吻 Le baiser (part 1)
Inspiré d'une vidéo officieuse du tournage de Oath of love (2019) - on y voit un certain monsieur à casquette avec un skate...
Des XFX auraient d'ailleurs confirmé la présence de Yibo sur le plateau.
Vidéo du BTS sur demande en MP
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Il était là, devant elle. Cette première femme qui me dérobait mon homme.
J'avais beau savoir que tout était joué, que leur proximité comme leurs baisers échangés n'avaient aucune valeur, je ne pouvais ignorer ce tournage. Oath of love. Ce maudit drama romantique auquel j'étais devenu allergique. Cette fille, aussi : Yang Zi. Sa simple existence m'exaspérait – sans raison valable, bien entendu. Zhan m'avait déjà assuré que moi seul comptais à ses yeux. Mais ses lèvres... Ses lèvres étaient miennes. Personne ne détenait le droit de les posséder, pas même pour un rôle. Mais je n'avais bien sûr pas mon mot à dire, c'était évident.
Elle sait, Wang Yibo. Ils savent tous que je suis pris et ils se doutent que c'est avec toi, m'avait-il dit. C'est Gu Wei qui embrasse Lin Zhi, pas Xiao Zhan. Pourquoi penses-tu comme les gens qui ne sont pas du milieu ?
Un silence pesant et quelques froides banalités avaient conclu notre conversation téléphonique. J'avais frappé le mur de l'hôtel à m'en écorcher les phalanges. Moi, Wang Yibo, idole adulée et acteur conscient des exigences du métier, comment avais-je pu changer à ce point ? devenir possessif et rancunier à m'en ronger les sangs ?
The Untamed m'avais transformé. Xiao Zhan m'avait transformé. En bien, évidemment, mais aussi en pire ; depuis plus d'un an, mes nerfs étaient à vif. À ses côtés, mon cœur brûlait, je souriais comme un idiot sans même le réaliser, juste à le regarder. Puis l'instant d'après, une fan idiote hurlait son nom et je la toisais d'un air assassin, prêt à lui sauter à la gorge. Mon image froide de félin n'avait jamais autant pris son sens : un homme sombre comme la panthère noire et féroce comme un lion.
Aujourd'hui, le lion devrait me donner sa force, car rien ne serait pire que ce que je m'apprêtais à m'infliger.
Au milieu du décor d'un quartier, en pleine répétition nocturne sous les projecteurs, Zhan s'entretenait avec elle. Ou plutôt, Gu Wei dialoguait avec sa prétendante ; leur échange était sérieux. Je ne pouvais le nier ce rôle adorable de médecin lui allait à ravir – bien que trop niais à mon goût. Son pantalon noir épousait ses fesses bombées (ces douces fesses que j'aimais tant écarter...).
Je retins un soupir de frustration. En revanche, en ce qui concernait Yang Zi... Cette pauvre fille avait beau se montrer professionnelle, je l'exécrais. Je savais ma possessivité pathétique mais ne pouvais lutter contre.
Une assistante m'avait proposé de m'assoir sur un banc, en retrait. J'avais accepté sans un sourire. Dans mon tee-shirt blanc, mon skate près de moi et ma casquette noire tirée sur le front, je patientais, la boule au ventre. Le personnel m'avait accueilli chaleureusement et j'avais pu me présenter aux directeurs du tournage, le but était donc atteint puisque tout ce que je désirais était de me montrer. Imposer ma présence et leur prouver à tous que je veillais dans l'ombre.
Zhan restait toutefois quelque peu distant et intimidé – il m'avait à peine adressé la parole, à mon arrivée. Flirter avec sa collègue sous les yeux de son compagnon n'était pas la chose la plus aisée au monde ; je ne lui en tins donc pas rigueur, il était simplement nerveux. Et moi, plus grand possessif que la Terre ait jamais porté, j'allais assister au pire. Zhan savait que je n'étais pas prêt à ça – absolument pas, même, m'avait-il répondu –, nous savions tous deux que le jeu était dangereux. Mais un lion n'écoute que son instinct.
Le moment tant redouté finit par arriver. Je les regardai se rapprocher, la gorge nouée. Zhan enlaça cette femme sous mes yeux, aussi passionnément que moi je l'étreignais sous les draps. Face à l'équipe attentive, les centimètres entre leurs deux visages s'effacèrent. Jamais un acte si bénin n'avait été si éprouvant, mais je ne pouvais me résoudre à m'en détourner. Puis, inévitablement, il pressa ses précieuses lèvres contre les siennes. Mon âme se déchira.
