CHAPITRE 2 - ELLE

ELLYA

***

Août...

Je lève mes yeux et lui souris. Nos yeux se verrouillent et je soutiens son regard. Il est plutôt pas mal. Un beau brun aux yeux gris, plutôt musclé avec un visage de petit intello. Il n'est pourtant pas mon style de mec à la base, je préfère le style sportif et badboy, mais il a un petit truc qui me laisse penser qu'il est loin d'être le parfait petit intello timide qu'il veut laisser paraître. J'en déduis ça sûrement car il a dans son regard une petite pointe de malice qui a dû en faire craquer plus d'une. Peut être est-il étudiant ? Ou bien comptable ou peut-être fait-il un tout autre métier aussi soporifique. Non, ce mec est loin d'être farouche ou assomant qu'il y paraît. Au contraire, il doit être un véritable dieu du sexe et je me demande quel miracle peut-il bien faire sous la couette.

Son regard est détourné par son téléphone qui émet une sonnerie stridente. Ses yeux se portent sur son écran et son sourire s'efface aussitôt. Il porte l'appareil à son oreille, me jette un regard et se lève en prenant soin de ramasser son gobelet de café. Je le suis du regard, sans oublier de mater son petit cul que j'agripperais avec plaisir s'il était au dessus de moi. Il s'arrête devant le comptoir où il s'approche de la jeune serveuse.

Je détourne le regard et vérifie l'heure. Je vais devoir filer moi aussi. Aalya m'a demandé d'aller chercher Hope et Sam à l'école cet après midi. Elle a rendez-vous avec son obstétricien. On va enfin connaître le sexe du bébé. Quoi, on. Ils. Car ces deux égoïstes ont décidé de garder le secret rien que pour eux.

Je saisis mon téléphone et mon dossier que je fourre dans mon sac à main. Quand je relève la tête, je remarque que mon petit intello sexy n'est plus au comptoir. Je soupire. J'aurais aimé revoir ses yeux gris une dernière fois. Même si je me serais contentée de lorgner son petit cul. Je me redresse et vois alors un autre gobelet Starbucks sur ma table où j'y lis le prénom "Zach" suivi d'un numéro de téléphone.

Mes yeux se baladent sur la terrasse et je le vois s'éloigner vers la septième avenue sans pour autant me quitter du regard. Il me fait un petit sourire puis tourne à l'angle de la rue. Je souris aussitôt en me levant de ma chaise, mes deux gobelets en main.

Je ne sais pas si j'appellerai ce charmant Zach. Sûrement. Mais je sais déjà qu'il n'y aura aucune attache. Ce sera juste une partie de baise, torride de préférence et je passerai au suivant. Ça a toujours été comme ça de toutes façons et il n'y a que de cette façon que ça marche. Les mecs, ça va, ça vient. Et je ne dois plus faire l'erreur de m'attacher à un homme. À quoi ça servirait d'ailleurs ? À aimer à sens unique ?

J'ai eu beau essayer, ça ne m'a menée à rien. Alors on reprend les bonnes vieilles habitudes et ma règle des trois un. Un soir, un lit, un mec. Et le premier point est le plus important.

Je me dirige vers ma voiture, garée le long du trottoir. J'adore ma nouvelle voiture. Petit achat impulsif mais j'ai craqué sur cette petite Austin Mini quand je suis passée devant le concessionnaire. Un peu comme pour un sac à main ou une petite robe, bien que le prix de mon nouveau bijou soit bien plus onéreux. Je démarre en trombe et m'insère sur la chaussée. Le trajet va se faire rapidement, je suis tout près de l'école hors de prix où Sam et Hope étudient.

Arrivée à l'école, je trouve une place facilement et m'empresse de rejoindre la petite grille. Plusieurs mères attendent déjà leurs rejetons en colportant les derniers ragots du quartier des ménagères de moins de cinquante ans. Je sens les regards sur moi et je sais que ces connes sont en train de mesurer à l'oeil la hauteur de ma jupe ou la profondeur de mon décolté. Au moins, je suis bandante, moi !

Putain ! Si un jour, j'ai la chance d'être maman, j'espère que je ne deviendrais jamais comme ces espèces de commères boudinées dans leurs leggings trop petits. Et j'espère que je n'aurais pas un cul aussi énorme que la femme juste devant moi. Je sais, je suis une garce mais sans rire, je n'ai jamais vu un cul aussi gros. Au moins quatre vingt mètres carrés.

