Un énième soupir s'échappa de ses lèvres et il repoussa doucement son assiette ; un silence pesant régnait autour de la table et là, plus que jamais, ça lui manquait de ne pas être au village caché de la Feuille. Ce fichu village lui manquait bien trop ; personne n'avait cette douce lueur dans les yeux, personne ne riait avec lui, personne ne s'attardait sur sa personnalité. Sans un mot, il se mit sur ses deux pieds et s'extirpa du salon.
Ses iris émeraude croisèrent les prunelles brunes de son petit - frère et elle haussa simplement les épaules, repoussant à son tour son assiette ; elle n'avait pas vraiment faim ces derniers temps.

« quelque chose s'est passé entre Shikadai et toi ? » souffla-t-il
« une petite dispute, ça passera » expliqua-t-elle
« au sujet de ton nouveau petit-ami et du fait que son père n'était pas au courant de ce détail ? »
« vraiment, Kankuro ? »

Une petite pointe de colère flottait dans la voix de la jeune femme et il haussa simplement les épaules ; visiblement il avait touché le bon sujet et il se doutait que si il continuait sur cette lancée, elle lui en voudrait. Il piocha un morceau de viande dans son assiette et le fourra dans sa bouche.

« d'ailleurs, ni Gaara, ni moi, n'apprécions cet idiot » lâcha le brun
« vous n'avez même pas fait l'effort de tenir une discussion avec lui »
« pas grave, je me suis attaché à Shikamaru, moi »
« eh bien, épouse - le si tu l'aimes tant »

Un léger rire s'échappa des lippes du brun et il acquiesça vivement à ses propos.

« bonne idée » s'exclama-t-il « ou je pourrais tout simplement lui dire la vérité »

Le bruit d'un couvert qui tombe au sol résonna dans la pièce et elle posa un regard colérique sur son frère ; elle détestait qu'il soit ainsi, avec elle. Elle pointa un doigt menaçant vers lui.

« ne joues pas à ce petit jeu avec moi, Kankuro » lâcha-t-elle « laisse le en dehors de tout ça »
« je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne lui dis tout simplement pas la vérité, il comprendrait et il viendrait vivre ici, avec toi »
« c'est bien ça le problème, cet idiot me suivrait sur la lune si je lui demandais ; toute son existence est là-bas, sa famille, ses amis, son boulot »
« et alors ? tu préfères cette situation ? dis lui simplement que je suis en train de mourir et que tu souhaites être à mes côtés jusqu'à la fin, il s'en fichera du reste »
« lâche-moi avec ça » s'exclama la blonde « et cesses de dire que tu es en train de mourir »

Un soupir agacé s'échappa des lèvres du brun ; il repoussa son assiette doucement et se releva. Ses lèvres se posèrent sur le front de sa grande sœur et il lui ébouriffa les cheveux, d'un geste délicat.

« ouvres les yeux, Temari ; je suis en train de mourir » souffla-t-il, dans un murmure

Et il disparût au détour d'un couloir. Les yeux dans le vide, les mots de son frère ne cessaient de danser dans son esprit ; il disait la vérité, elle le savait mais ne parvenait pas à l'accepter. Comment était-elle censée accepter la mort de son frère ? Un grognement s'échappa de ses lèvres et elle s'empressa de débarrasser la table de toute cette nourriture auquel ils avaient à peine touchés.

Son regard se perdait dans l'immensité du ciel ; il n'aimait pas ce village, il n'aimait pas le fait qu'il était seul pour observer le ciel à présent et que personne ne comprenait pourquoi il le faisait. Son père lui manquait un peu trop et d'une certaine façon, il commençait doucement à regretter le fait de ne pas être rester auprès de lui ; une ombre lui gâcha la vue et il posa son regard émeraude sur l'homme qui se tenait droit comme un pic. Son regard frôla ce sourire sur ses lèvres ; il ne l'aimait pas, lui non plus.

« comment ça va, mon petit Shikadai ? » lança-t-il

Un simple grognement répondit à sa question ; Shikadai n'aimait pas cet homme qui prenait lentement la place de son père. Il était là, des mèches brunes attachés en un vulgaire chignon, une paire de pupilles bleutés et dieu qu'il ne l'aimait pas. La main de l'amant de sa mère se posa sur son crâne et il tenta maladroitement de lui ébouriffer les cheveux ; dans un geste brutal, l'adolescent le repoussa.

