Chapitre 102
Les jours défilent et je suis toujours sur des charbons ardents. Au travail, je suis submergée. Mademoiselle Madden semble m'en vouloir pour une raison quelconque. Est-ce à cause de Jared ou du fait que je réussisse à gérer le chantier et mon travail à l'agence ? En tout état de cause, elle ne me lâche pas d'une semelle. Heureusement que Max me donne un coup de main pour les dossiers urgents.
Quant à mon patron pour encore deux semaines, je crois qu'il devient bien trop sûr de lui. Je pense qu'il a pris ma tête de trois mètres de long pour un encouragement. Ce n'est pas du fait de Christian mais bien de cette situation foireuse que je suis dans cet état. Mais il ne s'en rend pas compte. Il pense à tort qu'il a réussi à me troubler avec sa demande peu conventionnelle.
Depuis il ne cesse de me provoquer, tantôt me frôlant, tantôt me faisant de grands sourires pour tenter de me charmer. Mais j'ai beau faire, je n'arrive pas à me détendre et à faire semblant de l'apprécier. Ne serait-ce qu'un petit peu. Pourtant, ça ne le décourage pas. Il faut dire que je suis sur ce mode depuis qu'on s'est rencontré.
J'accueille cette journée de samedi avec un grand soulagement. Je me suis même réveillée en pleine forme, prête à enfiler mes baskets avant d'aller suivre le cours de yoga de l'homme à qui appartient mon cœur. Mon sac bien fixé sur le dos, j'entame donc mon footing hebdomadaire. Je suis pressée de voir Christian. Ces quelques moments partagés à la va-vite à la salle de sport ne me suffisent pas. Je veux passer un moment avec lui aujourd'hui. Même si ça risque de mettre en péril tout ce qu'on a fait jusqu'aujourd'hui.
Tandis que je trouve mon rythme, je me rends compte qu'une voiture me suit. Elle roule bien trop lentement pour ne pas attirer mon attention. Un coup d'œil sur la carrosserie d'une voiture à côté de laquelle je passe me confirme mon intuition. Sûrement le détective que Jared a mis sur mon dos. Ça me fait quand même un peu flipper. Et si c'était autre chose ? Et si c'était Fierro qui me faisait suivre ?
J'augmente mes foulées. Plus vite je serais à la plage, plus vite je me sentirais en sécurité. Ça y est, je commence à me faire des films. On se croirait dans une série policière. Calme ton imagination, Michelle. Tu n'es rien pour ce mec-là. Tout juste une fille qu'il aimerait se taper. Je frissonne en me rappelant le regard intéressé qu'il m'a lancé ce jour-là. Je ravale mon stress et continue comme si de rien n'était. Quand j'arrive enfin à l'endroit où se déroule le cours, je suis bien en avance. Je décide donc d'aller directement chez lui. A peine ai-je frappé à la porte qu'il m'ouvre, surpris.
- Michelle ?
- Salut.
J'ai envie de lui sauter dessus, mais je m'abstiens. Si jamais on nous regarde, j'aimerais autant que notre prise de distance reste crédible.
- Je peux entrer ?
- Oui, bien sûr.
Il s'efface aussitôt. La porte se referme derrière moi et je me sens plus détendue en me retrouvant enfin avec lui. Enfin, jusqu'à ce que je sente cette odeur caractéristique, celle de l'encens. Je me crispe instantanément.
- Tu n'es pas seul, c'est ça ?
- Si. Pourquoi ?
Christian m'oblige à faire volte-face et plonge son regard inquiet dans le mien.
- Qu'est-ce qu'il y a, Michelle ? Tu es tendue.
- C'est...
Suis-je prête à entamer cette conversation avec lui ? Les choses sont déjà bien compliquées.
- Mon ange, il y a encore un problème ? C'est Jared, il a tenté quelque chose, c'est ça ?
- Non, c'est bon. Il est un peu collant, mais rien de grave.
