PROLOGUE
JASON
Janvier 2020
***
Non mais qu'est-ce que je fous là ? L'endroit est... Trop fille. Je me croirais dans le trou du cul d'une fraise, dans la limite où ça en a un. Le rose pète de partout et ça m'arrache la rétine. Et y'a que des meufs, qui ont leurs regards fixés sur mon cul. Bordel mais qu'est-ce que je fous là ? Pourquoi j'ai dis oui ?
Sûrement à cause du désespoir. Depuis presque deux semaines, je suis à la recherche d'une babysitteur pour m'occuper d'E-J. J'en vois des gonzesses prêtes à s'occuper de ma fille, mais Emmy ne les aime pas. Soit elle pleurniche, soit elle leur arrache les cheveux ou leur vomit dessus. Et si Emmy ne les aime pas, je les aime pas non plus. Je veux pas que ma fille soit confiée à n'importe qui.
N'empêche qu'en attendant, je suis bien dans la merde. Toute la journée, je cours entre le loft et la salle de boxe, le Babyphone dans la poche et ça devient plus possible. Il me faut une babysitteur et vite. Et c'est d'ailleurs pour ça que je suis dans ce salon de thé où une certaine Jody m'a donné rendez vous pour postuler. Sauf qu'elle vient de m'envoyer un message comme quoi elle aura du retard, chose qui ne joue pas en sa faveur. Ça m'emmerde car j'aimerai régler ça vite.
- Tu y mets du tien, hein ? Pas de vomi, pas de pleurs ? Que des sourires et des trucs qui envoûtent comme tu le fais si bien. Ça marche ?
Emmy me sourit et j'embrasse sa tempe alors que la cliente devant moi prend sa commande. Je m'approche à mon tour.
- Bonjour, vous pouvez me mettre un café. Noir, sans sucre.
La gamine devant moi me regarde d'un air déphasé. Elle est jeune et a dû atteindre la majorité la veille.
- On ne fait pas de café ici. On est dans un salon de thé.
Je soupire. S'il y a bien un concept que je ne pige pas, c'est celui-là. Quel lieu public ne propose pas de café ? Même dans une station de lavage, il y a un distributeur.
- Ok, alors un Pepsi.
- On fait pas de Pepsi.
Je soupire à nouveau. Oh putain !
- Bon, ok. Vous faites quoi ?
- Bah du thé !
Je me retiens d'hurler. Putain, je vais me la faire cette pucelle ! Je me pince l'arrête du nez. Zen, Jayz... Zen...
- Ok, alors ça sera un thé glacé pour moi. Mais sans sucre.
Elle commence à taper sur sa machine et relève son visage vers moi.
- Avec ou sans lait ?
- Sans. Et vous mettrez aussi sans vos feuilles de thé tant que vous y êtes.
La gamine relève son visage vers moi.
- Vous voulez de l'eau en fait ?
Alleluia ! Ses deux seuls neurones viennent de se connecter entre eux.
- Voilà.
- Vous êtes dans un salon de thé, Monsieur. Quand les gens viennent ici, c'est pour boire un thé.
Voyant que je commence à perdre patience, une femme s'approche d'elle et la décale gentiment sur le côté.
- Laisse Kirsten, je vais m'occuper de monsieur.
Je me retiens de la remercier. J'aurais pu tuer cette fille si elle continuait à être aussi conne. La blonde devant moi m'offre un large sourire.
- Vous voulez de l'eau ? C'est bien ça ?
Je réponds d'un signe de tête. Elle me répond d'un sourire franc avant de se retourner et d'ouvrir un grand frigo. Elle sort une bouteille d'eau qu'elle dépose sur le comptoir puis prend un cupcake d'un présentoir.
- C'est pour m'excuser. Pour mon employée, dit elle. Vous verrez, ils sont délicieux. C'est mon amie qui les fait.
Je lui souris pour la remercier. Je suis pas très gâteau mais je suis sûr qu'Emmy adorera. Quand je l'entends commencer à pleurnicher, je la secoue comme un prunier. Calée sur ma hanche, elle cesse un instant avant de reprendre de plus belle une fois que j'arrête de bouger pour payer. C'est vraiment une gueularde mais bizarrement, j'aime ça. Si Emmy avait été calme, ça aurait été plus tranquille au loft mais sûrement moins marrant.
- Chut ma belle ! Sois sage !
Elle grimace devant moi et quand je comprends ce qu'elle est en train de faire, je trouve ça bizarrement moins marrant. Et l'odeur qui va avec encore moins.
Je récupère ma commande auprès de la femme et tourne les talons. Je scrute la salle et aperçoit les toilettes.
