Chapitre 3
L'intérieur de la maison est cosy. La porte d'entrée donne sur un salon tout simple, composé de deux canapés sur lesquels sont jetés des plaids écrus et d'une table basse. Plus loin, je devine une cuisine américaine et au fond, une immense baie qui laisse entrer la lumière éblouissante d'une fin d'après-midi californien. La décoration est aussi éclectique à l'intérieur qu'à l'extérieur. Beaucoup de babioles diverses et variées. Statues de dieux indiens, tentures bouddhistes, porte-encens. On sent bien le côté hippie. Intérieurement, je croise les doigts pour que ce ne soit pas le genre de mec vivant dans un nuage permanent de cannabis. En tous cas, je n'en sens pas l'odeur. Ça doit être un bon signe.
- Vous aimez ?
Je me retourne vers lui. De quoi parle-t-il ? De lui ou de la maison ? Je n'ose pas répondre à la première option donc je choisis la deuxième.
- C'est sympa.
- Tant mieux. Il est important que vous vous y sentiez à l'aise pour la suite.
Tout ce que tu veux, du moment qu'on soit dans la même pièce tous les deux.
- Mais avant tout, je vais vous demander de retirer vos chaussures. A l'intérieur, on est pieds nus.
Et là c'est la douche froide. Pieds nus ! Oh mon dieu ! Mais il ne se rend pas compte. J'ai passé la journée avec ces chaussures. Mes pieds vont sentir le fromage laissé au fond du frigo pendant trois mois. Hors de question de me payer la honte de ma vie devant un mec aussi mignon. Je ne m'en remettrai jamais. Je me dandine sur place, ne savant pas quoi faire pour me sortir de ce guêpier. Le dieu vivant hausse les sourcils devant mon manque de coopération, puis croise les bras sur sa poitrine.
- Si vous voulez vous rafraîchir, ma salle de bains est sur la droite.
Je lui affiche un grand sourire de dinde effarouchée, et retire à la hâte mes chaussures. Je file en quatrième vitesse dans la salle d'eau, m'enferme et retire mes chaussettes. Bonté divine ! J'ai bien fait de le faire ici. On dirait qu'on a laissé pourrir un rat mort dans le faux plafond. Il faut vite que je trouve quelque chose pour retirer cette odeur immonde de mes pieds. Un coup d'œil rapide et je repère le savon. Je m'astique tant bien que mal les fromages qui me servent de pieds. Au moins, maintenant, je ne sens plus le bac à ordures. Le seul problème, c'est que je sens le mâle dans sa quintessence maintenant. Je sens comme lui, quoi. En tout cas, c'est mieux que tout à l'heure. Je me shoote une dernière fois au savon de Mr bombe sexuelle avant de retourner dans le salon.
Il est assis sur un des canapés et tourne la tête dès que je rentre. Je me sens un peu prise sur le fait, comme si j'avais commis un crime impardonnable. Je le rejoins, un peu crispée, et jette, à la va-vite, mes chaussettes fautives dans l'entrée, avant de m'asseoir sur l'autre canapé.
- Je vous ai servi un verre d'eau. Je me suis dit qu'il faisait tellement chaud aujourd'hui que cela vous ferait peut-être du bien.
Bon dieu, même sa voix est un appel à la luxure. Sensuelle, grave. S'il parle de cette manière pendant toute la séance, je ne donne pas chère de ma petite culotte.
- Non merci.
Ma voix se transforme en un couinement de souris. Merde, je crois qu'il me fait plus d'effet que je croyais.
- En fin de compte, je crois que je vais boire un peu.
L'apollon me gratifie d'un sourire merveilleux et je réprime avec difficulté un soupir d'extase. Tandis que je sirote mon verre d'eau, j'en profite pour le détailler. Ses cheveux blonds ondulés lui donnent un look de surfeur qui émerge à peine de l'eau ou d'une nuit torride de sexe débridé. J'avoue que la deuxième option me plait davantage. Ses yeux verts sont un piège à filles incontestable. Impossible d'en décrocher. Je parie qu'il doit en voir des filles amourachées passer dans son cabinet. Enfin, si on peut appeler sa maison un cabinet. C'est vraiment un drôle de lieu pour faire une thérapie.
- Je suppose que vous avez lu toutes les informations sur le site avant de prendre rendez-vous.
- En fait, ce n'est pas moi qui est pris rendez-vous, c'est Jo. Enfin, Josie, ma meilleure amie.
Il semble surpris par mon aveu. Et même un peu ennuyé. Merde, j'espère qu'il ne va pas annuler la séance.
- Mais vous savez en quoi consiste la thérapie, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête vigoureusement. Même si c'est un mensonge, je ne peux pas laisser passer une chance pareille.
- Bien, dans ce cas, dites-moi pourquoi vous êtes venues me voir. A part le fait que votre amie vous ait inscrite.
Je fais une grimace, tout en faisant rouler le verre entre mes mains. Je ne peux décemment pas lui avouer que je suis en train de me transformer en vieille fille à 24 ans. C'est tellement pathétique.
- Je pense que Josie en a marre de mon manque de sociabilité. C'est une fille très extravertie. Tout mon contraire.
- J'avais remarqué qu'elle était très expansive, dit-il en riant. Je me demandais d'ailleurs pourquoi elle avait besoin de mes services.
Pour sa meilleure amie, qui est une indécrottable casanière et une célibataire pathologique, sûrement.
- Mais vous ne devriez pas être aussi négative envers vous-même. Chacun a des qualités qui lui sont propres. A vous de les mettre en valeur.
Je manque de m'étouffer en avalant de travers. Il vient de se pencher, laissant apparaitre sa musculature dorée par le col de son tee-shirt vert d'eau. A son cou, se balance un collier de perles bouddhiste et j'ai une soudaine envie de venir lécher ces petites perles de bois. Je secoue la tête. Bon sang, Michelle, on se calme un peu. T'es vraiment en manque pour avoir envie de suçoter un collier.
- Je comprends pourquoi votre amie a fait appel à moi. Mais je pense qu'il faudra y aller par étapes. Une chose à la fois et quand je vous sentirai prête, je vous demanderai si vous voulez passer à la suivante. Ça vous va ?
J'opine du chef, tout en avalant une nouvelle gorgée d'eau pour essayer de calmer ma libido qui a décidé de se réveiller.
- Si vous êtes d'accord, nous pouvons commencer, dit-il en se levant.
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