chapter #14 « don't dream it's over »
Quelques pétales rosées s'échappaient d'un cerisier ; virevoltant au gré du vent. Le « tic-tac » incessant de l'horloge se heurtait aux murs ; une amère odeur de désinfectant flottait dans l'air et parfois, quelques gémissements de douleurs s'enflammaient au détour d'une pièce. Les mains tremblantes, elle était là, le corps endolori à cause des heures qu'elle avait passé sur cette chaise inconfortable ; le son des battements de son cœur se mêlait parfois aux sanglots qu'elle tentait tant bien que mal de contrôler. Elle était là, si impuissante et elle se maudissait pour ça. Une main délicate se posa doucement sur son épaule et elle croisa le regard bleuté de sa meilleure amie, il y avait ce petit sourire confiant sur ses lèvres mais ses yeux hurlaient le contraire ; ses iris reflétaient l'inquiétude qui lui sciait les tripes. Sans un mot, elle passa une main fébrile dans ses mèches roses et balança sa tête en arrière ; bordel ce que ça faisait mal.
Un bruit de pas effrénés résonna au détour d'un couloir et elles posèrent, d'un même mouvement, leurs iris sur un point ; une tignasse brune contourna l'homme qui restait là, planté contre un mur, et il s'élança vers la rose, sans un mot. Il fondit un instant dans ses bras, humant cette douce odeur de cerise à laquelle il s'était attaché et déposa un baiser sur la joue de la blonde ; bien que la situation lui broyait le cœur, il était content d'être là.
« je suis venu dès que j'ai été mis au courant, je suis tellement désolé, Sakura » souffla l'adolescent, cette lueur triste dans ses prunelles vertes « j'aurais aimé faire plus vite mais il y a trois jours de marche entre Suna et Konoha, je déteste tellement ce fichu village »
Elle hocha simplement la tête et lui adressa un petit sourire maladroit ; peut-être tentait-elle d'être rassurante envers cet adolescent chamboulé, sûrement oui. Dans un geste délicat, elle glissa sa main sur la tête du jeune garçon et ébouriffa ses mèches brunes ; il connaissait ce geste, par cœur. Shikadai lui accorda un petit sourire, un sourire qui disait « merci de faire ça » et posa son regard émeraude sur sa mère, qui discutait un peu trop vivement avec un grand brun.
Temari fronça les sourcils aux mots de l'homme et serra les poings ; le voyage avait été long, trop long et épuisant. Elle grinça des dents et la seconde d'après, sa main heurta la joue rugueuse du brun ; elle le détestait tellement à cet instant, lui et ces grands airs. Il ne dit rien, se contentant de fixer un point imaginaire à l'autre bout du couloir ; sûrement que d'une manière, il avait un peu honte de lui.
« redis-moi exactement comment ça s'est passé » souffla-t-elle, d'un ton colérique
« je te l'ai déjà dis » lâcha le brun
« je m'en fiche, Uchiha ; recommence »
Un soupir s'échappa des lèvres du dit Uchiha et il déposa son regard brun dans le sien. Une légère entaille lui barrait la joue et son bras demeurait dans une écharpe.
« nous étions en mission, nous sommes tombés dans une embuscade et je te l'ai dis, j'ai pris un mauvais coup, je suis tombé dans les pommes et il m'a sauvé la vie » expliqua-t-il
Un rire au ton sarcastique résonna entre les murs, surprenant le brun ; les sourcils froncés, il se contenta d'attendre qu'elle lui dise le pourquoi du comment, elle riait, dans une telle situation.
« ce que tu es en train de me dire, c'est que cet idiot de Nara Shikamaru, cet homme incapable de tenir plus de deux heures sans s'endormir, ce gars qui se coupe constamment en faisant la cuisine, t'a sauvé la vie ? à toi ? Sasuke Uchiha ? » s'exclama la blonde « c'est du foutage de gueule »
Le pied de la demoiselle cogna violemment contre son tibia et il étouffa un grognement de douleur entre ses dents, jetant un regard noir à cette femme qui se tenait devant lui ; elle claqua des doigts devant son visage et prit un air menaçant.
