Chapitre 7

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"L'amour est la poésie des sens."
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-La physiologie du mariage- 



Un air triste sur le visage, Jeongin rentra dans ses chambre et posa son sac à côté de son bureau. Il s'assit sur son lit et se laissa tomber en arrière, ayant pour vue son plafond où il avait accroché des pages de vieux livres jaunies par le temps. Lorsqu'il se sentait angoissé, il aimait bien regarder ces lignes au-dessus de lui, il savait ce qu'elles disaient et il aimait se les rappeler pour se calmer.
Aujourd'hui, il n'avait pas reçu de poème, peut-être que son admirateur secret était malade ? Jeongin espérait que si c'était le cas, qu'il allait mieux. Au fond de lui, il savait que la version la plus logique à cette absence de mots dans son casier, venait du fait que son admirateur s'était sûrement rendu compte que Jeongin était un garçon sans intérêt et qu'il ne méritait pas toute cette attention qu'il lui témoignait. Au fond de lui, Jeongin ne trouvait pas ça vraiment étonnant , il n'avait rien qui puisse attirer quelqu'un, n'empêche, il était quand même un peu attristé par cette nouvelle. 

Pour se changer les idées, il décida que ce serait bénéfique pour lui de se plonger dans ses devoirs. Il se releva et lorsque son regard se posa sur son bureau il se rappela.

Vendredi, il avait trouvé un carnet dans les vestiaires des garçons et il avait complètement oublié de le ramener aujourd'hui. De toute manière, il n'y avait aucun nom sur la couverture indiquant à qui il appartenait et il n'avait pas osé l'ouvrir, trouvant que ce serait une intrusion dans l'intimité de celui qui l'avait perdu. Néanmoins, comment était-il sensé le rapporter si il ne savait pas à qui il appartenait ? Il ne pouvait pas simplement le remettre dans les vestiaires ou le donner à la vie scolaire, le garçon à qui il était n'avait peut-être pas envie que des personnes tombent sur ce carnet. Se mordillant nerveusement la lèvre, Jeongin se leva. 

Il prit place sur sa chaise de bureau et regarda le carnet marron. Il fallait qu'il l'ouvre, peut-être que son possesseur avait marqué son nom sur la première page et que cela éviterait à Jeongin de lire quelque chose de trop intime ? La plupart des gens faisaient ça, Jeongin ne risquait rien à l'ouvrir seulement pour chercher le nom d'à qui il appartenait.
L'adolescent ouvrit donc le carnet et tomba sur une page beige épaisse, cela devait être initialement un carnet de croquis. Il scruta pendant de longues secondes la première page, sans trouver aucun nom. Après s'être donné du courage, le garçon tourna une autre page et tomba de nouveau sur rien. Peut-être que le carnet était vide ? Jeongin trouvait dommage de ne pas savoir à qui il appartenait mais il était rassuré de ne pas être tombé sur quelque chose de privé. C'est avec plus d'assurance qu'il tourna une nouvelle page et qu'il tomba sur un dessin. 

Le cœur de Jeongin loupa un battement. Il se trouvait devant un dessin de lui, regardant par la fenêtre d'une salle de classe. En haut de la page se trouvait son prénom, marqué par un écriture qu'il ne connaissait que trop bien. Les traits du dessin avaient la même finesse et les arabesques de l'écriture étaient les mêmes que celles qu'il aimait regarder lorsqu'il recevait des poèmes, le doute n'était plus possible : Jeongin venait de tomber sur le carnet de son admirateur secret. 

Prit de panique, Jeongin referma le carnet d'un coup et s'éloigna de son bureau.
Il n'aurait jamais dû ouvrir ce carnet, c'était trop privé, trop intime. Il se passa une main sur le visage, pensant sûrement que cela l'aiderait à remettre de l'ordre dans ses pensées mais c'était peine perdue. Son cœur n'arrêtait pas de battre comme un fou et Jeongin en avait presque mal, surtout qu'il n'arrivait pas à définir si il était heureux de cette découverte ou non. Oui, il venait de trouver le carnet de son admirateur secret et il devait sûrement y avoir des indices sur son identité dedans mais il avait mal au cœur. Son admirateur secret chez qui il avait perçu une sensibilité complètement déroutante, aussi profonde que la sienne, devait être dans un était d'angoisse atroce d'avoir perdu son carnet. Jeongin s'en voulu d'avoir prit ce carnet, son admirateur ne savait pas que c'était lui mais il devait se douter que quelqu'un lui avait prit dans les vestiaires et devait être dévasté, Jeongin tenait sur son bureau une grande partie du cœur de son admirateur. 

Jeongin savait que si jamais on lui prenait quelque chose qui lui permettait de s'évader, il serait anéanti, il perdrait son point de repère, celui qui lui permettait d'avoir la tête haute et d'endurer les souffrances de la vie. Jeongin possédait cette partie de son admirateur et il s'en voulait, c'était la plus horrible des sensations. Il devait impérativement trouver un moyen de lui rendre, mais comment, si il n'avait aucune idée de qui il était ? Il était hors de question qu'il passe au peigne fin le carnet, il ne se permettrait pas de lire chacune de ses pages, il devait donc procéder autrement. 

