5. b r i s é e
Harry se positionnait face à moi, adossé contre le mur, en boxer. Mes yeux, mes putains de yeux me trahissaient, ils ne pouvaient s'enlever du torse d'Harry. Ses tatouages le rendaient tellement sexy putain... Je voulais juste le dévorer tout cru. Son torse rayonnait grâce à la luminosité de la pièce. Je rêvais de pouvoir faufiler mes doigts sur ses tablettes de chocolat, d'embrasser le coeur du papillon qui reposait sur sa poitrine. Je n'avais aucune honte à penser cela. Ce n'était que du désir et rien d'autre... La voix d'Harry s'éleva dans la pièce.
"Alors, que va-t-il se passer maintenant que nous sommes seuls, dans une chambre, à moitié nus ?"
Je déniai enfin le regarder dans les yeux pour le surprendre à me scruter intensément. Putain de merde. S'il pouvait, juste, abréger mes souffrances en me touchant, m'embrassant ou qu'importe ; je voulais juste le sentir tout contre moi. Sa peau contre la mienne. Normalement, ça aurait été mon partenaire qui me désirerait de tout son corps et pas le contraire car, lors de To break or to make love, j'étais la plupart du temps celle qui dominait. Seulement, il s'agissait de Harry, mon putain d'ancien crush et il y a très, très longtemps, j'avais déjà exploré son corps de dieu grec. Certes, c'était un plaisir pour les yeux mais aussi pour beaucoup d'autres parties du corps, croyez-moi... Son physique était le synonyme de "perfection" et j'étais convaincue qu'un an plus tard, il avait dû mûrir et donc se bâtir un peu plus si on en croit ses abdos qui semblaient d'acier.
En ce temps-là, j'étais la dominée, la petite fille assez stupide pour offrir sa virginité au premier qui vole son coeur. Mais c'était terminé. J'avais grandi, j'étais beaucoup plus forte et plus relâchée.
"À toi de me le dire, Haz." J'accentuai le dernier mot. Il lâcha un petit rire tout mignon. Attends, depuis quand le mot "mignon" faisait partie de mon vocabulaire ?
"Eh bien, allons nous coucher, Zel." Il me jeta un regard entendu après avoir appuyé sur le dernier mot. Je pris un instant d'hésitation mais il sembla mal comprendre car il explosa de rire, se moquant de moi. "On va juste dormir Anzel." Je mordis ma lèvre inférieure, chose que je n'avais pas faite depuis plus d'un an, et je sentis mes joues se réchauffer. Je venais de rougir ; c'est tellement humiliant. Je m'assieds sur le lit et il s'allongea, les mains derrière sa tête. Il gardait une expression sans la moindre émotion.
"Harry, es-tu bisexuel ?" demandai-je puis Harry posa ses yeux sur moi, les sourcils froncés.
"Je... Attends quoi ?" Sa voix m'indiqua qu'il était plus que confus par ma question. "Hum... Non, je suis hétérosexuel Anzel. Je ne comprends pas vraiment le but de ta question." Ce fut à mon tour de froncer les sourcils. Menteur.
"Ah oui ? Alors quoi, t'as un vagin ?" osai-je insolemment dire. Harry haussa un sourcil avec un coin de lèvre retroussé.
"Tu sais plus que bien ce que j'ai entre les jambes Anzel." sous-entendit-il et nos regards se connectèrent créant alors une tension mais celle-ci fut de courte durée.
"Pourquoi t'as disparu pendant deux semaines sans même me contacter ?"
"Pourquoi t'as disparu pendant une année toute entière sans même me contacter ?" renchérit-il et je me levai, sentant mes nerfs lâcher.
"Comment ose-t-il ? Comment ose-t-il ?" répétai-je, les dents serrés en faisant le tour de la chambre. Je pris la première chose qui vint et la jetai au sol. C'était un vase. Il s'éclata en mille morceaux au sol. Personne ne pourra le réparer. Il se casse mais rien ne pourra jamais le reconstituer tel qu'il était. Comme ce qu'Harry a fait de moi. Il m'a cassée tel un vulgaire vase bon marché. Il a piétiné l'amour que je portais pour lui, pour moi-même, la seule chose qui me séparait de celle que je suis devenue aujourd'hui. Ne craque pas, je t'en prie Anzel.
Le connard se leva et me prit les mains.
"Calme toi Anzel." Je le regardai, la lèvre inférieure coincée entre mes dents, une grimace de douleur sur le visage. "Tu t'es fait mal ?" s'inquiéta-t-il à cause de mon expression.
Oui. Il y a un an de cela. Mais c'est trop tard pour panser mes maux.
J'avais mal, tellement mal au coeur.
"Pourquoi tu m'as fait ça Harry ? Pourquoi ?" Ma voix craquelée sortit tel un murmure. Son visage exprimait une infinité de tristesse. "Qu'est-ce que Cody avait de plus que moi ? Un pénis, c'est ça ?" bredouillai-je en le repoussant sèchement. Harry passa une main dans ses boucles, les yeux rivés sur le sol. C'est ça, baisse les yeux.
"Cody n'a jamais rien représenté pour moi." se justifia-t-il mais il n'avait aucune idée de la bombe qu'il venait de lâcher. Il s'enfonçait.
