18. c o n s e n t a n t e

Les vacances d'hiver arrivèrent, Noël aussi. J'avais passé un réveillon de Noël agité avec mes soeurs et ma mère. Comme tous les Noël, on se rendit à la tombe de mon père avant d'aller entamer un bon repas préparé par ma mère à notre domicile.
Serena se disputa comme toujours avec Effie, Janeth nous offrit un porte-clé à chacune. Des bruits dans tous les sens et une tension qui sonnait presque apaisante selon ma mère. Elle avait toujours cet air calme et détendu en nous entendant nous disputer. Cela devait lui rappeler le temps pendant lequel on habitait toutes les cinq ensemble. Je m'étais toujours demandée comment elle avait réussi à nous gérer avec l'absence de son mari, mon père. Présentement, ma mère et moi étions dans ma chambre, à la recherche d'une robe à que je pourrai porter ce soir.

"C'est pas un peu trop ?" Je tournai sur moi-même pour lui dévoiler ma silhouette enroulée d'une longue robe bleu électrique tirant sur un bleu ciel. Ma mère porta sa main à sa bouche en clignant plusieurs fois des yeux avant d'effectuer les signes.

"Et dire que je n'ai pas assisté à ton bal de promo." Elle eut les larmes aux yeux. Si elle savait ce qui s'était produit ce jour-là, lorsque j'étais encore hors de contrôle... Je ne sais même pas si j'arriverais à la regarder dans les yeux mais ça, c'est une autre histoire.

"Ne t'inquiète pas, tu assisteras à bien d'autres moments importants de ma vie." Ma mère eut un rire sourd.

"A ton mariage avec Harry et à la naissance de mes petits-enfants. Je l'espère de tout mon coeur." Un râle s'éternisa, provenant de ma bouche.

"Maman, arrête avec tout ça, Harry et moi, ça ne durera peut-être pas..." Elle secoua la tête, ses fins et courts cheveux un peu plus clairs que les miens se balançant doucement.

"Ma chérie, je t'ai toujours dit que tu maîtrisais ton destin. Tu es le personnage principal de ton histoire et tu dois te servir de cette idée-là pour que le bonheur te soit à portée de main. J'ai remarqué tous les efforts que tu avais faits l'an passé pour Harry. Tu sais, lorsque tu t'es entraînée pour arrêter de bégayer, lorsque tu te forçais à regarder les personnes dans les yeux ou bien quand tu essayais de te socialiser un peu plus. Ma fille a grandi et tout cela grâce à un adorable garçon pour dont elle est tombée amoureuse. Anzel, avais-tu déjà fait ce genre d'effort auparavant ?" Ma tête s'agita de gauche à droite négativement. "N'est-ce pas un signe que ce garçon est bon pour toi ? Il t'a aidée à renforcer ta confiance en toi. Mais Harry n'a été qu'un petit coup de pouce, c'est toi-même qui t'es rendue compte qu'il était temps de se surpasser. Et tu as réussi, ma chérie. Tu es une magnifique jeune femme émancipée possédant une personnalité aux allures dures mais derrière laquelle se cache une timide petite fille qui a encore beaucoup à apprendre de la vie. Tu as un caractère qui t'est propre et qui est inconsciemment très semblable à celui du fils d'Anne. J'apprécie le fait que tu te sois enfin acceptée. Je suis très fière de tes prouesses mais aussi de toi." Son visage empli de fierté me rendit vulnérable. Je suis tellement loin de tout ce que tu penses Maman. Je suis quelqu'un d'horrible. Je me jetai dans les bras de ma naïve mais généreuse génitrice et nous échangeâmes une longue étreinte.

"Je t'aime Maman." Ma mère embrassa ma joue et se retira de notre câlin en essuyant ses yeux d'un geste de la main.