« ne t'approches plus jamais ni de lui ni de mon fils, tu as bien compris Uchiha ? » siffla-t-elle
Et sans un mot de plus, elle s'avança d'un pas déterminé. Ses iris émeraude se posèrent sur la tignasse brune de son fils qui s'installait sur une chaise et elle croisa le regard bleuté de la meilleure amie de son ex-époux ; la dernière fois qu'elles avaient discutés, les choses ne s'étaient pas très bien passés. Ino l'avait dit ; elle regrettait fortement d'avoir donné sa bénédiction pour ce mariage, et d'une certaine façon, Temari comprenait.
Lorsqu'elle croisa le regard émeraude un peu trop ébranlé d'une tignasse rose qu'elle connaissait bien, un tas de questions se glissèrent son esprit ; elle tentait tant bien que mal de ne pas montrer cette inquiétude qui vibrait au creux de ses entrailles. Son regard se porta sur Sakura.
« pourquoi tu n'es pas en salle d'opération avec lui ? » demanda-t-elle, les sourcils froncés « est-ce qu'il est en vie? »
Le simple fait d'avoir une telle pensée, d'imaginer une pierre de marbre où les lettres de son nom danseraient, la blessait profondément ; la rose acquiesça silencieusement, les mains tremblantes. Elle sentait que chaque inspiration qu'elle prenait lui faisait bien trop mal.
« qu'est-ce que tu fais là, alors ? » s'exclama la blonde « c'est ton job de lui sauver la vie, non ? »
« je ne peux pas » souffla la rose, dans un murmure agonisant
« comment ça tu ne peux pas ? si c'était ton fichu Uchiha sur cette table d'opération, tu serais en train de te battre pour qu'il ai la vie sauve, qu'est-ce que tu fous, bon sang ? »
La rose étouffa un sanglot entre ses lèvres et baissa la tête ; elle sentait ces perles qui pointaient au coin de ses yeux mais elle refusait de fondre en larmes. Pourquoi chaque fois qu'elle touchait un bout de bonheur du bout des doigts, quelque chose foirait ? Elle ferma les yeux, un instant et tenta tant bien que mal de faire taire les battements douloureux de son cœur.
Ino releva un regard furieux vers la blonde ; un soupir agacé passa le cap de ses lèvres.
« calme-toi, Temari » souffla la fleuriste
« ne me dis pas ce que je dois faire, toi » grogna-t-elle
Elles se regardaient en chiens de faïence, sûrement prête à se déchiqueter d'une minute à l'autre mais le son de la respiration saccadée de la rose flotta dans l'air et la douce Yamanaka s'empressa d'attraper les mains tremblantes de son amie dans les siennes. Elle aussi, elle avait mal ; terriblement mal mais elle se devait d'être présente pour sa meilleure amie.
« c'est quoi ton putain de problème, Sakura ? » souffla Temari, les mains sur les hanches
« arrêtes maman » lâcha l'adolescent, derrière elle
Il avait lâché ses mots dans un murmure douloureux et Ino lui lança un regard de remerciement, au gré du vent ; il était là, assis sur cette chaise, les mains liés. Son regard s'attardait sur les imperfections du sol pour ne pas penser à la dureté de la situation ; peut - être qu'il ne croiserait plus jamais ses iris brunes qu'il aimait tant.
« j'aimerais juste comprendre pourquoi elle n'est pas en train de sauver la vie de ton père » lança la kunoichi de Suna, les sourcils froncés
« parce que c'est contraire au règlement » s'exclama le brun
Ses iris émeraude s'entrechoquèrent aux prunelles vertes de sa mère et il passa une main tremblante dans ses mèches brunes ; dieu qu'il l'aimait mais ce côté impulsif de son caractère lui faisait mal, parfois. Il se souvenait parfaitement de toutes ces fois, où alors qu'il n'avait que cinq ans, il s'était assis près de son père et lui avait simplement demandé si sa mère l'aimait ; parce que oui, il lui arrivait de douter de cet amour qu'elle ressentait pour lui. Il connaissait son passé, il connaissait ses blessures ; mais parfois, il ne parvenait pas à voir cet amour maternel dans ses iris. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il croisa le regard de la rose, il lui adressa un petit sourire.
