chapter #15 « can't fight this feeling »
Ses iris ébène effleurèrent ses mains tremblantes et il tenta tant bien que mal de faire taire ce vacarme dans son esprit ; un bordel sans nom affrontait son âme et il y avait cette pointe de souffrance dans sa cage thoracique qui le blessait profondément. Aucun goutte de sang ne perlait et pourtant, il avait si mal ; il se heurta au reflet que lui renvoyait le miroir au dessus du lavabo. Il était là, au bord de l'apoplexie ; du bout des doigts, il effleura les larmes qui coulaient le long de ses joues. Chaque inspiration qu'il prenait, semblait lui faire mal ; il y avait cette violence qui s'acharnait dans ses tripes, cette voix dans son esprit qui lui hurlait « sois un homme » mais les larmes continuaient leurs chemins ; s'écrasant discrètement sur le bord du lavabo. Il étouffa un sanglot entre ses lèvres et ne bougea pas lorsque la porte des toilettes pour hommes s'ouvrit ; à cet instant, il s'en fichait tellement d'être surprit dans un instant de faiblesse, tout ce qu'il voulait, c'étaient ses iris brunes qui se posaient constamment sur lui avec une douceur si pure que ça lui coupait le souffle.
Deux bras frêles passèrent autour de sa taille et une légère poitrine s'écrasa contre son dos tremblant ; ce parfum de cerise, il le connaissait que trop bien. Le contact entre leurs corps suffit à faire tomber une à une les barrières qu'il avait maladroitement tenté de mettre en place, face à ces femmes qui attendaient patiemment dans ce couloir bien trop blanc ; ses larmes doublèrent d'intensité et il ferma les yeux, savourant ce petit instant d'affection. Elle était là, chaque fois qu'il souffrait, chaque fois qu'il avait mal, chaque fois qu'il avait besoin ; elle était là, au détour d'un couloir, dans ses draps, dans les toilettes pour hommes.
« il me manque tellement » souffla-t-il, dans un sanglot agonisant
La prise de la jeune fille se fit plus forte, sûrement qu'elle tentait d'être présente pour lui.
« ne t'en fais pas, tout ira bien » lâcha-t-elle « ton père est fort, ça ne fait que quelques heures ; tout ira bien »
Elle ne savait pas vraiment si elle tentait de se convaincre ou si elle tentait de lui apporter du réconfort mais ses mots s'échappaient de ses lèvres ; elle n'aimait pas qu'il soit dans un tel état, elle préférait ce garçon qui la taquinait constamment, qui hurlait que son père était le plus fort et qui la battait à ce vieux jeu de stratégie ; sûrement qu'elle ne lui dirait jamais mais elle appréciait particulièrement lorsqu'ils jouaient à ce fichu jeu.
« Sarada ? » souffla-t-il, dans un murmure
« hm ? »
« fais-moi oublier que j'ai mal, s'il te plaît »
Cette pointe de souffrance dans sa voix, cette brisure, l'acheva ; sans un mot, elle le contourna et déposa ses iris brunes dans les prunelles émeraude de l'adolescent. Dans un geste délicat, elle déposa sa main sur la joue du brun, caressant du bout des doigts cette peau enfantine ; il y avait cette fêlure au fond de ses yeux qui la déstabilisait totalement. Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres sur les siennes ; un baiser d'une extrême tendresse, un premier baiser innocent.
Le cliquetis de la porte les tira de cet instant et elle s'empressa, dans un bond agile, de s'éloigner de quelques centimètres du brun ; la tignasse blonde de sa marraine apparût dans l'embrasure et elle ne fit aucune réflexion sur les joues roses des deux adolescents, elle lui adressa un petit sourire.
« le médecin est là » souffla-t-elle
L'adolescente attrapa le bras du brun d'une poigne forte et le tira à sa suite, en dehors des toilettes pour hommes ; elle n'osa pas plonger ses iris dans les siennes et lui tourna simplement le dos.
Les bras croisés sur sa forte poitrine, des mèches blondes virevoltant au gré du vent et une paire de prunelles d'un beau noisette ; les deux adolescents se heurtèrent à la vision de cette femme, vêtue d'une blouse blanche, un grand sourire sur les lèvres. Ils la connaissaient de vue mais les rumeurs sur cette femme allaient bon train ; l'une des trois légendaires sannin et une femme Hokage. Sarada repoussa tant bien que mal son admiration, lâcha le bras du brun et se hissa près de sa mère.
« ça n'a pas été facile mais Shikamaru est hors de danger » souffla le médecin
Quelques soupirs de soulagement flottèrent dans l'air, un instant et l'adolescente s'accrocha tendrement à la taille de sa mère ; elle savait à quel point cette situation l'avait touchée. Elle le sentait dans ses tremblements qui ne cessaient bien que tout allait mieux.