- Bordel E-J ! Tu pues !
Ça a l'air de la faire marrer car elle s'agite dans mes bras, comme si elle était fière d'elle.
Je m'empresse de rejoindre les toilettes de ce café et constate une nouvelle fois que le coin bébé est dans les toilettes des femmes. Je déteste ça car quand j'y entre, tous les regards sont braqués sur moi, comme si j'étais un gros pervers qui avait fait exprès de rentrer là-dedans. Je prie silencieusement parfois pour que ce coin bébé soit disponible dans les toilettes des mecs un jour. Bon, l'avantage, c'est que l'odeur est plus sympa du côté des nanas.
Je pousse la porte et les regards se braquent sur moi. Les trois jeunes filles qui sont devant le miroir me fusillent de leurs yeux trop maquillés avant de porter leurs regards sur Emmy.
J'ai le droit alors à des battements de cils, des yeux amourachés et des petits "awn" attendris. On croirait Kate quand elle me voit avec Emmy. C'est limite pathétique. Je ris d'avance en imaginant leurs tronches quand j'ouvrirai la couche d'E-J et que ça embaumera la pièce. Ces dindes feront la gueule et on verra si elles seront toujours belles sous leurs trente couches de maquillage.
Je dépose Emmy sur la table, ainsi que ma commande puis laisse tomber le sac à langer à mes pieds. Ce machin est d'un chiant. Ça serait qu'à moi, j'aurais une couche dans une poche de mon jeans et un biberon dans l'autre mais non, Kate dis que je dois avoir toujours sur moi un sac avec tout un tas de trucs qui peuvent servir. Oui, qui peuvent. Pas qui servent ! C'est là tout le problème. Ils ne me servent jamais.
- Elle est trop mignonne, dit l'une des filles, celle qui paraît la moins farouche.
Autant je trouvais que les tatouages et la moto était un bon truc pour attirer la gente féminine, autant un mec avec un bébé et un sac à langer, c'est un aimant à nanas. À croire que c'est le summum du beau gosse, le sommet de la sex-attitude.
- Et ce qui vient de sortir de son trou de balle, tu veux voir si c'est mignon ?
La meuf se résigne face à moi alors que ses copines grimacent. Je lève les yeux au ciel. C'est vrai, les filles, ça chie des Skittles et ça pète du Chanel numéro cinq ! Quelles belles hypocrites !
Les trois nenettes se cassent, l'air outré. Tant mieux, j'aurai pas à supporter leurs jérémiades et leurs paroles loin d'être intéressantes. Je sais que je suis un enfoiré mais depuis un an, depuis qu'Elly est partie, je suis un enfoiré. Je refuse tout contact avec une femme. Je m'evertue à être désagréable pour qu'elles ne s'approchent pas de moi. J'ai d'ailleurs eu personne et je ne le veux pas. J'ai besoin que d'une femme dans ma vie mais je ne pourrai plus jamais l'avoir. Et pour être honnête, Emmy et moi, on est une super équipe et je ne veux pas que quelqu'un d'autre vienne nous faire chier dans notre équation si parfaite. On est bien tous les deux, on a besoin de personne d'autre. Sauf d'une babysitteur. Du lundi au vendredi, huit heures par jour.
Un petit rire se fait entendre sur ma gauche et je tourne aussitôt la tête. Une femme est devant le miroir, frottant le bas de son petit pull d'hiver. Elle secoue la tête, toujours concentrée sur son vêtement avant de la relever vers moi.
Elle m'offre un sourire sincère.
- Vous leur avez bien cloué le bec à ses pimbêches.
Je souris seulement. Ouais, je sais. À elle aussi, je devrais le faire pour qu'elle ne saisisse pas l'occasion de débuter une conversation
Alors que je pensais qu'elle continuerait, elle baisse la tête et se remet à frotter le chocolat sur le bas de son pull beige. Je l'observe un instant. Elle est mignonne, naturelle. Ses grands yeux en amande la rendent aussi mignonne que ses lèvres rouges naturellement. Elle a de longues mèches blondes qui eclairent son chatain naturel.
Comprenant que je l'observe depuis un moment, je me reconcentre sur Emmy. Elle a chopé la bouteille d'eau et la porte à sa bouche. Je me débats avec son petit jean slim. C'est quand je change la couche que je déteste Kate pour acheter des fringues à Emmy. Elle peut pas faire simple, Non ? Il faut toujours qu'il y ait des paillettes, du rose ou tout plein de boutons.