La sonnerie de la cour d'école retentit et je vois déjà les premiers élèves sortir des classes en courant. Je répère facilement ma nièce. Toujours aussi belle, elle a un petit noeud bleu dans les cheveux et est vêtue de son petit uniforme de l'école. Sam la suit bien sûr. Ils sont indissociables tous les deux. Ils finiront par se marier un jour ou l'autre et l'amour qu'ils se portent est si beau à voir. À croire que plus on vieillit, moins on comprend l'amour.

Quand Sam passe son bras autour du cou de Hope, elle le repousse en grimaçant. Elle lui lâche quelque chose, le regard noir et celui baisse la tête. Y aurait il de l'eau dans le gaz dans notre petit couple si parfait ?

La mine boudeuse, Hope finit par sourire quand elle m'aperçoit. Elle s'approche de moi, suivie de près par Sam.

- Y'a ta maman, Hope, fait Sam.
- Ce n'est pas ma maman, répond Hope, limite dédaigneuse. C'est tata Elly.

Je m'abaisse quand elle court les derniers mètres et elle vient se blottir contre moi. Elle parsème mon visage de bisous et je souris. J'adore cette gosse. Elle est si facile et adorable. Sam m'embrasse à son tour et une fois que j'ai prévenu la surveillante que je prends Sam et Hope, nous partons rejoindre ma voiture.

- Tata ?
- Oui princesse ?
- On peut laisser le toit ouvert ? J'aime bien quand tu roules vite et que mes cheveux, ils volent avec le vent.

Je ris aux éclats alors que j'ouvre la portière de ma voiture. Sam et Hope y grimpent et je les imite. Installée derrière le volant, je me retourne.

- Tout le monde est bien attaché ?
- Oui, tata, chantent t-ils en même temps.

Je leur souris, cale mes Ray Ban sur mon nez et allume le moteur.

- Mets la musique à fond, tata ! dit Hope.

Je souris puis l'exécute. Le dernier tube d'Ed Sheeran commence à peine que Hope se met déjà à chanter à tue tête. Je jette un coup d'oeil dans le rétroviseur. Hope paraît heureuse alors que Sam boude toujours.

Le trajet jusque Coconut Grove se fait dans la bonne humeur. Hope ne fait que de chanter. Elle agite ses bras et ses épaules et danse à l'arrière, en secouant la tête. Même Sam finit par se prêter au jeu au bout d'un instant.

Arrivés devant la villa, je dépose Sam chez Selena et Ben. Hope accepte de faire un bisou à Sam, bon gré mal gré. Je me demande ce qu'il a bien pu faire pour subir les foudres de sa petite chérie.

Nous entrons à peine dans la villa que Hope jette son cartable dans l'entrée, retire ses chaussures rapidement et file vers le congélateur où elle prend aussitôt une glace. C'est rapide à cet âge là. Elle se pose dans le canapé tandis que je ramasse tout son bazar. Je m'assois près d'elle et elle me sourit.

- Tu es en colère contre Sam ?

Elle hausse les épaules tout en léchant sa glace.

- Qu'est ce qu'il a fait ?
- Les garçons, ils sont nuls.

Je laisse échapper un petit rire. Oui, elle a bien raison. Les garçons sont nuls, mais les filles le sont encore plus à s'obstiner à s'attacher à ces crétins. Dès qu'il est question de sentiments, c'est la fin dans un couple.

- Tu veux m'en parler ?

Elle hausse encore les épaules et ne dit toujours rien.

La porte d'entrée s'ouvre alors et j'entends la voix de ma soeur. Hope me fourre sa glace, déjà presque finie, dans la main et se précipite déjà sur le ventre de sa mère et le parsème de bisous.

- Tu m'as trop manqué ! dit-elle.

Aalya rit alors en posant sa main sur la tête de Hope. Elle lui caresse tendrement les cheveux et a ce regard qui l'anime à chaque fois qu'elle la voit.

- C'est moi qui t'aies manquée ? demande t-elle.
- Non, c'est le bébé.
- Oh bah d'accord, râle Aalya. Ça, c'est pas très gentil pour moi.