"Je t'aime aussi ma chérie. Continuons à chercher la robe parfaite. Celle-ci me donne l'impression que tu t'apprêtes à aller à un bal costumé." Je m'esclaffai bêtement à l'entente de sa critique et me remis à fouiller dans mon placard. J'en sortis une robe blanche. Mes yeux se noyèrent dans une vague de nostalgie et je souris tristement. J'avais porté cette robe qui appartenait à la soeur d'Harry le soir durant lequel je lui avais déclaré ma flamme. Je serrai la robe contre mon coeur puis, me souvenant que ma mère était derrière moi, je la reposai aussitôt. Je n'avais rien à cacher, je ne voulais juste pas qu'elle aperçoive ce tissu encore imprimé de ce souvenir si précieux à mes yeux.

Au bout d'une trentaine de minutes de recherches, je trouvai enfin ce que je voulais ; une longue robe rose très pâle qui appartenait à ma mère. Elle était magnifique et épousait un peu trop bien mes atouts corporels. Elle penchait plus dans la catégorie classe que sexy. Ma mère m'avait expliquée qu'elle l'avait sur elle le soir où elle avait rencontré mon père, en ajoutant que cela allait me porter chance. Je n'avais pas vraiment compris le but de son conseil, ce n'était pas comme si j'allais rencontrer l'amour de ma vie...

Pourquoi le prénom d'Harry venait de surgir dans mon esprit ? Argh, tout ça était tellement contradictoire. Comment puis-je être autant indécise quand ça vient à l'amour ? Avant, j'étais persuadée que j'aimais Harry de tout mon coeur, sans même que je me questionne. C'était juste, tellement évident. Il n'y avait que moi pour tomber amoureuse aussi rapidement... Je me sens stupide. Si je ne l'avais pas aimé, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais... si je ne l'avais pas aimé, je ne serais pas aussi confiante que maintenant et je ne me serais pas "embellie". Enfin, ça, je ne le saurai jamais.

Harry arriva vers dix-huit heures, habillé d'un smoking bleu foncé et ses cheveux courts étaient en ramené vers l'arrière même si la plupart s'échappaient. Il n'avait pas de cravate et avait ouvert un ou deux boutons de sa chemise. Cela lui enlevait l'apparence d'un garçon sage et ordonné et lui donnait plus l'image d'un homme sauvage et mystérieux.

"Harry, pourquoi tu t'es coupé les cheveux ?" le questionnai-je en entrant dans sa voiture. Il me jeta un drôle de regard, comme offusqué.

"Ils me gênaient plus qu'autre chose. Pourquoi ? Tu n'aimes pas ?"

"J'aimais bien tes boucles. Ça te rajoutait une touche originale et très sexy." Il haussa les sourcils.

"Ah donc j'ai perdu mon sex-appeal ?" susurra-t-il sur un ton rauque. Je vis ses pupilles se dilater un peu et je compris qu'il pensait à des choses obscènes. La tension augmenta un peu pendant qu'un jeu de regard faisait bataille.

"Oui." le taquinai-je.

"Mmh, vraiment... ?" Le ton de sa voix baissa considérablement. Il se pencha vers moi et son nez effleura mon cou. Je frémis et mes yeux se fermèrent lorsque ses lèvres se posèrent sur le creux de mon cou. "Ta peau a un goût sucré." Je peinai à ne pas frissonner à ce délicieux contact.

"Je ne ressens absolument rien." Ce mensonge eut du mal à sortir de ma bouche mais la réaction d'Harry en valait le coup. Sa bouche s'entrouvrit et une ride se forma à l'endroit où il fronçait les sourcils. Je dus me retenir pour ne pas me moquer de lui.

"On verra ça." J'entendis à peine ses mots et je me demandais ce qu'il voulait dire par là. Le brun démarra l'automobile et nous conduisit là où a lieu la cérémonie de mariage. Nous demeurâmes silencieux pendant une demi-heure, le temps d'arriver. Nous arrivâmes devant la mairie et rentrâmes dans le bâtiment, sans s'adresser un mot.

