chapter #16 « if i die young »
La bandoulière d'une vieille guitare par dessus son épaule, il pinçait les cordes d'un air absent ; ses iris émeraude se heurtaient aux murs de sa chambre, une pièce un peu trop grande pour un seul adolescent, sur les murs traînaient un tas de photographies, de dessins. Un soupir s'échappa de ses lèvres et son front entra en contact avec la surface froide de l'instrument ; ce bout de bois lui rappelait son père, ça lui rappelait à quel point il adorait l'entendre jouer pendant son enfance. C'est sûr, Shikamaru avait toujours eu un sorte de don avec cet instrument, qu'il tenait lui-même de son père et pendant ces premières années, Shikadai passait le plus clair de son temps, des étoiles dans ses prunelles, silencieux, écoutant les notes. De bons souvenirs ; des moments qui lui manquaient. Un énième soupir s'échappa de ses lèvres ; sûrement qu'une partie de lui regrettait fortement le village caché de la Feuille. L'inquiétude qui lui vibrait les tripes, trois mois en arrière avait cédé sa place au manque ; ça lui manquait tellement, cette amère odeur de tabac froid. Oui, trois long mois s'étaient envolés ; et à contre-cœur, il avait accepté de suivre sa mère une énième fois ici, au village caché du Sable, laissant son père aux mains d'une certaine fleur de cerisier. Bordel, ce qu'il avait eu peur ; tellement peur de perdre son père, qu'aurait-il fait sans lui ? La simple idée d'être un jour sans cet homme dans sa vie, lui faisait terriblement mal ; il pinçait les cordes, doucement, le bordel dans ses pensées.
Un toussotement le tira de ses hasardeuses pensées et il se heurta au regard inquiet de sa mère ; ses mèches blondes en bordel, cette lueur triste dans ses prunelles vertes. Il lui adressa un petit sourire et tapota la place au bord de son lit, près de lui ; oui, il n'était pas dupe, il se rendait clairement compte que sa mère souffrait depuis qu'elle avait apprit pour la relation qu'entretenait son ex-époux avec la douce Haruno et bien qu'il appréciait énormément la rose, sa mère restait sa mère. Elle s'installa silencieusement, près de lui ; son regard vagabondant sur les murs.
« maman » appela-t-il, d'une voix douce « tu devrais vraiment faire une pause, avec tout ce boulot »
« Gaara a besoin que je l'aide.. » souffla-t-elle, dans un murmure
Elle se tuait littéralement à la tâche, travaillant sans cesse dans un vieux bureau poussiéreux ; elle aidait son frère à la tête du pays, constamment, si bien que seul son fils parvenait à la faire sortir de cette vieille pièce.
« tu sais, tonton sera d'accord si tu fais une petite pause » continua le brun
La situation était quelque peu critique ; il ne savait pas réellement pourquoi mais autant son oncle que sa mère ne cessait de bosser, encore et encore, mettant totalement leurs vies de côté. Il trouvait ça étrange mais bon, que pouvait-il faire ? Du haut de ses quatorze ans. Un soupir s'échappa de ses lèvres, face au silence de sa mère.
Dans un geste doux, elle glissa le bout de ses doigts sur la guitare qu'il tenait contre lui ; elle s'en souvenait bien de cet instrument. Pendant sa grossesse, Shikamaru n'avait cessé de lui jouer quelques morceaux, ce qui avait calmé l'enfant dans ses entrailles ; sur le coup, elle avait trouvé un peu étrange mais les liens qui unissaient les pères et fils du clan Nara étaient vraiment incroyable. Un doux sourire naquit au coin de ses lèvres et elle déposa un baiser sur la joue de sa progéniture.
« durant les trois dernières mois de ma grossesse, tu étais quelque peu violent » souffla-t-elle, sous le regard curieux de son fils « tu cognais mais lorsqu'il parlait ou qu'il jouait de cette guitare, tu te calmais automatiquement ; j'ai toujours trouvé ça étrange mais quand j'y repense, je me rend compte que c'était un peu la même chose du côté de ton père lorsqu'il était jeune, seul Shikaku semblait être capable de l'apaiser »
« j'aurais vraiment aimé connaître grand-père et grand-mère » avoua-t-il, un petit sourire au coin des lèvres
Un tas d'histoires traînaient constamment au coin des rues du village caché de la Feuille ; Shikaku était un homme bon et doué, Yoshino était une femme au caractère de cochon mais adorable. Oui, il aurait vraiment aimé les connaître ; sûrement qu'il se serait entendu à merveille avec eux. Le brun n'osait pas vraiment demander à son père des détails sur eux, parce qu'il voyait cette fêlure au fond de ses yeux, chaque fois qu'il pensait à eux ; l'un était mort en héros, l'autre était morte de chagrin.