Ma soeur croise ses bras sur sa poitrine, juste au dessus de son ventre et affiche une mine boudeuse.

- Mais non maman, tu m'as manqué aussi. Promis.

Elle tend ses mains vers ma soeur qui s'abaisse aussitôt et encercle ses petits bras autour du cou de sa mère. Elle lui parsème la joue d'une pluie de bisous. Hope se détache de sa mère et embrasse son père. Nous ne nous saluons pas. Aaron boude et il est pire qu'agaçant.

- Ça a été l'échographie ? Je demande.
- Très bien. Le bébé pousse bien, le médecin a dit qu'il était parfait.

Aaron et Aalya ont décidé de nous laisser la surprise jusque la naissance. Je trouve ça franchement con. J'ai envie de savoir, moi, mais ils disent que la surprise n'en sera que meilleure. Avec les autres, on a eu beau trouver tous les arguments possibles et inimaginables, ils ne céderont pas. Ils sont vraiment têtus quand ils le veulent. Surtout lui.

- C'est un petit frère que je vais avoir ? demande Hope.

Aalya et Aaron se regardent tendrement et se sourissent. Ils n'ont pas besoin de donner la réponse, de le confirmer. Leurs sourires les trahit. Je vais avoir un petit neveu.

Aalya finir par hocher la tête et Hope lâche un petit cri de joie. Elle sautille sur place, frappe dans ses mains avant d'embrasser à nouveau le ventre de sa mère. Elle est heureuse, tout comme Aalya et Aaron et je suis vraiment heureuse pour eux.

Je sautille en même temps que Hope. Même si je voulais avoir une petite nièce, rien que pour le plaisir de lui acheter des body en tulle et pailettes, je suis heureuse de savoir que je vais avoir un neveu.

Aaron râle après Aalya, ce qui nous fait rire.

- On avait décidé qu'on ne dirait rien, gronde t-il.

Aalya tourne sa tête vers moi et hausse les épaules.

- C'est ma soeur, Aaron. Elly sait tout de moi. On n'a aucun secret.
- Dis-moi plutôt que tu savais que tu n'aurais pas tenu ta langue pendant cinq mois...
- Aussi, plaisante t-elle. Et je suis sûre que le jour où ce sera son tour, je serai la première au courant.

Je relève les yeux vers elle et lui offre un petit sourire. Aalya et moi, c'est fusionnel. Nous sommes jumelles, nous ne nous sommes jamais séparées. Un lien fort et indescriptible qui ne cédera jamais. Nous nous disons tout et n'avons aucun secret.

Enfin, parfois, il arrive que je garde des choses pour moi pour ne pas l'inquiéter.

Aalya n'a jamais su. Elle ignore totalement que j'ai dû prendre la pire des décisions il y a maintenant douze ans de cela.

Quand j'étais adolescente, j'étais le parfait opposé de ma soeur. Rebelle, insolente, forte tête, je passais la moitié de mon temps à sécher le lycée pour aller fumer des joints, jouer au billard ou boire des bières au parc. Je me suis laissée influencer par le premier garçon que j'ai aimé. Logan Pierce. Il était à mes yeux le symbole même de la rébellion. Tatoué, bagarreur, voyou à ses heures perdues, et il y en avait beaucoup, je suis tombé amoureuse comme une gamine de quinze, prête à croire que ce mec serait un avenir pour moi.

À bien y réfléchir, il aurait causé ma perte au fil des années. J'ai entendu dire qu'il était en tôle pour braquage à main armée, bien que je n'en suis pas si sûre. Je suis restée presqu'un an avec lui et le jour où je lui ai appris qu'il m'avait mise enceinte, je me souviens encore très bien de la façon dont il m'a hurlé dessus. Bien sûr, il ne voulait pas entendre parler de gosses qui braillent, de couches ou de biberons et il disait que je devais me demerder avec mon problème car c'était uniquement mon problème. J'étais en larmes ce jour là, déjà bien détraquée par mes hormones.

