chapter #01 « hello, goodbye »

Une brise légère survolait les rues du village, une brise presque douce, une de ces brises qui l'aurait automatiquement calmé, un autre jour ; ces iris ébènes s'accrochaient aux nuages, dans le ciel. L'odeur fraîche de l'herbe enveloppait les horizons et son cœur se serra, un peu plus ; où était passé l'amour ? Ces belles paroles qui les avaient effleurées ces dernières années.
Un soupir s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il prenait appui sur ces deux mains pour terminer debout, sur ces jambes ; il manqua de perdre l'équilibre, pendant une seconde, la fatigue ? Non, sûrement l'alcool qu'il avait ingurgité la nuit dernière. Mains dans les poches, il s'avança dans les rues, se mêlant aux villageois ; ils avaient tous ce sourire niais sur les lèvres, ce sourire qui s'était effacé des siennes. Ces prunelles brunes se posèrent, par mégarde, sur l'échoppe Ichiraku et son cœur rata un battement ; une image se glissa dans son esprit ; pendant sa grossesse, elle n'avait cessée de l'obliger tous les soirs à venir dîner dans cet établissement. Est-ce qu'il guérirait, un jour ? Est-ce qu'il existait une quelconque guérison à un chagrin d'amour, d'ailleurs ? Bien des questions que son Q.I de 200 ne parvenait pas à résoudre.

Chaque pas qu'il faisait, semblait l'achever, un peu plus ; les battements effrénés de son cœur lui faisait si mal. Pathétique, il se trouvait si pathétique ; il avait survécu à la quatrième grande guerre ninja, il s'était battu auprès de l'alliance shinobi, il avait guidé tant de soldats sur le terrain, pourtant, à cet instant, il se sentait redevenir ce petit garçon, d'un air las, qui se fichait de tout. Peut-être que cette époque lui manquait, terriblement ; une époque où son père était là, près de lui, le surplombant de sa carrure imposante.

Les portes de Konoha se dessinaient lentement, presque trop douloureusement, sous ses yeux et le son d'une voix familière lui arracha un grognement. Le grand brun déposa son regard sur les quelques personnes, au pied des grandes portes et pendant un instant, il eût le souffle coupé ; elle était là, ces beaux cheveux blonds attachés en quatre couettes, son éventail sur le dos, dieu qu'il était fou d'elle.

Maladroitement, les mains dans les poches, il se rapprocha des éclats de voix, reprenant cet air las qui le caractérisait tant mais à l'instant où ces iris brunes effleurèrent les iris bleutés d'une demoiselle, il comprit que son masque ne servait à rien, qu'il avait le droit à cet instant d'aller mal. Il claqua un baiser humide sur la joue de sa meilleure amie et caressa le crâne couvert de cheveux blonds de son presque neveu.

« bonjour monsieur Nara » salua poliment le petit garçon
« bonjour Inojin, tu as encore grandit dis-moi »
« deux centimètres, monsieur » acquiesça fièrement le jeune Yamanaka

Cette information arracha un sourire au grand brun et leva son pouce en l'air, félicitant ce petit garçon qu'il connaissait depuis le jour de sa naissance ; par ailleurs, Nara avait été le premier à croiser ces doux yeux bleus, assistant à l'accouchement, en l'absence du père. Un lien assez spécial reliait ce petit garçon et cet homme.

« merci d'être venu, Shikamaru » entendit-il, et le simple son de cette voix lui arracha un frisson
« je suis venu pour mon fils » répliqua-t-il, sans réelle douceur dans la gorge

Ces iris brunes se perdirent un court instant sur les pierres, qui recouvraient le sol et il se sentit si fragile. Puis, lentement, avec appréhension, il tourna le dos à sa meilleure amie, posant son regard autrefois si doux, si amoureux, sur la jeune femme qui l'avait remercié d'être venu. Derrière elle, installé sur une valise, un petit garçon fixait le sol, tristement.
Shikamaru souffrait, terriblement mais il sentit à cet instant que sa douleur n'était rien comparé à celle que devait ressentir son fils, leur fils ; pris entre ces deux parents, personne ne lui avait demandé son avis, 'fin personne n'avait demandé l'avis du Nara, non plus. Sans un mot, il s'avança, un pas par un pas ; s'accroupissant près de son fils.

