Chapitre 66


Je voudrais prendre sa peine, soulager son cœur meurtri. Mais je ne sais pas comment. Je voudrais tellement de choses. Je me sens impuissante, sa tête calée à quelques centimètres de mon cœur. Si seulement ce que je ressentais pour lui pouvait devenir le baume qui soulagerait ses blessures.

- Tu vois. Je ne suis pas partie, murmuré-je.

Il lâche un long soupir. Ses bras me tirent un peu plus à lui.

- Je ne comprends pas pourquoi.

Je me mords la lèvre. Mon cœur s'emballe. Il n'y a pas de moment idéal pour dire ce genre de choses. Alors autant que je le fasse maintenant.

- Parce que je tiens à toi.

Il ne bouge pas. Je retiens mon souffle. C'est à mon tour d'avoir peur de ce qui va se passer. Je suis suspendue à ses lèvres, impatiente de savoir ce qu'il va me dire. J'ai l'impression de jouer ma vie entière sur ces quelques mots.

- Je ne le mérite pas.

Mon cœur rate un battement. D'une voix tremblante, je poursuis.

- Tu en vaux la peine.

Il relève la tête et son regard me cloue sur place.

- J'ai déjà bousillé une vie. Je ne veux pas faire la même chose avec toi.

Il me compare à Caitlyn ? Tient-il à moi autant qu'il tenait à elle ? je me sens fébrile à cette idée.

- Il n'y a pas de raisons que les choses se déroulent de la même manière.

- Pourtant, c'est le cas, réplique-t-il, en fronçant les sourcils. A cause de Jared, à cause de moi, tu as failli...

Christian se racle la gorge et baisse les yeux.

- Je tiens énormément à toi, continue-t-il d'une voix plus douce. Je ne m'en serais jamais remis de te perdre toi aussi.

Cette fois, je ne rêve pas. Il l'a dit de manière limpide. Pourtant je suis tétanisée. J'ai peur de me prendre un revers.

- Comment ça ? Tu veux dire comme à une amie ?

Je me sens idiote de demander ça. Mais trop de signaux contraires m'embrouillent et je n'arrive plus à réfléchir correctement. Un sourire timide étire ses lèvres.

- Je tiens à toi bien plus qu'il ne le faudrait.

Je me sens fondre de ses bras. Mon cœur n'est plus qu'une flaque à mes pieds.

- J'ai essayé de m'en persuader du contraire, en me disant que ce serait mieux pour toi. J'ai voulu croire qu'être amis était la solution pour te garder près de moi, sans trop t'impliquer. Quand tu m'as proposé cet... arrangement, j'ai sauté sur l'occasion d'assouvir mon besoin égoïste. Mais plus je te côtoie, plus je me rends compte que je me voilais la face.

Il relève les yeux vers moi et affiche un sourire en coin.

- Jared a toujours été plus perspicace que moi à ce sujet. Il sait très vite repérer les filles dont je tombe amoureux.

Mes yeux s'écarquillent et je me jette sur sa bouche. Je l'emprisonne de mes bras, cherche désespérément son contact. J'ai envie de le couvrir de baisers, de le toucher partout. Je le veux, lui, tout entier, le passé, comme le présent. Qu'il me le donne, je le prends sans rechigner et sans en avoir peur. Soudain, l'évidence me percute.

- C'est pour ça que tu m'as évité toute cette semaine ? A cause de Jared, pour qu'il me fiche la paix ?

Je n'attends pas sa réponse car je sais que c'est pour ça. Je repars à l'assaut de sa bouche. Je suis déchainée. Mes émotions explosent. Je me sens libérée d'un poids. Cette crainte qui me tenaillait les tripes s'est envolée. Il m'aime. Bordel, il m'aime.

Je suis si empressée que je finis par nous déséquilibrer. Christian tente de se rattraper mais nous finissons étaler sur le lit, moi au-dessus de lui.

L'avantage quand on se réveille le matin, c'est qu'il n'y a pas grand-chose à retirer pour passer au corps-à-corps endiablé. Et vu l'état d'euphorie dans lequel je suis, il ne pouvait pas en être autrement. Christian me laisse parcourir à loisir son corps doré par le soleil. Je me délecte de son goût salé, de son odeur marine. Comment fait-il pour sentir aussi bon de bon matin ?

- Si j'avais su que ça t'aurait fait cet effet-là, je t'aurais tout avouer bien avant, se moque-t-il tandis que ses mains pressent mes fesses avec envie.

Je le fusille du regard. D'accord, je suis folle de joie qu'il m'ait dit ça, mais je n'oublie pas qu'il m'en a fait voir de toutes les couleurs. Alors, j'ai bien l'intention de prendre une petite vengeance. Je plaque mes mains sur son torse, enserre son bassin de mes genoux et commence à onduler. Sa réaction est immédiate. Son corps se tend, sa mâchoire se crispe et ses yeux virent au vert profond. Je réprime un sourire en pensant à ce que je vais faire. Mes mouvements s'accentuent et produisent l'effet escompté. La main de Christian remonte sous mon tee-shirt mais je le stoppe et attrape son poignet.

Lentement, je la ramène à ma bouche, entrouvre mes lèvres et glisse son pouce à l'intérieur. Mes yeux ne le lâchent pas, se délectant de ses réactions. Lentement, j'enroule ma langue autour et le suçote avec appétit. Jusqu'à présent, c'est lui qui me faisait perdre la tête. J'ai envie d'inverser les rôles et lui faire perdre la raison. Sa respiration s'accélère, ses doigts s'enfoncent dans ma hanche. Je continue de lui lécher le pouce, tout en ondulant. Mes paupières sont mi-closes, juste assez pour le voir fermer les siennes. Il essaie de me faire basculer mais je l'en empêche en pressant ma main sur son torse.

- A quoi tu joues ? demande-t-il d'une voix rauque.

- A rien. Pourquoi ?

J'ai presque envie de rigoler en voyant son air renfrogné. Tout à coup, la sonnerie de l'entrée retentit. Je me fige un instant, puis reprend ma torture. On sonne une nouvelle fois. Christian essaie de te lever, mais je le repousse.

- Tu attends quelqu'un ?

- Non, mais...

- Dans ce cas, ça peut attendre. Qui que ce soit, on a mieux à faire, le coupé-je, un sourire machiavélique sur les lèvres.

Avant qu'il ne tente une nouvelle percée, je fais passer mon tee-shirt par-dessus la tête. Ses yeux dévient instantanément sur ma poitrine. Je m'appuie sur la sienne pour mieux bouger. Christian esquisse un sourire.

- Je ne savais pas que tu étais une vraie petite diablesse.

Je souris à mon tour, fière de l'audace dont je fais preuve. Avec lui, c'est facile. Il a su me mettre en confiance et j'ai envie de me dévoiler, tel que j'aimerais être tout le temps. Mon regard dévie vers la fenêtre et mon sourires'efface d'un coup. Précipitamment, je me relève, m'emmêle les pieds avec les siens et me retrouve le cul par terre. Bordel de merde ! Mais qu'est-ce qu'elle fout à la fenêtre à nous mater comme ça ?    

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