CHAPITRE 2 - ELLE

PARTIE 02 - ELLE

Allez ma grande ! Ne te décourages pas ! Crois en toi ! Tu peux le faire.

Je pousse la porte du bâtiment administratif en prenant une grande inspiration. Le secrétariat est bondé de monde. Je sens que je vais en avoir pour des heures. Mais maintenant que je suis là, je ne me dégonfle pas. Je n'ai pas le droit.

Je marche jusqu'à la file d'attente et m'arrête derrière une petite brune dont ses cheveux tombent en cascade jusqu'au milieu de son dos. Je tuerai pour avoir ses cheveux. Ils ont l'air doux, trop doux. J'ai envie de plonger mes doigts dedans pour vérifier mes pensées.

Une personne quitte le comptoir et j'avance d'un pas. Plus que quatre personnes et c'est mon tour. Sauf que d'ici que ce soit mon tour, mes jambes auront trouvées trente occasions de filer et de sortir de ce bâtiment.

Reprendre mes études. Mon Dieu, quelle idée j'ai eu. Je n'aurais pas pu faire comme toutes ses connes qui viennent de sortir d'une histoire d'amour et qui se réconfortent en changeant leur garde robe ?

Bon, il faut dire que j'y songeais depuis des mois, quelques années même. J'aime mon boulot d'infirmière mais avoir arrêté mes études sur un coup de tête il y a quelques années a été l'erreur de ma vie. La plus grosse du moins. Et je ne parle pas sentimentalement parlant. Sur ce point, je n'ai fait que des erreurs. À vingt six ans, j'ai l'impression que ma vie est une succession de mauvais choix.

Alors après dix jours à me morfondre au fond de ma couette, à câliner la seule qui me sera toujours fidèle, c'est à dire ma petite chienne, et à bouffer conneries sur conneries, j'ai eu un déclic en regardant un film romantique bien fifille. Je devais reprendre ma vie en main.

J'ai fait une check-list de tout ce que j'ai regretté en commençant bien sûr par mes relations amoureuses. Après un décompte plutôt rapide, j'en suis venue au fait que les hommes, c'est fini ! Pour l'instant du moins. Décision que j'ai faite après le malheureux constat que sur huit hommes, six m'ont trompé. Aie, le bilan fait mal.

Je dois arrêter de me reposer sur mes lauriers et ma vie doit être différente.

Mon plan est simple.

• Ne plus se prendre la tête pour de la merde.
• Déménager au plus vite et de préférence le plus loin de celle qui est censé être ma meilleure amie.
• Saisir toutes les opportunités en pensant à moi, rien qu'à moi. C'est moi qui dit "qui","quand" et "où".
• Reprendre mes études afin de réaliser mon rêve.

Voici mes quatre nouveaux principes. Finie la petite copine super gentille qui dit oui à tout ! Je suis une nouvelle femme, celle que tout le monde verra autrement que comme une bonne poire qui prend toutes les gardes de ses collègues sans avoir un merci en retour.

La fille devant moi se retourne et je fronce les sourcils en même temps qu'elle. Nos regards s'accrochent et son visage d'ange me dit quelque chose. Je l'ai déjà vu quelque part mais je ne me souviens plus d'où. Elle aussi semble me reconnaître.

Elle finit par étirer ses lèvres. Elle est sur le point de me rappeler où nous nous sommes déjà croisées.

- Tu ne serais pas infirmière ? me demande-t-elle en inclinant légèrement la tête et en gardant son beau sourire.

Bien sûr ! À l'hôpital ! En même temps, j'y passe plus de temps que dans mon appartement. Surtout ces temps-ci.

- Oui, tout à fait, je réponds.

Il me semble qu'elle vient d'avoir un petit bébé. Une fille de mémoire.

- Je suis Selena. Tu t'es occupée de moi après mon accouchement.
- Comment va ta petite fille ?

