chapter #02 « one bourbon, one scotch, one beer »

Un petit grognement s'échappa des lèvres de l'enfant, cette moue boudeuse sur les lèvres, il tentait tant bien que mal de comprendre l'exercice sous ses yeux ; parfois, il avait cette sale impression dans les tripes qui lui criait qu'il n'était sûrement pas assez bon pour être un shinobi, digne de ce nom. Son front rencontra le bois froid de la table et il se mordit la lèvre, retenant ces quelques perles qui menaçaient de dévaler ces joues. Une main se posa sur son crâne et ébouriffa ces mèches blondes, une amère odeur de nicotine effleura ces narines et il posa son regard bleuté sur l'homme.

« monsieur Nara » souffla-t-il, dans un soupir presque soulagé
« tu as du mal avec ton exercice ? »

Le blondinet acquiesça, faiblement ; le simple sourire qui lui accorda le Nara lui réchauffa le cœur. Il y avait ce fil rouge qui les liait, l'un à l'autre.

« attends, je te montre »

La voix rauque de l'homme résonna quelques secondes dans l'air ; puis, il l'observa attentivement résoudre l'exercice, sans une once d'incompréhension dans ces yeux. Il renifla bruyamment et un soupir s'échappa de ces lèvres.

« je suis si nul que ça, en fait » souffla l'adolescent
« pas du tout, Inojin ; tu sais, à ton âge, le Hokage était un idiot »

Les sourcils légèrement froncés, il attendit la suite de sa phrase.

« il dormait pendant les cours, ne récoltait que des mauvaises notes et regarde où il en est maintenant, il protège le village. ne t'attardes pas sur tes difficultés, avec un bon travail et de l'aide, tu y arriveras »

Inojin esquissa un petit sourire en coin et acquiesça vivement, récupérant ces exercices ; crayon en main, il s'empressa de reprendre tout du début, de comprendre ce qui se trouvait sous ses yeux. Un bruit de pas se mêla aux sons de leurs respirations et des indications du Nara, le blond ne dit rien en sentant les lèvres humides de sa mère se poser délicatement contre sa joue.

Un sourire au coin des lèvres, le grand brun repoussa sa chaise et accompagna sa meilleure amie, dans la cuisine, l'aidant à ranger les quelques courses ; puis, mains dans les poches, il s'adossa à un mur. Le cœur lourd, il se contenta d'observer silencieusement le bout de femme devant lui, préparer le repas.

« t'es en train de me reluquer ? » entendit-il « tu sais, je suis vraiment flattée mais je suis mariée, Shikamaru, tu aurais dû me reluquer quand j'avais treize ans, j'aurais craquée directement »

Son rire cristallin se heurta aux murs et il esquissa un sourire, levant les yeux au ciel.

« en fait, je me suis juste perdu dans mes pensées mais je suis ravi de savoir qu'à treize ans, j'étais tout à fait ton genre d'homme »
« tu es mon genre d'homme, je te rappelle que je suis marié à un grand ténébreux, qui n'extériorise pas ses émotions et qui est plutôt intelligent »
« dommage pour toi, à treize ans tu ne ressemblais à rien »

Il évita tant bien que mal le torchon qu'elle lança sur son visage et un rire s'échappa de ses lèvres ; il aimait cette relation, là. Des années en arrière, alors qu'il était haut comme trois pommes, il repoussait constamment Ino ; persuadé que les garçons et les filles ne pouvaient pas vraiment être amis, pourtant à ce jour, elle était sa meilleure amie. Il replia correctement le torchon et le déposa sur le comptoir, s'installant sur un tabouret.

« Saï est encore en mission ? » demanda-t-il
« oui mais il me semble qu'il ne tardera pas à revenir ; merci de prendre soin d'Inojin »
« ne me remercies pas, c'est comme un fils pour moi »

Ces simples mots lui arrachèrent une vive douleur dans la cage thoracique et il baissa les yeux ; ces iris ébène se confrontant au sol blanc. Ce vide dans son cœur le faisait de plus en plus souffrir. Une douce odeur de lavande se heurta à ces narines et deux bras frêles passèrent autour de lui, une poitrine se colla à son dos et il attrapa la main de sa meilleure amie, dans la sienne ; jouant avec ces doigts.

