love someone

nda -
salut salut, j'espère que vous vous portez bien.
ce one-shot est relié à deux de mes histoires, could we start again please & children of fire, pour autant il n'est pas vraiment obligatoire d'avoir lu les deux histoires puisque je fais un rapide résumé du contexte qui a mené à cette situation juste dessous.
le massacre du pays du feu a fait perdre beaucoup aux habitants. pour rappel, sai a été gravement blessé à la jambe dans l'effondrement d'une maison et shikamaru l'a forcé à quitter la zone de guerre pour rejoindre suna avec l'un des derniers médecins envoyés sur le front. malheureusement une infection s'est déclarée pendant le voyage et après que le médecin ait refusé de l'amputer de la jambe, apeuré à l'idée que le brun ne survive pas, sai a pris la décision de se couper la jambe lui-même. un geste qui lui a permis de revenir bel et bien vivant auprès de son épouse et de son fils qui attendaient patiemment son retour depuis plusieurs mois, mais vivre avec une jambe en moins n'est pas une chose aisée.
voilà pour une rapide mise à jour du contexte.
bonne lecture à vous !

*

Love someone (aimer quelqu'un).

- "merde."

Un sourire amusé se dessina au coin de ses lèvres et il jeta un coup d'œil à la petite fille, à quelques mètres de lui. Elle se tenait sur la pointe des pieds, le bras en l'air et elle tentait maladroitement d'attraper un paquet de chips goût chèvre-piment rangé en hauteur. Un par un, les jours passaient et Hana ne cessait de grandir. Ils n'étaient pas liés par une seule goutte de sang et pourtant, ça, il ne le voyait pas. Il ne voyait qu'elle et ce petit sourire angélique qu'elle lui faisait tous les matins, dès qu'il lui tendait ce bol de céréales habituel.

Le coude de sa mère entra en contact avec ses côtes et il arqua un sourcil, reportant son attention sur la quarantenaire qui le fixait, une pointe d'amusement sur le visage.

- "au lieu de te moquer dans ton coin, attrape-lui ce paquet de chips."
- "à vos ordres, maman." acquiesça-t-il.

Ino étouffa un petit soupir amusé entre ses lèvres et attrapa une bouteille de javel, en sifflotant un air qui lui trottait dans la tête depuis plusieurs jours.

D'un pas rapide, le blond se rapprocha de la petite fille. Il se glissa dans son dos et passa ses mains sous ses aisselles, lui arrachant un petit sursaut qui se transforma bien vite en un sourire quand elle croisa le bleu des iris de son grand-frère. Il la souleva assez haut pour qu'elle attrape le paquet de chips qu'elle désirait tant et la déposa dans la minute qui suivit.

- "merci." lâcha chaleureusement Hanako.
- "pas de quoi." dit-il, un petit sourire sur les lèvres. "par contre, j'ai grave entendu ton.. merde."

Le dernier mot s'était échappé de ses lèvres dans un murmure et il se mordit doucement l'intérieur de la joue pour ne pas rire en se heurtant aux joues soudainement écarlates de la petite blonde. Il ébouriffa tendrement ses cheveux.

La première fois qu'il avait rencontré Hanako, il s'était retrouvé face à cette petite fille énergique et vraiment très bavarde, mais les années passaient, et elle devenait littéralement la définition du mot "douceur." Elle entamait sa onzième année et elle partageait la sienne depuis trois ans. Trois ans qui avait comblé un vide en lui dont il ne connaissait même pas l'existence avant de faire sa rencontre. Inojin, un grand-frère, qui l'aurait crû.

- "inojin."

La voix de sa mère le tira de ses souvenirs et il lui adressa un grand sourire, se dépêchant de la rejoindre.

Le centre-commercial était bondé à cette heure-ci.
Le huitième du nom, son oncle, l'avait fait construire quelques mois en arrière. Des travaux qui avaient duré plus de six mois, mais le blond se souvenait comme si c'était hier de l'engouement que ça avait provoqué chez les villageois. Et Ino avait décidé ce jour-là qu'une fois par mois, ils feraient les courses en famille. Une décision à laquelle il avait tenté de s'échapper plusieurs fois, mais au final, il appréciait ça. Mais il ne l'avouerait jamais. Hors de question. Il avait une réputation à tenir, après tout.