"T'embrasse les garçons alors que ça ne représente rien pour toi ? Tu m'as fait l'amour deux semaines avant ça alors ça aussi, ça ne devait rien représenter pour toi ?" Il releva la tête, une expression blessée au visage. "Mais tu sais quoi, j'en ai rien à foutre en fait. T'es plus rien pour moi Harry, tu n'as même pas marqué ma vie, je ne t'ai jamais réellement aimé." mentis-je. Je vis son visage se raffermir et il s'approcha de moi, l'air menaçant. Je ne pleurerai pas. Je ne pleurerai plus jamais.
"Vraiment ? Alors qui était celle qui me courrait sans arrêt après ? Qui était celle qui a juré de me faire tomber amoureux d'elle ? Qui disait qu'elle resterait pour toujours auprès de moi mais qui, quelques semaines plus tard, s'en allait en Italie ? Qui ne cessait d'envahir mes journées même si je la repoussais tout le temps ? Qui rougissait quand je la frôlais à peine ? Regarde, j'effleure juste ton bras mais tu frissonnes comme si je t'avais embrassée. Tu ne peux pas m'échapper Anzel, tes expressions montrent seulement de la haine à mon égard car c'est le seul moyen que tu as trouvé pour nier tes sentiments. Tu auras beau faire semblant de me détester, je garderai la plus grande des places dans ton coeur et tu le sais. Tu ne pourras jamais cesser de m'aimer car, bébé, je suis le seul qui aie réussi à te faire sentir aimée." Il s'était approché de moi à chaque fois qu'un mot sortait de sa bouche. Je restais muette, incapable de bouger et de parler. Bébé, c'était le surnom que j'esquivais depuis plus d'une année mais tu as brisé la barrière qui me séparait de mon amour pour toi juste en le prononçant.
Son doigt attrapa une de mes mèches de cheveux qu'il enroula autour de son index et je suivais ses gestes des yeux. Il attrapa mon visage de ses mains et s'approcha dangereusement de moi. Harry, tu as tellement raison, chuchota une voix en mon for intérieur et je reconnus cette voix. Elle était si tremblante, si frêle et tellement petite. C'était la voix d'Anzel. Celle d'il y a un an.
Que faisait-elle ici ? N'était-elle pas morte ? Mais si elle était encore présente au fond de moi... Est-ce que cela signifiait que mes sentiments pour Harry n'avaient pas disparu eux non plus ?
Alerte rouge, non pire, alerte noire.
Je clignai subitement des yeux puis mes mains se posèrent sur le torse d'Harry et je le poussai brutalement. Je profitai de son moment d'impuissance pour sortir de la chambre en courant. Alerte noire, alerte noire. J'avais beau être en sous-vêtement, plus rien ne m'importait. Je courais dans le fichu labyrinthe qu'était cette maison ; de couloirs en couloirs, de porte en porte, de pièce en pièce.
Essoufflée, je ralentis jusqu'à m'arrêter. Mon prénom fut répété en boucle, et résonnait dans le couloir dans lequel je me trouvais. Il avait réussi à me suivre. J'ouvris la porte la plus proche de moi et entrai à l'intérieur de la pièce vers laquelle elle menait. Je verrouillai la porte. Je mis du temps à reprendre ma respiration. Elle finit par se réguler et je fermais les yeux, un instant, pour essayer de me vider la tête. Je finis par les rouvrir et me mis à détailler la pièce. C'était une salle de bain. Pour y passer une seule nuit, ça fera l'affaire, j'imagine. Je me relevai et partis m'allonger dans la luxueuse baignoire. Mes pensées divaguaient. J'étais une coquille vide dans laquelle il manquait quelque chose de vital. Mon coeur me criait quelque chose mais mon cerveau m'en hurlait une autre. Je secouai la tête, désespérée.
"Anzel, pourquoi es-tu autant perturbée par ce qu'il vient de dire ? Est-ce parce qu'il pourrait dire la vérité ?" me demandai-je. Je ne pus m'empêcher de rire de la situation. C'était sûrement nerveux. Mon amusement s'évapora vite et je perdis le sourire. Qui pouvais-je bluffer ? Harry avait dit tout haut ce que l'ancienne Anzel pensait, tout bas. C'était si frustrant.
Si seulement Harry n'avait pas déménagé ici, à Londres. Si seulement, je l'avais ignoré le jour de son arrivée, au lieu de lui donner inutilement de l'attention. Si seulement je n'avais jamais eu à faire d'exposé avec lui. Si seulement ce putain de poison n'existait pas. Si seulement je me foutais de tout ce qu'il venait de dire. D'ailleurs, je n'avais aucune idée de ce qui pouvait m'avoir troublée à ce point-là. Harry m'avait remise à ma place. Il m'avait dit des vérités sur moi-même dont j'ignorais l'existence. Mais bordel, non, je ne pouvais rien ressentir pour lui. Il m'avait toujours dit qu'il ne m'aimait pas. Et maintenant c'était à mon tour de lui dire que je ne l'aimais pas. Il allait éprouver la chose qu'il avait redouté le plus. L'amour. Il allait comprendre ce que c'était d'aimer à en perdre la raison, de ressentir les effets de ce poison. Oh oui, il allait souffrir.
J'espérais juste que cela n'allait pas en être de même pour moi.
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