« il te manque, n'est-ce-pas? » souffla-t-elle, bien qu'elle connaissait la réponse
« plus que tout, je n'aurais jamais crû dire ça un jour mais je déteste le silence qui se heurte aux murs, dans ma maison »
« ça ne fait que deux mois, ta douleur est tout à fait normale » dit-elle en posant une main sur le côté gauche de la cage thoracique du brun
« deux mois de trop, hein »

Un soupir s'échappa de ces lèvres et il déposa un chaste baiser sur le dos de la main de la tendre Yamanaka, lui accordant un petit sourire qui était censé lui dire « je vais bien, t'en fais pas » mais elle le connaissait par cœur, ils se connaissaient depuis si longtemps.
Elle retourna doucement aux fourneaux.

« des nouvelles de Temari ? »
« j'ai reçu un mail, récemment ; elle m'a juste dit qu'ils allaient bien »
« je vois » lâcha-t-elle « tu restes pour le dîner ? »
« non, j'ai du boulot » s'empressa de répondre le brun
« Shikamaru.. »
« t'en fais pas, ça va »

Elle n'était pas idiote, elle savait très bien ce que « boulot » voulait dire ces derniers jours ; il allait boire, il allait rester seul avec sa tristesse. Un soupir s'échappa de ces lèvres et elle acquiesça, acceptant le baiser qu'il déposa contre sa joue.
Dans un élan agile, le grand brun s'extirpa de la cuisine, posant son regard ébène sur l'adolescent, concentré dans ces exercices. Il s'approcha doucement de lui et ébouriffa sa tignasse blonde, un sourire au coin des lèvres.

« tu avances bien, bravo » dit-il « je rentre, passe une bonne soirée »

Silencieusement, le petit blond observa ce grand homme s'en aller ; deux mois que son meilleur ami était partit dans un pays voisin, avec sa mère et il détestait ce climat qui régnait constamment depuis, cette tristesse qui les prenait aux tripes. Un soupir s'échappa de ces lèvres et il tenta maladroitement de se concentrer de nouveau.

Ces pas le guidèrent dans les rues du village caché de la Feuille ; mains dans les poches, il s'avançait silencieusement, connaissant le chemin par-cœur. Une amère odeur d'alcool et de sueur se mêla dans l'air et il s'engouffra dans le bar, sans un mot, tirant un tabouret au comptoir ; un simple signe de la main au serveur et il attrapa le verre de whisky qu'il lui tendait. Il était une sorte d'habitué, maintenant. Ces lèvres se heurtèrent à la fraîcheur du verre et il avala cul-sec le liquide ; commandant une deuxième tournée du regard.
Il ne réagit pas tout de suite, lorsque le tabouret près de lui se tira ; mais lorsque ces iris brunes effleurèrent une tignasse rose, il fronça les sourcils, attrapant son deuxième verre.

« si tu ne dis à personne que tu m'as vu ici, je ne dirais à personne que je t'ai vu » lâcha-t-elle, dans un murmure
« marché conclu »

A peine eût-il posé une deuxième fois son verre sur le comptoir que celui - ci se remplissait d'un liquide brun ; il esquissa un sourire, amer et le porta à ces lèvres. Une odeur de cerise se mélangeait à celle de l'alcool et de la sueur.

« j'ai appris pour ton épouse »
« ex-épouse » rectifia-t-il, amèrement
« désolé pour toi »

Un silence se posa entre eux ; tantôt l'un recommandait un verre, tantôt l'autre soupirait. Une bonne partie de la soirée se passa ainsi, dans un silence pesant. Ils étaient deux amis d'enfance, pourtant ; ils avaient grandit ensemble, avaient participés à la guerre tous les deux mais à présent, ils étaient deux adultes qui ne savaient quoi se dire. Il déposa un énième verre sur le comptoir et posa son regard brun sur le plafond, un soupir s'échappant de ces lèvres.