Il étouffa un bâillement entre ses lèvres et déposa la guitare dans un coin de la pièce ; les mains dans les poches, il adressa un grand sourire à sa mère.
« je m'occupe du repas, ce soir ; prends un bon bain chaud »
Et après avoir claqué un baiser bruyant sur la joue de sa mère, il s'échappa au détour d'un couloir. Ses mains se mirent automatiquement en mouvement, il connaissait la maison par cœur et connaissait la recette du plat préféré de sa mère sur le bout des doigts ; bien qu'il était adolescent et qu'il était un garçon, descendant d'un clan légèrement misogyne, il aimait être en cuisine. Enfin, ce qu'il préférait le plus, c'était le sourire des personnes qui goûtaient ses plats. Une bonne odeur s'empressa bien vite d'emplir la pièce et il s'apprêtait à mettre les couverts à table, lorsque sa mère débarqua dans la pièce, une veste sur le dos ; les sourcils froncés, il déposa une assiette sur le bois de la table.
« tu as si froid que ça ? » demanda-t-il, d'un ton amusé
« je suis désolé, il faut que j'y aille » souffla-t-elle
L'amusement dans la voix du brun disparût sur le coup ; ça aussi, c'était vraiment une mauvaise habitude. Elle disparaissait comme ça, parfois et les repas qu'ils partageaient se faisaient de plus en plus. Au fond de lui, il regrettait de plus en plus le foyer chaleureux que son père et Sakura lui avait offert pendant quelques temps. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il rangea les couverts pour sa mère, silencieusement ; sans un mot, elle s'approcha de lui, bien trop désolé pour cette situation. Elle déposa une main délicate sur son épaule mais il se tira de ce contact.
« vas-y, ce n'est pas grave » lâcha l'adolescent
« je suis d-.. »
« désolé, je sais ; c'est bon, maman, bonne soirée »
Son fils fuyait son regard, incapable de le soutenir ; ça lui faisait mal. Elle déposa un chaste baiser sur son front et s'extirpa de la maison, d'une allure bien trop vive. Le brun s'installa sur sa chaise, seul à cette table et se servit sa part ; il y avait cette lueur triste dans ses yeux. Cette situation lui faisait mal, la solitude lui faisait mal.
« bon appétit à toi, Shikadai » se souffla-t-il à lui-même.
Oui, ça faisait vraiment mal.
Le bruit de ses pas effrénés résonnait dans les rues noires du village caché du Sable ; ses iris émeraude débordaient d'inquiétude et un grognement s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle s'engouffrait dans une ruelle. Son cœur battait bien trop vite dans sa cage thoracique ; elle avait mal, vraiment mal. La façade du bâtiment se glissa sous ses yeux et elle doubla la cadence, s'engouffrant entre les portes sans un mot ; à bout de souffle, sa main s'écrasa brutalement contre le bois du comptoir de l'accueil. Une petite brune aux yeux bleus posa son regard sur elle, un sourcil arqué.
« je suis Temari No Sabaku » dit-elle, d'une traite
Le regard de la jeune femme changea ; elle se releva dans un geste brutal, un crissement s'échappant de sa chaise contre le sol et se pencha en avant, respectueusement.
« p-princesse, le médecin vous attend au bout du couloir » bégaya-t-elle, les joues rouges
Tout le monde craignait la princesse de Suna ; ils savaient tous que sur les trois enfants du précédent Kazekage, elle était la plus féroce. Un soupir s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle reprenait tant bien que mal sa respiration et elle s'élança dans le couloir à la teinte blanche ; son regard se confronta aux iris brunes du médecin. Il était là, les mains dans les poches, un air grave sur le visage, une blouse blanche sur le dos ; elle détestait ces blouses blanches. Sans un mot, il tourna les talons et elle lui emboîta le pas, les mains tremblantes.
Et lorsqu'il s'arrêta devant une porte, son cœur rata un battement. Elle se confronta aux prunelles du professionnel et tenta de prendre une inspiration, bien trop douloureuse ; oui, elle savait très bien ce qu'il se passait et ça lui faisait mal, tellement mal. Il positionna ses lunettes correctement sur son nez.
« derrière cette porte, le Kazekage est déjà présent » lâcha-t-il, calmement
Elle détestait ça ; ce calme dont il faisait preuve alors qu'elle mourrait sur place. Temari acquiesça faiblement à ses mots et s'engouffra dans la chambre, sans un mot. Qu'est - ce qui lui fit le plus mal sur cette image ? Les sillons de larmes sur les joues du rouquin ou cette lueur d'abandon dans les yeux du brun ? Le bruit de ses pas se mêla au son des respirations, saccadés et elle s'installa sur un fauteuil, qui traînait près du lit ; pendant un instant, elle se confronta au regard émeraude de son petit - frère. Il souffrait, elle le voyait dans ses yeux ; il avait tellement mal et elle se sentait impuissante. Ils avaient été élevés tous les trois, pas tellement dans le but de s'aimer et pourtant, bordel ce qu'ils s'aimaient ; elle étouffa tant bien que mal un sanglot au creux de ses lèvres et attrapa la main du brun, dans la sienne.
