Amber

Étant petite, je pensais que la vie était simple, qu'on pouvait avoir ce que l'on voulait seulement en le souhaitant. Que l'on ne tombait jamais malade et que l'on vivait tous éternellement. J'avais tort. La vie n'était pas simple, tout ne venait pas à nous seulement en le voulant. Nous tombions tous malades un jour et finissions tous notre vie en mourant. C'était la triste vérité. La preuve en était puisque:

1- Taylor ne pouvait pas assister au concert et au meet up alors qu'il en mourait d'envie

2- Johnson était malade

3-J'étais atteinte d'une tumeur, qui allait finir par me tuer

Nash me tira de mes réflexions très joyeuses en entrant dans la cuisine, les cheveux emmêlés.

-Salut. Dit-il en m'embrassant la joue

-Bien dormis?

-Ça va. On part dans combien de temps?

-Deux heures.

-On devrait peut-être réveiller les autres tu ne crois pas? Dit-il en posant ce qu'il voulait prendre pour son petit déjeuner sur la table

Je haussais les épaules.

-Ça va? demanda-t-il avant de descendre son verre de jus d'orange d'une traite

-Oui oui.

-D'accord, donc on les lève ?

-Oui, allons-y.

Toutes la petite troupe réveillée, j'allais sur le canapé. Johnson et Taylor dormaient encore, ceux-ci n'étant pas en état d'aller aux prestations du jour. Je laissai les garçons se préparer et je retournai à ma chambre après être allée voir l'état de Johnson. Il avait toujours de la température et j'avais du une nouvelle fois vider et rincer sa bassine. Il allait falloir que j'appelle un médecin. Ce que je fis, une fois le groupe partis pour leur représentation. Taylor resta toute la matinée assis dans le canapé sur les réseaux sociaux. J'avais peur qu'il ne passe son temps à lire les messages de ses soi-disant fans malveillantes. Sur les coups de midi, j'emmenais le plateau repas sur la table du salon. J'avais rapidement préparé une salade composée. J'y touchais à peine, Tay non plus. Je décidai donc d'emmener le reste dans la chambre de Jack pour qu'il mange à son réveil. Avoir le ventre vite n'était pas bon lorsque l'on était malade.

-Room service. dis-je en entrant

Le blond avait sa lampe de chevet allumée et lisait un livre. Il releva la tête et me sourit.

-Ça va mieux on dirait?

-Disons que j'ai continuellement mal à la tête et au ventre mais sinon ça va. Le médecin arrive à quelle heure déjà?

-Il ne devrait plus tarder.

Je déposai le plateau sur son lit et m'assis au bord de celui-ci, histoire qu'il passe moins sa journée seul.

-Tu lis quoi?

-Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.

-Je l'ai lu au lycée. C'est un bon livre.

-Oui, c'est ma mère qui me l'a offert, c'est son livre préféré et elle a tenu à ce que je l'emmène pendant notre tournée pour que j'aie une part d'elle avec moi.

-C'est mignon. Ce n'est pas trop dur d'être loin de votre famille en continu?

-Non, disons qu'on devient vite autonomes quand on doit s'autogérer en nourriture etc. Au début c'était difficile, mais maintenant ça va. Puis on est une famille. Et maintenant tu fais partie de notre famille. dit-il en mangeant une première bouchée. C'est très bon.

Mon visage s'illumina. Je ne pensais pas qu'ils m'estimaient tellement. Ce que venait de dire Jack me faisait chaud au coeur.

Soudain, Taylor entra dans la chambre, suivi par le médecin que j'avais appelé. Je sortis donc de la pièce pour le laisser faire son travail. Tay et moi allâmes donc attendre dans le salon en regardant la télévision. Il était presque deux heures de l'après-midi, les autres allaient bientôt rentrer. Après quelques minutes, le médecin revint dans le salon:

-Il sera rétabli totalement d'ici deux jours. Il faut seulement qu'il se repose.

-Très bien, j'y veillerai. Merci docteur.

Nous nous serrâmes solennellement la main et je le raccompagnai à la porte. J'étais soulagée, ce n'était que le contre-coup de ce qu'il s'était passé quelques jours auparavant.

Johnson nous rejoignit sur le canapé juste après, enroulé dans un plaid. Les garçons et Mahogany arrivèrent quelques minutes plus tard, encore excités de leur prestation. Gilinsky, heureux de voir son meilleur ami en de bonnes conditions, s'installa aussitôt auprès de lui et il commencèrent une discussion entre meilleurs amis. Ça me faisait plaisir de les voir comme ça, si proches. Les garçons se connaissaient depuis la maternelle. J'allais dans la cuisine préparer un goûter collectif. Je sortis un plateau et y disposais autant de verres qu'il y avait de personnes ainsi que deux bouteilles de jus d'orange et une boîte de cookies. Je pris le plateau et avançais vers le salon lorsque je fus prise de vertiges.