Je mens à moitié, mais inutile de rajouter de l'huile sur le feu.
- Alors c'est Fierro. Il a des doutes ?
- Mais non !
Je me dégage, agacée. De toute évidence, je vais devoir mettre les pieds dans le plat.
- C'est... tes thérapies. Je... ça me dérange un peu que tu passes du temps avec d'autres femmes et que tu fasses... ce que tu fais avec... elles.
Je vois ses épaules s'affaisser. Bon sang, je n'avais vraiment pas besoin de ça. Il se laisse tomber sur un fauteuil et soupire.
- Si ce n'est que ça, alors ça va.
Je fronce les sourcils. A-t-il bien écouté ce que je viens de dire ? Je suis en train de lui expliquer que ça me fout les boules qu'il tripote d'autres filles sous couvert de ses thérapies. Bon, d'accord, je sais que ce n'est pas intéressé et que c'est même efficace. Mais il n'empêche que ça me met la rage.
- Ce n'est pas juste ça. Ça me dérange réellement, Christian. J'ai l'impression que tu... me trompes avec elles.
- Te tromper ? rigole-t-il. Jamais de la vie, mon ange. Plutôt mourir. Tu es la seule et je l'espère bien pour un bon petit moment. Tant que tu voudras de moi.
Sa déclaration me ferait presque fondre si je n'avais pas ce poids sur l'estomac qui refuse de partir.
- Je veux de toi, aussi longtemps que tu m'accepteras. Mais...
- Mais les thérapies, c'est trop te demander, c'est ça ?
Je hoche de la tête, tout en m'installant en face de lui.
- Je sais que ça fait fille jalouse et pathétique mais je n'y peux rien. Ça me ronge de l'intérieur rien que de t'imaginer avec...
Un frisson me prend et mon corps tremble. Christian vient aussitôt s'installer à mes côtés et m'oblige à venir m'asseoir sur ses genoux. Ses bras forts me maintiennent contre son torse et je m'abandonne à ce câlin salvateur.
- Si c'est si difficile pour toi, je vais tout arrêter.
- Oui, mais pour l'argent ?
- Ne t'inquiète pas pour ça. Mes parents m'en ont légué assez pour survivre un bon moment. Et puis, ce sera l'occasion de changer certaines de mes habitudes. Je devrais peut-être tenter une reconversion. Tu aurais une idée à me suggérer ?
Je me niche un peu plus profondément dans son cou. Bon sang, ce que ça fait du bien !
- Si je m'écoutais, je t'enfermerais ici jusqu'à la fin des temps, pour être la seule à pouvoir profiter de toi.
- Je vois... donc ce que tu envisages pour moi, c'est une carrière d'homme de foyer, et de surcroît objet sexuel de mademoiselle.
Je lui donne une claque sur la poitrine qui lui provoque un rire tonitruant. Ses yeux rieurs gonflent mon cœur de joie. Un peu de légèreté, c'est ce qui me manquait ces derniers jours. En guise de réponse, j'écrase mes lèvres sur les siennes pour le faire taire. Il ne s'en plaint pas et en profite pour glisser ses doigts dans mes cheveux. Notre baiser se fait plus profond, plus avide. Nos mains explorent chaque parcelle de nos corps assoiffés. Tout à coup, Christian se lève, m'entrainant avec lui. Accrochée à son cou, les jambes enroulées autour de sa taille, je le laisse me conduire où bon lui semble.
- Je crois qu'une petite douche s'impose. Même si j'aime ton odeur et le goût de ta peau, nous décrasser un peu avant le cours ne nous fera pas de mal. Et puis, rien ne nous empêche de profiter de ce passage sous l'eau pour faire d'autres choses que se laver. J'ai d'ailleurs un excellent souvenir de toi et moi dans cette pièce.
Je n'ai pas le temps de répliquer qu'il reprend possession de ma bouche.
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