~
"-Est-ce que tu viendras avec moi ?
Ah, l'eternelle souffrance de l'amour et du chagrin ! Dans une autre vie, j'aurais peut-être pu refuser, m'arracher les cheveux, hurler, et l'envoyer affronter son choix seul. Pas dans celle-ci. Il prendrait la mer et je le suivrais, même dans la mort. "
~

-Le Chant d'Achilles-

Il faisait gris, le vent frappait fort tout ce qui se trouvait sur son chemin et la pluie tombait activement sur le pays depuis une bonne semaine. L'hiver était d'une rudesse peu connu et beaucoup d'élèves du lycée manquaient à l'appel, puisque divers microbes avaient eu raison d'eux en cette saison impitoyable. Les arbres avaient perdu toutes leurs feuilles et Jeongin n'aimait pas les airs tristes que prenaient la nature. Les jolies couleurs oranges qu'il aimait tant avaient complètement disparus et laissé place à un gel dangereux et un froid aussi piquant qu'une flèche. Cette saison de l'année était vraisemblablement l'une des plus durs pour les étudiants qui perdaient la motivation de travailler de jours en jours.

La voiture des Hwang se gara dans le parking extérieur de l'aéroport et les trois passagers en sortirent. La femme, madame Hwang Hyeri, avait les yeux brillants à force de se retenir de pleurer, pourtant elle était la seule adulte du groupe, elle se devait donc de ne pas craquer, du moins pas avant quelques heures.
Son fils, Hwang Hyunjin, récupéra sa valise dans le coffre de la voiture d'un geste las. Il n'avait aucune envie de quitter ses amis et sa mère, pour aller vivre chez un homme qui ne lui avait pas adressé la parole depuis des années. Il sentait son cœur se déchirer à chaque pas qu'il faisait, comprenant très bien qu'il allait déprimer sans l'amour de sa vie à ses côtés.
La main accrochée à celle de son petit-ami, Yang Jeongin sentit une larmes couler doucement sur sa joue. Il l'essuya rapidement, espèrant que personne ne l'aurait vu, et surtout pas Hyunjin. Il n'arrivait pas à formuler un son, n'importe lequel. Sa gorge était devenue un mur de béton qui ne parvenait pas à atteindre le cœur de Jeongin, et de lui permettre de ne pas trop pleurer lorsqu'il verrait l'avion disparaître dans le ciel.

Hyunjin serra la main de son petit-ami et le trio se mit doucement en marche, comme si ils retardaient le moment d'entrer dans le bâtiment, ce qu'ils faisaient inconsciemment.
Ce grand bloc de béton pouvait représenter la joie de revoir un être cher pour certain, mais pour Jeongin, il représentait la plus grande perte de sa vie. Son cœur se compressait un peu plus a chaque pas qu'il faisait. Il voulait tirer Hyunjin vers lui et partir vivre avec lui pour toujours. Il imaginait la scène depuis des jours déjà, il se voyait se réveiller tous les matins aux côtés de Hyunjin et profiter de son odeur qui l'envelopperait afin de le faire se sentir sur un agréable nuage. Mais l'illusion se dissipait toujours très vite, aujourd'hui plus que jamais.

L'air chaud du hall de l'aéroport frappa violemment Jeongin avec la force d'une pierre. Il ne voulait pas être là, il préférait encore subir le froid du parking qui le séparait encore un peu du moment qui le briserait à jamais, au lieu de sentir l'agréable chaleur de la proximité avec le départ de l'avion de Hyunjin.

Mais le pire n'était pas là.
Le pire venait du fait que le matin même, Jeongin et Hyunjin avaient eu beaucoup de mal à se lever. Ils n'avaient pas fermé l'œil de la nuit, profitant de leurs derniers moments d'intimité ensemble. Ils avaient ris, s'étaient aimé et avaient pleuré ensemble cette nuit-là, et lorsque le matin était arrivé, ils avaient repoussé jusqu'au dernier moment, le fait de quitter le lit du garçon qui allait bientôt changer de continent.
Le résultat de ces moments, faisaient qu'il restait seulement une vingtaine de minutes à Hyunjin avant de prendre son vol.

À quelques pas du gichet d'embarquement, Hyunjin se retourna vers eux.

-Je ne sais pas quoi dire. Commença-t-il. Maman, tu m'as appris beaucoup de merveilleuses choses. Tu m'as appris le respect, la curiosité, tu m'as appris à m'erveiller devant le monde et à toujours être quelqu'un de bienveillant et je ne te dirais jamais assez merci pour ça. Je sais qu'il y a encore tellement de choses qu'il faut que tu m'apprennes et j'aimerais tellement rester pour que tu puisses me transmettre la façon d'être une personne aussi incroyable que toi.