Aaron

Amber était à la cuisine et préparait sûrement quelque chose à grignoter. Elle sortit, plateau en main, quelques minutes plus tard. Mais s'arrêta en chemin, elle tituba sur quelques pas avant de s'effondrer, faisant se briser les verres et les bouteilles. Nous nous levâmes tous d'un bond. Je me précipitais à ses côtés, Carter, Gilinsky et Taylor y étaient déjà. Ce dernier vérifia rapidement sa respiration, elle était faible mais présente. Cameron prit aussitôt les choses en main et appela les pompiers. Ceux-ci arriveraient en une dizaine de minutes, les minutes les plus longues de ma vie. Lorsqu'ils arrivèrent ils prirent aussitôt sa tension, et sans rien nous expliquer ils la mirent sur un brancard. Un des pompiers la faisait respirer à l'aide d'une bombonne. Ça me rappelai de mauvais souvenirs, souvenirs que j'effaçai aussitôt de mon esprit pour me concentrer sur l'asiatique. Tout était allé si vite... L'unique femme du groupe de pompier nous proposa de les rejoindre à l'hôpital avant de disparaître avec notre amie derrière les portes de l'ascenseur.

-Bon, Maho vas chercher les clés des voitures, moi je vais prévenir Bart. On se retrouve tous en bas. Mais il faut quelqu'un pour rester avec Johnson. Dit Cameron en sortant en trombe de l'appartement

Ma meilleure amie accouru dans les chambres, exécuter ce que venait de dire notre doyen.

-Qui reste avec Jack? demanda Nash

-Moi. Fit Gilinsky. Appelez nous aussitôt que vous avez des nouvelles.

-Promis. Répondit Mahogany en partant la dernière de l'appartement

Nous nous répartîmes dans les voitures le plus vite possible et partîmes au quart de tours. Cameron avait du arriver sur le parking en même temps que nous. Nous arrivâmes à l'hôpital quelques minutes plus tard. Une femme à l'accueil nous fit patienter dans un couloir immense où nous nous mîmes tous à tourner en rond, sans nouvelles. Bart arriva peu de temps après. Elle devait être là dans une des chambres, et personnes ne nous expliquait ce qu'il se passait ou si elle allait bien. J'avais peur que cela ait un lien avec sa leucémie. Une bonne heure s'écoula avant qu'un médecin ne sorte de la chambre de notre amie. Il vint à notre rencontre et s'expliqua :

-Son corps ayant peu de défenses immunitaires à cause de sa maladie, elle a du tomber malade à cause d'un microorganisme environnant. Plus de la fatigue et du surmenage, cela ne colle pas avec une personne atteinte de leucémie. Mademoiselle Janki devra donc rester quelques jours en observation avant de partir.

-Une leucémie?! S'écria Taylor

Ils avaient tous l'air surpris, désolés, tristes, apitoyés.

-Oui, elle est à un stade très avancé. Il ne doit plus lui rester longtemps. Elle n'a pas son dossier médical?

-Non. Répondit Sèchement notre manager. Pensez-vous qu'elle le savait?

-Oui. Répondis-je à la place du médecin. Est-ce qu'on peut aller la voir?

-Oui, mais un par un. Autant de personnes dans sa chambre risquerait de l'oppresser.

J'acquiesçai, Bart me dévisageait. Pour des réponses à ses questions, ça attendra. Les garçons et Mahogany me laissèrent entrer en premier. J'ouvris doucement la porte et la refermai sans bruit derrière moi. Amber était beaucoup plus pâle que d'habitude et un tube transparent passait sous son petit nez. Elle avait l'air si fragile, si vulnérable dans ce lit d'hôpital. Je m'assis près d'elle et pris sa main froide dans la mienne. Elle ouvrit les yeux.

-Aaron, les autres...ils...? S'inquiéta la belle brune d'une voix faible

Je hochais la tête.

-Le médecin leur a dit.

Une larme roula sur sa joue.

-Non ne pleure pas. Dis-je doucement

-Je vais perdre mon job, je vais devoir rentrer à Chicago, je...

-Mais non, bien sûr que non .

-Monsieur Bordelon ne voudra pas d'un boulet leucémique à traîner de ville en ville. C'est fini Aaron. Je suis désolée...

Elle renifla et se retourna. Je posais amicalement ma main sur son épaule avant de sortir de sa chambre. Les autres me demandèrent rapidement depuis quand je le savais et comment elle allait. Ensuite, ils firent une liste rapide de dans quel ordre ils allaient aller la voir. Pendant ce temps, Cameron envoya un message aux Jack pour ne pas qu'ils s'inquiètent. Nous leur expliquerions la situation plus tard.

Je comprenais la peine de l'asiatique, elle voulait finir sa vie en étant libre. Mais si ça la mettait en danger permanent, il valait peut-être mieux qu'elle retourne à Chicago. Je ne le souhaitais pas, d'autant plus que sa présence avec nous me manquerait, mais si ça pouvait lui permettre de finir sa vie sans souffrir, je n'hésiterai pas une seule seconde.

