Chapitre 64
Je ne dors plus, mais je ne veux pas bouger. Je ne sais pas si je rêve ou si c'est vrai. Juste au cas où, je préfère rester comme je suis. Blottie contre son torse, l'oreille sur son cœur, l'écoutant battre, régulier, apaisant. J'ose à peine respirer de peur que mon souffle le fasse frissonner et le réveille. Son bras me maintient contre lui. Mes yeux parcourent son corps dénudé. Le drap me cache le bas. Est-il complètement nu ? porte-t-il un caleçon ? je sais, à coup sûr, qu'il n'a pas de pantalon. Je sens sa peau contre la mienne.
Je ne porte plus ma robe. Il m'a enfilé un de ses tee-shirts. Son odeur emplit mes narines et me fait chavirer. Je me sens si bien que ça en est presque irréelle après la nuit que je viens de vivre. J'ai envie de le caresser, de poser mes lèvres sur ses côtes qui se soulèvent régulièrement. Si le temps pouvait se suspendre – juste un petit peu – qu'on me laisse profiter de ce moment parfait.
J'incline légèrement la tête pour contempler son visage et rencontre son regard vert d'eau. Un sourire nait sur ses lèvres.
- Bonjour, murmure-t-il.
Ma voix reste bloquée dans ma gorge. Si je parle, tout ça va disparaitre, s'évanouir dans le nuage cotonneux de mes rêves. Son pouce vient caresser doucement ma pommette. Comme je disais, parfait, bien trop parfait. La chute va être rude quand la réalité va me rattraper. Il continue à m'observer, sans rien ajouter. Juste son regard plongé dans le mien. Mes yeux parcourent les stigmates que ma mésaventure a laissés sur lui. Un goût de bile remonte dans ma bouche.
Je décide de rompre le charme avant de ne plus pouvoir le faire. Je me redresse doucement, m'arrachant à mon havre de paix. Le drap glisse et découvre le reste de son corps. Je ne peux m'empêcher de couler un regard vers lui. Mon cœur accélère. Mon désir se réveille en admirant son ventre si tentant. Je m'oblige à regarder ailleurs. J'ai déjà cédé hier soir. Un coup de folie, un acte irréfléchi qui risque de me coûter cher, mais une étreinte dont j'avais foutrement besoin. Je ramène mes genoux contre ma poitrine. Un frisson dévale dans mon dos.
Christian se relève lui aussi. Il a dû me voir trembler. Il se déplace dans le lit pour se positionner face à moi. Assis en tailleur, il me dévisage de ses yeux si perturbants. Je baisse la tête pour lui échapper.
- Tu veux qu'on parle ?
Je voudrais secouer la tête pour lui répondre par la négative, mais je sais que repousser n'est pas la solution. Je dois vider mon sac. J'ai besoin qu'il en fasse autant.
- Seulement si tu le fais aussi.
Un silence s'en suit. Evidemment, il hésite. J'espère juste qu'il le fera quand même. Il me le doit bien.
- J'ai besoin de la vérité, Christian.
- Très bien.
Je soupire de soulagement. Je vais enfin pouvoir comprendre. Ça va être difficile, mais salutaire pour nous deux.
- Que veux-tu savoir ? m'aventuré-je.
- Est-ce qu'il t'a touché ?
Mon cœur se serre. La nausée me prend.
- Non. Tu es arrivé à temps.
Je prends une grande inspiration pour calmer mon rythme cardiaque.
- Comment as-tu su que j'étais là ?
- James m'a appelé.
- Tu es fâché contre moi ?
J'ose lever les yeux vers lui. Son visage est dur. Ses coudes sont posés sur ses genoux et ses yeux perdus dans un coin de la pièce.
- Hier soir je l'étais, mais quand j'ai vu dans quel état tu étais...
Il marque une pause lourde de sens. Mon cœur se réjouit en se disant qu'il tient à moi, assez pour que ma détresse le bouleverse et efface sa colère.
- Je t'avais dit de ne pas t'approcher de lui, continue-t-il. Il est dangereux. Ça me fout en l'air qu'il ait pu te faire du mal.
- Je vais bien.
Mon ton est calme, même si intérieurement c'est un ouragan.
- Qu'est-ce qu'il y a entre vous ? Pourquoi t'en veut-il autant ?
Christian bascule la tête en arrière et soupire bruyamment.
- Jared est un mec compliqué. On a été amis. De vrais. Mais Il a ce besoin de toujours être le meilleur. Sur tous les plans. Et au fil des années, il est devenu de plus en plus excessif. Dès que je parlais d'une fille, il s'empressait de la draguer et de coucher avec elle. Juste pour le plaisir de dire qu'il était plus fort que moi. Au départ, je trouvais ça marrant. On se faisait notre tableau de chasse. On était toujours au coude à coude. Enfin tu vois... on en a déjà parlé.
Un nouveau silence. J'ai l'impression qu'il doit s'arracher les mots de la bouche. Je comprends. Il y a des choses dont on n'est pas fier et les avouer c'est reconnaitre ses faiblesses et ses erreurs.
- Pourquoi es-tu parti le voir ce soir ?
J'avale ma salive avec difficulté. A mon tour de parler de mes secrets.
- Tu ne voulais pas me parler. Tu m'as ignorée pendant toute la semaine. Je voulais savoir pourquoi.
- Et c'est à lui que tu as posé la question ? Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? s'agace-t-il.
Je prends sur moi. Forcément, le ton aurait fini par monter. J'ai merdé. A vouloir déterrer ses secrets, j'ai failli me brûler les ailes. Il est sûrement déçu par mon attitude.
- Comme tu ne me répondais plus, je me suis dit que... Il m'avait dit que si tu ne voulais pas, lui serait prêt à tout déballer. A aucun moment, je me suis douté...
Ma gorge se serre. Bordel, j'y ai échappé de peu. Si Christian n'était pas arrivé, Dieu sait ce qu'il se serait passé.
- Pourquoi est-il si difficile à comprendre qu'il y a des parties de ma vie dont je ne veux pas te parler ? J'ai été un pauvre connard. J'ai fait beaucoup de mal autour de moi. Tu crois vraiment que j'ai envie que tu me voies de cette manière ?
Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Les mots brûlent ma langue. Si je n'en parle pas maintenant, je n'oserais jamais le faire. Il faut que je sache si Jared disait vrai.
- Maxine est la sœur de Jared ?
Il relève la tête vers moi, étonné.
- Il t'a parlé de ça ?
- Oui.
Il me dévisage un instant, avant de plonger son regard dans le vide.
- C'est bien sa sœur. Et oui, on a couché ensemble. Mais c'était il y a très longtemps.Quand j'étais au fond du trou, juste après le décès de mes parents.
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