- "qu'est-ce qu'il reste sur la liste ?"
- "du gel douche parfum lavande, des yaourts aux fruits.. et faut que je passe à la pharmacie pour renouveler ma pilule."
- "il y aura une queue de malade à cette heure-ci, ino."
- "il ne m'en reste qu'une seule et c'est abstinence pour toi si j'ai un seul jour de retard."
- "on pourrait faire un bébé écoute."
- "regarde moi bien, sai." commença-t-elle, les mains sur les hanches. "tu vois ce corps incroyable ? et j'ai passé la quarantaine. c'est tout simplement hors de question qu'un bébé fasse son nid là-dedans et puis, j'ai assez donné en expulsant la grosse tête de ton fils."
- "maman." râla ledit fils.

Un rire incroyablement beau s'échappa des lèvres de la quarantenaire et elle claqua un doux baiser sur la joue de son garçon, accusant tout de suite le brun qui lui servait d'époux pour les quelques mots qui avaient passé le cap de ses lèvres. Inojin secoua doucement la tête, épuisé du comportement de sa mère, la petite main de sa sœur dans la sienne.

- "je m'occupe des yaourts, tu prends du gel douche ?" lança Ino à son époux.

Le brun acquiesça et s'en alla de son côté, sous le regard de son fils.
Pendant un instant, Inojin se concentra sur ça. L'image de son père qui s'éloignait. L'image de son père qui se débrouillait tant bien que mal avec une paire de béquilles. Le massacre lui avait laissé ce souvenir-là, à lui. Et même s'il était vraiment heureux que son père soit là, avec eux, il n'était pas dupe. Il remarquait les grimaces douloureuses de temps en temps sur les lèvres du quarantenaire. Les soupirs épuisés après seulement quelques pas. Les regards tristes vers l'emplacement à présent vide où avait été sa seconde jambe à une époque.

- "inojin ?" appela Hana.
- "oui, pardon." dit-il, immédiatement.

Il étouffa la pointe d'inquiétude dans le regard de la petite blonde d'un sourire et s'empressa de rejoindre sa mère qui choisissait avec minutie les yaourts aux fruits.

Une demi-heure plus tard, ils se retrouvaient tous les quatre près de la pharmacie. Le brun avait eu raison ; il y avait au moins une dizaine de personnes avant eux dans la file. Inojin étouffa un bâillement dans le creux de sa main et s'affala légèrement sur le caddie, rempli d'articles en tout genre. Il était là, perdu sagement dans ses pensées et dans le souvenir de son lit douillet qui l'attendait dans la demeure familiale, et sincèrement, il n'avait aucune idée d'à quel moment les choses avaient dégénérées. Une seconde, il fixait vaguement l'emballage des yaourts dans le caddie et celle d'après, des éclats de voix fusaient à quelques centimètres de lui.

- "il n'a pas fait exprès." entendit-il.
- "je m'en contrefous. il m'a bousculé, je veux des excuses."
- "il a perdu l'équilibre, il est debout depuis des heures."

Les yeux du blond se posèrent sur sa mère qui se disputait avec un jeune homme d'une vingtaine d'années. Un grand brun, le regard mauvais, les oreilles percées au niveau du cartilage. Le cliché du méchant gars. Le bras d'Ino traînait fermement autour de la taille de Sai, qui peinait à tenir sur ses béquilles. Et Hanako, elle restait en retrait, les yeux tremblants.

- "je. m'en. fous. on reste chez soi, quand on est éstropié comme lui."

Estropié.
Qu'est-ce que ça voulait dire déjà ? Ah oui, mutilé.
Estropié. Mutilé. Estropié. Mutilé. Es-tro-pié.
Le mot se répéta encore et encore dans son esprit. Il se répéta un nombre incalculable de fois. Assez de fois pour que son coeur arrête de battre un instant. Une demi-seconde plus tard, il écrasait son poing brutalement contre la joue de ce brun à l'allure stupide.

Un silence inconfortable se faufila dans les airs. D'un côté, l'inconnu irrespectueux qui se tenait la joue douloureusement, à même le sol. Et de l'autre, Inojin, le souffle court, le bleu de ses iris déformé par la colère.

- "inojin ?"

Ino tenta un pas vers son garçon, mais à l'instant où le bout de ses doigts effleura l'épaule du blond, il prit la fuite en courant, ignorant les appels de sa mère.

*

Il était tard. Dans les environs d'une heure du matin.
Et pourtant, il ne parvenait pas à se fondre dans les bras de Morphée.