« Sakura et papa se fréquentent souvent » souffla-t-il
« comment ça, se fréquentent souvent ? » répéta sa mère
« ils sortent ensemble, en fait » lâcha l'adolescent
La bombe était lâchée ; il n'eût aucun mal à reconnaître cette lueur dans les yeux de sa mère, cette lueur qui disait tout le contraire de ce qu'elle voulait faire croire. Il n'était pas dupe, sûrement qu'il se doutait un peu qu'elle aimait toujours son père mais il était là, entre ses deux parents et dieu qu'il souffrait de cette situation. Peut-être que le simple fait d'encourager son père dans sa relation avec sa rose était une trahison envers sa mère mais ce sourire qui trônait constamment sur les lèvres de son paternel lui faisait du bien, trop de bien.
Ses mains frappèrent brutalement contre le bois du comptoir de l'accueil et elle posa son regard brun sur la demoiselle, au téléphone ; son cœur battait si fort dans sa cage thoracique qu'elle était effrayée à la simple idée qu'il puisse s'échapper de son corps. Remarquant que personne ne faisait attention à elle, elle tapa une nouvelle fois, avec un peu plus de force, s'attirant un regard noir de l'hôtesse.
« ce n'est pas une cour de récréation, ici, c'est un hôpital » souffla-t-elle
« Sasuke Uchiha et Shikamaru Nara, où sont-ils ? »
Un soupir s'échappa des lèvres de la rousse, qui se mit à taper activement sur les touches de son clavier ; ses grosses lunettes brunes lui donnait un air peu recommandable.
« monsieur Uchiha devrait traîner dans les couloirs, près des urgences, quant à monsieur Nara, il est en salle d'opération » lâcha l'hôtesse
« encore ? » s'exclama l'adolescente
« et ça va être encore long, il est dans un sale état » souffla la rousse
Mais elle ne l'écoutait déjà plus ; elle s'élança dans un bond agile dans les couloirs, à toute allure. Elle savait très bien que le règlement interdisait simplement qu'elle court mais elle s'en fichait. Ses baskets frôlaient le sol blanc de l'hôpital et elle ne put retenir un soupir de soulagement en croisant le regard brun de son paternel ; il était là, le bras en écharpe, un pansement sur la joue mais il était là. Elle se jeta dans ses bras, dans un élan maladroit et enfouit son visage dans sa chemise.
« je suis tellement soulagé » souffla-t-elle
Oui, pendant un instant, elle avait crû perdre son père et bien qu'ils n'étaient pas vraiment très proche, cette simple idée l'effrayait plus que tout. Elle esquissa un sourire et releva son regard légèrement embué vers lui ; dans un geste délicat, il lui ébouriffa les cheveux et lui pointa du bout du nez l'endroit où se trouvait sa mère.
Ses iris brunes s'attardèrent un instant sur ce bout de femme qu'était sa mère ; les mèches roses légèrement en bordel, les yeux rougis, ses sillons de larmes sur les joues. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle s'avança lentement, tirant dans ses bras, sa mère ; d'abord surprise, la rose se laissa aller à cette étreinte. Elle passa ses bras autour du corps frêle de sa fille et esquissa un sourire.
« et les cours ? » souffla la rose
Elle savait à quel point sa progéniture était stricte sur les règles.
« je m'en fiche, vous êtes plus importants que les cours » lâcha l'adolescente
Sarada déposa ses lèvres sur le front de sa mère, une dernière fois et adressa un sourire à Ino ; elle la connaissait bien, la meilleure amie de sa mère et sa marraine. Parfois, elle ne comprenait pas trop l'amitié qui reliait ces deux femmes ; tantôt elles s'insultaient de tous les noms, tantôt elles riaient aux éclats. Mais elle admirait la belle Yamanaka. Elle connaissait sur le bout des doigts l'histoire du clan Yamanaka ; et à quel point ils avaient aidés pendant la quatrième grande guerre.
Elle salua poliment la soeur du Kazekage, tirant une révérence ; elle connaissait son statut de princesse de Suna. Puis, son regard effleura la tignasse brune d'un adolescent et son cœur rata un battement ; il était là, le regard perdu dans le vide, au bord des larmes et cette vision lui arracha un pincement au cœur. Elle n'aimait pas le voir ainsi, dans cet état ; elle préférait lorsqu'ils se lançaient des piques, là, il ne faisait même pas attention à elle. Elle prit place sur une chaise, près de sa mère et posa son regard sur les portes blanches ; elle espérait de tout son cœur que la prochaine personne qui passerait ces portes apporterait de bonnes nouvelles. Elle s'était attaché à ce grand Nara, qui l'aidait constamment dans ses travaux et qui lui apprenait un tas de nouvelles choses.
