— Koh Phangan nous voilà !

Mégane, heureuse d'avoir enfin rompu cette semaine de silence, ne contient plus sa joie.
Le séjour dans l'ashram touchant à sa fin, Rahul a proposé à ses élèves d'assister à la célèbre Full moon party. Si la retraite à Bali fut bénéfique aux deux amies, elles n'en attendent pas moins d'une escale en Thaïlande.

L'âme de Marissa est en peine du départ de Joko, mais il lui a apporté bien plus qu'il n'a pris en s'en allant. La paix de l'esprit, et surtout, la paix du corps.
Je danse lascivement au creux de sa poitrine, autant nostalgique de ces iris de jade qu'impatient de vivre d'autres aventures.

Le bateau approche des côtes et les lumières tentent de percer la pénombre depuis la plage.
La musique se fait entendre, puis des cris enjoués.
Les basses électrisent mes cellules à mesure que le rivage se précise.

Le sable tiède accueille des milliers de fêtards en transe sur les sons électros. Les peaux peinturées de fluo luisent sous les projecteurs.
Marissa suit le groupe en direction des étals de boissons, happée par ce ballet de couleurs hypnotique. Rahul, en habitué, les conduit aux rituels d'initiation, passage obligatoire pour tous les nouveaux venus. Les filles, jugeant la corde en feu trop périlleuse à leur goût, choisissent le limbo.

Si le bâton enflammé impressionne Marissa, il m'exalte.
Mégane prend son amie par la main et se rapproche de l'obstacle.

— Ensemble ? crie-t-elle, pour couvrir le chahut.
— Ensemble, assure Marissa.

Elles passent sous la barre incandescente sans hésiter, se congratulent, hurlent de joie, fières de leur exploit.
Les atomes d'hydrogène éclatent dans mon cœur ardent, mais ce n'est qu'une minuscule étincelle comparée à l'orage nucléaire déclenché par la voix qui les interpelle sur la plage :
— Mégane, Marissa ! C'est vous ?

La première ne réagit pas, prise dans les filets de Rahul. La seconde se retourne.
Le temps se fige. L'espace se dissout.

— Tiago, incroyable ! Comment c'est possible ?

Sa voix se discerne à peine, couverte par le tumulte de la piste.

— J'ai une compet de surf dans le coin, j'en ai profité.
— Une brochette de meufs, rien que ça ?!!
— Une compet de surf, hurle-t-il, pour couvrir la musique envahissante. Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?
— Mégane m'a offert une retraite silencieuse pour Noël.
— C'est vrai que c'est le meilleur endroit pour une retraite silencieuse !

Ils éclatent de rire en levant leur verre et je me gorge de ces heureuses retrouvailles.
Le souvenir de Tiago est encore frais dans la mémoire de Marissa. Dans son corps également.
Ils se réapprennent. Se séduisent à nouveau.
Je tourbillonne dans son estomac.

Bientôt, l'enthousiasme général laisse place à une euphorie collective. Une excitation qui rafle tout sur son passage, sans oublier de percuter le couple de plein fouet.
Les sons psychédéliques, les stroboscopes, les rugissements, la chaleur, l'alcool, lui.
Lui.
Marissa ne se contrôle plus. Sa peau fond à son contact. Ou peut-être est-ce moi et mon cœur en fusion ?
Le buste plaqué contre le torse de Tiago, le jeune homme l'enveloppe de toute sa sensualité. Une danse des plus voluptueuses où les mains découvrent l'autre comme pour la première fois. Cette première fois, si timides qu'ils osaient à peine se toucher. Aujourd'hui, c'est différent. Aujourd'hui, ils se comprennent.
La passion brûle.
Je me consume.
Marissa n'a plus peur que Tiago explore ses rondeurs. Joko lui a appris à les accepter.
Joko.
Sa douceur lui manque. Pourtant, les lèvres curieuses de son nouvel ancien amant effacent rapidement sa nostalgie.
Le jeune homme, avide d'en goûter plus, écarte un pan de son haut de maillot de bain pour se jeter goulûment sur son sein dévoilé.
Sa langue active mon cœur en fusion et irradie la peau brûlante de Marissa.
Tiago, qui se repaît de ce mets divin, ne s'arrête plus. Il suce, lèche, mord. Marissa enlace, caresse, griffe. Lorsqu'elle n'est plus que frémissements entre ses bras, il s'infiltre sous sa jupe puis la pénètre de ses longues phalanges avec vigueur.

En plein cœur d'une foule extatique, hurlante, bousculante, enivrante, les soupirs exaltés de la jeune femme ne sont que murmures, bien que je hurle à l'unisson.
En virtuose, Tiago compose, au rythme de la musique, la symphonie jouissive de Marissa qui se contracte une ultime fois entre ses doigts de chef d'orchestre.

L'explosion de plaisir aurait dû apaiser mes ardeurs, mais le besoin d'assouvir ce désir devient vital, pour eux comme pour moi.

Le couple s'isole derrière un baraquement aux odeurs suspectes, mais l'envie est trop grande pour s'attarder sur les détails.
Marissa attire son partenaire à elle. Forte de son premier orgasme, elle compte bien en multiplier les effets. Le jeune homme la plaque contre le mur. Chaque frottement sur ses cuisses augmente considérablement ma température. Je me calcine de lui et attise son bas-ventre, réclamant ses caresses.

Elle baisse le short de Tiago sans hésiter et le libère de toute entrave, pendant qu'il fait de même avec son bikini. Il s'équipe de sa protection — cette fois avec assurance — retourne la jeune femme pour faire face aux fesses pulpeuse d'une Marissa languissante, remonte son vêtement d'une main hâtive et la pénètre sans hésiter dans un râle de soulagement.

— Putain, qu'est-ce que tu m'as manqué ! halète-t-il dans son cou.

Marissa veut répondre, mais mon foyer ardent réduit en cendre toute capacité de raisonnement.
Mes atomes s'entrechoquent à chaque va-et-vient. Mon nuage radioactif gonfle, se contorsionne jusqu'à déborder de son enveloppe charnelle.
L'explosion est proche.
Elle jouit à nouveau sous les coups de bassins effrénés de son amant.
La lumière jaillit de mon centre et irradie son partenaire d'une extase intense. Je luis de son plaisir, plus étincelant que jamais.

Les cœurs s'apaisent, le mien aussi.
Les corps se détachent, mais le lien qui les unissait se resserre.

La réalité se rappelle à nos amants lorsque la voix de Mégane retentit dans leur dos :
— Marissa ! Je t'ai cherché partout !