En bon névrosé que j'étais, je ne manquai pas une miette de leur échange amoureux. Ce baiser, comme tous ceux qui suivraient à l'avenir, m'était volé, à moi. Pourtant, j'observai jusqu'à la dernière seconde, sans ciller, jusqu'à ce que l'étreinte se relâche et que le bras de mon homme glisse dans le dos de sa collègue sous les compliments de leurs spectateurs. Je me levai, mon skate à la main, et disparut au milieu de la foule du staff.
La rancune allait croissant. Elle me rendait instable. Pourquoi m'être infligé cela ? Peut-être parce que le voir de mes propres yeux bridait mon imaginaire trop fertile. Je sentais que je devais rester un moment à l'écart de l'agitation, quitter ce lieu qui signait ma perte et me répugnait. Zhan ne devait pas subir mes ressentiments infondés (l'étaient-ils vraiment ?). Mon esprit m'assassinait à coup de trahisons fictives. La paranoïa était impitoyable.
— Wang Yibo !
La voix de Zhan dû retentir par deux fois avant que je ne l'entende. J'accélérai le pas, apathique aux étrangers autour de moi. Je ne voulais pas lui parler, pas pour le moment. Pas sans prendre un risque.
Sa main se referma sur mon bras.
— Wang Yibo, où tu vas ?
Il se planta devant moi, visiblement soucieux ; dans mon état actuel, il avait raison de s'en faire. Il n'avait pourtant rien mérité, mon ange. Ses grands yeux brillaient d'inquiétude. Je gardai le silence, je ne devais pas fauter. Lui qui accédait presque toujours à mes requêtes et prenait soin de moi... Je ne pouvais pas le blesser. Une crise dans un moment pareil pouvait être catastrophique pour notre couple.
— Yibo, tu m'écoutes ?
— Hm.
— Je vois bien que non.
Mes yeux glissèrent sur ses lèvres humides. Humides... Je me raidis dans l'instant. Un ouragan d'envies irrationnelles prit possession de moi tandis qu'il m'observait naïvement. Je voulais le faire regretter son acte. Le secouer et le sermonner. Lui rappeler qui j'étais. Le punir, le châtier par la douleur. Le voir sangloter, l'entendre gémir. Le faire crier, m'implorer. Le faire jouir sous ma violence.
Mon cœur s'accéléra. La rancune crispa ma mâchoire en même temps que mes fantasmes vengeurs firent apparaître une magnifique érection dans mon jogging. Je fis volte-face et me dégageai de son emprise. Je devais partir. Vite.
— Yibo...
— Xiao Zhan, lâche-moi.
— Mais tu ne m'en veux pas de ne pas venir ?
— Pas venir ? dis-je en me retournant vers lui.
Zhan soupira.
— La soirée avec l'équipe, Wang Yibo. Je viens de t'expliquer que je ne pourrai pas te retrouver à l'hôtel, comme on l'avait prévu.
L'irritation balaya le reste. Je le toisai d'un regard noir, totalement aveuglé par mes émotions. Ce soir. Il avait accepté de s'absenter, ce soir. Après la scène qui s'était déroulée sous mes yeux. J'avais envie de l'étrangler. Ou de frapper ses fesses tendres. Ou les deux à la fois, pour peu qu'il soit nu sous ma verge.
— Fais ce que tu veux, rétorquai-je en regardant ailleurs avec un air détaché.
Rien ne servait de feinter, Zhan lisait toujours en moi.
— Wang Yibo, ne joue pas à ça...
— Bonne soirée, Xiao Zhan.
Il me rattrapa par le bras et profita que l'équipe braillait dehors pour m'attirer sur le parking du staff. Nous nous retrouvâmes entre un bus et une berline noirs, près de la haie. Il semblait résolu à discuter. Moi pas.
— Yibo, on ne se reverra pas avant au moins trois semaines. S'il te plaît, parle.
— Non.
— Je t'en prie !
— Crois-moi, tu n'as pas envie que je parle.
Il croisa les bras, contrarié. S'il avait su les idées qui me dévoraient, il n'aurait pas insisté et aurait déjà pris la fuite. Mais ce garçon si doux avait son caractère, hors caméra. Un sale caractère, même, parfois.
— Ne me dis pas que c'est à cause du baiser...
Je lâchai un rire cynique et retirai ma casquette pour glisser une main nerveuse dans mes cheveux.
— Wow. Alors, c'est ça... dit-il en haussant les sourcils, consterné.