« Shikadai » appela le père de famille

Le jeune garçon leva ces deux billes émeraudes vers le visage de son père et le grand brun entreprit de lire dans l'esprit de son fils ; cette lueur triste qui brillait au fond de ces yeux l'achevait silencieusement et bien qu'il le savait trop fier pour démonter aux autres qu'il éprouvait un quelconque sentiment, il le connaissait ; le même sang coulait dans leurs veines.
D'une douceur extrême, il déposa sa main sur le crâne chevelu de son fils et lui accorda un sourire, triste mais voulu rassurant. Un sourire qui s'effaça bien vite lorsqu'il remarqua les perles d'eau qui se formaient aux coins de ses yeux.

« tu as le droit, tu sais ; personne ne te jugera » souffla le chef de clan « tu as le droit de fondre en larmes, ce n'est pas une honte ou une faiblesse, Shikadai »

Ces mots suffirent ; l'enfant se rua dans les bras de son paternel, les larmes roulant généreusement sur ses joues. Tentant maladroitement de ne pas fondre en larmes à son tour, face à cette détresse, le grand brun se contenta de serrer sa prise autour du corps de son fils, lui offrant quelques caresses douces.
Et sans réelle surprise, un autre petit garçon en larmes se mêla à cette étreinte, se trouvant une petite place entre le père et le fils. Shikamaru ne put empêcher un tendre sourire de naître au coin de ses lèvres, alors qu'il resserrait sa prise autour des deux garçons.

Devant la crise de larmes de son meilleur ami, le petit blond avait senti son cœur enfermé dans un étau et ces larmes, qu'il avait tenté d'effacer maintes fois, avaient coulées ; et bien que sa mère avait tendu des bras chaleureux vers lui, il s'était empressé de rejoindre les deux Nara, se mêlant à leur étreinte. Cette douce image arracha un petit sourire triste à la jeune femme ; s'en était si douloureux, de voir ces trois garçons d'habitude si fiers, si brisés, soudainement. Et son regard fut happé par la femme, qui se tenait près d'elle.

« je regrette » lâcha la douce Yamanaka « je regrette vraiment d'avoir donnée ma bénédiction pour votre union »

Elle avait prononcée ces mots avec une teinte de culpabilité dans la voix ; est-ce qu'elle s'en voulait ? D'une certaine façon, énormément ; elle connaissait le jeune Nara depuis tant d'années, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble, avaient fréquentés les mêmes endroits, avaient grandit ensemble ; elle aurait dû voir que la Sabaku No lui briserait le cœur.
Ino croisa les bras sur sa poitrine.

« tu vois, sincèrement, j'étais persuadée que ce serait lui qui briserait votre union » reprit-elle « je veux dire, regarde-le, c'est Shikamaru Nara, il n'est pas capable de tenir une heure sans s'endormir quelque part ou faire un commentaire sexiste »
« il est très bien, comme il est » rétorqua la blonde, près d'elle
« alors, pourquoi tu t'en vas ? »
« mon frère a besoin de moi »
« et ton frère est plus important que la famille que tu t'es construit ? que l'homme que tu as épousé et qui est raide dingue de toi ? que votre fils qui pleure dans les bras de son père ? »
« j'emmène mon fils »
« loin de son père, belle initiative » lâcha Ino, une pointe d'ironie dans la voix

Un soupir s'échappa des lèvres de la sœur du Kazekage ; ce pincement au cœur semblait éternel, alors que ces iris émeraudes n'arrivaient pas à se détacher de cette image. Cette image d'un homme au bord des larmes, tenant contre lui deux petits garçons pris entre deux sanglots ; et pendant un court instant, elle imagina un autre petit garçon, à la place du blond, un petit garçon aux cheveux ébènes. Oui, elle aurait aimée que ça se passe ainsi ; qu'ils s'aiment encore un million d'années, qu'ils aient d'autres enfants.