Elle affiche un sourire digne d'une mère complètement gaga. Elle sort son téléphone de son sac à main qui doit coûter aussi cher que tout ce que je possède. Elle doit être riche.

Elle relève son téléphone où je vois deux adorables bambins.

- Léana a deux mois maintenant. Elle est si sage et si mignonne. Là, c'est Sam, mon fils. Il a six ans.
- Ils sont mignons, je souffle.

Je rêve d'avoir des enfants. J'adore les gosses et la naissance d'un bébé est si magique. J'ai déjà assisté plusieurs accouchements et ce que je préfère le plus, ce sont les expressions des parents quand ils rencontrent leurs enfants pour la toute première fois. La surprise, la joie, l'amour. Parfois, on voit de la peur. Certains ont la crainte de ne pas réussir mais dans ces cas là, j'aime les rassurer. C'est le rôle d'une sage femme aussi.

La file s'amenuise un peu plus quand un jeune homme quitte le comptoir de l'administration.

- Tu es inscrite en quoi ? me demande-t-elle.

C'est dingue comment discuter avec elle semble si naturel. Je lui souris.

- Pour l'instant, en rien. Je suis venue pour m'inscrire.
- C'est génial. J'ai repris mes études l'an dernier mais bon, avec Léana, j'ai dû les mettre de côté quelques mois. Là, je viens pour régler mon prochain semestre et je compte m'inscrire pour suivre les cours.
- Tu suivais tes cours à domicile ?
- Oui mais entre Léana et Sam, j'ai l'impression de ne plus avoir le temps à la maison. Alors, avec Ben, mon mari, on a décidé que je devais affronter les amphithéâtre et les jeunes étudiants pour que je sépare bien ma vie de maman et ma vie "professionnelle".

Elle mime les guillemets avec ses doigts. Elle est marrante. Je l'avais déjà trouvé agréable pendant son séjour à l'hôpital.

- Oui, je comprends. Ça ne doit pas être facile de concilier les deux.

Elle hoche la tête puis me sourit.

- Et toi ? Ça ira pour toi de travailler et reprendre les cours ? me demande-t-elle.

Je crois que c'est bien la première fois qu'on se soucie de moi et qu'on me demande si ça va aller pour moi.

- Oui, ça va être dur mais je veux vraiment préparer mon diplôme de sage femme.
- C'est cool. Je suis sûre que tu y arrivera. Tu es faite pour ça.

Une nouvelle personne quitte la file. La prochaine, c'est Selena.

- Tu ne m'as pas dit en quoi tu étais inscrite ? Je demande.
- Oh ! En psychologie.

Je souris. Je la connais depuis dix minutes que je trouve sa réponse évidente. Elle est si ouverte, si agréable et s'intéresse aux gens. Je la vois tout à fait dans ce domaine, même si elle conviendrait tout à fait à un métier dans l'esthétique ou dans la mode.

Cette fille sait s'habiller et se mettre en valeur, il n'y a pas de doute. Je dois ressembler à une fermière à ses côtés.

- C'est cool. Et tu as une idée de carrière ?
- Pas encore. Je réfléchis toujours. Mon fils dit que je devrais rester Maman et Ben m'encourage à faire ce qu'il me plaira.

Elle en a de la chance. Plus d'un mec se fout de la carrière de sa nana ou pire encore, ne la soutient pas.

- Tu as encore le temps d'y réfléchir de toute façon. Oh ! C'est à ton tour.

Elle se retourne rapidement avant de reporter son attention sur moi. Elle me sourit.

- Merci... euh...
- Aalya, je dis.

C'est vrai que je ne me suis pas présentée à elle. Quelle truffe !

- Enchantée, dit-elle. Bon, j'espère te recroisé un jour sur le campus, dit-elle.

Je lui souris. Oui, ça pourrait être sympa. Cette fille est vraiment gentille. Elle se retourne et je l'observe extirper un dossier de son sac à main. Elle sort également un chéquier. Elle papote avec la secrétaire, la fait rire. Elle est vraiment cool.

