pas avoir été là, avant »
« ce n'est pas grave, papa » lâcha le brun, enfouissant son visage dans le haut de son paternel

Dans un geste doux, il glissa sa main dans la chevelure brune de son fils.

« je suis là, maintenant » souffla l'adulte « je suis là et je ne bouge pas, je t'aime Shikadai »

Quelques larmes coulèrent une nouvelle fois sur les joues de l'adolescent et il acquiesça, aux mots de son paternel ; Temari ne bougeait pas, écoutant silencieusement les mots du brun. Il avait toujours su être rassurant dans les moments durs et douloureux ; ce n'était pas pour rien qu'il avait joué un rôle majeur pendant la quatrième grande guerre ninja.

Une demi-heure plus tard, il accepta la main que lui tendait son ancienne épouse et se hissa sur ses deux jambes, le corps engourdi ; ce n'était pas la position la plus confortable pour s'étreindre. La silhouette de son fils disparu au détour d'un couloir et il jeta un regard curieux à la blonde.

« il est parti faire du thé, t'en fais pas » souffla-t-elle, en lissant les plis de sa tunique

Et elle disait vrai. Ils le trouvèrent derrière les fourneaux, en train de mettre du thé dans trois tasses. S'en était dingue ; cette vitesse à laquelle il grandissait. Il lui semblait pourquoi qu'hier encore, il tentait d'atteinte le comptoir de la cuisine, en se hissant sur la pointe des pieds. Un petit sourire fier se glissa sur les lèvres du brun et il ignora le regard amusé de la femme, près de lui. Il s'installa sur une chaise et accepta la tasse ; la portant à ses lèvres.

« Sakura m'a accompagné ; d'ailleurs, Sarada est là, elle aussi » lança le brun

Sans se rendre compte, à l'entente du prénom de la brune, l'adolescent se raidit légèrement et tenta de faire taire ses rougissements sur ses joues, avalant quelques gorgées du liquide chaud.

« c'est gentil de sa part d'être venu avec toi » lâcha la blonde
« elle voulait vraiment se rendre utile, elle séjourne dans les appartements de ton frère »
« elle aurait pu venir séjourner ici, tu sais ; je n'allais pas la mordre »
« je pense qu'il est préférable qu'elle ne séjourne pas ici, même si j'apprécie l'initiative »

Oui, la dernière fois qu'elles s'étaient retrouvés toutes les deux dans la même pièce, les choses ne s'étaient pas réellement très bien passés ; Shikadai s'en souvenait encore. Sans l'intervention d'une certaine Uchiha, la situation aurait pu facilement dérapé ; encore une fois, elle l'avait aidée. Un soupir s'échappa des lèvres de l'adolescent et il glissa sa tête, entre ses bras ; s'en était pathétique, la façon dont elle lui retournait le cerveau.

« ça ira, t'en fais pas » souffla la voix rauque de son paternel

Dans un geste délicat, Shikamaru tapota doucement le dos de son fils ; il comprenait sa douleur, il connaissait cette sensation de perdre quelqu'un, cette impuissance face à la souffrance des autres. Après tout, il avait été celui qui avait fait face à sa mère lorsqu'ils étaient revenus de la quatrième grande guerre ninja, il avait été celui qui lui avait annoncé que son époux, l'homme qu'elle aimait, le père de son fils, ne reviendrait pas ; qu'ils enterraient un cercueil vide. Ce souvenir lui arracha un frisson et aussi surprenant soit-il, la main délicate de son ancienne épouse se posa sur la sienne, exerçant une petite pression. Il lui adressa un petit sourire et termina son thé, silencieusement.

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