J'ouvre les yeux. Comme tous les matins, je me lève avec cette sorte d'appréhension.

     Ce nouveau, au travail, il a l'air tellement tourmenté. Il est arrivé il y a deux semaines et je crois que je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Il reste muet. Même son visage ne veut pas parler. Pas une seule expression.

     Une fois de plus, je suis devant lui, je le regarde fixement, mais il évite toujours mes yeux. Je me demande bien qui lui a dit que regarder quelqu'un allait le tuer. Je n'arrive même pas à savoir s'il a peur de moi.

     Il m'évite, tout simplement.

     Mr. Jo : EunWoo, amènes le terreau aux pots de fraises !

     Il ne dit rien, s'exécute juste. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi mon patron, monsieur Jo, l'a engagé. Certes, il travaille bien, et rapidement, mais il fait un peu peur aux clients. Bon, d'accord, aux hommes seulement.

     J'avais l'habitude de recevoir beaucoup d'attention de la part de nos clientes, car, sans me venter, je suis beau physiquement et mon visage plait à plus d'une donzelle. Mais, depuis que Cha EunWoo est arrivé à notre petite entreprise de fruits bios, toutes les demoiselles n'ont d'yeux que pour lui.

     Il est attirant aussi, je ne dirai pas le contraire, mais son cœur est vide. Est-ce qu'il respire au moins ?

     Mr. Jo : Yah, RoWoon ! Sors du pommier pour venir m'aider, ces demoiselles veulent beaucoup trop de caisses pour mon pauvre dos.
     Moi : J'arrive !

     Je descends de mon arbre, panier sur le dos, et l'aide à rentrer les dizaines de caisses de tomates dans le coffre du gros van de deux vieilles dames.

     Vraiment, ce Cha EunWoo m'intrigue.