J'aimerais être comme elle. Avoir son assurance. Je suis sûre que cette fille n'a jamais manqué de rien et doit filer le parfait amour avec son Ben et sa petite famille.

Je secoue la tête. Ça se trouve, cette fille a autant galéré que moi avant de trouver son âme sœur. Peut être a-t-elle était trompée elle aussi, à plusieurs surprises, retirant petit à petit la confiance aux hommes ?

Elle remercie la secrétaire, la salue puis se retourne. Nous échangeons un petit sourire et elle pose alors sa main sur mon bras.

- À bientôt, j'espère.

Je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle passe la porte. Oui, je l'espère aussi.

***

Ma soeur se laisse tomber sur la banquette face à moi en déposant deux verres sur la table. Elle souffle d'agacement. Je sais que je la saoule, ça se voit à sa tronche.

Je suis pathétique ! Tout mon dynamisme et mes bonnes résolutions se sont envolées à la minute où je suis rentrée chez moi.

Chez moi, c'est un bien grand mot. Je dois déménager au plus vite. Cette situation me ruine le moral depuis quinze jours et quand je les ai croisés tout à l'heure, j'ai tourné les talons rapidement. Je ne veux plus les voir. Ni lui, ni elle. Et encore moins elle.

- Bon, ton mec t'a trompé, tu n'es pas la première et tu ne seras pas la dernière.

J'hausse les épaules. C'est sûr. Je devrais être habituée depuis le temps.

- Tu avais couché avec lui ?

Je secoue la tête. Bien sûr que non. Je n'ai pas couché avec Justin. Je sais que les mecs, une fois qu'ils ont ce qu'ils désirent, ils ont la mauvaise manie d'aller voir si l'herbe est plus verte dans le pré d'à côté, sans mauvais jeu de mots.

- Tu étais amoureuse ?

J'hausse les épaules.

- Non, pas vraiment. J'étais attachée, c'est sûr, sinon je n'aurais pas été si affectée à sa tromperie, je réponds.
- Mouais, tu étais amoureuse quoi !

Justin semblait être le mec idéal. Mais en réalité, il est comme tous les autres. Tous les mecs que j'ai eu m'ont trompés avant que je n'ai eu le temps d'avoir de réels sentiments.

Ma soeur me regarde, complètement navrée pour moi. Autant nous nous ressemblons comme deux gouttes d'eau, autant nous sommes complètement différente. Ça se voit rien que dans le style vestimentaire.

Ellya est le genre de filles à s'habiller super court, avec des décolletés plongeants jusqu'au nombril et des jupes scandaleusement courtes. Elle n'a aucun complexe, s'éclate avec plusieurs mecs par semaine, parfois par soir, ou avec plusieurs en même temps. Elle croque la vie à pleine dents, se fout de ce qu'on pense d'elle. Je suis bien pâle à ses côtés. Invisible même, quand nous sommes ensemble.

La preuve en est encore dans ce bar. Tous les regards sont braqués vers elle et elle en joue. Elle sait qu'elle plaît alors que moi, je me tasserais presque sur ma banquette. Je ne suis pas timide, loin de là, c'est juste que je manque parfois de confiance en moi. Surtout à côté d'elle et surtout avec les mecs. Ellya est tout simplement la soeur dominante. Elle décide de tout, me sermonne. On s'adore par-dessus tout. Elle est la seule chose que j'ai, je suis la seule chose qu'elle possède. On a rien d'autre. C'est juste elle et moi. Et ça depuis nos huit ans.

- Et pourquoi ? me demande ma soeur, surprise.

Elle est surprise mais je le suis encore plus. Cette question venant d'elle est inattendue.

- Pourquoi je n'ai pas couché avec Justin ?
- Non, pourquoi le ciel est bleu ? T'es conne ou quoi ?! Tu n'es pas sensée être la soeur surdouée ?

Je souris. C'est vrai que ma question était un tantinet con.

