Les rues du village caché de la Feuille s'animaient de plus en plus au fur et à mesure que les minutes s'échappaient ; encore un jour de paix où les enfants riaient aux éclats, où des couples s'aimaient tendrement et où des shinobis profitaient pleinement de l'instant. Il étouffa maladroitement un bâillement entre ses lèvres et coinça un tube de nicotine entre ses lèvres ; une de celles que Saï lui avait offert, goût menthe, il aimait particulièrement celle-là. Il l'alluma d'un geste expert et pointa du doigt un bel homme, de la trentaine, des mèches brunes ; une allure élégante.

« et celui-là ? » souffla-t-il « il n'est pas moche, non ? et je ne vois pas de bague à son doigt »

Un grognement flotta dans l'air, près de lui et il rencontra le regard agacé de la demoiselle ; elle secoua la tête de droite à gauche.

« hors de question » lâcha-t-elle « regarde-le, sa façon de poser son regard sur toutes les femmes qui passent près de lui ; j'ai une fille, je n'ai pas le droit de prendre n'importe quel idiot »
« tu es franchement pas possible, Sakura »

Le brun retint un soupir et s'étala de tout son long sur le toit ; ils traînaient depuis plus d'une heure sur le toit de cette vieille bâtisse, observant avec attention les villageois du coin. La rose haussa simplement les épaules et se pencha un peu en avant, plissant légèrement les yeux. Ces iris émeraude scrutaient la foule avec attention ; jusqu'à ce qu'un petit cri de joie ne s'échappe de ses lèvres.

« là » s'exclama-t-elle, en point du doigt une femme dans la rue « pourquoi tu ne tenterais pas ta chance avec Shiho ? j'veux dire, tu lui plais depuis un tas d'années »

Il se releva, une lueur paniquée dans les iris.

« non, hors de question ; elle est bien plus folle que Temari, je ne veux pas mourir, elle m'empêchera de sortir de chez moi et me violera sûrement dans mon sommeil pour me faire un tas d'enfants »
« t'as vraiment une imagination débordante, Shikamaru » lâcha-t-elle, entre deux éclats de rire

Depuis qu'ils avaient échangés cette discussion au bord du perron du brun, ils tentaient maladroitement de trouver quelqu'un à l'autre ; leurs efforts étaient vain. Soit cet homme ressemblait trop à un certain Uchiha, soit cette femme semblait bien plus folle qu'une certaine No Sabaku. Un soupir s'échappa des lèvres du Nara.

« c'est mort, je vais finir seul avec mes cerfs »
« au moins, tu auras tes cerfs toi » lança la rose

Un sourire naquit sur les lèvres du brun et il acquiesça ; les cerfs étaient l'emblème du clan Nara et dans la forêt qui entourait le domaine de sa famille, vivaient un tas de ces animaux. Il aimait se perdre dans les bois, parfois, et offrirent quelques caresses aux cerfs.
Il s'apprêtait à reprendre une taffe de sa cigarette lorsque la rose lui prit, au bec ; la glissant entre ces propres lèvres, tirant une taffe. Une légère quinte de toux la prit et il étouffa un rire dans sa main, récupérant l'objet de sa morte lente.

« putain, c'est dégueu ton truc » s'exclama-t-elle

Il haussa simplement les épaules ; lui, ça lui plaisait ce truc. Oui, ça le rapprochait maladroitement d'Asuma, qui lui manquait toujours un peu plus tous les jours.
Dans les environs de vingt heures, ils se séparèrent, se souhaitant une bonne soirée et retournèrent dans leur chez-soi respectifs ; la demeure vide de Shikamaru et la demeure à peine habitée de Sakura. Une partie d'elle avait vraiment crû que lorsqu'elle avait annoncée à Sasuke son envie de ne plus être avec lui, il aurait réagit mais pas vraiment ; il n'avait pas cherché à la retenir, il lui avait simplement dit qu'elle n'avait pas le droit de rompre ainsi, dans une lettre. Un soupir s'échappa de ses lèvres à ce souvenir et elle s'engouffra dans la demeure Uchiha qu'elle habitait avec leur fille, délaissant ces chaussures dans l'entrée ; Sarada passait la nuit chez une amie alors elle se retrouvait seule, mais elle avait l'habitude, après tout. Elle étouffa un bâillement dans sa main et manqua de faire une crise cardiaque lorsqu'elle tomba nez à nez avec l'Uchiha, dans le salon. Il était là, au bord du canapé, ses yeux rivés sur un tas de papiers devant lui ; elle fronça les sourcils, une main sur le côté gauche de sa cage thoracique.

« j'étais a deux doigts de faire un arrêt » grogna la rose « qu'est-ce que tu fais là ? »

Son ex-époux posa un regard dur sur elle ; un regard qui ne manqua pas de lui arracher un frisson et elle s'avança, lentement.

« qu'est-ce que c'est ? » lança-t-elle, en désignant les papiers
« des trucs qu'il faut que tu signes ; par rapport au divorce » souffla-t-il, d'une voix bien trop calme « un contrat de confidentialité, par rapport à tout ce que j'ai pu te dire sur mon clan »
« tu te fous de moi, Sasuke ? »

La rage présente dans la voix de son ancienne coéquipière lui arracha un léger sursaut ; il se releva, lentement, du canapé et secoua la tête de droite à gauche.