La seule qui a été au courant de ma grossesse était Mamina. Elle a été géniale avec moi, m'a parlé posément et calmement. Et à quinze ans, j'ai dû prendre la décision la plus difficile d'assumer ou non mon bébé. Je n'avais aucune situation et j'étais seule. Mamina m'a soutenue et m'a accompagnée au planning familial. J'étais dévastée à l'idée de tuer cet être qui poussait en moi mais c'était la seule solution. Je suis restée de longues minutes dans cette salle, pesant le pour et le contre, de prendre ma décision d'avaler ou non ces petits cachets de la mort, ceux qui tueront mon bébé. Mais je devais avorter, je refusais de ne pouvoir offrir à mon bébé tout ce dont il méritait. D'un côté, je comprends ce qu'a pu ressentir Mary quand elle a appris qu'elle attendait Hope.

- Félicitations Aaly ! Je dis, essayant de retrouver mon entrain.

Me rappeler ces souvenirs me comprime le coeur.

Elle s'approche de moi et me serre dans ses bras. Je m'enivre de l'odeur de ma petite soeur. J'ai toujours aimé son odeur. Elle m'a tellement rassurée quand nous étions petites.

Quand nous avons perdu notre père, nous avions tout juste sept ans et c'est ce jour là que j'ai perdu mon âme d'enfant. Notre mère s'était tirée depuis des années et je n'en ai aucun souvenirs. Mais je me souviens très bien des paroles de l'assistante sociale qui est venue nous chercher pour nous emmener dans notre première famille d'accueil. Elle m'avait dit qu'à partir de maintenant, je devais prendre soin de ma petite soeur, que je devais la protéger. Et c'est ce que j'ai fait. Je me suis occupée d'Aalya, je l'ai protégée et j'ai tout fait pour qu'elle puisse réaliser ses rêves, quitte à sacrifier mon propre avenir pour elle. Je l'ai fait par amour car le lien entre deux soeurs est fort, mais qu'il l'est encore plus quand il s'agit de jumelles.

Quand je la regarde, je suis fière de voir ce qu'elle a accompli. Elle est une femme forte, qui s'est épanouie sur le tard en rencontrant Aaron. La première fois que je l'ai rencontré, il m'a pris pour elle, comme beaucoup le font d'ailleurs et j'ai tout de suite compris qu'il était amoureux d'elle. Il n'en avait pas encore conscience mais moi, je l'ai su aussitôt. Ce mec serait celui qui changerait ma soeur et je dois avouer qu'il le fait à la perfection.

Aalya est une mère aimante également. Il a suffi de voir comment elle s'est battue pour qu'Aaron s'occupe de Hope. Elle était prête à sacrifier son amour pour lui pour s'occuper d'une petite fille qu'elle connaissait à peine. Aalya a toujours été altruiste, à vouloir soigner les oiseaux blessés ou à défendre les plus faibles au lycée, quitte à devenir à son tour la victime. Elle a en elle une force qui la pousse à s'occuper des autres, à croire en la vie. Sur ce point, nous sommes tellement différentes.

Tout le monde autour de nous me voit comme le caractère fort, celle qui souleverait des montagnes pour sa soeur, celle qui ne se laissera jamais faire. Mais en réalité, c'est Aalya qui est comme ça. C'est elle qui a des convictions et qui se bat pour ça. On me voit comme une femme accomplie mais en réalité, je suis à des années lumières de l'être. Tout le monde pense que je suis un pilier mais en réalité, je ne suis qu'un bloc de ciment fissuré et fragilisé. Et Aalya est celle qui comble ces fissures pour me tenir. Elle n'a pas l'air de s'en rendre compte mais si je la perdais un jour, je serais anéantie.

Aaron s'assoit sur la table basse, son regard toujours dans le mien. Je sais qu'il m'en veut, qu'il a la haine contre moi depuis deux mois, depuis que j'ai dit que je savais que Jason était leur frère. Luke l'a beaucoup mieux pris et nous nous sommes rapprochés depuis. Mais je sais qu'Aaron fait l'effort pour Aalya.

- Je pensais que les moches étaient interdites ici, dit il.
- Il paraît, je dis. Alors pourquoi tu es entré ? je rétorque.
- Je suis chez moi, je te rappelle.
- Et moi, chez ma soeur.

Aaron me regarde, dépité, puis secoue la tête.

- Hope, va faire tes devoirs, dit Aalya.