Trois heures plus tard, j'étais là, assise sur une des chaises disposés autour d'une table ronde, à fixer Harry en train de rigoler avec une fille qui était la destinataire de toutes les insultes que je lançais mentalement depuis une demi-heure. Les mariés avaient prononcé leurs voeux puis nous nous étions rendus dans un immense palais que James, le riche mari de Calice, avait loué pour l'occasion. Je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi Harry s'était immédiatement éloigné de moi dès notre entrée dans ce beau palais puis une idée traversa mon esprit. Il voulait peut-être me montrer qu'il était encore assez sexy pour flirter avec des filles autres que moi. Oh non, je vais le tuer. Il a osé draguer cette fille pour me rendre jalouse ? Non, je ne vais pas lui faire ce plaisir. Je ne suis pas jalouse du tout, il va voir qui va être jaloux.

Mon regard parcourut la salle de fond en comble à la recherche d'une proie. La musique battait son plein, les gens mangeaient joyeusement en se racontant d'habituelles anecdotes ou bien qu'on avait inventées pour paraître intéressant. Mes yeux croisèrent les prunelles vertes d'Harry qui m'épiaient narquoisement. Un magnifique faux sourire prit possession de mes lèvres. Je pris ma coupe de vin français et le levai en mimant du bout des lèvres en Français : "à la vôtre."
Je bus le verre en laissant quelques gouttes s'échapper pour glisser longuement jusqu'à mon cou juste pour le faire chavirer et déposai sec la coupe sur la table. Harry haleta discrètement et son regard se fit plus insistant. Il allait se lever mais la fille le retint en posant sa main sur son genou. Mon sang ne fit qu'un tour. Une proie, vite. Mes yeux se posèrent sur un homme aux cheveux blonds et bouclés. Il avait beau être de dos, je pouvais le reconnaître entre mille.

Je me mis debout et mes pas me guidèrent vers lui. J'adoptais une démarche lente et la plus séductrice possible. Je reprends les bonnes habitudes. Je posai ma main sur son épaule et il se retourna. Ses yeux bleus me déstabilisèrent légèrement. Il me détailla de la tête aux pieds et un sourire vint s'installer sur son doux visage.

"Anzel, c'est bien toi ?" s'exclama-t-il. J'ai déjà gagné.

"Charlie ! Tu m'avais manquée." Je le pris dans mes bras. Il se raidit, étonné puis ses mains appuyèrent sur mon dos pour me rapprocher de lui. Charlie se retira le premier de notre chaleureuse étreinte.

"Combien de temps ça fait ? Quatre ans ? Cinq ?"

"Cinq années en tout et pour tout." répondis-je. "Tu sembles si... adulte." Ma "timide" remarque le fit rigoler.

"Et tu es très jolie, tu as l'air beaucoup moins..." Il cherchait ses mots.

"Renfermée ? Timide ?" devinai-je en roulant des yeux.

"C'est ça." Un petit rire accompagna sa phrase.

Charlie a été mon premier crush si on peut dire ça comme ça... C'était un garçon populaire et très gentil au collège et je vois que ça n'avait pas changé. Il était un peu comme moi : son seul but dans la vie était de réussir ses études. Nous n'étions pas amis à l'époque ni même plus, notre relation était un peu ambiguë. On se lançait des regards, on avait parfois des conversations si on peut appeler ça comme ça, car il était le seul à parler, mes minuscules hochements de tête et mes bafouillages ne comptaient pas vraiment j'imagine...

Un slow démarra, tout le monde acclama les mariés et ils rirent avant d'aller sur la piste pour entamer la première danse. Calice serra son mari contre elle et, blottis l'un contre l'autre, ils se balancèrent doucement de gauche à droite. C'était une image tellement belle et mémorable. Elle était éblouissante tant par sa beauté physique que par sa robe de mariée. James n'était pas mal non plus dans son smoking noir et blanc. Ils étaient heureux et épanouis, j'en étais un peu émue.

