C’est avec joie, et encore un peu d’appréhension, que j’avais accueillis EunWoo le lendemain. Il était effectivement revenu.

     Je m’étais encore excusé toute la journée, et cette situation semblait faire rire notre petit papi. On avait ensuite discuté au restaurant, où je l’avais invité en signe de nouvelles excuses. Il m’avait raconté sa relation avec Moon Bin, je garçon d’hier. Ils étaient bien amis depuis de collège, comme celui-ci me l’avait dit, et c’était perdu de vue après le lycée, se retrouvant par hasard 3 mois après son entrée au maraicher. EunWoo avait un léger sourire lorsqu’il évoquait leur passé commun. Je l’avais laissé parler toute la soirée, trop heureux qu’il me pardonne. Et surtout qu’il s’ouvre à moi.

     Plusieurs semaines sont passées depuis ça, et EunWoo est devenu ce qu’on pourrait appeler un jeune normal. Je lui ai présenté mon propre ami d’enfance, YoungBin, avec qui j’ai fait les 400 coups, et nous sommes sortis tous les quatre plusieurs fois les week-ends. Voir EunWoo rire aux éclats me faisait chaud au cœur.

     Je ressentais quelque chose de différent lorsque j’étais avec lui. Je ne m’étais jamais senti aussi vivant. Le côtoyer tous les jours, lui parler tous les jours, travailler avec lui tous les jours … J’aimais son sourire, et d’autant plus lorsqu’il était pour moi. J’aimais le faire rire à en pleurer. J’aimais lorsqu’il venait spontanément me serrer dans ses bras parce que mon moral était un peu moins bon que d’habitude.

     J’étais tombé amoureux de mon collègue. J’en avais la certitude. Et je n'avais pas honte de le dire.

     Et pourtant, j’avais peur. Peur qu’il ne me rejette. Il y avait encore un énorme partie de son passé que je ne connaissais pas. Dont il ne parlait pas. Et je ne forcerai pas les choses, j’avais bien assez retenu la leçon.

     J’en avais parlé à YoungBin, sans pour autant lui avouer que c’était pour EunWoo que mon cœur battait si fort. Et cet idiot m’avait ri au nez, criant ensuite dans toute la rue que l’amour rendait trouillard ! Et depuis, il ne me lâchait plus d’une semelle pour savoir l’avancée des choses. Et quelle avancée !

     Rien n’avait changé entre EunWoo et moi. Enfin si. J’avais changé. Je rougissais outrageusement quand il s’approchait de moi, refusait de son aide quand mon bras me faisait souffrir.

     Je n’étais qu’un parfait idiot qui n’arrivait même pas à assumer son amour.