« je te connais depuis que je suis une enfant ; et toi, tout ce que tu trouves à me dire sur notre divorce, c'est ce stupide contrat de confidentialité, tu ne me fais pas confiance ? » s'exclama-t-elle, colérique « souviens-toi que je n'ai pas cessé de t'aimer une seule seconde lorsque tu étais l'ennemi numéro un de tous les shinobis ; souviens-toi que je suis resté avec toi, jusqu'au bout, que je ne t'ai pas jugé. tu penses vraiment que je suis celle qui ira crier sur tous les toits les secrets de ton fichu clan ? »
« on ne sait jamais, Sakura » lâcha-t-il, dans un soupir
« j'en ai marre de ton clan et de toi ; c'est de ta faute si notre mariage se termine de cette façon, tu t'en rends compte, j'espère ? »
« ma faute ? » s'exclama le brun, les sourcils froncés
« tu n'es jamais là, tu penses que j'aime le fait de vivre si loin de toi ? »
« je ne peux pas tout simplement revenir au village, après tout ce que j'ai fais »
« tu te mets toi-même des bâtons dans les roues, les gens t'ont pardonnés mais tu abandonnes ta famille derrière toi, ta fille »

Dans un geste énervé, elle attrapa le contrat sur la table basse et le balança au visage de l'homme ; ces iris émeraude reflétant toute cette colère qu'elle ressentait à cet instant.

« ton contrat et toi, vous pouvez aller vous faire foutre »
« bien, bonne nuit »

Et il s'extirpa de la demeure, sans un mot de plus ; elle était là, tremblante de rage, ces papiers sur le sol. Elle avait mal, vraiment mal ; elle avait tellement crû en ce mariage, elle avait été tellement heureuse lorsqu'il lui avait demandé sa main, lorsqu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Pourquoi est-ce que cela finissait ainsi, bon sang ? Le claquement de la porte résonna un instant dans la demeure et elle se laissa glisser contre le sol, les larmes dévalant ses joues, elle se sentait pathétique. Elle aurait aimée appeler Ino, sa meilleure amie mais sûrement que celle - ci était avec son époux et leur fils ; elle n'avait personne, au fond. Ils avaient tous grandit, avaient fondés des familles et elle, qu'avait-elle? Son regard se porta sur le comptoir de la cuisine, plus précisément sur la bouteille de saké, et elle se releva maladroitement.

Ses prunelles vertes se posèrent sur le bois de la porte, sur l'emblème qui se reflétait par la lune ; elle tituba tant bien que mal jusqu'à lui et son poing frappa plusieurs fois. Les lumières s'allumèrent lentement dans la demeure et le bois céda sa place à un visage qu'elle connaissait bien ; un grand sourire sur les lèvres, elle s'avança jusqu'à lui, le bout de ses doigts caressant sa barbe mal taillée.

« qu'est-ce que tu fiches, Sakura ? » souffla-t-il

Et le simple son de sa voix rauque lui arracha un frisson. Le bout de ses doigts retraça les traits de son visage, des traits fins ; son nez, ses joues rugueuses, des prunelles brunes et ses lèvres.

« tu sais que t'es beau » lâcha-t-elle, dans un souffle
« oh putain, t'as bu combien de bouteilles » grogna-t-il

Elle se sentit tirer dans la demeure, cette odeur de tabac froid qu'elle appréciait flottant dans l'air et le claquement de la porte résonna à ces oreilles ; pourquoi était-elle venue jusqu'ici? Shikamaru se posta devant elle, les sourcils froncés mais ce sourire amusé sur les lèvres. Elle le trouvait beau dans ce vieux bas de jogging gris, son torse nu.

« je ne suis pas saoule » souffla-t-elle
« je ne juge pas, viens je t'emmène dans la chambre d'ami »

Le Nara passa un bras rassurant autour de ses épaules et s'empressa de l'aider à monter les escaliers ; la demeure de son clan était bien trop grande pour un homme seul et la jeune femme se rendit compte qu'elle n'était jamais entrée aussi profondément dans cette maison. Ses iris émeraude se heurtaient aux murs, aux quelques photographies des parents du brun ; elle se souvenait bien du père de Shikamaru, mort en héros, un homme bon. Il la poussa silencieusement dans la pièce et fouilla dans une commode ; lui lançant au visage un vieux tee-shirt et un bas de jogging.

« tu dors chez moi, ce soir ; enfiles ça »

Elle haussa simplement les épaules à ces mots et s'empressa d'attraper les pans de son haut, le tirant sans se soucier une seule seconde de la présence du brun ; un grognement s'échappa des lèvres du Nara et il lui tourna le dos.

« tu aurais simplement pu attendre que je m'en aille »
« oh, ne fais pas ta prude ; t'as un fils, tu as déjà une fille en sous-vêtement »

Un sourire se glissa malgré lui sur les lèvres du brun et il acquiesça, se retournant lorsqu'elle fut entièrement changée ; et quelque chose se passa, lorsqu'il se rapprocha. Ils échangèrent un regard, un peu trop long et il n'arriva pas à mettre de mot sur cette lueur au fond des iris de la rose ; il tenta maladroitement de la mettre au lit.

« est-ce que tu me trouves attirante ? » souffla-t-elle « est-ce que toi, tu serais restée avec moi au village ? »

Sa voix se brisa légèrement sur la fin et un soupir s'échappa des lèvres du brun ; il savait à quel point ce divorce la touchait, bien qu'elle tentait de ne pas le montrer. Il passa une main dans les mèches roses de la demoiselle et acquiesça, la tirant contre son torse.

« ça ira, t'en fais pas »

Les sanglots de la rose s'élevèrent dans l'air et il se demanda un instant lequel des deux il tentait de convaincre avec ces mots, elle ou lui?