Chapitre 89


Mike m'a abandonnée à mes échauffements pour accompagner Christian aux machines. A travers la paroi vitrée, je les observe. Leur échange reste poli mais je vois bien qu'il y a une tension entre eux. On n'est pas sorti de l'auberge. Il revient au bout de quelques minutes. Christian me jette un dernier regard plein d'avertissements avant de commencer une session de course. A présent, il me tourne le dos et je peux souffler un peu. Mike entre et referme derrière lui. Il va chercher le matériel au fond de la salle comme si de rien n'était.

- Tu étais obligé de faire ça ?

Il relève vers moi un regard bleu plein de malice. La situation l'amuse alors que moi je suis au bord de la crise de nerfs.

- Faire quoi, tigresse ?

- Le concours de celui qui pisse le plus loin, maugréé-je.

Il se met à rigoler en me donnant les altères. Je m'installe confortablement et commence l'exercice. Il s'installe à côté de moi et affiche un air moqueur.

- Ça me démangeait. Ce mec t'a fait pleurer.

Je m'arrête dans mon mouvement. Tout à coup, j'ai un doute. Est-ce que Mike n'aurait pas développé des sentiments pour moi, sans que je m'en rende compte ? Peut-être suis-je en train de le faire souffrir ? Mon dieu, je ne l'espère pas. Je m'en voudrais tellement. Il finit par se rendre compte que je me suis arrêtée et fronce les sourcils.

- Ben, alors, on s'endort ? Allez, reprends ta série. On ne fait que commencer et tu le sais.

Je dépose les poids sur le sol. Il faut que j'en ai le cœur net. Josie avait peut-être raison en me disant que je jouais avec le feu avec Mike.

- Mike, dis-moi... enfin, je veux qu'on soit honnête l'un envers l'autre... Si jamais j'ai fait quelque chose qui aurait pu te faire croire que...

Il hausse les sourcils pendant quelques secondes et finit par éclater de rire.

- Holà, on ne s'emballe pas, Michelle ! Je n'ai pas de sentiments pour toi. Je t'aime bien, c'est vrai, mais juste en tant qu'ami. Jamais je ne pourrais vivre une histoire avec toi.

J'ouvre la bouche en grand. J'hésite entre être soulagée ou offusquée.

- Et pourquoi ?

- D'abord parce que je ne joue pas une partie déjà perdue d'avance. Et puis, tu n'es pas mon genre. Même si tu es déchaînée au lit, tu es une gentille fille. Moi je suis plutôt furie folle furieuse, un peu du genre de ta copine, Josie.

- Ah ben d'accord !

J'avoue que je suis quand même un peu vexée.

- Mais tu n'as aucune chance. Avec Tony, c'est du solide.

- Je peux toujours fantasmer, répond-il en haussant les épaules.

Je récupère mes altères et reprends là où je m'étais arrêtée. Mon regard dévie vers l'extérieur pour se poser sur Christian. Il est concentré sur sa course. Ses pieds frappent en rythme le tapis et je ne peux m'empêcher de contempler le mouvement hypnotique de ses muscles. Putain, ce qu'il est sexy. Bien trop pour que je raisonne correctement quand il est dans les parages. Soudain, une pichenette sur le sommet de mon crâne me ramène à l'instant présent.

- Tu te concentres sur tes exercices ou tu risques de te faire mal.

Je grogne à l'intention de Mike, ce qui lui tire un sourire.

- Bon, alors comment ça se passe avec lui ?

- Ça va, grimacé-je.

- Vu l'enthousiasme dans ta voix, j'ai quelques doutes.

- On a quelques soucis qu'on essaie de résoudre. Ce n'est pas de tout repos.

Je finis par poser les altères et m'étire. Mike ramasse les poids et prépare la machine pour l'exercice suivant. Il faut que je me lance sinon je vais finir par me débiner.

- Mike... il faut qu'on discute.

- Je t'écoute, répond-il tout en rajoutant du poids.

- Je pense qu'il serait préférable que je sois suivie par un autre coach.

Il s'arrête dans son geste et me dévisage. Merde, je crois qu'il ne le prend pas bien.

- Ton mec a peur que je te saute dessus ?

- Disons que notre passé ne l'aide pas à être à l'aise.

- Je vois.

Il contourne la machine, effectue quelques réglages tandis que je m'installe.

- Et toi, tu veux quoi ?

Je me mords la lèvre. Je n'ai pas envie de perdre son amitié mais il faut que j'accepte les doutes de Christian.

- J'ai envie que ça marche entre nous. Je l'aime.

Mike me sourit tendrement.

- Ok. Je demanderai à Rena de prendre la suite dès que possible.

- Merci.

Je lui en suis reconnaissante. Il me simplifie la tâche. J'avais peur qu'il me prenne la tête avec ça, mais il s'est comporté comme un véritable ami.

- Juste le temps que la situation se stabilise entre nous. Après, on essaiera de faire en sorte qu'il t'accepte. Vous pourriez même être amis.

- J'adore ton optimisme, Michelle, ricane-t-il. Si c'est ce que tu veux, ça ne coûte rien d'essayer. Mais n'oublie pas que je suis là si jamais tu en as besoin. Même si c'est pour lui mettre mon poing dans la figure.

Je glousse et tourne la tête vers Christian. Il nous observe, un regard noir braqué sur nous. Je me crispe et Mike le note immédiatement. Ses yeux suivent la direction qu'ont pris les miens et il comprend.

- Tu vas pouvoir te débrouiller sans moi quelques minutes, tigresse ?

- Oui, je crois.

- Je pense que ton petit ami et moi nous devrions discuter un peu. Je vais rassurer son ego.

Sur ces mots, il se détourne et quitte la pièce. Je n'arrive pas à dévier le regard, craignant une réaction stupide de l'un comme de l'autre. Mais non, les deux sont calmes. Ils échangent quelques mots et se dirigent vers le rez-de-chaussée. Mike me gratifie d'un clin d'œil et Christian laisse ses yeux dériver vers moi un instant avant de suivre mon entraineur dans les escaliers.

Au bout d'une demi-heure, Mike refait surface. Je le scrute attentivement. Ça a l'air d'aller. Pas d'hématome en vue.

- Ben alors ! On flemmarde quand je ne suis pas là !

- Non, pas du tout. Je suis en phase de récupération.

Il me lance un regard entendu.

- Je te jure que c'est vrai. Ça s'est passé comment ?

- Avoue que tu étais en train de flipper. Tu avais peur que j'abime la jolie petite gueule de ton mec, n'est-ce pas ?

- Je crois que c'est toi qui aurait dérouillé.

Mike laisse éclater un rire franc.

- Mon amour-propre va finir par prendre un coup. Tu m'abandonnes et maintenant tu sous-entends qu'il serait capable de me foutre une raclée.

Je souris timidement.

- Allez, rassure-toi. Les choses sont au clair entre lui et moi.

- Et ?

- Et Rena prendra la relève à partir du prochain cours. On va laisser un peu décanter tout ça.

Il s'approche de moi et claque une bise sur ma joue.

- J'espère qu'il en vaut le coup. Tu mérites d'être heureuse. Et maintenant, au boulot. Je vais te faire suer et tu me supplieras d'arrêter. C'est notre dernière séance. Je vais t'en faire baver.    

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