- Alors ? Pourquoi ?

J'hausse encore les épaules. Merde, tout à l'heure à l'université, j'étais sûre de moi, motivée et là, devant ma soeur, je me trouve conne.

- Bah. Il en avait envie mais..., je murmure.
- Mais quoi ?
- Tu sais que je préfère coucher quand j'ai des sentiments et...

Ellya lève les yeux au ciel. Je sais, je suis navrante. Car oui, sur mes huit dernières relations, je n'ai couché qu'avec trois mecs.

Trois ! Waouh ! Quel beau palmarès ! Trois mecs alors que j'ai presque vingt six ans... Je suis pathétique

- Tu t'emmerde bien avec ces conneries de sentiments, bordel ! Putain, vas sucer de la bite !

Elle a tellement appuyé sur le dernier mot que les occupants des tables autour de nous ont suspendus leurs conversations pour tourner la tête vers nous. Ellya se rend compte de l'attention qu'elle porte et lève les yeux au ciel, agacée.

- Quoi ? gronde-t-elle aux filles autour de nous. Ne faites pas vos vierges effarouchées, on suce toutes nos mecs !

Elle reporte son attention sur moi qui me suit encore plus tassé sur ma chaise. Ma soeur est folle. Trop folle.

- Oh, c'est bon, le ridicule ne tue pas ! lâche-t-elle.
- Oui, enfin, ça peut tuer les autres. Et là, je suis morte sur place.

Ellya rit aux éclats, provoquant de nouveaux regards sur notre table. C'est dingue comment ma soeur attire tous les regards.

- Je t'adore Aalya.

Je souris. Moi aussi, je l'adore. Plus encore. Ma soeur, c'est la femme de ma vie, ma moitié, mon âme soeur. On est complémentaires, opposées et identiques à la fois.

Elle me fait un petit clin d'oeil puis se penche un peu sur la table, comme pour me chuchoter un secret. Quand elle fait ça, je nous revois dans ce petit dortoir de l'orphelinat, quand nous avions huit ans et qu'elle me soufflait que tout irait bien pour nous.

- Aalya, écoutes. Je sais que tu n'aimes pas quand je te dis ça, mais tu ne crois pas que ce serait plus simple si tu arrêtais de te prendre la tête connement. Regardes autour de toi...

Elle écarte les bras et mes yeux se portent sur la salle.

- Saisis les occasions. Tentes le sexe sans sentiments. Arrêtes de te prendre la tête et ouvres toi aux personnes qui gravitent autour de toi.

Elle m'offre un sourire commercial, digne d'un VRP qui tente de vendre son aspirateur à une petite vieille.

- C'est facile pour toi ! Regardes toi ! Tu es parfaite alors que moi... je lâche.

Je ne peux même pas finir ma phrase. Je ne sais même pas quel mot serait le plus juste. Banale ? Non, pire encore.

Elle lève les yeux au ciel et soupire.

- Mais quand je te regardes, je me vois, répond-elle. Aalya, on est jumelles. On est pareil physiquement.
- Je n'ai pas pour autant ton assurance Ellya. Surtout avec les mecs.
- Et bien, changes ! Eh, tu sais quoi ? Je vais te donner le meilleur conseil qu'une grande soeur peut donner.

Grande soeur ! Je secoue la tête. À trois minutes près...

- À partir de maintenant, c'est moi qui vais prendre les décisions à ta place...

Mon Dieu ! Je suis morte ! Non, je vais mourir demain plutôt... Écraser par un bus ou d'intoxication alimentaire ou une toute autre connerie de ce type.

- Alors, pour commencer, tu dis oui à tout.

Je lève un sourcil.

- À tout ?
- À tout ! Aux rencontres, aux mecs et surtout au sexe.

Je grimace presque. Non, je ne peux pas coucher sans sentiments. C'est contre mes principes.

Ellya roule une fois de plus les yeux.