« ne me touches pas » s'exclama-t-il
« qu'est - ce qui te prend ? » souffla l'adulte, les mains dans les poches
« tu n'es pas mon père et tu ne le sera jamais, ne me touches pas »

La tignasse blonde de sa mère s'engouffra dans le jardin et elle posa un regard surpris sur son fils ; il était là, sur ses deux pieds, cette lueur colérique dans les yeux. Les mains sur les hanches, elle arqua un sourcil.

« qu'est-ce qu'il se passe ? » souffla-t-elle, d'un air réprobateur
« il se passe que ton trou du cul de copain me tape sur les nerfs »
« Shikadai » le réprimanda-t-elle
« ouais, tu sais quoi ? c'est de ma faute, c'est sûrement moi qui ai choisi de venir vivre ici, de partir loin de mon père et de mes potes » s'exclama l'adolescent « et c'est sûrement moi qui ai choisi de me faire sauter par un tel con »

Les mots de l'adolescent résonnèrent dans l'air un instant se mêlant au son de vent qui soufflait sur le village caché du Sable ; puis, dans un geste brutal, la main de l'adulte heurta la joue du garçon. La joue rouge, Shikadai posa un regard presque haineux sur cet homme.

« tu connais la spécialité des Nara ? » lâcha-t-il, un sourire au coin des lèvres
« je m'en fiche des Nara, respecte ta mère » cracha-t-il
« sinon, quoi ? tu as l'intention de me gifler une nouvelle fois, j'ai hâte de voir comment tu as l'intention de faire sans être maître de tes mouvements »

Les sourcils froncés, le brun tenta tant bien que mal de lever la main une nouvelle fois mais constata avec fureur que son corps ne lui répondait plus ; les mains dans les poches, l'adolescent souriait. Les gens sous-estimaient tellement le clan Nara que ça le faisait marrer, d'une certaine manière. Avec une rapidité phénoménale, il se pencha en avant, la paume de ces mains frappant sur le sol.

« fûton » s'exclama-t-il « danse sauvage du cour-.. »

Elle se tenait là, devant lui ; une main plaquée sur les lèvres de son fils. Ils échangèrent un regard silencieux et il se releva, dans un geste plein de rage ; son regard se posa sur l'amant de sa mère, libre de ses mouvements et il leva son pouce en l'air, un sourire au coin des lèvres.

« ne sous-estime jamais ton ennemi » s'exclama l'adolescent « je suis Shikadai, le neveu du Kazekage, l'héritier du clan Nara et l'un des trois membres du trio InoShikaChô, ne l'oublies pas »
« Shikadai, att-.. »
« je pense que ce serait mieux si j'allais vivre avec papa » souffla-t-il

Elle se heurta à la souffrance dans les yeux de son fils et ne dit rien de plus lorsqu'il s'éloigna d'elle, s'engouffrant dans la demeure ; deux bras musclés passèrent autour de sa taille et elle le repoussa brutalement, claquant sa main contre sa joue.

« il est trop jeune pour avoir du sang sur les mains, sinon crois-moi que je l'aurais laissé te tuer » s'exclama la sœur du Kazekage « mais pour qui tu te prends ? tu ne peux pas te pointer et lui donner une gifle ; si son père l'apprends, si son oncle l'apprends, tu es mort, tu le sais ça ? »
« attends, je te défends et tu as le culot de me sortir tout ça ? » s'emporta le brun
« je n'ai pas besoin de toi pour me défendre ; tu n'es pas mon époux »
« je pourrais l'être si tu me laissais une chance de me faire ma place dans ta famille »
« ce n'est pas ce que je veux, je m'amuse bien avec toi mais ça s'arrête à l'amusement ; va-t-en »

Un grognement s'échappa des lèvres du brun et il tourna les talons ; ses prunelles vertes se posèrent à l'endroit où son fils se tenait, quelques minutes avant. Il avait été sur le point d'utiliser une technique qu'elle connaissait bien, de type vent ; elle n'aurait jamais pensée qu'il soit capable de maîtriser le vent, lui aussi. Un sourire fier se glissa sur ses lèvres et elle s'engouffra dans la demeure ; le bruit de ses pas effrénés résonnant entre les murs. Elle poussa la porte de la chambre de son enfant et s'apprêtait à lui hurler à quel point elle était fière de lui lorsqu'elle se heurta au sac qu'il préparait.
L'adolescent Nara se tourna vers elle et un soupir s'extirpa de ses lèvres ; il n'aimait pas cette lueur dans les yeux de sa mère, il la détestait même. Parce qu'il savait que là, tout de suite, il lui faisait terriblement mal mais cette situation lui faisait mal à lui ; et il ne supportait plus. Il glissa quelques vêtements de plus dans son sac.