— Si je ne dis rien, c'est simplement pour te préserver. Mais continue à me provoquer, c'est vrai que tu ne sais pas comment je suis, soufflai-je, sarcastique.
— Me préserver ? J'ai vingt-sept ans, Wang Yibo, je ne suis pas un enfant. Mais toi, ce serait bien que tu arrêtes de te comporter comme tel.
Il fit volte-face à ces mots. Mon sang ne fit qu'un tour.
— Recontacte-moi quand tu auras...
Je lui saisis l'avant-bras et l'attirai fermement contre moi. Il me fixa avec de grands yeux ronds.
— La limite, Xiao Zhan. Tu sais pourtant que quand je suis comme ça, il ne faut pas me pousser.
— Qu'est-ce que tu...
Je le poussai contre la paroi du bus. Il n'avait pas idée des tourments que je rêvais de lui infliger - peut-être à son plus grand plaisir, lui qui appréciait ce genre de choses. J'aurais pourtant été celui qui aurai le plus souffert de cette "vengeance".
— Qu'est-ce qu'il te prends ! Tu es fou ?!
— Ce baiser m'a rendu fou, oui. Je me suis isolé pour me calmer, mais tu m'as suivi et forcé la main.
— Forcé la...
— Stop !
Il se décomposa, ahuri.
— Oui, je suis venu sur ce plateau pour me montrer et t'accompagner dans cette scène, pour ton "inspiration". Et oui, je t'en veux pas mal de me laisser maintenant pour les rejoindre eux, mais c'est le travail. Je t'en veux surtout de ne pas prendre en considération mes putains de sentiments après cette scène. C'est une première pour moi de voir ça, Xiao Laoshi. Et je pense que même les acteurs les plus passifs ont eu du mal à encaisser la première fois de leur partenaire. Je n'ai rien dit, je suis resté calme, mais toi...
Il me fixa, réalisant enfin ce que j'avais pu ressentir, puis se pinça les lèvres.
— Yibo... OK, je suis désolé. Je... j'étais stressé à l'idée que tu sois là et... Ah... je savais que tu allais être déçu que je t'abandonne, ce soir.
Je contemplai son air penaud. Son adorable minois me fit fondre autant qu'il me donna envie de le voir se déformer sous le plaisir. Mon érection n'avait pas bougé, tenace. Si près de lui, je me sentais peu à peu à perdre le contrôle. Ses lèvres pulpeuses m'appelaient. Mais elle y avait déposé son empreinte, son goût étranger et non désiré. Le besoin de le malmener pour cette fausse trahison me démangea. Je devais remplacer le souvenir de sa bouche impure par mes propres fluides. Me répandre sur ses lippes tendres et couler sur son menton. Le voir m'avaler.
Mes pulsions l'emportèrent. J'avais besoin de ça, j'avais besoin de lui. Pourvu qu'il me laisse faire. Malgré les circonstances et les émotions fortes, j'espérai de tout coeur qu'il m'autorise à le toucher, même à travers un silence ou un regard, comme il savait tant le faire. J'empoignai son bras pour l'attirer à l'avant de la grosse berline, garée dans l'ombre face à la haie, puis le bloquai contre le parechoc, entre les deux phares.
— Lao Wang, tu me fais quoi, là ?
— Zhan ge. Agenouille-toi.
— Ah ! Pardon ? C'est pas le moment de jouer, Wang Yibo.
Il ouvrit la bouche, prêt à m'expliquer que ce n'était ni le moment ni le lieu, mais je ne n'allais pas lui laisser l'opportunité de se dérober sous ce prétexte-là. Nous nous connaissions bien, maintenant. Il savait quoi dire ou faire pour m'arrêter ou refuser et j'avais toujours respecté sa volonté. Jamais ô grand jamais je ne l'aurais contraint. Je n'allai jamais au-delà de ses barrières, pas sans lire la malice dans son regard ou ses gestes, celle qui me provoquait pour en redemander.
Nos jeux étaient souvent un peu brutes, en public comme parfois dans l'intimité, mais je préférais endurer ma propre souffrance plutôt que de le blesser physiquement. Il me connaissait par coeur et avait toute confiance en moi. Il connaissait également mes limites, tout comme je connaissais les siennes. Et ce soir, il était le seul à avoir heurté ma sensibilité.
Car oui, il était bien placé pour connaître mes vulnérabilités, contrairement au reste du monde. Il ne méritait peut-être pas un tel acharnement, mais le besoin de le corriger était trop fort. La leçon allait rentrer...
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