Chapitre neuf




Emma


Lorsque j'arrive à l'appartement et le trouve désert, je pousse un soupir de soulagement. Comment aurais-je pu faire face à Liam, après m'être laissée embrasser sauvagement devant l'ascenseur du bureau par mon patron, alors que la veille j'étais dans ses bras ? Sauter ainsi du coq à l'âne ne me ressemble pas ! Je n'ai jamais été le genre de fille porté sur le flirt, comparé à mes copines de fac. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi, ces derniers temps ?

J'envoie valser mes talons hauts dans l'entrée puis marche en direction de la salle de bain en déboutonnant mon chemisier. Lorsque j'ai fermé la porte derrière moi, je retire mes vêtements, les laissant tomber pêle-mêle sur le sol. Complètement nue, j'attache mes cheveux à la va-vite et tourne le robinet, mettant plus d'eau froide que d'habitude afin de rafraîchir mon corps encore en feu. Sur mes lèvres, le souvenir des baisers d'Adam persiste. Comment ai-je pu laisser les choses aller aussi loin ? J'ai l'impression d'accumuler les erreurs depuis le début du week-end. Je reste suffisamment longtemps sous le jet pour reprendre mes esprits. À l'avenir, il faut que j'arrive à contrôler cette foutue libido qui part en vrille dès qu'il est dans les parages.

Bordel, il doit m'en vouloir à mort pour la gifle que je lui ai donnée et risque de me le faire payer à mon retour lundi matin. Il n'avait qu'à ne pas me sauter dessus comme il l'a fait, en même temps ! Il a de la chance que j'aie trop besoin de ce boulot, car j'aurais pu porter plainte contre lui pour harcèlement sexuel. Lorsque je sors de la douche, le corps enfin détendu, j'enfile un short et un débardeur de sport. La chaleur et le soleil estival qui entre par la fenêtre de ma chambre me donnent de sortir. Rien de mieux qu'une bonne promenade et une glace à la fraise pour se remettre les idées en place. Je ramasse mon sac et mon iPod sur la petite table de l'entrée et je quitte l'appartement en direction de Central Park.

Je viens tout juste de m'asseoir au bord de l'étang, que le téléphone offert par Scott se fait entendre à l'intérieur de mon sac. Je prends l'appareil et coupe le son, laissant son appel tomber sur ma boîte vocale. Après la façon dont il m'a traitée plus tôt, il peut aller au diable. De toute manière, on est samedi et je lui ai consacré assez de temps ce week-end. Ma glace terminée, je jette le contenant à la poubelle et rentre chez moi pour finir le roman que j'ai commencé avant de partir pour le Angel.

Le lundi matin, j'arrive de justesse au bureau. Je monte rapidement à l'étage en passant à toute vitesse devant Martha, qui me salue de la main. Je viens tout juste de m'asseoir, que mon patron ouvre la porte communicante.

— Mlle Parker, dans mon bureau immédiatement !

Quel con ! Il pourrait dire bonjour avant de me tomber dessus. Comment peut-il m'embrasser fiévreusement pour me parler comme si j'étais la pire des merdes, le surlendemain ? Il mériterait mon pied au derrière ! Même si le ton autoritaire qu'il vient d'employer m'a royalement agacée, ma libido, elle, s'est de nouveau éveillée, prête à recommencer ce que nous avons entamé samedi dans le couloir. Sale Traîtresse !

Je prends une grande inspiration afin de la calmer, me lève en défripant ma jupe de la main et je le rejoins dans son bureau.

J'ai à peine refermé la porte que je croise son regard glacial. Ce qui ne présage rien de bon. Légèrement intimidée, je m'avance vers lui avec une confiance que je suis loin de ressentir. Lorsque j'arrive près du fauteuil et que je viens pour m'asseoir, il se tient bien droit devant moi. Puisque je me sens suffisamment petite à côté de lui, comme il me dépasse déjà d'une tête, je décide de rester debout. Tant qu'à l'affronter, autant le faire avec dignité.

— Je vous ai téléphoné samedi après-midi et vous ne m'avez pas répondu.

— Et alors ? C'était le week-end et je n'avais pas envie de vous parler après notre dernier entretien, lui dis-je d'une voix assurée en le fixant au fond de ses prunelles azur.

Sa mâchoire se contracte et je comprends que mes paroles l'ont mis en rogne. Qu'est-ce que j'en ai à foutre après tout ? Il n'a pas le droit de se mettre en colère contre moi après m'avoir traitée comme une vulgaire catin. Alors que je m'apprête à lui dire ses quatre vérités, nous sommes dérangés par l'interphone :

— M. Scott, M. Price voudrait vous voir dans son bureau immédiatement.

— Dites-lui que j'arrive tout de suite.

Bon cette fois, je peux remercier Laura pour m'avoir sauvé la peau des fesses avant que je prononce une bêtise qui m'aurait valu à coup sûr de me retrouver au chômage.