Jeongin savait que son admirateur était dans sa classe et que c'était un garçon, ce qui lui permettait d'éliminer la moitié de ses camarades. Il savait aussi qu'ils faisaient sport ensemble puisqu'ils partageaient les mêmes vestiaires. Il savait qu'il devait aimer la littérature pour avoir de si jolis mots en têtes et qu'il était incroyablement doué en dessin. C'était des détails non négligeables mais bien pauvres, rien qui ne lui permettait de deviner qui se cachait derrière ces coups de crayons.
La situation était bien plus compliqué qu'il ne l'avait pensé.
Jeongin s'assit de nouveau sur sa chaise de bureau et laissa sa tête tomber en arrière, il fallait qu'il trouve rapidement une solution, il ne pouvait pas se permettre de garder ce carnet en sachant que son admirateur devait sûrement souffrir de son absence. Mais peu importe de qu'elle manière il s'y prenait, il ne trouvait aucune manière de rendre ce carnet à son propriétaire sans fouiller dedans, et il s'y refusait toujours. 

Néanmoins, il avait déjà vu la première page du carnet et il savait qu'elle ne montrait aucun signe de qui était son admirateur, c'était simplement un dessin de lui en classe. Il n'avait pas reçu de poème aujourd'hui, alors il ouvrit le carnet à la page du premier dessin et le regarda longuement. Il observa en premier lieu l'écriture qu'il trouvait toujours aussi belle et poétique, avant de descendre ses yeux sur le dessin.

Il se voyait, assit en classe, la tête posée sur sa main pendant que son regard se perdait dans le vide de la fenêtre. Jeongin se souvenait de ce jours-là, c'était le jours de la rentré en dernière année de lycée et il était un peu triste parce qu'aucun de ses amis n'étaient dans sa classe, il s'était installé au fond de la salle pour se faire remarquer le moins possible, un garçon seul ça se remarquait et ça attirait toujours des moqueries. La place près de la fenêtre était devenue sa place attitrée depuis ce jours. Cette journée n'avait pas vraiment bien commencée étant donné qu'il se sentait seul, mais il était arrivé. Jeongin avait levé les yeux pile au moment où Hyunjin et son ami Jisung étaient entrés dans la salle. Ils marchaient en riant et s'étaient installés devant Jeongin, qui n'en revenait pas. L'objet de ses sentiments n'avaient jamais été aussi proche de lui et il avait complètement paniqué, il avait eu peur de faire n'importe quoi. Finalement, les battements affolés du cœur de Jeongin s'étaient calmés et il avait pu suivre à peu près son premier cours. Il avait ensuite remarqué que Hyunjin ne lui prêtait aucune attention et c'était tant mieux, il avait trop peur de passer pour quelqu'un d'étrange. 

Mais cela, c'était avant.
Hyunjin l'avait remarqué à cause de sa nouvelle couleur de cheveux et il l'avait même complimenté sur ça. Il lui avait adressé la parole, avait prononcé son prénom et lui avait accordé de l'attention pour la première fois de sa vie et ça avait été merveilleux. Jeongin n'oublierait jamais ce jours et qui sait, si Hyunjin lui avait adressé la parole une fois, il pouvait peut-être recommencer ? Il l'avait d'ailleurs fait, mais pour lui demander une gomme, on en pouvait pas dire que c'était vraiment une grande attention.

Rêvasser de Hyunjin n'allait pas l'aider avec ce soucis de carnet. Il allait bien devoir trouver une solution pour le restituer à son propriétaire un jours ou l'autre. Peut-être devait-il en parler à ses amis ? Seungmin avait toujours des idées géniales, quoi qu'un peu étranges parfois, mais qui sait, pouvaient peut-être l'aider ?
Seulement si jamais il parlait de ce carnet à ses amis, et donc des poèmes et des dessins, ses amis qui étaient au courant pour son amour à tout ce qui était poétique et jolie, lui demanderaient sûrement pourquoi il ne tombait pas amoureux d'autant de tendresse et il serait obligé de leur parler de Hyunjin. Jeongin se prit la tête entre les mains, cette situation complexe n'allait jamais se terminer. Il allait bien falloir qu'il en parle à quelqu'un sinon il allait finir par exploser. Seulement, parler à ses amis de son béguin pour Hyunjin n'entrait pas dans ses plans, il devait garder cette partie de lui secrète. 

Jeongin se laissa tomber sur son lit, ce n'allait sûrement pas être ce soir qu'il allait trouver une solution à son problème et se creuser le cerveau ne lui servait qu'à lui déclencher un gros mal de tête. Décidemment les histoires de cœurs, c'était bien plus compliqué que ce qu'il ne l'avait pensé. 

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