Un soupir au bord des lèvres, il repoussa le plus délicatement possible le bras de son épouse, enroulé autour de sa taille et se glissa hors du lit. Il récupéra la béquille sous le lit et jeta un dernier coup d'œil au visage endormi d'Ino. Elle avait eu du mal à trouver le sommeil cette nuit, tout comme lui, pourtant ils n'avaient pas parlé une seule fois de ce qui s'était passé plus tôt dans la journée, au centre-commercial. Un voile de tristesse déforma le fond de son regard et il s'extirpa de la chambre, rejoignant rapidement le salon, au rez-de-chaussée, toujours le plus discrètement possible, malgré le léger tintement métallique qui accompagnait ses pas.

Il attrapa l'un des trop nombreux albums photos qui traînaient dans un meuble et s'installa confortablement sur le canapé. La première fois qu'il s'était retrouvé face à toutes ces photos, il s'était senti un peu bizarre, un peu intimidé d'une certaine façon. La mère d'Ino lui montrait fièrement toutes les photographies de la jolie blonde, à tout âge et une toute petite pointe de jalousie avait pointé le bout de son nez. Parce que lui, personne ne l'avait jamais pris en photo. Il n'était qu'un orphelin, après tout. Et pourtant, Ino avait changé ça. Un jour, elle s'était pointée dans son appartement, un grand sourire sur les lèvres et un appareil photo dans les mains, tout neuf, qu'elle avait acheté spécialement pour l'occasion. Et elle n'avait jamais cessé de prendre des photos.

Un fin sourire déforma le coin de ses lèvres quand il tomba sur une photographie de lui, en train de tenir leur fils, à peine âgé de quelques jours. Le bout de son doigt glissa sur la bouille du bébé, totalement endormi. Ino lui avait offert ça. Une famille. Un nom. Un fils, et puis une fille. Juste Ino.

- "moi aussi j'aime beaucoup cette photo."

Un doux parfum de lavande effleura ses narines, alors que deux bras entouraient ses épaules. Il déposa un chaste baiser sur sa peau.

- "qu'est-ce que tu fais là ?" demanda-t-il, doucement.
- "je pourrais te demander la même chose, tu sais."

Ino contourna le canapé et s'installa près de son époux, la tête sur son épaule, les yeux rivés sur l'album photo elle aussi.

- "tu as mal ? c'est pour ça que tu ne dors pas ?" interrogea-t-elle, inquiète.
- "non, c'est juste.. une insomnie." dit-il.

Elle acquiesça silencieusement et tourna la page de l'album. Cette fois-ci, il tomba nez à nez avec une photo d'Inojin et Shikadai, datant du jour des trois ans du petit brun. Il n'eût aucun mal à reconnaître en arrière-plan Chôji, Shikamaru et lui-même, qui discutaient joyeusement en ce jour spécial.

Une petite partie de lui s'en voulait. Quand il s'était attardé sur la silhouette de Shikamaru, dans ce lit d'hôpital, des mois après le début du massacre du pays du feu, et qu'il l'avait entendu dire que Chôji n'était plus là, ça lui avait brisé le coeur. Le roux était un de ces gars qui lui semblait immortel ; d'une générosité incroyable et d'un courage touchant. Et sur le moment, il s'était dit que peut-être.. peut-être que s'il ne s'était pas blessé à la jambe ce jour-là, que s'il avait été là, aux côtés de Chôji et Shikamaru, dans les décombres, il aurait pu faire quelque chose. Et peut-être qu'ils auraient pu rentrés tous les trois, auprès de leurs familles respectives. Mais ça ne s'était pas passé comme ça. Chôji était mort. Shikamaru avait gardé un traumatisme. Et lui.. il n'était qu'un handicapé, bon à rien, à présent.

- "sai."

Il ferma les yeux au son de la voix de son épouse.

- "qu'est-ce qui te tracasse ?"

Comment faisait-elle, sérieusement ? Pour comprendre ce que lui-même ne comprenait pas. Dans un geste d'une douceur incroyable, elle attrapa sa main dans la sienne et la porta à ses lèvres.

- "dis-moi." ajouta-t-elle.
- "je suis tellement désolé, ino."
- "mais.. pourquoi ? je ne comprends pas."
- "pour ce que je t'inflige."
- "ce que tu m'infliges ?" répéta-t-elle, les sourcils froncés.
- "mon handicap."