- Ça veut dire que si un mec arrive, là, maintenant, et qu'il te propose un moment intime, même dans les chiottes de ce bar, même si tu l'as rencontré il y a dix minutes, tu dis oui. Mais uniquement si tu en as envie.

Comme si ça pouvait arriver...

- Même si je ne me suis pas rasée les jambes ? je demande, amusée, pour l'emmerder surtout.
- Ah ! Mon Dieu ! Bien sûr que non, dit Ellya, horrifiée. Ce qui m'amène à la deuxième règle. Ta garde robe !

Automatiquement, j'abaisse le regard. Vestimentairement parlant, je suis ce qu'on appellerait une fille normale.

- Ne te vexes pas, Aalya. Tu n'es pas habillée comme un sac mais peut-être que si tu mettais de temps en temps des talons, que tu peaufinais un peu plus ton maquillage et...

Je secoue les mains devant elle. Elle va encore me saouler là-dessus, sauf que je reste persuadée qu'on a pas besoin d'être habillée comme une poupée Barbie pour trouver un mec.

- Ok, ok. Si tu veux. C'est vrai que je pourrais faire un petit effort. Mais je ne mettrais jamais tes tenues...
- Eh, attention à ce que tu vas dire, jeune fille, me coupe-t-elle en me menaçant du doigt.
- J'avais fini ma phrase, je lâche pour ma défense. Bon, il y a une troisième règle à ton contrôle sur ma vie ?

Elle rit encore. Ellya rit tout le temps.

- Tu vis ta vie ! Tu profites ! Arrêtes de te demander ce que les gens vont penser de toi. Et arrêtes de t'attacher aussi facilement. Aalya, tu es belle, intelligente, adorable. Mets toi dans la tête que les gens aimeraient être comme toi. Si ils te jalousent, c'est parce qu'ils savent que tu es bien mieux qu'eux.

Je souris. Ma soeur est géniale. Elle arrive à me remonter le moral grâce à quelques mots.

- Moi, je te jalouse, dit-elle

J'hausse les sourcils et écarquille les yeux. Quoi ? Je n'ai pas du bien entendre ? Ellya ? Jalouse de moi ?

- Et oui, Aalya. Tu ne te rends pas compte comment tu es une fille exceptionnelle. J'aimerais être aussi brillante que toi. J'ai peut-être le physique mais toi, tu as le physique et l'esprit.

Elle a appuyé le ton sur le "Et".

- Bien sûr, je ne pourrais jamais être vraiment jalouse de toi. Disons plus que je suis envieuse de toi car j'aimerais te ressembler plus.
- Toi aussi, tu as l'esprit, comme tu dis.
- Mouais, répond-elle, pas convaincue. C'est vrai qu'être serveuse au Hurt's bar est aussi honorable qu'être infirmière.

Je déteste quand elle dit ça. Elle ne se rend pas compte que je dois tout à cette serveuse du Hurt's Bar. Que sans elle, je n'aurais jamais décroché mon diplôme, que moi aussi, je serais sûrement une serveuse.

- Arrêtes Ellya. Il n'y a pas de sous métier. Et c'est grâce à ton sacrifice que...
- Sacrifice ? Toi, arrêtes. Tu es la plus intelligente de nous deux et je suis fière et heureuse d'avoir trimé pour que tu réussisse ta carrière. Moi, je n'aurais même pas pu rentrer à l'université.

Je déteste quand elle se sous-estime comme ça. Autant je suis sans assurance sentimentalement, autant elle l'est quand on parle de nos carrières.

Ses yeux se portent derrière nous et je comprends à son regard que je ne vais pas apprécier qui est l'objet de son attention. Maintenant à moi de deviner si il s'agit d'elle ou de lui.

- Pétasse en vue ! dit-elle. Achève la !

Merde ! Pas elle. J'aurais préféré que ce soit lui.

Quand je capte sa présence près de notre table, je continue à fixer ma soeur. Sa mâchoire se contracte et ses yeux lancent un regard noir.