— Nous en reparlerons plus tard. Retournez travailler.

Je tourne les talons en poussant un soupir de soulagement et m'engouffre dans mon bureau, heureuse de m'éloigner de cet homme qui a beaucoup trop d'effet sur moi.


Adam


J'attrape mon veston sur le dossier de la chaise, l'enfile et quitte la pièce. Je ne me reconnais plus depuis qu'Emma a franchi la porte de mon bureau pour la toute première fois. Comment cette femme arrive-t-elle à me troubler autant alors qu'aucune autre ne l'a fait jusqu'à présent ? Bordel, elle a même réussi à me faire prendre mon précieux self-control. Sous sa timidité, mon assistante a un tempérament de feu qui me rend totalement fou. Par une simple réplique, elle arrive à me donner envie de lui donner la fessée ou de l'embrasser jusqu'à lui en faire perdre la tête. Je porte une main à ma joue et je souris. Lorsque je suis sortie de mon bureau samedi dernier pour essayer de la rattraper, je n'avais pas l'intention de la toucher. Tout ce que je voulais c'était lui faire mes excuses pour avoir agi en salaud. Mais aussitôt que j'ai posé ma main sur son poignet et qu'elle s'est retournée avec cette lueur de colère au fond des yeux, j'étais cuit. Ça été plus fort que moi, je devais l'embrasser. Je suis vraiment dans la merde cette fois. Elle est mon employée, je n'ai pas le droit de poser les mains sur elle !

Putain, à cause d'elle j'ai passé une nuit atroce à me remémorer le goût de ses lèvres et la courbe délicieuse de son petit corps chaud blotti contre moi. Il m'avait fallu plusieurs whiskys et une douche glacée pour venir à bout de l'érection que ces souvenirs avaient provoquée. C'est Cameron qui se foutrait bien de ma gueule s'il savait...

J'arrive à la porte du bureau de Robert, frappe contre le battant pour m'annoncer et entre sans y avoir été formellement invité.

— Tu voulais me voir ?

— Oui, Adam. Ferme la porte et assieds-toi.

Je prends place dans le fauteuil devant lui, pose ma cheville sur ma cuisse et plante mon regard dans le sien. Robert nous serre un doigt de cognac et me tend un verre.

— Je pars à l'étranger avec ta mère le week-end prochain pour notre anniversaire de mariage. Comme nous ne pourrons pas nous rendre au gala de charité organisé par l'hôpital pour enfants, tu devras y aller pour représenter l'agence à ma place.

— Pas de problème. J'y serai, réponds-je en prenant une gorgée d'alcool.

— Avec ton assistante.

— Quoi ?

Je manque de m'étouffer avec ma gorgée de cognac. Oh non, pas question que je me pointe à ce gala avec elle ! J'avais déjà assez de mal à ne pas lui sauter dessus alors que j'étais au bureau.

— Tu m'as très bien compris et ce n'est pas une suggestion.

— Hors de question qu'elle m'accompagne. Je peux très bien y aller seul ou y emmener Kelly.

— Emma est ton assistante, ça fait partie de son boulot à elle aussi. En plus, ta sœur n'a rien à voir avec l'agence et ce sera une bonne occasion pour Emma de rencontrer tous nos meilleurs clients.

— Comme si j'avais envie de jouer les baby-sitters avec cette gamine, je marmonne pour moi-même.

— Elle t'accompagne un point c'est tout ! Tu peux y aller, j'ai du travail.

Je me lève de mon siège et le fusille du regard. J'ai toujours su que cet homme me détestait, mais me faire congédier comme une merde me met hors de moi. Comme c'est lui le patron, j'allais faire ce qu'il me demandait sans faire d'esclandre, même si j'ai envie de l'envoyer se faire voir lui et son agence. Je ne le fais pas pour lui, mais pour ma mère. Cet homme est important pour elle, alors je ferme ma gueule et je prends mon trou. J'ai l'impression qu'il vient de me tendre un piège, c'est ça qui m'irrite. Je dois me faire des idées. Après tout comment pourrait-il savoir l'effet qu'Emma peut avoir sur moi ? Une soirée, je peux gérer, ce n'est pas la fin du monde. Je vide mon verre d'un trait, le pose sur son bureau et quitte la pièce en claquant la porte.

Aussitôt dans le couloir j'avance d'un pas rapide en direction de mon bureau. J'ouvre brusquement la porte qui communique avec le sien sans frapper et pénètre dans la pièce. Emma, la tête penchée sur la lecture d'un dossier, relève le visage. Elle ouvre les lèvres pour dire quelque chose, mais en voyant mon air sombre referme aussitôt la bouche.

— Ne prévoyez rien pour samedi soir. J'ai besoin de vos services et trouvez-vous une robe de gala digne de ce nom.

Sans lui laisser le temps de me demander pourquoi une telle demande, je fais demi-tour et verrouille la porte de communication derrière moi.



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