Je sais qu'elle dit ça car elle a peur que ça parte mal entre Aaron et moi et qu'elle ne veut pas que Hope en soit spectatrice. Je l'adore ce débile mais je ne comprends pas ses réactions en ce moment. Certes, il lui est arrivé quelques tuiles ses derniers temps, je le conçois mais il est temps qu'il aille de l'avant.

Aalya me dit que c'est l'accumulation. Entre son travail, Mary, le mariage qui tarde, le bébé et Jason, il est sur les nerfs. Je peux le comprendre mais ce qui m'énerve, c'est qu'il ne tente pas de régler ses problèmes. Il reste là, comme un débile, à se renfermer encore plus dans sa colère et sa connerie.

Hope râle mais s'exécute, non sans taper du pied chaque marche des escaliers lorsqu'elle le monte.

- Pipi ! Lâche Aalya.

Elle maintient son regard dans celui d'Aaron et l'embrasse sur la joue. Je me demande si ce n'est pas un prétexte pour ne pas être témoin de notre future prise de bec mais je crois que c'est surtout l'occasion de nous laisser parler entre nous. Aalya est complètement démissionnaire depuis qu'Aaron a décidé d'être aussi têtu que moi.

Je regarde ma soeur traverser le séjour en direction de la salle de bain la plus proche puis reporte mon attention vers Aaron qui ne me quitte pas du regard. Je soupire d'agacement avant de rouler des yeux.

- Bon, Davis ! Tu vas me faire la gueule encore longtemps ?

Il me fixe sans ciller du regard, sans un mot. Nous nous regardons un moment.

Il ne va pas parler ce crétin ! Pour en dire des conneries, c'est le premier mais il excelle aussi dans la stupidité parfois. Souvent même.

Au bout d'un instant, je me lève d'un bond sans le quitter des yeux.

- Je vais y aller. Tu embrasseras Aaly pour moi.

Je sens ses doigts s'enrouler autour de mon poignet et il se lève lentement.

- Elly ?

Je fronce légèrement les sourcils. Je sais que quand il utilise le surnom que seule Aalya me donne, c'est qu'il compte discuter sérieusement.

- Quoi ? je réponds, un brin agressive.
- Je suis désolé.

Je soupire de soulagement. J'ai cru que ce jour n'arriverait jamais.

- Il était temps, Davis !

Il laisse échapper un petit rire géné et se frotte la nuque avec sa main.

- Ouais. Je crois que je pars un peu en couilles là.
- Oh si peu...
- Te fous pas de moi, s'il te plaît plaisante t-il.

Je roule des yeux. C'est pourtant tellement marrant de se foutre de lui. Et il nous le rend tellement bien.

- Bon, je vais t'aider parce que tu ne vas pas y arriver sans moi, je commence.

Il roule des yeux, ce qui me donne envie de le frapper mais je vais me retenir au maximum.

- Aalya souffre de voir que c'est tendu entre nous. Et ce n'est pas bon pour le bébé. Alors oui, je savais qu'il est ton frère. Mais arrête de m'en vouloir de ne pas te l'avoir dit. Ce n'était pas à moi de vous le dire. Ok ? C'était à lui. À lui seul.
- Je sais Elly. J'ai compris.
- Il t'en faut du temps pour comprendre les choses, Davis.

Tout comme il lui en a fallu pour comprendre qu'il était amoureux de ma soeur alors que tout le monde autour de lui le voyait.

- Je suis un débile, c'est pas un scoop.
- Bah tu m'étonnes ! Écoute Aaron, tu sais que je t'adore et que tu es mon beau frère preferé.
- Normal, je suis ton seul beau frère !
- C'est vrai, mais même si j'en avais cent, tu serais mon préféré quand même parce que tu rends ma petite soeur heureuse.
- Non, c'est elle qui me rend heureux.
- Pfff ! Qu'est ce que tu es gnangnan. Ressaissis toi, mec ! On dirait une meuf.

Je lui offre un coup à l'épaule et il rit aux éclats.

- Je crois Aaron qu'il est temps que tu aies une petite discussion avec Jason...

Il secoue la tête. Je crois que j'aurais dû attendre encore un peu avant de le lancer sur ce sujet. Mais je suis comme ça, je ne coupe pas les cheveux en quatre et quand je dois dire quelque chose, je manque parfois de tact. Certains appelleraient ça un manque de discernement. Moi, je me considère ça comme un gain de temps. Pas besoin d'y aller par quatre chemins.