« qu'est-ce que tu fais, Shikadai ? » demanda-t-elle, la voix tremblante
« je te l'ai dis, maman » souffla le brun « je retourne auprès de papa, je ne peux pas rester ici »
« tu ne peux pas partir, attends ; tu es un adolescent et tu-.. »
« j'ai pris ma décision ; je demanderais à ce qu'un shinobi m'accompagne sur le chemin à tonton Gaara, ne t'en fais pas pour ça »

Elle se confronta à la dureté des mots de son enfant.

« tu es sûr de ton choix ? » souffla-t-elle
« oui, désolé maman »

Elle aurait jurée entendre les brisures de son propre cœur entre ces murs ; elle acquiesça faiblement, lui adressant un petit sourire et disparût au détour d'un couloir. Cette situation la tuait, lentement ; sûrement que son frère avait raison, la présence de Shikamaru l'aiderait et ils resteraient une famille, tous les trois. Mais la simple idée de pousser le brun a fuir son village pour elle lui retournait les tripes. Temari s'enferma dans sa chambre et glissa le long du bois de la porte ; les larmes roulant sur ses joues.

Son poing s'écrasa contre le bois de la porte du bureau du Kazekage et il s'engouffra dans la pièce, les mains dans les poches ; il appréciait la présence de ses oncles, ils étaient deux shinobis forts et imposaient le respect. Il esquissa un sourire en découvrant son oncle, le nez dans des papiers et s'avança doucement, tapant du poing sur la table. Le sursaut du rouquin lui arracha un doux rire.

« tu devrais vraiment demander à mon père des astuces, tu ne t'en sortiras jamais tonton » lâcha le brun, un sourire sur les lèvres

Un grognement s'échappa des lèvres du rouquin et il posa son regard émeraude sur son neveu, fronçant les sourcils face au sac imposant qu'il portait sur son épaule. Quelque chose n'allait pas. Il repoussa ses dossiers d'une main.

« tu pars quelque part, Shikadai ? » demanda-t-il
« je veux retourner à Konoha » souffla l'adolescent, une lueur bien trop triste au fond des yeux
« mais, et ta mère ? » lâcha le Kazekage en repoussant sa chaise
« elle n'a pas besoin de moi pour te filer un coup de main, j'ai besoin de voir mon père »
« il s'est passé quelque chose ? »

Un hochement de tête et il commença son histoire, déclarant qu'il n'appréciait pas le copain de sa mère, que son village lui manquait, qu'il avait été irrespectueux dans ses propos concernant sa mère et que cet homme avait crû bon de lever la main sur lui, alors que son propre père ne l'avait jamais giflé.

La porte de la demeure se heurta au mur d'en face dans un brouhaha désagréable et le bruit de pas effrénés résonna un instant dans l'air ; elle se posta, à bout de souffle, face à son frère. Les poings serrés, les sourcils froncés et le visage déformé par la colère, il posa un regard sévère sur sa grande sœur.

« où est ce fils de chien ? » s'exclama le rouquin « je vais lui rendre la claque qu'il a donné à mon neveu dans d'atroces souffrances »
« Gaara, mais qu'est ce que tu-.. »
« non Temari, cet homme est un homme mort »

Les mains sur les hanches, un soupir s'échappa des lèvres de la jeune femme ; c'est là, à l'instant où il croisa le regard émeraude de sa soeur qu'il comprit qu'elle souffrait. D'un geste lent, il s'approcha d'elle et posa une main sur son épaule ; ils n'étaient pas très contact physique dans la famille.

« j'ai donné l'autorisation à ton fils pour retourner au village de Konoha, Temari » souffla-t-il « vivre ici, n'est pas fait pour lui ; il sera mieux là-bas auprès de son père »
« je suis une mère horrible, n'est-ce-pas ? » lâcha-t-elle, les yeux embués
« ce n'est pas ça, tu te persuades que Shikamaru sera bien mieux à Konoha, tu refuses que l'homme que tu aimes abandonne tout pour toi »
« ils me détestent, tous les deux, c'est fini » souffla-t-elle, entre deux sanglots
« ton fils a besoin de temps, toi aussi je pense »

Et dans un élan maladroit, il la tira contre son torse.