Doucement, Shikamaru attrapa le visage de son fils entre ces grandes mains et essuya ces larmes ; puis, il fit de même avec son neveu. Se relevant tant bien que mal, les surplombant de sa grande taille et de sa carrure imposante, il déposa ces deux mains sur leurs crânes, un sourire au coin des lèvres.

« n'oubliez pas, les garçons » commença le brun « où que vous soyez dans l'univers, quel que soit la distance qui vous sépare, vous êtes liés, par le fil rouge du destin ; ce fil rouge qui m'a relié et qui me relie encore à ta mère, Inojin »
« et est ce que ce fil nous relie à toi aussi ? » demanda le petit blond, les yeux rouges
« bien sûr, jusqu'à la fin des temps »

Le fils Yamanaka renifla bruyamment, essuyant ces yeux rouges d'un revers de manche et s'empressa de retourner dans les jupons de sa mère, cherchant sa douce étreinte bien qu'il entrait dans l'adolescence. Ino esquissa un sourire aux mots de son meilleur ami et passa ses bras autour de son garçon ; il avait raison, ce fil rouge était bien là et il resterait là, pendant longtemps.

Dans un reniflement bruyant, le jeune Shikadai posa ces yeux sur son père, gonflant légèrement le torse. Cette constatation arracha un sourire à sa mère qui s'approcha des deux hommes.

« il est temps, Shikadai » dit - elle

Et ces simples mots arrachèrent un regard effrayé au jeune garçon. Du haut de ces quatorze ans, il mourrait d'envie de se rouler en boule dans un coin et de fondre en larmes, encore et encore, jusqu'à ne plus avoir de larmes. Pourquoi pas, après tout.
Une pression sur son épaule l'arracha à ses hasardeuses pensées et il croisa le regard brun de son paternel, qui lui accorda un sourire rassurant. Cette aura qui émanait de son père, il l'aimait ; c'est cette aura qui avait bercée son enfance, qui avait fait fuir ces cauchemars.

« tu sais, je ne suis pas sûr de te l'avoir déjà dit, mais je suis vraiment fier de toi, Shikadai, tu es un bon garçon » souffla le chef de clan « tu es intelligent et courageux, bien que flemmard mais ça, c'est de ma faute, tu tiens ça de moi »

Un soupir s'échappa des lèvres du grand brun, qui cherchait tant bien que mal ses mots.

« reste tel que tu es, ne changes pas et si qui que ce soit ne te trouves pas à son goût, dis toi qu'il y aura forcément quelqu'un au bout du chemin qui te trouvera parfait ; prends soin de toi, et prends soin de ta maman, elle a ce côté un peu fou mais tu sais, elle a besoin de toi pour l'aider, pour la ramener à la surface parce qu'elle serait capable de tout et n'importe quoi pour ces frères » elle esquissa un sourire « tu es un Nara, ne l'oublies pas »

Le jeune adolescent acquiesça et chercha une dernière fois la chaleur des bras de son père, dieu qu'ils se ressemblaient, pensa la douce Sakabu No. Puis, vint l'instant où ces iris émeraudes se glissèrent dans les iris ébènes de son époux.

« tu es sûre de toi ? » demanda le grand brun, une lueur désespérée dans les iris
« je suis désolée, Shikamaru » souffla la blonde
« non, ne t'excuses pas, tu connais les risques »

Les risques ? La fin de leur mariage, le brun avait été très clair le jour d'avant ; il n'attendrait pas tout le long de son existence, il avait le droit au bonheur, que ce soit avec elle ou une autre femme. Elle s'avança, doucement, d'un pas lourd et se posta face à son amour de jeunesse ; Temari déposa un chaste baiser sur la commissure de ces lèvres et récupéra leurs valises.
Douloureusement, le brun se contenta d'effleurer du regard leurs dos qui s'éloignaient, toujours un peu plus, de lui.

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