Sa voix se brisa sur les derniers mots et Jeongin vit que les larmes commençaient doucement à couler sur les joues rougies de son petit-ami. Hyunjin se pencha vers sa mère et la prit dans ses bras en enfouissant sa tête dans son cou.

-Mon chéri, tu es déjà quelqu'un de tellement bien. Ne change jamais la personne que tu es, et si ça ne plaît pas à ton père, il peut bien aller où je pense. Tu es le garçon le plus merveilleux du monde, et je n'ai plus rien à t'apprendre. Tu me rends si fier de toi. Hyeri passa son pouce sur les larmes de son fils. Je vais vous laisser maintenant.

Elle embrassa une dernière fois le front de son fils avant de partir se mettre en retrait, quelques mètres plus loin.

Hyunjin plongea son regard sans dans celui de Jeongin et les garçons se regardèrent pleurer en silence, le cœur aussi meurtri l'un que l'autre.

-Tu vas tellement me manquer. Lâcha Hyunjin.

-Tiens. Dit Jeongin en sortant une petite enveloppe marron de sa poche. Je me suis dis que tu méritais que je t'écrives un poème, au moins une fois. Lis la quand tu seras dans l'avion.

Hyunjin prit doucement la lettre des mains de son aimant et la glissa dans la poche de son blouson. Puis, avec un accord commun, les garçons s'approchèrent l'un de l'autre pour s'embrasser passionnément.

Leur baiser était salé à cause des larmes qui se mélangeaient à leurs bouches humides. Jeongin s'accrocha le plus possible aux hanches de son amant, de peur qu'il ne parte trop tôt.
Ça ne pouvait pas se passer comme cela, ils ne pouvaient pas simplement accepter cette stupide décision et la subir sans se révolter. Ils devaient tenter de faire bouger les choses, ils étaient sensés changer le monde ensemble, pas en subir la distance.
Pourtant ils ne pouvaient rien faire, dans quelques minutes, leur histoire serait à jamais terminée.

-Je t'aime tellement. Lui confia Hyunjin en collant son front au sien. J'aurais tellement dû venir te parler plus tôt. Je ne t'ai pas assez dit que je t'aimais, à quel point tu comptais pour moi. Tout est passé trop vite.

Jeongin ne pouvait plus s'empêcher de pleurer. Son cœur débordait déjà de larmes et de tristesse, il avait besoin de laisser sortir ce surplus d'émotion même si elles le détruisant plus qu'autre chose.

-Je t'aime plus que je n'ai jamais aimé personne. Répondit Jeongin. Je ne pourrais jamais aimer à nouveau si ce n'est pas toi, je le sais. Tu seras toujours le seul et l'unique dans mon cœur.

Le rosé caressa doucement la lèvre de son amant avant de lui déposer un léger baiser sur les lippes.

Le dernier.
L'ultime souvenir qu'ils garderaient de l'autre, serait ce baiser.

Alors que Jeongin manquait se s'effondrer sur place, Hyunjin se decolla de lui et se retourna, le coeur lourd.

Jeongin avait besoin d'hurler sa douleur, de crier sur tout les toits à quel point le monde était cruel et mauvais.

Hyeri vint entourer l'adolescent de son bras protecteur et le fit sortir du hall. Jeongin était parcouru de violents spasmes et de sanglots. Il ne savait plus où il était, qui il était et pourquoi il existait sans la présence de son ultime amour à ses côtés. Le monde autour de lui était devenu flou alors qu'il marchait vers la voiture de la mère de Hyunjin. Il avait envie de partir, de courir, de s'envoler. Il voulait quitter cette existence trop misérable pour lui.
Il ne se sentait plus d'exister sans Hyunjin.

Puis, c'est là qu'il l'entendit.
Cette voix qu'il aimait tant.
Cette mélodie absolument magnifique.
La voix de Hyunjin.

Jeongin et Hyeri se retournèrent pour voir Hyunjin courir vers eux, sa valise à la main.
Il arriva rapidement à leur hauteur et prit un temps pour les observer, un grand sourire aux lèvres.

-Mon père peut bien aller se faire foutre. Il ne s'est pas occupé de moi pendant cinq ans, il n'a plus rien à espérer de moi.

C'est sur cette fin de phrase que Hyunjin attrapa les mains de Jeongin pour le tirer vers lui et lui donner le baiser le plus passionné que le monde eu connu.

La tristesse et la douleur du rosé disparurent en un clin d'œil, pendant qu'il redécouvrait ce qu'il pensait avoir perdu à jamais.

Lorsque leur étreinte fut terminée, Hyunjin câlina longuement sa mère.

-Allez, on rentre à la maison. Dit-il en fixant Jeongin.

Fin