Une fois son pantalon retiré, je prends une grande inspiration, saisis le col de mon tee shirt et le bloque sur mon nez. Bordel ! Je sais que j'ai l'air con mais honnêtement, l'odeur est insoutenable et je sais que je ne m'y habituerai jamais. J'ouvre la couche et découvre l'oeuvre artistique de ma fille. Bordel ! C'est limite gore. Je m'abaisse vers le sac à langer et sort un paquet de lingettes. J'en profite pour reprendre ma respiration.
Je me relève alors que je sens mon téléphone vibrer dans ma poche plusieurs fois. Un appel. Peu importe qui c'est, je rappellerai. Là, je suis en mission "caca-tout-degueulasse".
De toutes façons, je suis presque sûr que c'est ma chieuse de soeur. Depuis quelques semaines, Kate s'évertue à me proposer un rancard avec ses amies. Quoi, les dindes qui lui servent d'amies. Plus débiles les unes que les autres et je suis quasiment sûr que son appel est pour m'engueuler car j'ai posé un lapin une certaine Mackenzie hier soir. Il va falloir que je discute sérieusement avec ma soeur car son petit jeu d'entremetteuse me tape sur le système. Qu'est ce qu'elle ne comprend pas dans "Je suis bien tout seul" ou dans "va te faire foutre Kate"?
Je nettoie le cul de ma fille et jette la couche remplie du merveilleux cadeau de ma fille dans la poubelle. Ça, c'est bien un truc que je ne garderai pas en souvenirs. Je m'abaisse une nouvelle fois vers le sac à langer pour choper une couche propre. Je tire sur mon tee shirt. L'air est déjà moins pollué, dieu merci. Je ne suis pas encore très à l'aise quand il s'agit de changer Emmy mais j'apprends. Par contre, là, je sais que j'oublie un truc... Mais quoi ?
Quand je m'en souviens, je tends ma main vers la table à langer. Emmy adore se retourner quarante fois quand je lui change la couche, ce qui rend l'exercice encore plus périlleux. Je me redresse et la brune est là, une main posée sur ma fille qui tente par tous les diables de se retourner. Elle me sourit timidement.
- Désolée, s'excuse t-elle. À cet âge-là, ils sont rapides.
Elle a raison. Emmy ne marche pas encore et je n'ai vraiment pas hâte qu'elle s'y mette. Déjà qu'à quatre pattes, je lui cours après toute la journée.
- Pas besoin de s'excuser. Vous avez raison. Je n'ai pas encore le réflexe.
- Ça va venir, dit elle.
Elle baisse son visage vers ma fille et sourit.
- Elle a quel âge ?
- Un an.
- Ils sont marrant à cet âge-là. Elle s'appelle comment ?
Je la fixe. Cette question est anodine mais c'est la première fois qu'on me le demande. D'habitude, les femmes commencent par un "Elle est mignonne" et finit par "Vous êtes séparé de la maman?". Clairement, la deuxième question les intéresse bien plus et je comprends que ce n'est pas le bébé qui les intéresse mais le papa.
- Emmy-Jordan. Mais on l'appelle E-J ou Emmy.
- C'est original. Ni le papa, ni la maman n'a réussi à faire flancher l'autre alors ? Vous avez pris les deux, c'est un bon compromis.
Non, c'est juste le papa qui était complètement perdu quand on lui a demandé de choisir un prénom.
- Disons que c'est venu naturellement, je dis seulement.
- Ouais, je vois. En tout cas, elle est très belle. Elle vous ressemble.
- Ah bon ? Tout le monde me dit qu'elle ressemble à sa mère.
Et c'est vrai ! Même moi je le remarque.
- Elle a votre nez. Et ce petit truc dans son regard identique au votre, même s'ils ne sont pas de la même couleur. Oh, en fait, je m'appelle Charlie. Quoi, c'est Charlotte mais je n'aime pas trop alors tout le monde m'appelle Charlie.
Elle tend sa main vers moi avec un large sourire. Je devrais l'envoyer chier mais mon instinct me pousse au contraire. Je tends ma main vers elle.
- Jason, je dis simplement.
- Enchantée Jason. Et enchantée Emmy-Jordan.
Elle saisit la main d'Emmy et celle-ci lui sourit. C'est la première fois qu'elle n'est pas sauvage avec une inconnue. Je trouve ça assez surprenant de la part de ma fille. Bizarre même.
Je m'empresse de rhabiller Emmy et les yeux de cette Charlie se posent sur le cupcake au chocolat.
- Vous ne l'aimez pas ?
- Je ne suis pas très gâteau. C'est souvent trop sucré, trop lourd, trop chocolat.