- Oh ! Une garce ! dit Ellya, arrogante.

Je tourne la tête vers Iris. Elle fixe ma soeur sans rien dire. Je sais ce qu'elle pense d'elle. Ellya et Iris s'aiment autant que le feu et la glace.

Iris pose ses yeux sur les miens et ses yeux passent de la haine à la honte.

- Aalya, je pourrais te parler ?

Je fronce le front. Je ne veux pas lui parler. Je veux juste qu'elle m'oublie comme j'ai prévu de le faire depuis quinze jours.

- Non, on ne peut pas, je réponds sèchement.

Elle ouvre la bouche puis la referme. J'ai une soudaine envie de lui attraper sa tignasse blonde et de tirer sa tête contre le bois épais de la table.

Avec un peu de chance surtout de force, car la force, c'est sûr je l'aurais, elle tombera au sol sous le choc et c'est là que je la piétinerai avant de lui cracher au visage. Dire que je connais cette fille depuis toute petite et que je la considère comme ma meilleure amie.

- S'il te plaît, me supplie-t-elle.

Elle m'implore en plus. Elle ose.

- Je n'ai rien à te dire, Iris.
- Je suis désolée, souffle-t-elle.
- Oh ! Tu es désolée ? Et c'est grâce à un pauvre "je suis désolée" que je vais te pardonner ? Mais tu sais quoi, je ne veux pas te pardonner. T'es une garce, Iris. Tu as couché avec mon mec et pour mieux m'achever, tu le ramènes à l'appartement pour mieux m'exposer votre "amour" à la gueule.

Iris se raidit puis se mord la lèvre inférieure.

- Mais ne t'inquiètes pas, Iris. Je vais vous laisser filer le parfait "amour" et...
- Je ne veux pas que tu déménages, Aalya, me coupe-t-elle. Tu es ma meilleure amie et...
- J'étais ta meilleure amie, nuance. Et les amies ne couchent pas avec le mec de l'autre. Maintenant, tu dégages.

Ses grands yeux s'humidifient soudainement. Je l'ai blessé mais je m'en contrefous sincèrement. Elle m'a trahie et à mes yeux, elle n'est plus rien pour moi. Elle ose dire que je suis sa meilleure amie mais son geste est impardonnable.

Iris renifle légèrement puis tourne les talons.

Casses toi, pétasse ! Et loin de moi !

Face à moi, Ellya me fixe, le visage impassible. Au bout de quelques secondes, elle se met à frapper dans ses mains avec un sourire jusqu'aux oreilles.

- Je suis fière de toi, petite sœur. Tu l'as dégommé en deux secondes.

Je lui souris. Et le pire, c'est que ça m'a fait du bien.

- Je vois que tu suis mes conseils et tu le fais parfaitement. Allez, on enclenche la deuxième phase.

Elle me sourit puis scrute la pièce.

- Alors, avec qui ma petite soeur va s'envoyer en l'air ce soir ? dit-elle.

Je lève les yeux au ciel. Ce n'est pas parce que j'ai accepté qu'elle prenne toutes les décisions que j'ai l'intention de commencer ce soir. Tacler Iris m'a fait un bien fou mais je ne peux pas régler tous mes problèmes en cinq minutes.

- Là ! Regardes moi ce mec comment il est à tomber. Je brûle sur place rien qu'en le regardant.

Je tourne ma tête vers une table où une petite dizaine de personnes rient ensemble. Les mecs sont à tomber, c'est clair. Un beau lot de mecs sexy. Et si j'avais l'assurance de ma soeur, je serais déjà à leurs tables pour aller leur parler.

Mes yeux se portent alors sur la brune qui se lève et enlace ses amis. Je la reconnais aussitôt. C'est Selena.

Je me lève de la banquette et me dirige déjà vers elle.

- Je la connais. Je reviens.

Quand elle se recule d'un de ses amis, je le reconnais aussitôt également.

***

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