Chapitre quatre
Emma
Le lendemain, après mon petit déjeuner et une tasse de café bien fort, je commence ma recherche d'emploi. J'envoie de nombreux CV par courriel, allant même jusqu'à postuler pour des places de simple réceptionniste. Je sais que je peux décrocher un emploi dans mon domaine, mais au point où j'en suis n'importe quel boulot ferrait l'affaire. Après une heure à flâner sur le net, je me lève. Maintenant, il ne reste plus qu'à aller porter les CV à ces employeurs has-been qui demandent encore de recevoir les demandes d'emploi en main propre. J'enfile une jupe marine qui m'arrive aux genoux et un chemisier blanc. J'attache mes cheveux chocolat en un chignon lâche, applique une légère couche de rouge à lèvres et quitte l'appartement.
Après avoir déposé des CV aux quatre coins de Manhattan, je m'arrête pour saluer Jessica à sa boutique. En entendant la clochette de la porte d'entrée, elle se retourne. Dès qu'elle me voit franchir le seuil, elle délaisse les vêtements qu'elle est en train de placer et s'avance vers moi, un immense sourire aux lèvres.
— Emmy, quelle belle surprise ! Je ne m'attendais pas à te voir, s'exclame-t-elle en me serrant dans ses bras. Comment vas-tu ?
— Je passais dans le coin alors j'ai pensé venir te saluer. J'ai été porter des CV et j'ai les pieds totalement en compote. Je me demande qui a eu la merveilleuse idée d'inventer les talons aiguilles, j'ironise en regardant mes chaussures d'une moue dédaigneuse.
— Quelqu'un qui voulait qu'on ait de jambes sexy, j'imagine.
Elle pouffe et je la suis, mêlant mon rire au sien. J'adore Jessica. Elle et moi sommes amies depuis toujours. Elle est la sœur que je n'ai jamais eue. Nos pères se sont rencontrés lors de leurs premières années de lycée et ont continué à se voir même après leurs mariages. Nos mères sont tombées enceintes à quelques mois d'intervalle et nous avons grandi ensemble. Jessica est l'une des personnes les plus importantes dans ma vie. J'ai été chanceuse d'avoir pu compter sur elle lors de la période difficile qui a suivi ma rupture avec Christopher.
— Tu veux un café pendant que tu reposes tes pauvres pieds ?
— Non merci, je m'arrêtais seulement quelques minutes. Alors ça va la cohabitation avec Sébastian ?
— Ça va. Du moins pour l'instant et j'espère sincèrement que ça va rester comme ça. Tant qu'il ne se fera pas de fausses idées sur notre relation, ça devrait aller. Toi, avec le beau Liam ? me demande-t-elle, les yeux pétillants de curiosité.
— Tu sais, Liam est comme un frère.
— Va raconter ça à d'autres ! Ce mec est dingue de toi ! Sérieusement Emma, je ne sais pas comment tu peux rester insensible à son charme. Bordel, ce type est hyper craquant !
Haussant les épaules, je change de sujet. Après les pensées impures qu'il a suscitées en moi hier à l'heure du dîner, parler de Liam est la dernière chose dont j'ai envie. Jessica me nnaît trop bien, elle se rendrait compte tout de suite que quelque chose cloche. Et sérieusement, je n'ai pas envie de passé par l'un de ses interrogatoires dignes des plus grands inspecteurs du FBI. Après quelques minutes à parler de tout et de rien, je prends congé en lui promettant de la rappeler dans la semaine.
Après une bonne demi-heure de marche, j'arrive enfin chez moi. J'ai à peine refermé la porte de l'appartement que mon portable sonne dans mon sac. Je me bats plusieurs secondes avec la fermeture Éclair, et réussis à mettre la main dessus malgré tout le bordel qu'il y a l'intérieur.
— Emma Parker, je réponds à toute vitesse en espérant que l'appel ne soit pas encore tombé sur ma boîte vocale.
— Bonjour Mlle Parker. Je suis l'assistante de M. Price, le directeur de Star Casting international. Suite à la demande d'emploi que vous avez faite chez nous il y a quelques semaines, M. Price voudrait vous rencontrer. Êtes-vous toujours intéressée ?
— Oui bien sûr, mademoiselle.
— M. Price a une disponibilité demain matin à dix heures quinze.
— C'est parfait, je serai là.
— Donc à demain Mlle Parker.
— Merci à demain, dis-je avant de raccrocher.
Waouh, j'ai enfin une entrevue ! Soulagée, je regarde l'heure sur mon I Phone et décide de préparer un souper spécial pour annoncer la nouvelle à Liam lorsqu'il reviendra du Angel. Je prends un peu d'argent dans le pot pour les courses et sortant de l'appartement, je me dirige vers le supermarché.
À mon retour une demi-heure plus tard, je mets le vin dans le frigo et fais mariner la viande. Je pousse la musique à fond sur sa chaîne hi-fi et je commence à couper les légumes. Je suis en train de faire sauter le tout dans le wok, en me déhanchant sur la musique, quand je sens le corps de se coller contre le mien. Ses mains se posent sur mes hanches et il accompagne mes mouvements, nous entraînant dans une danse voluptueuse. D'un mouvement de bassin, je le décolle de moi et lui souris par-dessus mon épaule.
— Ça sent drôlement bon, dit-il à mon oreille en me faisant la bise.
— J'ai voulu faire quelque chose de spécial, puisque j'ai une super bonne nouvelle à t'annoncer.
— Ah ! Tu t'es enfin décidée à m'épouser, blague-t-il en haussant les sourcils.