Les heures défilaient, lentement ; bien trop lentement. Parfois, le son des sanglots de la rose se mêlait au son des respirations ; ils étaient tous sur les nerfs, à bout de souffle, épuisé par l'inquiétude qui les sciait sur place. Le père de Sarada avait disparu au détour d'un couloir et personne ne s'en inquiétait réellement, il faisait constamment ça. Le « tic-tac » incessant de l'horloge devenait insupportable et dans un bruit désagréable, Temari repoussa sa chaise ; sur ses deux pieds, un soupir agacé s'échappa de ses lèvres et elle commença maladroitement à faire les cent pas.
« bon sang, c'est beaucoup trop long » lâcha-t-elle, dans un grognement
« certaines opérations sont déli-.. » commença la rose
« toi, ferme là »
Le ton cassant qu'elle employa coupa le souffle à la fleur de cerisier ; les iris colériques d'Ino se posèrent sur la sœur du Kazekage mais elle l'ignora, tout simplement. Elle sentait cette colère dans ses tripes, si forte que s'en était douloureux.
« tu as le culot de me faire la conversation ? toi ? » s'exclama la blonde, les sourcils froncés, d'un ton sec « alors que tu te tapes mon mari ? »
« Shikamaru n'est plus ton mari, je te rappelle » lança la rose
« ah c'est sûr que toi, tu le sais bien, vu que tu passes tes nuits à te faire sauter par lui »
« qu'est-ce que ma vie sexuelle fait dans cette discussion ? »
« si tu ne tapais pas Nara, je m'en foutrais de ta vie sexuelle ; mais ça me dérange de savoir qu'il est simplement passé d'une No Sabaku à une Haruno »
Les sourcils de la rose se froncèrent et elle se releva, dans un geste rapide ; elle n'aimait pas du tout la tournure que prenait cette conversation, elle la détestait même.
« c'est quoi ton problème ? » s'exclama la rose « tu savais ce qu'il adviendrait de vous deux en partant, il te l'a dit »
« et alors ? » souffla la blonde « qu'est-ce qu'il y a ? soudainement, Shikamaru est libre et tu en as eu marre de vivre seule ? tu n'avais qu'à ouvrir les yeux avant, c'est toi l'idiote »
« de quoi tu parles ? »
« tu veux un scoop ? Sasuke ne t'aime pas et il ne t'a jamais aimé, ça se voit dans sa façon de te regarder ; où est ce que tu vois l'amour dans ses yeux ? tu étais juste le moyen le plus rapide de remettre sur pied son clan »
Elle ne dit rien ; les mots de la blonde se heurtaient durement à son cœur fragile et elle retint tant bien que mal les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Oui, à vrai dire, elle l'avait remarquée récemment ; elle avait vu cette lueur dans les yeux de Shikamaru lorsqu'ils étaient couchés l'un près de l'autre et elle avait comprit soudainement que l'homme qu'elle avait épousée n'avait jamais réellement eu de sentiment pour elle. Un mariage fondé sur des mensonges.
« fermez la, un peu » s'exclama une voix légèrement enfantine
Les adultes posèrent un regard surpris sur la jeune Uchiha ; dans un geste colérique, elle passa entre les deux femmes qui se prenaient la tête et s'avança jusqu'au brun. Il était là, la tête entre les mains, et les larmes roulaient sur ses joues ; il s'en voulait d'être faible, il s'en voulait tellement. Bon dieu, il était un homme ; que lui prenait-il d'être si faible?
« vous vous disputez comme deux enfants » lança Sarada, dans un élan colérique « je m'en fiches de vos histoires, je m'en fiches de savoir laquelle d'entre vous est le plus amoureuse de Shikamaru ; tout ce que je sais, c'est que là, tout de suite, Shikadai a besoin de nous »
Il ne sembla même pas réagir aux mots de la brune, il tentait maladroitement de reprendre un peu d'air, étouffant tant bien que mal ses sanglots.
« son père est dans une salle d'opération depuis des heures, mettez-vous un peu à sa place, bon sang » lâcha-t-elle
Et dans un geste délicat, elle tira l'adolescent contre elle. Il ne dit rien, ferma les yeux et s'accrocha à elle ; parce qu'à cet instant, il avait besoin d'elle, plus que n'importe qui. Elle était sa bouée de sauvetage.
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