Ses sourcils se froncent légèrement. Elle doit faire partie des femmes comme Kate qui ne jure que par le chocolat.
- Pourquoi l'avoir pris alors ?
- C'est une longue histoire. La patronne me l'a offert.
Charlie secoue la tête, amusée.
- Je ne suis pas étonnée de Jane. Dès qu'elle voit un beau mec, elle ne peut pas s'empêcher de lui offrir quelque chose. Oh ! Pardon ! Je m'excuse, j'ai dis que vous étiez un beau mec et... C'est indélicat. Surtout devant elle...
Ses yeux se portent sur E-J.
- ... Ne dis rien à maman surtout, je ne voudrais pas qu'elle m'en veuille, souffle Charlie à l'oreille d'Emmy qui rit aussitôt de plus belle.
Je souris aussitôt. Cette fille est marrante et agréable. Mignonne aussi. On peut presque lire en elle. Le regard est la fenêtre de l'âme d'une personne et cette femme paraît être une bonne âme sur Terre. Je ne sais pas pourquoi mais depuis ses dix minutes, depuis que j'ai entendu son petit rire alors qu'elle retirait cette tâche de chocolat de son petit pull beige, je me sens bien. Ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé.
Charlie relève son visage vers moi et me sourit. C'est plaisant. Très plaisant.
- Vous devriez goûter.
- Quoi ?
- Le cupcake.
- Pourquoi ?
- J'aimerais avoir votre avis. S'il est vraiment trop sucré, trop lourd, trop chocolat.
Voyant qu'elle insiste, je saisis le gâteau et en prend un morceau. C'est vrai que c'est bon. Il n'est ni trop lourd, ni trop sucré. Il est chocolat par contre et je m'étonne d'aimer ça.
- C'est plutôt pas mal. La fiancée de mon frère devrait prendre des cours avec la personne qui l'a fait. Il est vraiment bon.
Rien à voir avec les expériences culinaires et désastreuses de Harper. Même si ça fait plus d'un an qu'on l'a supplie d'arrêter, Looper s'entête. Elle dit qu'elle finira par y arriver et on désespère tous que ce grand jour arrive enfin. Aaron dit qu'on en fera une fête nationale.
- Et bien ça tombe bien, je donne des cours de pâtisserie dans le centre. Vous devriez proposez à la fiancée de votre frère de venir.
- C'est vous qui avez fait le gâteau ?
- Et oui ! Je suis une femme pleine de mystère et pleine de surprise, rit-elle.
Je me joins à elle. Ça fait si longtemps que je n'ai pas ris réellement. Ça fait du bien. Vraiment. J'ai l'impression que mon coeur s'est remis en marche, après une longue période d'hibernation et de sommeil.
Charlie ouvre son petit sac à main et fouille dedans. Elle sort une petite carte d'un étui et me la tend.
- Tenez ! C'est ma carte ! Si ça l'intéresse, ça pourrait être sympa. Dites lui que je donne mes cours tous les jeudi soirs.
Je saisis la carte du bout des doigts sans quitter son regard.
- Je vais devoir y aller, dit-elle. C'était un plaisir de discuter avec vous deux.
Elle dépose un baiser sur la joue d'Emmy puis relève son visage vers moi pour me sourire.
- Bonne journée Emmy-Jordan et son papa.
Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle a déjà tourné les talons. Je regarde la porte se refermer et mes lèvres s'étirent. Peu importe ce que Looper a de prévu jeudi soir prochain, elle va devoir annuler ses plans...
***
Coucou mes LoveAddict !
Je suis tellement heureuse de vous retrouver ici. J'espère que tout le monde va bien ?
Pour moi, tout est parfait. Je pars en vacances dans une semaine, j'avance très bien dans la mise en page de Love & Reborn que je dois rendre dans un mois à l'équipe Fyctia et aujourd'hui, il y a un grand soleil chez moi. La vie est belle ! J'adore !
Je pense que nous n'avons pas besoin de faire un point sur ce prologue. C'est l'un des bonus de Love Sacrifice et c'est la fameuse rencontre Charlie/Jason. J'espère que vous avez eu plaisir en le re-decouvrant.
Je vous laisse donc sur ce petit coucou. J'ai la suite à écrire. Oh mais, je suis bête, elle est déjà écrite... ce qui veut dire que je vais pouvoir vous envoyer le chapitre 1 dans la foulée.
Je ne vous oublie pas pour autant avec Love Past. J'ai très bien avancé et je compte vous publier la suite de l'histoire de Kate et Hunter ce week end. J'espère que ça vous fait plaisir.
Je vous fais des bisous les LoveAddict
L
(LoveWriter)
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