« comment tu fais, sérieux ? »

Sa voix rauque se heurta au silence ; il n'eût aucun mal à sentir son regard émeraude sur lui.

« tu as épousé un fantôme, il est constamment absent ; bon d'accord, il a décidé ça à cause de ces crimes et pour d'autres raisons mais sa famille ne devrait pas être la chose la plus importante à ces yeux ? »

Un petit grognement s'échappa de ces lèvres et il passa une main fébrile dans ces cheveux bruns.

« je ne comprends pas. il avait vraiment tout pour être heureux, une épouse, une fille, des amis et il est partit, sans un regard en arrière, je ne comprends pas, sérieux »
« ça vise mon époux ou ton épouse ? »
« j'en sais rien, je ne comprends pas, c'est tout »

Elle ne dit rien, posant son regard émeraude sur le grand brun près d'elle ; il n'avait pas tort, elle le savait au fond d'elle. Elle aimait le Uchiha depuis tellement d'années que ce mariage avait été un pur bonheur pour elle mais elle était seule dans tout ça. Un soupir s'échappa de ces lèvres et elle attrapa le paquet de cigarettes du brun, posé en évidence sur le comptoir ; elle en porta une à ces lèvres et l'alluma maladroitement, tirant une taffe.

« je ne savais pas que tu fumais » souffla-t-il
« je ne fume pas »

Un petit sourire naquit au coin des lèvres du Nara et il haussa simplement les épaules, commandant un autre verre ; l'alcool le libérait légèrement de ce mutisme dans lequel il était constamment.

« je ne sais pas comment je fais » entendit-il
« hein ? »
« je ne sais pas comment je tiens, il n'est pas là, je suis seule dans ce mariage, j'élève seule notre enfant, je n'arrive pas à savoir si je suis heureuse ou malheureuse, je me tue au boulot, sûrement pour que ce ne soit pas son absence qui le fasse »

Ces iris ébène se posèrent un instant sur les traits de la rose ; il connaissait cet amour qu'elle avait pour le Uchiha, il connaissait leur histoire et ce lien qui semblait les lier. Et sincèrement, il n'aurait jamais pensé que son absence lui fasse tant de mal, elle apparaissait constamment souriante aux yeux des autres. Il fit un signe au serveur, lui intimant de resservir un verre à la demoiselle et acquiesça.

« ça fait deux mois et son absence me tue » souffla-t-il, simplement « est-ce que la douleur s'efface un peu avec le temps ? »

Il observa silencieusement la rose prendre une gorgée de saké.

« un peu, juste un peu »

Un énième soupir s'échappa de ces lèvres et il coinça un tube de nicotine entre ces dents, l'allumant d'un geste expert.

« je savais qu'elle était retournée à Suna mais je ne savais pas qu'elle t'avait quittée »
« c'est moi qui ai rompu notre mariage »

Ce fût elle qui posa son regard émeraude sur lui, cette fois. Les sourcils légèrement froncés, elle s'attarda sur les traits du grand brun ; elle connaissait ce lien qui reliait la sœur du Kazekage et lui, ils s'étaient aimés profondément et elle n'aurait jamais crû qu'ils en arriveraient là, tous les deux.

« je l'aime comme un dingue mais je ne serais pas l'idiot qui attendra cent ans qu'elle revienne »

La rose grimaça légèrement à ces mots ; il n'avait pas tort.
Dans un geste las, il repoussa son tabouret, déposant quelques billets sur le bois du comptoir. Et pendant un court instant, il posa son regard ébène dans les prunelles émeraude de la demoiselle, une légère lueur de gratitude au fond des iris.

« merci » souffla le Nara dans un murmure « j'ai payé ta part des consommations, rentre bien »

Et sans un mot, il tourna les talons, s'extirpant de ce lieu bancal. Ces pas le guidèrent à travers les rues, la lune ronde pour seule compagnie ; cette légère brise lui arracha un petit soupir d'aise et il prit place sur le toit de sa demeure, ces iris se perdant dans l'immensité du ciel.

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