« ne pleures pas » souffla-t-il, difficilement
Chaque inspiration qu'il prenait, semblait l'achever ; elle posa son regard embué sur lui. Dans des draps d'une blancheur impeccable, il la regardait comme ci elle était la septième merveille du monde ; au fond, il l'avait toujours trouvé magnifique mais à cet instant, il ne parvenait pas à se souvenir de la dernière fois où il lui avait clairement dit. Sûrement qu'il aurait dû.
« s'il-te-plaît, Temari » continua-t-il
Et elle essuya ses larmes d'un revers de manche. Les larmes perlaient au coin des yeux du rouquin et elle lui adressa un petit sourire, attrapant sa main libre ; ils étaient là, de part et autre de son lit et ils serraient tous les deux, sa main.
« comment va mon neveu préféré ? » demanda le brun, un sourire agonisant sur les lèvres
« tu n'as qu'un seul neveu, idiot » lâcha-t-elle, dans un murmure
Un sourire traînait au coin des lèvres du brun ; sa peau habituellement hâlée avait cette teinte bien trop pâle, cette teinte maladive et bordel ce que cette vision la tuait. Elle chassa tant bien que mal ses larmes.
« Shikadai se porte bien ; tu lui manques »
« ce petit bout me manque, aussi » souffla-t-il
Une légère quinte de toux le prit ; il se plia en deux douloureusement sous les yeux effrayés de sa fratrie. Gaara l'observait, avec cette lueur au fond des yeux ; mort d'inquiétude, il écoutait les gémissements agonisant de son frère. Oui, ça lui faisait mal. Quelques gouttes de sang s'écrasèrent presque délicatement au creux de sa main.
« Temari.. » lâcha-t-il, dans une toux « est-ce que tu peux me chanter une chanson ? celle que tu me chantais quand on était enfant »
Il semblait si souffrant à cet instant qu'elle acquiesça faiblement ; oui, elle se souvenait très bien que tous ces cauchemars qui peuplaient les nuits de son petit - frère et de toutes ces fois où elle avait tenté d'apaiser ces peurs. Les yeux fermés, il y avait cet air si calme si serein sur son visage ; alors que les larmes roulaient sur les joues de Gaara et Temari. Sûrement qu'ils le sentaient, que c'était la fin ; ils étaient là, au bord de l'apoplexie et bordel ce que ça faisait mal. Parce qu'à cet instant, c'était comme ci ils sentaient les dernières lueurs de vie prendre la fuite loin de lui.
Un oiseau chantonna au loin et un frémissement parcourut sa peau légèrement hâlée ; son regard se perdait dans les brins d'herbes qui traînaient au coin du jardin. Un soupir s'échappa de ses lèvres, se répercutant contre la vitre de la fenêtre ; il aurait préféré être au village caché de la Feuille, il aurait préféré apercevoir la montagne des Hokage, le restaurant Ichiraku au bout de la rue, les cerfs qui gambadaient entre les arbres de la forêt.
Puis, il y avait eu ce baiser.
Lorsque son père s'était retrouvé sous un mur de pierre et qu'ils avaient attendus impatiemment des nouvelles de lui, depuis la salle d'attente de l'hôpital ; les lèvres de la jeune Uchiha s'étaient posés sur les siennes et bien qu'il était amoureux de Miraï, ce contact lui avait plu. Il ne parvenait pas à effacer ce souvenir de sa mémoire et il n'était pas dupe, il se rendait compte que leur amitié était mise en péril ; ils ne s'échangeaient plus de lettres, ne s'appelaient plus. Le fossé entre eux ne cessait de s'agrandir, encore et encore et d'une certaine manière, il détestait ça.
Le bruit d'une porte qui claque l'arracha à ses souvenirs et il repoussa sa chaise, doucement, sautant sur ses deux pieds ; la montre à son poignet affichait plus de deux heures du matin et lorsqu'il croisa le regard embué, presque désespéré, de sa mère, son cœur rata un battement. Une partie de lui aurait aimé prendre son courage et lui dire la vérité, lui dire qu'il détestait ce village de malheur, lui dire que son père lui manquait ; mais cette fêlure dans ses yeux le brisa. Elle lui tomba dans les bras, elle, cette féroce guerrière ; dans un geste délicat, il entoura le corps tremblant de sa mère et la serra contre son torse d'adolescent. Ses sanglots ne tardèrent pas a se heurter aux murs de la pièce.
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