Voilà. C'était sorti.
Sai l'avait choisi. Il avait choisi ce handicap. Il se souvenait parfaitement du moment où il s'était rendu compte qu'il allait devoir faire un choix, sa jambe ou sa vie. Et il avait choisi sa vie, parce qu'Ino et Inojin étaient sa vie. Il avait pris la décision de ne plus jamais être shinobi, de ne plus jamais être capable de marcher sans béquille, pour pouvoir retourner auprès d'eux. Mais parfois, ça devenait trop dur.

- "c'est de ma faute." ajouta-t-il. "c'est de ma faute si.. si inojin a frappé cet homme. j'ai fait ça, ino. c'était à cause de moi."

Et il s'en voulait terriblement pour ça. L'humiliation ? La souffrance physique ? Non, rien de tout ça n'était plus douloureux que l'idée que son fils avait dû être violent à cause de lui. S'il n'avait pas été faible, s'il avait été fort, rien de tout ça ne serait arrivé.

- "je suis tellement désolé, ino." répéta-t-il, les traits déformés par la culpabilité.

Caché dans la pénombre qui encerclait les marches de l'escalier, Inojin plaqua une main sur sa bouche tremblante. Il étouffa du mieux qu'il put le sanglot qui menaçait de prendre la fuite et s'enfuit dans sa chambre, incapable d'entendre encore une fois les excuses de son père.

Un soupir échappa aux lèvres d'Ino. Elle resserra doucement sa prise sur la main de son époux et le força à ouvrir les yeux.

- "sai." appela-t-elle. "regarde-moi."

Le brun s'exécuta, difficilement. Et son coeur se serra un peu plus quand il se heurta au sourire incroyablement doux sur les lèvres de son épouse.

- "tu n'as pas à me présenter des excuses." dit-elle. "et tu sais, j'aimerai tellement que tu te vois à travers mes yeux. je sais, c'est complètement cliché et niais, mais j'aimerai vraiment que ça soit possible."
- "pourquoi ?" lâcha-t-il, dans un murmure douloureux.
- "parce que tu verrais à quel point je te trouve incroyable, sai."

Les mots de la blonde lui volèrent un énième battement de cœur et il fronça doucement les sourcils, perdu dans ce flot soudain d'émotions.

- "ton handicap.. je ne suis pas idiote, je sais que c'est dur pour toi. mais je serai là à chaque pas que tu feras, je te l'ai promis. et je te l'avais promis bien avant que je tombe enceinte d'inojin."

Elle attrapa le visage du brun entre ses mains.

- "tu t'es coupé la jambe pour nous revenir. tu es l'homme le plus courageux que je connaisse. et tu n'as pas idée d'à quel point je suis fière d'être ton épouse. alors ne dis plus jamais que tu m'infliges ton handicap, compris ?"

Il acquiesça, le cœur tremblant. Et la blonde en profita pour déposer chastement ses lèvres sur les siennes, relâchant son visage.

- "et pour ce qui s'est passé au centre-commercial, tu n'as pas à te sentir comme ça. cet homme est un sacré connard et si inojin n'avait pas réagi comme ça, je lui aurais cassé le nez moi-même, sai." déclara-t-elle.

Un petit sourire déforma le coin des lèvres de la blonde et elle pencha légèrement la tête sur le côté, attrapant une photographie représentant leur fils, âgé de quelques mois.

- "je ne sais pas toi, mais moi, je me suis sentie plutôt fière. notre petit garçon n'est plus si petit, tu en penses quoi ?"

Sai attrapa doucement la photographie qu'elle lui tendait et l'observa, alors que les mots de la blonde résonnaient en lui. Elle n'avait pas tort d'un côté. Il s'en était rendu compte quelques heures en arrière, après que le blond ait frappé cet inconnu. Il s'était confronté un instant au dos de son fils, plus si petit, et s'était dit "merde, ino et moi avons fait ça". Ino et lui avaient donné naissance à ce garçon incroyable.

- "tu n'es plus tout seul, sai." souffla-t-elle, un sourire radieux sur les lèvres. "tu es entouré de gens qui t'aiment passionnément et inojin, hanako, et moi, nous sommes en première lign-."

Les lèvres de son époux sur les siennes étouffèrent le reste des mots.
Encore une fois, Ino n'avait pas tort. Il n'était plus tout seul. Il n'était plus cet orphelin, errant sur des chemins bien trop sombres. Et ça faisait un moment que la douce Yamanaka faisait fuir toute l'obscurité de son monde. Elle était sa lumière dans ses ténèbres.

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