Chapitre 85


Christian semble déstabilisé par ce que je viens de lui dire. Ce qui ne me plait pas du tout.

- Comment ça ? finit-il par sortir.

- Ça parait pourtant évident. Vers qui as-tu accouru quand j'ai quitté cette fichue soirée ?

Soudain, je me rends compte que son aveu concernant ce soir-là m'était restée en travers. J'avais essayé de passer ça sous silence parce qu'il m'ouvrait enfin son cœur. Mais ça m'a blessée qu'il est préféré consoler Maxine que moi. Ses sourcils se froncent à nouveau.

- Nous n'étions pas ensemble. Tu m'avais clairement fait comprendre que tu ne voulais plus me revoir et Maxine était effondrée. Qu'est-ce que j'étais sensé faire ?

- Courir derrière moi, me dire que tu voulais de moi. Me choisir.

Ma voix s'étrangle tandis que je sens poindre les sanglots. Son regard me transperce. Il atteint mon cœur et s'évertue à le mettre en charpie.

- Et tu veux que je le fasse aujourd'hui ?

J'acquiesce d'un hochement de tête. Je sais que cela ne fait pas longtemps qu'on est ensemble, mais je ne pourrais pas vivre en ayant cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si, à chaque fois qu'elle battra des cils, il se précipite à son chevet, je ne vois qu'elle serait ma place.

Christian me rejoint, m'enferme dans ses bras et se glisse entre mes jambes. Son front se colle au mien. Je clos mes paupières pour refouler cette douleur qui me submerge.

- Je vais aller lui parler et mettre les choses au clair.

J'expire longuement pour tenter de me détendre, mais j'ai du mal à le croire. J'ai vraiment envie que ça marche entre nous, mais comment faire s'il ne voit pas à quel point il est empêtré dans son malheur. Je ne peux pas faire évoluer les choses sans son aide. Je me détache, sans oser le regarder dans les yeux.

- Il faut que j'y aille.

- Je t'emmène.

Je n'ose pas le contredire de peur de relancer la dispute. J'ai l'impression qu'on ne fait que ça depuis hier. Se disputer. J'ai la tête sous l'eau, assaillie de doutes plus grands les uns que les autres. Peut-être ai-je besoin de prendre de la distance, d'en parler à quelqu'un.

- Ce midi, je déjeune avec Josie. Alors ne t'inquiète pas.

- Très bien.

J'attrape mes affaires, enfile une paire de chaussures qui trainent dans l'entrée et m'apprête à sortir de l'appartement. Mais je m'arrête net.

- J'allais oublier.

Je me précipite dans ma chambre pour prendre mon sac de sport. Mes yeux s'arrêtent sur son téléphone. Mon cœur hésite. Si je l'écoutais, j'exploserais cet objet contre le mur, même si je sais que ça ne calmerait en rien ma douleur. Mais ma raison se fait plus forte. Je le saisis et le rends à son propriétaire avant de claquer la porte de l'appartement derrière moi.

- Attends, tu vois encore ce mec ?

Il me faut quelques secondes pour comprendre. Ses yeux ont pris une teinte vert foncé que je commence à connaitre. Il n'apprécie pas.

- C'est mon coach.

- Vous avez couché ensemble. Et tu continues à le laisser te tripoter ?

- Il ne me tripote pas ! m'insurgé-je.

Il se fiche de moi. Il me dit de ne pas être jalouse mais il me fait une scène pour Mike.

- Il m'entraine. C'est tout. Dès le moment qu'on a commencé à se fréquenter, il n'y a plus rien eu entre nous. Je ne suis pas comme ça.

- Mais moi ça ne me plait pas.

On s'affronte du regard.

- Tu n'as pas confiance en moi ? lui demandé-je calmement.

- Toi non plus, lâche-t-il sèchement.

- C'est en Maxine que je n'ai pas confiance. Elle te manipule.

- Et moi c'est en ton ex que je n'ai pas confiance. Qui me dit qu'il ne retentera pas sa chance ?

- Tu ne le connais même pas.

Il appuie avec agacement sur le bouton de l'ascenseur qui tarde à venir.

- Dans ce cas, présente-le-moi.

Je hausse un sourcil devant son petit jeu de mâle dominateur. Je déteste quand les mecs se sentent obligés de rouler des mécaniques pour montrer qui est le plus fort. Mais si ça peut lui permettre d'ouvrir les yeux concernant Mike, je suis d'accord.

- Accompagne-moi ce soir et je ferais les présentations.

Il semble vouloir me dire quelque chose mais les portes s'ouvrent et la présence d'autres personnes le coupe dans son élan. La cabine prend tout son temps pour descendre. J'essaie de rester stoïque mais je n'arrive pas à décrocher mes yeux de lui. Il est énervé de toute évidence. Il prend son téléphone et se met à pianoter un message avant de le ranger dans sa poche arrière. Enfin, nous arrivons au rez-de-chaussée. Le groupe se disperse et Christian se retourne vers moi.

- A quelle heure ?

- Dix-neuf heures.

- Je passerai te chercher.

Il ne me laisse pas le temps de répondre et fonce à sa voiture. Je le rejoins et m'installe à ses côtés, sans faire plus de commentaires. Difficile de faire plus glacial comme ambiance. Je regarde dehors, tandis qu'il fixe la route, les mâchoires serrées. On arrive devant l'immeuble où je travaille et nous n'avons quasiment pas échangé de mots, si ce n'est pour lui donner des indications routières. Christian coupe le moteur et reste figé. Il faudrait peut-être que je fasse un geste pour apaiser la situation. Non, je ne dois pas être celle qui plie. Mes attentes sont légitimes et je n'ai rien à me reprocher par rapport à Mike. Il n'y a aucune raison que je me laisse aller à m'apitoyer. Christian se tourne alors vers moi.

- Sois prudente si jamais tu te retrouves encore en présence de Jared.

Bon d'accord, il est jaloux, mais c'est un peu normal quand on tient à quelqu'un. Je laisse un doux sourire s'épanouir sur mes lèvres.

- Bien sûr. Je te tiendrais au courant.

Il se rapproche de moi, pose sa main sur le siège et stoppe ses lèvres à quelques centimètres des miennes.

- Je tiens à toi. N'en doutes pas.

- Moi aussi.

Je retiens avec peine des mots qu'il est bien trop tôt de sortir. Sa bouche caresse doucement la mienne avant de me libérer. J'ouvre la portière, sans le quitter des yeux.

- A ce soir.

Il me sourit avec peine, avant de se détourner. Je le regarde partir, le cœur vacillant entre plusieurs émotions contraires.    

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top