"Tu voudrais danser ?" Mon regard se posa sur Harry qui était désormais seul et qui n'avait pas du tout l'air enjoué de me voir avec Charlie. Je souris en coin juste pour décupler sa colère et pivotai vers le blond.

"Avec plaisir." Il me tira doucement sur la piste. Ses mains se posèrent sur ma taille et les miennes sur ses épaules. Nous étions à une distance respectable l'un de l'autre. Harry m'aurait collée à lui et aurait sûrement baisé chaque parcelle de mon cou... Mon dieu. Charlie n'osait même pas me regarder dans les yeux. C'était ce que je croyais avant que je ne le surprenne à lorgner indiscrètement ma poitrine. Un gentleman pervers, qui l'aurait cru ? Sûrement pas moi.

La chanson était sur le point de se terminer lorsque quelqu'un arriva derrière Charlie.

"Est-ce que tu pourrais me rendre ma femme, s'il te plait ?" s'adressa la voix grave et un peu trop calme d'Harry à Charlie. Sa femme ? Oh. Le blond déglutit et acquiesça. Harry s'appropria mes hanches et les ramena contre les siennes ce qui me fit lâcher un halètement. Sa main gauche rapprocha ma tête de la sienne puis ses lèvres firent leur chemin jusqu'à mon oreille causant un immense frisson le long de mon échine. "Je savais que tu aimais les cheveux bouclés mais j'ignorais que tu craquais pour les blonds." grogna-t-il alors qu'il huma mon odeur d'une profonde inspiration. Saute moi dessus ! balançai-je mentalement.

"Je préfère les bruns bouclés aux yeux verts et à la peau imbibée d'encre." Je mordillai ma lèvre mais son doigt appuya sur celle-ci pour la libérer et ensuite la caresser avec douceur. ALERTE NOIRE.

"Donc tu admets que je suis sexy ?" ronronna-t-il en posant ses lippes sur ma joue. 

Prends mes lèvres, je te l'ordonne, je te les donne mais s'il te plait prends-les.

"Tu es l'homme le plus sexy de cette salle." admis-je en pouffant de rire.

"De cette salle ?" Il haussa un sourcil, faussement offusqué. Quel égo.

"De ce pays." marmonnai-je, pas très heureuse de contribuer à l'enflure de ses chevilles.

"De ce pays ?" renchérit-il.

"Le plus sexy du monde si tu veux ! Argh, tu m'éner--" Il me coupa par ses lèvres. Mes yeux se fermèrent pour profiter de cette sensation et un sourire imprégna mes lèvres à travers notre baiser. Ma main se posa sur sa joue. Il me tenait fermement collée tout contre lui, comme s'il ne souhaitait pas me laisser partir. A bout de souffle, nous arrêtâmes de nous embrasser. Son souffle chaud se mélangeait au mien, ses cils frôlaient les miens.

"Anzel, j'ai une question à te poser." Les traits de son visage étaient beaucoup trop décontractés et son regard trop non-chalant pour que ce soit une demande en mariage. Non pas que j'espérais quoique ce soit.

"Je t'écoute."

"Pendant les vacances, j'aimerais que tu viennes avec moi à Porto Rico." J'arrêtai tous gestes. Quoi ?

"C'est un peu précipité..."

"Je sais mais j'ai déjà acheté nos billets d'avion." glissa-t-il. Je me sentis prise au piège.

"Harry !" Il leva ses mains pour s'innocenter.

"Désolé, désolé." dit-il avec un air pas du tout désolé. Je pris une minute pour peser le pour et le contre. Oh et puis rien à foutre.

"C'est d'accord." finis-je par accepter. Harry sauta presque de joie. Il embrassa chacune de mes joues puis ma bouche. Ma mine se renfrogna à cause de ce surplus d'affection et Harry éclata de rire.

J'avais un bon pressentiment concernant ce voyage.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top