Chapitre deux
Emma
Un truc humide et rêche se pose sur ma joue, quand Moka, ma petite chatte d'Espagne, me tire du sommeil. J'ouvre difficilement les yeux et jette un œil à mon réveil. 6 h 45. Bordel, ça fait à peine trois heures que j'ai réussi à m'endormir. Je la pousse en bas du lit et laisse ma tête retomber sur mes oreillers. Dans un soupir, je ferme les paupières. Je viens à peine de m'assoupir, qu'elle remonte sur le lit et commence à me donner des coups de patte au visage.
Putain, ce que les chats peuvent être agressants ! Toutefois si nous avons le malheur de les déranger pendant leurs siestes, ils sont les premiers à nous lancer un regard de tueur en série.
Ça craint les chats, j'aurais dû prendre un poisson rouge à la place.
— Ça va ! Tu as gagné, petite peste. Je me lève !
Je pousse rageusement les couvertures au bout du lit et j'enfile mon peignoir par-dessus mes sous-vêtements de la veille. À mon retour du casino, j'étais si épuisée que j'ai tout juste retiré ma robe et suis tombé sur le matelas, accueillant avec plaisir la perte de connaissance qui s'en est suivi. Lorsque mes pieds touchent le sol, je grimace de douleur. Foutues ampoules ! J'aurais mieux fait de rentrer pieds nus. Je pose la main sur ma commode pour m'aider à me relever et je prends la direction de la cuisine en clopinant.
Moka, bien décidé à me faire payer mon oubli de la nourrir avant de me mettre au lit, se faufile entre mes jambes en miaulant à tue-tête. J'entre dans la cuisine, mets en marche ma cafetière Tassimo et remplis son bol de pâtée pour chaton. Pendant qu'elle dévore son repas à une vitesse ahurissante, en me laissant enfin tranquille, je prends ma tasse et m'assois à la table pour savourer mon café. Je n'ai jamais été accro à aucune substance, mais avec le manque de sommeil de la nuit dernière je crois que je vais le devenir.
Portant ma tasse à mes lèvres, mes yeux se posent sur mon dernier avis de paiement d'hypothèque et la réalité me frappe au visage. Trois jours ! C'est tout ce qu'il me reste pour trouver un endroit où vivre et emballer mes effets personnels. Je pose mes coudes sur la table et me mets à masser mes tempes en sentant venir une migraine.
J'inspire profondément pour puiser ce qui me reste de courage. Allez, Emma, tu as assez pleurniché, tu dois oublier le passé ! Mais d'abord une douche. Je me lève, j'attrape mon portable que j'ai laissé sur la table à mon retour du casino et j'envoie un texto à Jessica, ma meilleure amie.
[Salut Jess. Je suis dans la merde jusqu'au cou ! Rappelle-moi dès que tu as une minute.]
Dès que j'ai remis mon portable en place, je pose ma tasse dans l'évier et prends la direction de la salle de bain.
J'entre dans la pièce, retire mes vêtements et les laisse tomber en boule à mes pieds. Je tourne le robinet et comme d'habitude la tuyauterie mène un vacarme d'enfer. La bonne nouvelle c'est que je vais économiser un max de pognon en quittant cet endroit. Je me glisse sous le jet et laisse l'eau chaude effacer les traces de la nuit dernière. J'étire le bras et attrape ma bouteille de gel douche. Dès que sa fragrance de fleur de cerisier parfume dans la pièce, je me détends.
Je fais couler un peu de savon au creux de ma paume et l'étale doucement sur mon corps. Mes doigts atteignent mon entrejambe et frôlent mon clitoris au passage. À leur contact, un délicieux frisson me parcourt. Je gémis de frustration. Ça fait des mois que personne n'a touché cette partie de mon corps. Pas surprenant que j'ai eu cette réaction hier soir en croisant cet homme magnifique au casino.