« merci Tsunade » lâcha la rose dans un soupir soulagé
« ne me remercies pas, encore une fois, c'est le livre médical du clan Nara qui m'a particulièrement aidé, merci à toi de me l'avoir amener malgré la situation, Sakura »
Un sourire se glissa sur les lèvres de la rose et elle acquiesça, ignorant le regard noir que lui lançait l'ex - épouse de son amant ; elle était tellement soulagée à cet instant. La main délicate de sa meilleure amie se déposa sur son épouse et elle lui adressa un sourire maladroit.
« coincé sous un mur de terre, ce n'est pas tous les jours que ça arrive » souffla l'ancienne Hokage, un sourire au coin des lèvres « ça aurait pu être vraiment pire, ses blessures ne sont pas légères mais il s'est battu comme un chef et grâce au livre médical du clan Nara, tout va bien ; ça me rappelle un tas de souvenirs, ça »
Tsunada croisa le regard curieux du jeune Nara et esquissa un sourire.
« sois fier d'être un Nara, tu ne sais pas combien de vies ce livre a - t - il sauvé ; sans lui, sans tout ce travail acharné, ton père serait peut-être mort sur cette table d'opération, et des années en arrière, Chôji Akimichi serait décédé, lui aussi » lâcha-t-elle « le clan Nara n'en finira jamais de me surprendre »
Ces mots mirent du baume au cœur à l'adolescent ; il savait que bien des gens prenaient le clan Nara pour un clan inférieur aux autres, après tout ils n'étaient pas des Uchiha ou des Hyuuga mais à ses yeux, être un Nara était mieux que tout. Il acquiesça et esquissa un sourire maladroit, s'accrochant tant bien que mal, à la manche de sa mère ; il la sentait soulagé, elle aussi.
« il est réveillé ? » demanda la kunoichi de Suna
« pas encore, mais ça ne devrait pas vraiment tarder ; bien que le fait qu'il dorme des heures ne m'étonnerait pas tellement, c'est Shikamaru Nara »
Un léger rire s'échappa des lèvres de Tsunade.
« les infirmières s'occupent d'amener monsieur dans une chambre, porte 402 » souffla-t-elle
« encore merci Tsunade » lâcha la rose, claquant un baiser bruyant sur la joue de son maître
Et sans un mot de plus, elle ramassa son sac qui traînait sur le sol et s'élança dans les couloirs, sa fille et sa meilleure amie sur ses talons. Les iris brunes du jeune Nara observèrent un instant les dos des trois jeunes femmes qui disparaissaient au détour d'un couloir et soudainement, il se pencha en avant.
« merci infiniment, j'aurais éternellement une dette envers vous, Tsunade » souffla l'adolescent
Dans cet instant, ce jeune garçon lui sembla bien trop mature ; mais ça ne l'étonnait pas tant que ça, il était le fils de Shikamaru Nara et autant dans les traits de son visage que dans sa façon de se tenir, elle voyait le père dans cet adolescent. Elle esquissa un sourire et déposa un chaste baiser sur le front du brun ; avant de disparaître à son tour, au détour d'un couloir.
Cette immense ombre qui avait prit en otage son cœur et son esprit s'envola soudainement, flottant un instant dans l'air avant de se perdre au gré du vent ; ses iris émeraude s'entrechoquèrent aux prunelles ébène de son paternel. Il était là, dans ce lit aux draps blancs, un haut ample sur le dos, ces quelques bandages qui apparaissaient sur ses bras et ce sourire idiot sur les lèvres ; il était là et il souriait. Sans un mot, l'adolescent s'élança jusqu'au lit ; son poing heurta brutalement l'épaule de son père, un grognement douloureux s'échappa de ses lèvres.
« non, mais qu'est-ce qui t'a prit, espèce d'idiot ? » s'exclama l'adolescent
Il sentait le regard des trois jeunes femmes sur son dos tremblant mais il s'en fichait ; là, il n'y avait que son père dans ce lit qui comptait. Les lèvres du brun se tordaient tantôt en un sourire maladroit, tantôt en une légère grimace de douleur ; son fils avait de la force.
« tu sais ce qui te différencie des autres pères ? » souffla Shikadai, les yeux embués « tu n'es pas aussi puissant que Sasuke ou Naruto, tu n'es pas aussi expressif que Chôji, tu n'es pas aussi souriant que Saï ; tu es vraiment une plaie, je te jure, t'es constamment maladroit, tu sens le tabac, tu ne souris pas souvent et tu chouines quand tu te coupes le doigt en cuisinant »
Une moue boudeuse se glissa sur les lèvres du plus âgé ; quelle magnifique description de lui.
