Chapitre 91


Je me rattrape tant bien que mal au mur. Bordel, mais qu'est-ce qu'elle fout ici ! Une furie blonde me fonce dessus et me pousse des deux mains.

- C'est à cause de toi tout ça, hein !

Je recule de quelques pas sous l'impact. Il me faut plusieurs secondes pour reprendre mes esprits.

- Maxine ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Et comment as-tu eu mon adresse ?

- Internet, tu connais ! Et puis, qu'est-ce qu'on en a à foutre ! Tout est de ta faute.

- Mais qu'est-ce que tu me veux, bon sang ?

Elle s'avance vers moi, menaçante. Mais cette fois, je suis prête et me campe sur mes jambes. Elle s'arrête à quelques centimètres de moi.

- C'est toi qui lui a monté la tête et qui l'a obligé à couper les ponts avec moi.

Je relève le menton et la toise d'un regard plein de ressentiments. Si elle veut se la jouer comme ça, je suis parée.

- Je lui ai seulement dit d'aller te parler pour mettre les choses au clair.

- Ouais, c'est ça ! C'est surtout que tu ne supportes pas ce qu'il y a entre nous ?

Son petit air de princesse contrariée me hérisse le poil. J'en ai marre de me laisser faire.

- Et il y a quoi entre vous ? Explique-moi, je suis toute ouïe !

- Christian m'aime, hurle-t-elle.

Je plaque ma main sur ma bouche pour réprimer un rire nerveux. Cette fille est complètement folle.

- Et c'est pour ça qu'il est sorti avec d'autres filles. Il faut te faire une raison, Maxine. Il n'y a que dans ta tête qu'il est amoureux de toi.

Elle lève la main pour me frapper mais je lui emprisonne le poignet empêchant son geste. Elle me foudroie du regard mais je ne me laisse pas démonter. Elle retire alors d'un geste vif sa main avant de vociférer toutes les horreurs qu'elle a en réserve.

- Evidemment, tout ce que tu trouves à faire, c'est de me sortir ça, mais tu ne le comprends pas. Pas comme moi. Personne ne le connaît mieux que moi. Même pas Caitlyn, son soi-disant grand amour. Cette garce lui a brisé le cœur en se tapant mon frère. Et toi !

Elle lève un doigt menaçant sous mon nez.

- Toi, tu ne vaux pas mieux. Bientôt, tu coucheras avec lui et ce jour-là, je serais là pour le dire à Christian et il ouvrira les yeux sur ce que tu es réellement.

Mes poings se serrent. Mon corps commence à trembler. Il faut qu'elle se barre d'ici avant que je lui pète son joli petit nez de pouffe.

- Maintenant, tu te barres de chez moi. J'ai assez supporté ton cinéma. Christian est avec moi maintenant, que ça te plaise ou non. Va te chercher un autre mec et fous-nous la paix.

Elle se met à ricaner.

- Tu crois vraiment qu'il t'aime, n'est-ce pas ! Ma pauvre, tu vas tomber de si haut ! Tu sais où il était le soir où tu t'es barrée de chez moi comme une voleuse ?

- Oui, je le sais. Il me l'a dit. Inutile d'essayer de balancer ton venin. Ça ne marche plus.

Je lui attrape le bras et la tire vers la sortie. Elle se dégage une nouvelle fois. Son sourire machiavélique me file les jetons.

- Ah oui ! Il te l'a dit ! Et ça ne te gêne pas qu'il couche avec moi au lieu de te courir après ?

Je me fige. Elle a dit quoi ?

- Quoi ?

Elle se met à partir dans un rire tonitruant.

- J'en étais sûre. Pauvre conne ! Pendant que tu pleurais toutes les larmes de ton corps sur le trottoir, on s'envoyait en l'air dans ma chambre. Tu croyais quoi hein ?

Ma tête se met soudain à tourner. Je dois m'appuyer sur le mur pour que mes jambes ne se dérobent pas sous moi. Elle ment, elle ne peut pas dire vrai.

- Maxine !

La voix de Christian me fait sursauter. J'entends ses pas qui se rapprochent à toute vitesse dans mon dos. Le visage de Maxine se décompose à mesure qu'il se rapproche.

- Comment oses-tu dire une chose pareille ?

Ses yeux sont écarquillés de peur. Maxine ne s'attendait sans doute pas à le trouver chez moi. J'en serais presque contente si je n'avais pas ces milliers d'aiguilles qui me transperçaient le ventre.

- C'est quoi ton problème, bon sang ? s'énerve-t-il. Pourquoi essaies-tu de foutre la merde ? C'est ton frère qui t'a demandé de faire ça ?

- Non, bien-sûr que non, balbutie-t-elle.

- Et quoi ? Ça te plaît de faire de la peine aux autres en racontant des mensonges ?

- Christian, je...

La voix de Maxine s'éteint. Elle est livide. J'imagine que ma tête ne doit pas être mieux. La main de Christian se pose sur mon épaule et je frémis.

- Je te l'ai dit tout à l'heure. Michelle et moi sommes ensemble. Si tu ne le supportes pas, tant pis. Je crois que j'ai été assez souvent là pour toi. Il faut maintenant que tu l'acceptes. Je suis ton ami et rien d'autre.

Des larmes apparaissent dans ses yeux avant de dévaler sur ses joues. Maxine est en train de s'effondrer. La petite peste californienne perd pied.

- Tu ne peux pas dire ça, bredouille-t-elle. Entre nous, c'est spécial.

- Non, Maxine. Il n'y a rien. Rien de plus que de l'amitié. Il y a des années j'ai merdé. Je sais que je n'aurais pas dû me laisser aller dans tes bras. Je m'en suis toujours voulu pour ça. Mais là ! Là, tu vas trop loin.

Sa main sert un peu plus fort mon épaule et Maxine perçoit le mouvement. Ses yeux fixent avec intensité ce point de contact entre nous. Elle ne me regarde pas, non. Juste les doigts de Christian tenant fermement mon bras. Puis, sans un mot, elle fait volte-face et disparaît dans le couloir. Je sens mon cœur repartir et j'inspire bruyamment. Christian se tourne alors vers moi et tente d'accrocher mon regard.

- Hé, Michelle ! Ça va ?

Je n'arrive pas à trouver les mots. Je suis toute retournée par cette confrontation. Son index glissé sous mon menton m'oblige à relever la tête. Ses yeux remplis d'inquiétude réussissent à atteindre la glace qui s'est emparée de mon cœur.

- Ecoute-moi bien. Ce qu'elle t'a dit est entièrement faux. Il faut que tu me croies.

Une boule s'est formée dans ma gorge et je peine à respirer. Heureusement, je suis sauvée par le livreur qui frappe à la porte encore ouverte. Profitant que Christian règle la facture, je me précipite à l'intérieur pour me réfugier sur le canapé. Ma parenthèse de douceur a été vraiment de courte durée.    

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