- Fais comme tu sens mais t'es vraiment con parfois.

Il m'offre un petit sourire, signe qu'il n'est pas entièrement hermétique à la franchise.

- C'est toujours pas un scoop !

Je comprends qu'il me souriait pour sortir sa connerie et ça me fait aussitôt monter en pression. En fait, il n'est pas prêt d'arranger les choses.

Je ne dis rien, me contente de secouer la tête, dépitée et navrée devant ce comportement d'adolescent attardé. J'attrape mon sac à main et quitte la villa en claquant la porte.

Depuis deux mois, personne n'a vu ou eu des nouvelles de Jason. À cause de lui, Jason est aux abonnés absents. À cause de la connerie d'Aaron et son comportement de crétin égoïste et trop pourri gâté par la vie, je ne le vois plus. Et ce qui me fait le plus chier, c'est que je ne sais pas comment il va.

Jason me manque. Terriblement. Quand je l'ai rencontré, jamais je n'aurais pensé qu'une partie de billard aurait changé ma vision des choses. Avant lui, je ne cherchais que des relations sans attaches, sans sentiments, sans prises de tête. Avant lui, je n'avais jamais été autant attachée, autant dépendante d'un homme. Hormis Logan Pierce peut être mais je n'étais qu'une adolescente. Avant Jason, je profitais de la vie, des mecs, de la jeunesse et de la fête. Avant lui, je n'avais aucune envie, aucune volonté de former un duo avec une personne qui finirait forcément par me faire souffrir un jour. Mais il est entré dans ma vie sans que je m'y attende.

Tout était clair au début entre nous. Jason et moi, c'était physique, uniquement charnel. Bestial parfois mais surtout et seulement sans prise de tête. Ça me convenait très bien.

Sauf qu'au bout de quelques semaines, nous avons commencés à faire ces petites choses qui ont fait de nous un couple. Nous avons commencé à laisser traîner des petites affaires chez l'un ou chez l'autre, nous avons commencé à sortir, comme les couples le font, nous parlions de nous, de nos envies, de nos projets personnels. Et j'ai compris que cette relation légère, sans prise de tête était devenue une relation, une vraie.

Alors j'ai attendu encore six mois. Mais Jason ne semblait pas comprendre les mêmes choses que moi. Il disait qu'on était très bien comme ça, que ça ne servait à rien de se projeter car nous n'étions pas un couple. J'ai eu mal ce jour là. Très mal même. Et j'ai compris que ma vision des choses sur les couples avait non seulement changée mais surtout que ce n'était pas avec Jason que je vivrais ça. Il ne le voulait pas, bien qu'il ne me l'ait jamais dit.

Alors un soir, après que j'aie tenté une nouvelle fois de l'amener sur ce sujet, j'ai fait une erreur. Celle où je lui ai dit que je l'aime. Sur le coup, ça m'avait libéré. Ces trois mots, je les pensais depuis des mois et des mois mais j'étais comme bloquée pour lui dire. Il faut dire que ces mots, je ne les avais pas dits depuis Logan. Alors quand il m'a regardée tristement, qu'il semblait complètement perdu et surtout atteint d'un mutisme foudroyant, j'ai compris que c'était la fin de notre relation. Ce n'était pas réciproque et je m'étais accrochée à une relation à sens unique. J'ai pleuré alors que je ne l'avais pas fait depuis des années.

Il faut dire que ce soir là, j'étais à cran après un rendez-vous chez mon médecin. Je revenais de l'hôpital et c'est ce jour là que j'ai appris que ma vie ne serait plus la même désormais.

***

Coucou à tous !

Ça y est ! Je publie enfin (j'avais oublié de faire ma petite NDA).

J'espère que tout le monde va bien. Moi je suis pas mal fatiguée en ce moment mais on s'en fout un peu de ça. Mdr.

Alors ? Qu'avez vous pensez du pdv d'Ellya ? Elle semble vouloir tourner la page "Jason" même si elle a du mal à l'oublier.

Je vous souhaite à tous un bon week-end. Amusez vous, profitez de vos proches et faites la fête !!!
(Pas trop de bêtises quand même, soyons responsables).

On se retrouve bientôt.

Bisous

Laurie

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