— T'es con, je lui réponds en lui donnant une tape sur l'épaule ! Non, j'ai obtenu un entretien d'embauche demain matin dans l'une des plus grandes agences de casting de la ville.
— Tu me fais rire avec ta manie de tout fêter même si je trouve ça très mignon. C'est une excellente nouvelle, petit sucre, je suis content pour toi.
Après notre repas, je file sous la douche pendant que Liam range la cuisine. Lorsque j'en sors, il m'invite au salon pour visionner un film d'action qu'il a trouvé sur Netflix. Enveloppée dans mon peignoir, je prends place sur le canapé et pose mes jambes sur ses cuisses. À la moitié du film, mes yeux ferment tout seuls. Incapable de combattre le sommeil, je lui donne un baiser sur la joue avant de regagner mon lit.
Le lendemain, lorsque mon taxi se gare devant l'immeuble de l'agence, j'ai les nerfs à fleur de peau. Les mains tremblantes, je paye la course au chauffeur et rejoins rapidement l'entrée. Je m'arrête au bureau d'information pour demander mon chemin et prends la direction que m'a indiquée l'employé. J'atteins le quinzième étage avec dix minutes d'avance sur mon rendez-vous. Dès que les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant moi, j'inspire profondément et m'engage dans le couloir en direction de leurs bureaux.
— Bonjour, je suis Emma Parker. J'ai rendez-vous avec M. Price à dix heures quinze, dis-je à la secrétaire de l'accueil.
— Je préviens, M. Price, de votre arrivée mademoiselle. Si vous voulez bien patienter quelques minutes, dit la femme d'un certain âge en me montrant la petite salle d'attente.
Je prends place sur une chaise, j'attrape un magazine qui traîne sur la table basse et le feuillet sans prendre réellement le temps de le lire. Trop nerveuse, je le repose rapidement où je l'ai pris. Je patiente depuis quelques minutes, lorsqu'un homme d'une cinquantaine d'années s'avance vers moi, un sourire avenant aux lèvres. Larges d'épaules, ses cheveux grisonnent sur ses tempes. À son air assuré, on devine tout de suite l'importance du poste qu'il occupe au sein de l'agence. Dès qu'il s'arrête près de moi, je me lève et serre chaleureusement la main qu'il me tend.
— Bonjour Mlle Parker. Je suis Robert Price. Si vous voulez bien me suivre, nous allons passer dans mon bureau.
Je le suis jusqu'au bout du couloir. Il ouvre l'immense porte du bureau du fond et me fait signe d'entrer. Peinte dans des tons de beige et d'ivoire, la pièce reflète l'élégance de son propriétaire. D'un geste de la main, il m'invite à prendre place dans l'un des fauteuils de cuir. Dès que je suis installée, il s'assoit dans le siège face à moi. Il ouvre le dossier placé devant lui et y jette un coup d'œil avant de fixer son regard sur moi.
— Vous venez tout juste de terminer votre MBA, c'est cela ?
— Oui, monsieur.
— J'ai pris la liberté de communiquer avec le doyen de l'université de New York afin d'avoir des références. Et je dois dire que j'ai été impressionné par ce qu'il m'a dit à votre sujet. Il n'a fait que des éloges sur vous et vos résultats scolaires, qui sont très au-dessus de la moyenne malgré la pause, que vous vous êtes accordée pour des raisons personnelles. Il m'a également dit que vous parlez couramment le français, ce qui est un plus dans le domaine dans lequel nous évoluons. Par contre, votre manque d'expériences m'a fait hésiter à vous rencontrer.
Il reste silencieux un long moment en jetant un nouveau coup d'œil à mon CV. Le voir réfléchir aussi longuement augmente ma nervosité. Bordel, Emma, calme-toi ! Discrètement, j'essuie mes mains moites sur mes cuisses. Au bout de quelques minutes, il relève son visage vers moi et me sourit.
— Malgré tout, j'ai envie de vous laisser une chance. Vous avez l'air d'être une jeune femme sérieuse et responsable. Ne me décevez pas, Mlle Parker.
— Je ferai tout pour que vous ne regrettiez pas votre décision.
— Vous avez le poste d'assistante adjointe. Bienvenue dans mon équipe. M. Scott, mon directeur adjoint et votre patron immédiat, est en voyage d'affaires pour quelques jours. Pendant ce temps, Laura vous formera.
— Merci, M. Price. S'il vous plaît, appelez-moi Emma.
— Très bien Emma, suivez-moi. Je vais vous montrer votre bureau.
Soulagée, je le suis dans le couloir. Il ouvre la dernière porte et me fait signe d'entrer. La pièce plus petite que celle que l'on vient de quitter est peinte dans une teinte de gris très clair et meublée dans un style moderne. Au fond de celle-ci, un coin de détente, comprenant une causeuse de cuir noir recouverte de coussins multicolores ainsi qu'une petite table à café y a été installée. Faisant le tour de mon bureau, je jette un rapide coup d'œil aux toiles de maître, qui doivent valoir une fortune à elle seule. Ce bureau est magnifique, mais qu'importe l'endroit où je vais passer mes journées, l'important c'est que j'aie trouvé un emploi qui paie suffisamment.
— Il vous plaît, me demande mon patron derrière moi.
— Il est magnifique, je réponds un grand sourire aux lèvres.
— Si vous voulez m'excuser, je vais vous raccompagner. J'ai une réunion dans dix minutes et je ne voudrais pas faire attendre mes clients.
M. Price marche avec moi jusqu'à l'ascenseur en me demandant d'être là pour neuf heures le lendemain. Je prends congé, rejoins l'entrée de l'immeuble et m'engouffre dans un taxi, impatiente de rentrer chez moi.
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