« mais je m'en fiches de tout ça, tu es censé être le plus intelligent de tous les hommes de ce pays ; tu es le plus intelligent, je ne connais personne d'autre qui est aussi doué que toi, aussi plein de courage, aussi tendre » lâcha le brun « tu es vraiment une plaie, je te jure mais ne t'avises pas de mourir de sitôt, je-.. »
Il avait espéré être plein de courage lui aussi face à son père mais les larmes coulèrent sur ses joues et il étouffa un reniflement bruyant entre ses lèvres, se maudissant intérieurement. Dans un bruit étouffé, le grand brun se décala légèrement sur la droite et tapota la place près de lui ; il croisa le regard tendre de son père et esquissa un sourire, se glissant contre le torse rassurant de cet homme. Oui, il n'avait pas le fort des pères mais il l'aimait comme ça ; il n'imaginait pas son existence sans cette odeur de tabac, sans ce jeu débile de stratégie ou sans cette fierté d'être un Nara.
Elle étouffa un bâillement entre ses lèvres et s'engouffra dans l'hôpital ; un sac sous le bras. A peine avait - il passé le pas de la porte de la demeure Nara que son fils était tombé d'épuisement, dans son lit ; un léger ronflement résonnant dans la pièce. Alors elle avait simplement attrapée un sac et avait fourrée quelques vêtements à l'intérieur ; sûrement que Shikamaru en aurait besoin, elle savait très bien qu'il n'appréciait pas le tissu de l'hôpital, paraît-il qu'il le grattait. Elle se souvenait très bien de cette fois où il s'était coincé le dos pendant une mission et qu'il avait rouspété contre les blouses de l'hôpital, pendant une semaine ; une semaine bien trop longue. Ses iris émeraude croisèrent le regard brun de l'hôtesse et elle lui intima silencieusement qu'elle apportait des vêtements à un patient ; sûrement que cette femme n'osa pas lui demander plus d'informations lorsqu'elle tomba sur son regard noir et effrayant.
Ses pas la guidèrent au travers des couloirs et alors qu'elle s'apprêtait à s'engouffrer dans la chambre 402, son regard tomba nez à nez avec une vision bien trop douloureuse pour son cœur ; elle le sentait presque agonisant dans sa cage thoracique. Un soupir discret s'échappa de ses lèvres et elle ignora cette douleur dans sa poitrine ; Temari déposa le sac au pas de la porte et tourna les talons. C'était fini, elle l'avait perdue.
Dans un geste délicat, elle caressait ses mèches brunes ; elle aimait particulièrement lorsqu'il les laissait au gré du vent, elle trouvait que ça lui donnait un air bien trop désirable. Un soupir d'aise s'échappa des lèvres du grand brun et il posa son regard ébène dans ses prunelles émeraude, un sourire en coin ; le bout de ses doigts glissait sur la taille de la rose, la tirant doucement contre lui. Il y avait cette lueur dans ses yeux qu'elle connaissait bien.
« qu'est-ce que tu fais, Shikamaru? » souffla-t-elle, un sourire amusé sur les lèvres
« pendant un instant, j'ai vraiment crû que je ne verrais plus ce beau visage » lâcha-t-il « et ce corps, bordel »
Un rire s'échappa des lèvres de la rose et elle le repoussa, doucement ; arrachant un grognement au brun. Elle redécouvrait l'amour et les relations, avec lui ; c'était étrange mais plaisant, elle se sentait comme une adolescente pendant ses premiers émois.
« tu es un pervers, Nara » lança-t-elle « tu es aux portes de la mort et tu regrettes mon corps ? »
« ce n'est pas ma faute, excuse-moi si mon esprit ne veut pas effacer l'image de ton corps nu dans mes draps »
« offrir une tournure poétique à tes phrases ne t'aidera pas, dans ce cas »
Une moue boudeuse se glissa sur les lèvres du brun ; une moue qu'elle trouvait bien trop adorable.
« tu es horrible avec moi » lâcha-t-il « j'ai failli mourir, je suis gravement blessé et je n'ai pas le droit à un câlin ? »
« je te connais, Shikamaru ; ces quelques heures ne m'ont pas fait oublier que pour un flemmard, t'es particulièrement actif dans certaines situations »
« oui, je sais ; c'est parce que les cerfs se reproduisent brutalement, ça »
Elle esquissa un sourire ; avec lui, tout revenait aux cerfs. Il était bien trop fier de ces animaux qui partageaient la vie du clan Nara. Elle glissa ses lèvres sur sa joue, chastement.
« justement, tu es gravement blessé, repose toi »
« mais je ne veux pas » souffla-t-il, tel un enfant
Un sourire au coin des lèvres, elle plongea son regard émeraude dans les iris brunes du chef du clan Nara ; pendant des heures, elle avait crû ne jamais revoir ce regard, qu'elle aimait tant. Elle avait vraiment crû le perdre ; son sourire s'effaça et elle repoussa tant bien que mal ses larmes, fondant dans les bras de son amant. Sans un mot, il glissa un bras autour de sa taille et parsema son front de baisers.
« ne refais plus jamais ça, s'il-te-plaît » souffla-t-elle, dans un murmure douloureux « je ne peux pas te perdre, je crois que je ne peux plus vivre sans toi, Shikamaru »
Les lèvres du brun s'étirèrent en un doux sourire et il renforça sa prise autour de sa taille, fermant les yeux, un instant ; il était bien, là, avec elle.
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