Amber

Je me sentais faible, triste, vide. Le tube coincé au niveau de mes narines me dérangeait. Je voulais le retirer. Le retirer et partir. J'allais perdre ma liberté et retourner à Chicago, j'en étais persuadée. C'était évident. Qui voudrait de moi pour garder une dizaine d'ados hyperactifs? Personne.

La porte de la chambre s'ouvrit une nouvelle fois. C'était Taylor. Le beau brun avait les yeux rouges. J'étais mal de voir mon ami ainsi. Ça me faisait de la peine, d'autant plus que c'était de ma faute. Il s'assit sur la chaise inconfortable près du lit hospitalisé et regarda fixement ses mains, posées l'une près de l'autre sur ses genoux.

-Ça te fait mal?

On aurait dit un enfant, un enfant d'une dizaine d'années ne sachant comment réagir face à la maladie d'un proche. Cette situation me mit une nouvelle fois mal à l'aise. Je ne voulais pas le voir comme ça.

-J'ai toujours été comme ça, je suis habituée.

Il regarda la porte.

-On a élaboré un ordre de passage pour ne pas tous venir en même temps.

Le changement de sujet. Typique des réactions face à un malade grave. C'était souvent difficile pour les proches de se résigner à quelque chose ayant un tel impact sur la vie.

-Tu peux y aller si tu veux, je ne te force pas à rester. Dis-je en posant ma main sur les siennes

Il les regarda fixement avant de se lever sans rien dire et de laisser sa place à Matthew qui me sauta presque dessus. Heureusement, lui, n'avait pas perdu sa bonne humeur. Il me demanda comment je me sentais, si j'avais besoin de quelque chose ou si il devait faire quoi que ce soit. Je le rassurai puis il laissa sa place aux autres qui s'enchainèrent, pour finir par Carter.

-Pourquoi tu l'as gardé pour toi ?

Son regard était lourd de reproches.

-Carter je-

-Amber tu ne peux pas partir c'est trop dur. Dit-il en se laissant glisser par terre, en larmes

Les larmes me montèrent instantanément aux yeux, je descendis du lit, le sol de la chambre était gelé mais je n'y prêtais pas attention. Je pris seulement soin de tirer les machines auxquelles j'étais branchée vers moi. Carter avait sa tête dans ses bras, n'arrivant pas à calmer ses pleures.

-Carter s'il te plaît. Dis-je en m'agenouillant près de lui, une main sur son genou

Il releva doucement la tête et me regarda pour la première fois depuis qu'il était entré. Une ride d'inquiétude se forma sur son front et ses pleures redoublèrent.

Une main sur sa nuque, je collai ma tête à la sienne, mon autre main faisant des cercles dans son dos pour tenter de le calmer.

-Il te reste combi-

-Juste assez pour finir le tour avec vous.

-Tu veux dire qu'après ça sera fini ?

Je baissai la tête, sentant son pouls s'accélérer contre ma main et sa respiration se faire plus forte.

-S'il te plaît Carter... Je ne veux pas que tu pleures. Je ne veux qu'aucun d'entre vous ne pleure. Je ne peux pas espérer mieux comme fin de vie, être avec vous me fait un bien fou tu sais ?

-Mais après ça on ne te verra plus jamais...

Une larme roula sur sa joue et je l'essuyai avec mon pouce.

-Je te promets que peu importe où je serais, je serais toujours là pour vous.

-Tu vas tellement me manquer...

-Il reste encore longtemps Carter, t'en fais pas.

-Comment veux-tu ? Je... Je t'aime Amber, tu ne peux pas me faire croire que tout va bien se passer que tout...

Ses mots me firent l'effet d'une gifle, puis une grande chaleur traversa tout mon ventre et je perdis le contrôle de mon corps. Celui-ci se mit à trembler violemment sans que je ne puisse le contrôler.

-Amber retourne te coucher, tu ne peux pas rester comme ça.

Je voulus me lever mais aucun de mes membres ne me répondirent. Voyant la détresse dans mon regard il me prit dans ses bras et me posa doucement sur le lit. Me couvrant jusqu'au menton.

Il ne paraissait pas même perturbé par la révélation qu'il m'avait faite.

Il me caressa doucement la joue, assit près de moi, et m'embrassa le front avant de se lever. Je lui attrapai le poignet de justesse pour qu'il se retourne et il se rassit.

-Qu'est-ce qu'il-

Il n'eu pas le temps de finir, mes lèvres venaient de se poser sur les siennes. Son contact me fit l'effet d'un médicament et peu à peu mes membres se calmèrent. Ses lèvres étaient si douces... Il me caressa la joue et je reculai, me rallongeant.

-Reposes-toi maintenant.

Et il m'embrassa une dernière fois avant de s'en aller en fermant doucement la porte derrière lui.