Chapitre 83
Son corps moulé contre le mien, Christian, encore endormi, diffuse sa douce chaleur jusqu'à mon cœur. Sur mes côtes, son bras pèse et semble vouloir me protéger de l'extérieur. Si seulement cela était vrai. Mais je dois me rendre à l'évidence. Cet homme emmène avec lui un lot de peines que j'ai du mal à supporter. Jamais nous ne pourrons vivre notre amour si Jared reste dans les parages. Mais comment faire en sorte qu'il nous laisse tranquille ? Pourquoi cette haine tenace envers Christian ?
Engourdie d'être restée trop longtemps dans la même position, je bascule sur le dos. Aussitôt les bras de mon amant se raffermissent, me tirant plus près de lui.
- Bonjour.
Ce seul petit mot me tire un sourire. Un petit mot qui représente le bonheur à l'état pur. Celui de pouvoir me réveiller à ses côtés et savoir qu'il tient à moi.
- Bonjour.
Je tourne la tête vers lui et rencontre son regard. Comme à chaque fois, il me touche direct en plein cœur. Il est si doux, si chaleureux. Oublié la colère qui l'animait hier.
- Tu as bien dormi ?
- Tu étais avec moi, alors oui, réponds-je, un peu trop amoureusement à mon goût.
Mais il est bien trop tard pour faire machine arrière. Il a pris une bien trop grande place dans mon cœur. Christian sourit et me resserre contre lui, m'embrassant sur le front.
- Je ne t'aurais laissé pour rien au monde.
- J'ai bien cru que tu allais le faire hier soir.
Il soupire longuement avant de poursuivre.
- Ma réaction était...
- Je comprends.
J'enfouis mon nez dans le creux de son épaule. Il n'y a pas de meilleur remède que de m'enivrer de son odeur. Il devient ma drogue.
- Tout ce cirque avec Jared a assez duré. Il faut que j'y mette un terme. Il a déjà détruit une personne que j'aimais. Je refuse qu'il m'arrache une deuxième.
Je me tends légèrement. Caitlyn s'invite encore entre nous. Son fantôme sera-t-il toujours présent ? Je ravale mes doutes. Ce n'est pas vraiment le moment de perdre confiance alors qu'il essaie de faire un pas dans la bonne direction.
- Comment tu comptes t'y prendre ?
- Ne t'inquiète pas de ça. Je vais m'en occuper.
Je me redresse aussitôt.
- Hors de question que tu me tiennes à l'écart. Tu as déjà essayé de régler ça tout seul et regarde le résultat. Aller lui casser la figure ne te mènera qu'en prison. Il me l'a bien fait comprendre.
Christian serre la mâchoire, son regard plongé dans le mien. Jusqu'à maintenant, j'ai laissé les événements me bousculer mais j'ai compris que si je ne m'y mets pas, tout va me péter à la gueule.
- N'y a-t-il pas quelque chose ou quelqu'un qui saurait le raisonner ? tenté-je.
- Jared se fout de tout et de tout le monde. Personne ne s'oppose à lui parce qu'il suffit qu'il sorte sa carte bleue pour régler n'importe quel problème. Et si ça ne marche pas, il passe à la menace.
C'est ce que j'avais noté. Jared impressionne, que ce soit ma boss, James ou même Tony, qui a l'air de s'en méfier comme de la peste.
- Il n'y a donc rien qui ne l'effraie ?
- Rien. Il n'y a qu'une seule personne qui réussisse à le faire plier.
- Qui ?
- Son père.
Je fais pratiquement un bond sur le lit.
- Voilà la solution ! Allons parler à son père. Tu le connais bien, j'en suis sûre. Expliquons-lui ce que trame son fils. Il va sûrement nous donner un coup de main.
Mais Christian ne semble pas aussi réjoui que moi. Je dirais même que son visage affiche un air encore plus grave.
- Lee Patton n'est pas un homme qu'on approche comme ça.
- Mais tu trainais avec son fils, tu étais son meilleur ami. Il peut bien t'accorder un moment.
Il se met alors à ricaner.
- Crois-moi, il n'a absolument rien à faire de moi. Je dirais même que, s'il y a bien quelque chose qu'il partage avec son fils, c'est son aversion pour moi.
Je tombe des nues. Comment Christian a-t-il fait pour se mettre à dos deux personnes de la même famille ?
- Pourquoi ?
- On va dire que déjà rien que le fait que j'ai osé toucher à sa petite princesse aurait suffi pour qu'il me cloue au pilori. Mais je crois que ce qu'il me reproche le plus, c'est que j'ai tué l'homme qu'il considérait comme son frère. Mon père et lui étaient amis d'enfance. Ils ont bâti son empire ensemble, même si mon père a préféré rester dans l'ombre pour pouvoir vivre une vie de famille. Quand mes parents sont morts, Lee m'a bien fait comprendre que tout était de ma faute et qu'il ne me le pardonnerait jamais. Après ça, il ne m'a plus jamais parlé. Le jour de l'accident, j'ai perdu mes deux parents mais aussi mon père d'adoption.
- Et tu n'es jamais reparti le voir ?
- A quoi bon ? Il me hait.
Je me penche au-dessus de lui. Je ne comprends pas pourquoi il doute autant. Ça ne lui ressemble pas. C'est moi qui n'est pas sûre de moi, pas Christian.
- Tu m'as dit que tout le monde a droit à une deuxième chance. Peut-être est-il temps que tu saisisses la tienne et que tu mettes les choses à plat avec lui et son fils. De toute évidence, personne ici n'est heureux de cette situation.
Christian me dévisage comme s'il se demandait si je n'étais pas folle. De longues secondes s'écoulent avant qu'il ne reprenne la parole.
- Je ne sais pas d'où tu sors autant de conviction.
Je lui souris autant que me permettent mes lèvres.
- C'est toi qui m'a inculqué ça, idiot. Se faire confiance, aller de l'avant. Tu te rappelles ?
Soudain, il me fait rouler sur le lit et se retrouve au-dessus de moi. Son magnifique sourire est de retour et fait s'envoler le poids qui pesait sur ma poitrine depuis hier.
- Qu'est-ce que je ferais sans toi ?
Il ne me laisse pas le temps de répondre et prend possession de ma bouche avec gourmandise. Je lui rends son baiser avec passion, laissant courir mes mains sur son dos musclé. Mon petit volcan personnel se réveille aussitôt. Je laisse dériver mes doigts jusqu'à ses fesses, mais c'est ce moment-là que choisit mon réveil pour sonner. Merde. Il se détache de moi avec regret, couvrant mon cou de doux baisers avant de se redresser.
- Va te préparer. Je descends à la supérette acheter de quoi te faire un petit déjeuner. J'ai fouillé tes placards hier soir et je n'ai rien trouvé à manger. Et, du coup, ce matin, je meurs de faim.
Il quitte aussitôt mon lit et je suis d'un regard avide les mouvements de son postérieur bombé tandis qu'il sort de la pièce.
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