Chapitre 8
A quelques mètres de là, j'aperçois un jardin à la végétation hétéroclite. Les mobiles nacrés me font des clins d'œil, comme pour me dire qu'ils savaient que j'allais revenir. D'accord, j'ai couru jusqu'à la maison de Christian, sans m'en rendre compte. Comment ai-je pu dévier à ce point de mon chemin habituel ? c'est carrément à l'opposé. Vraiment, je ne comprends pas. En fait, si je sais pourquoi. Je l'ai rangé dans un coin de ma tête, mais ma libido, n'en faisant toujours qu'à sa tête, a décidé qu'il était temps de me rafraîchir la mémoire. Maintenant qu'elle a repris du service, elle a décidé de mettre le paquet. D'accord, tu veux revoir l'apollon ? alors on y va. Juste un petit bonjour. Rien de plus. Histoire de le remercier d'avoir secoué la princesse endormie pour qu'elle se réveille enfin.
Je m'avance jusqu'au portillon, mais il est fermé. Je jette un coup d'œil vers l'entrée. La maison semble déserte. Je soupire de déception. Pourquoi je suis contrariée ? il s'agissait seulement de joindre l'utile à l'agréable. J'avais déjà fait tout le trajet, je pouvais bien venir le saluer. C'est justement ça le souci. Je me faisais une joie de revoir son sourire désarmant et ses jolis yeux verts. Mais il faut que je me rende à l'évidence, il n'est pas là.
Alors dépitée, je décide d'aller quand même profiter de la plage. Ici, elle n'est pas privatisée. Tout le monde peut aller s'asseoir sur le sable et se payer le luxe d'un face à face avec l'océan, sans que personne ne vienne l'emmerder. Je me glisse donc entre les deux maisons, descend le petit escalier qui mène au bord de mer.
Mes chaussures s'enfoncent, mais j'aime ça. Je finis par me poser, les écouteurs toujours vissés dans les oreilles. Mes yeux regardent au loin. Le ressac des vagues est hypnotique. Je crois que je vais rester ici quelques minutes, le temps que mon rythme cardiaque revient à la normale, et ensuite je rentre. Cette pause me fait un bien fou. Cet endroit est tellement beau, presque sauvage. Il faudra que je revienne. Ma libido a eu une bonne idée de passer aux commandes. Même si elle n'est pas satisfaite, au moins j'ai pu profiter de cette plage quasi déserte.
Je plante mes deux mains dans le sable et bascule la tête en arrière. Le soleil m'éblouit, alors je ferme les yeux et apprécie l'instant, quand soudain une main se pose sur mon épaule. Je fais un bond sur place, avant de relever un regard noir vers l'idiot qui vient de me foutre une trouille bleue. Je ravale aussitôt ma mauvaise humeur en découvrant de qui il s'agit. Ses lèvres bougent mais je n'entends rien. Non mais gourde ! Retire tes écouteurs !
- Je disais donc. Content de te revoir, Michelle. Qu'est-ce que tu fais ici ? tu es passée me voir ?
Evidemment que je voulais te voir, Dieu de l'amour. Ma libido est une sacrée garce manipulatrice et m'a ramenée jusqu'à toi.
- En fait, j'étais en train de faire mon footing.
- Ah bon ! s'étonne-t-il. C'est la première fois que je te vois dans le coin. C'est étrange parce que je donne mon cours ici tous les samedis, à la même heure.
Je regarde par-dessus son épaule pour découvrir une armée de filles en tenue moulante en train de me jeter des regards dignes d'un serial killer.
- J'ai changé d'itinéraire. D'habitude, je cours de l'autre côté de la baie. Mais aujourd'hui...
Je me suis laissé berner par ma chaudasse intérieure.
- ... je me suis dit qu'un peu de nouveauté me ferait du bien.
Son sourire s'élargit et je me sens fondre comme une glace sous le soleil de midi.
- Je suis content que tu prennes ce genre de décision. Ça veut dire que tu as eu un déclic.
Ça pour être un déclic ! C'est carrément le lâcher de chevaux. Je lui souris pour essayer de masquer mon embarras. Même si je crevais d'envie de le voir, certaines images de notre dernière rencontre sont encore bien présentes dans ma tête.
- Dis-moi, ça te dirait d'assister à mon cours de yoga. On a commencé il y a à peine dix minutes.
- Non, je ne voudrais m'incruster. Et puis je n'ai de quoi te payer. Enfin, je veux dire vous payer.
Misère ! je m'emmêle les pinceaux. Je dois le tutoyer ou le vouvoyer. Parce que lui est passé au tutoiement sans aucun souci. Mais j'avoue que ça fait bizarre de dire « tu ». C'est presque trop intime.
- C'est une invitation. Je ne te demande rien, si ce n'est de me tutoyer.
Bon, ben, ok, si ça peut lui faire plaisir. En fait, je serais prête à tout faire pour lui procurer du plaisir. Même faire du yoga toute nue. Surtout toute nue, avec lui, seuls tous les deux, sur la plage. Et après, on finira en position horizontale... non mais on calme le délire, là !
- Alors tu viens ?
- D'accord.
Ma réponse a fusé. Il faut dire que j'étais en plein pour-parler avec ma conscience, pour défendre ma libido à la langue bien trop pendue. Et cette mégère en a profité pour répondre à ma place. Et me voilà prise au piège, obligée de mater mon beau surfeur en train de se contorsionner et mettre en valeur sa musculature de rêve.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top