Je ferme les yeux un instant, et involontairement l'image de mon adversaire apparaît derrière mes paupières. Son regard perçant qui semblait lire jusqu'à mon âme, ses lèvres pulpeuses faites pour rendre une femme dépendante à ses baisers. En me remémorant ses larges épaules et l'agilité de ses doigts alors qu'il faisait tourner un jeton entre son majeur et son index, une bouffée de chaleur m'envahit. Comme ça doit être agréable de sentir ces grandes mains se promener sur son corps.
Merde ! Qu'est-ce qui me prend ? Je n'ai pas l'habitude de fantasmer sur un homme que j'ai à peine croisé ?
Jessica a peut-être raison en me disant de me trouver un mec pour m'envoyer en l'air. Mais pour l'instant, j'ai d'autres chats à fouetter. Ma vie sexuelle ou plutôt mon absence de vie sexuelle attendra.
Je me rince et je sors de la douche. J'ai à peine enroulé une serviette autour de mon corps, que la sonnerie de téléphone fixe se fait entendre dans l'autre pièce. Comme personne a part mon père m'appelle à ce numéro, je pars au pas de course manquant de glisser à plusieurs reprises et décroche le combiné en espérant qu'il n'a rien de grave.
— Allo, je réponds le souffle court.
— Où étais-tu ? me demande Jessica. Ça fait vingt minutes que je t'appelle sur ton portable. J'ai eu ton message en me levant, ça avait l'air urgent. En voyant que tu ne décrochais pas, je me suis inquiété. Tu veux me faire mourir d'une crise cardiaque ou quoi ?
— Désolée, j'étais sous la douche. Je n'ai pas entendu la sonnerie.
— Depuis tout ce temps ? C'est pas ton genre de flâner sous l'eau. Soit tu étais couverte de boue ou tu n'étais pas seule.
J'imagine le sourire coquin de Jess au bout du fil lorsqu'elle prononce ces mots. Avec elle, tout tourne toujours au sexe, mais je ne l'aime pas moins pour autant.
— Euh, ni l'un ni l'autre.
— Qu'est-ce qui se passe Emma ?
Elle a dû sentir l'inquiétude dans ma voix, car toute trace d'amusement a disparu de la sienne.
— J'ai reçu mon dernier avis de paiement. La banque reprend l'appartement dans trois jours. Je n'ai toujours pas trouvé de boulot. Je suis vraiment dans la merde. J'ai besoin de ton aide.
— Tu n'avais pas d'économie ?
— Euh ouais. Quelques centaines de dollars, jusqu'à hier soir, réponds-je gênée.
— Hier soir ?
— Ouais, j'ai perdu ce qui me restait au casino.
— Tu as quoi ? dit-elle en s'étouffant. Non, mais t'es complètement folle !
— J'ai presque qu'encaissé treize mille dollars !
— Emma, ce n'est que du hasard ! Tu devrais le savoir. Bordel, plus tu vieillis, plus tu me fais penser à ton père. Et crois-moi, c'est loin d'être un compliment !
Sa voix a monté d'une octave comme chaque fois qu'elle s'énerve. Ayant eu une enfance aisée elle ne peut comprendre ce qu'être dans le besoin peut nous pousser à faire.
— Je n'avais pas le choix. Alors je peux venir chez toi.
Je déteste supplier les gens, mais au point où j'en suis je m'en fou.
— Désolée, dit-elle en soupirant. Mon proprio refait l'appartement donc je vais squatter chez Sébastian pour un moment. Tu as un autre endroit où aller ?
— Je peux toujours demander à Liam. Peut-être qu'il voudra m'héberger pour quelques semaines.
— Emma, ce mec t'adore, je suis sûr que ça lui fera plaisir. Je dois te laisser, j'ai une cliente qui vient d'entrer dans la boutique.
— D'accord, on se parle plus tard.
— S'il y a quoi que ce soit, tu m'appelles. Et s'il te plaît, ne mets plus les pieds au casino.
— OK. À plus.
Je raccroche le combiné en soupirant et prends la direction de ma chambre pour m'habiller. Après avoir enfilé un débardeur et un jeans, j'attrape mon portable et envoie un texto à Liam pour lui demander son aide. Je viens à peine de poser le téléphone qu'il m'envoie une réponse.
[Bien sûr petit sucre avec grand plaisir.]
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