Mamie

22 octobre 2016

Tu sais, ce texte, je voulais l'écrire le 27 novembre, ça aurait fait deux ans. Mais là, je crois que ça urge. Je crois que j'en ai plus que besoin.
Grand mère, grand mam', grand maman, granny, mamie... j'en ai entendu, des manières de nommer une grand mère. Toi, c'était mamie.
Tu as vécu chez nous pendant 11 ans. Lorsqu'on a déménagé, en 2003, tu nous a suivis. De ma naissance à ton décès, tu as été là pour moi. Tu t'es toujours occupée de moi, et je t'en remercie.
J'ai pas été la petite fille exemplaire. J'ai fait de mon mieux, tu sais. Mais tes problèmes ont renforcé tes défauts. Les ont rendus encore plus visibles. Et moi, tout s'est passé pendant le début de mon adolescence. On était pas faciles à vivre, c'est certain.
Longtemps, je t'en ai voulu. Je t'en ai voulu parce que nous, nous qui avons tout fait pour te rendre heureuse et te faciliter la vie, tu nous critiquais. C'était mes tantes, les voix de la sagesse. C'était celles qui ne faisaient rien pour toi et qui venaient te voir une fois tout les six mois qui trouvaient grâce à tes yeux. Celles qui ont fait tant de mal à notre famille, et surtout à maman, après ton décès.
Maintenant, j'ai cessé de t'en vouloir. Je ne les déteste même plus, mes tantes. Elles me font pitié, ça oui. Tant de méchanceté ancrée, ça doit être dur à vivre.
Tu sais, si je pouvais revenir en arrière, je sais pas si je changerai beaucoup de choses. Je serai peut être plus gentille. Mais c'est tout.
Au fond, on était les mêmes, avec 67 ans d'écart. Toi, 81 ans. Moi, 14.
Je sais que t'étais une femme bien, avec un grand coeur. Un coeur tellement grand que des fois, tu te faisais avoir par des profiteurs.
Y a des gens qui en veulent à leurs proches, quand ils meurent, parce qu'ils se sentent abandonnés. Moi, je t'en ai pas voulu pour ça. J'ai compris que tu souffrais et qu'il fallait bien que tu partes à un moment où à un autre.
Ça a été dur pour moi de venir te voir à l'hôpital. Je ne te reconnaissais plus. Je sais que j'ai été la dernière personne à qui tu as dit " je t'aime" avant de partir. J'aurais bien aimé te retenir, te garder un peu plus longtemps auprès de moi, mais c'était pas possible.
C'est vrai que j'aurais aimé te présenter mon premier copain, mes amis du lycée. Que tu vois la cavalière que je suis devenue. Que tu vois la jeune femme que je suis devenue. Que peut-être tu vois mes enfants, mon mari. Même si ça paraissait irréalisable.
Si jamais c'est vrai que tu nous vois de là-haut, j'espère que tu ne vois que les bons moments de ma vie. J'espère que tu ne me vois pas pleurer à tel point que j'en suffoque. J'espère que tu ne vois pas à quel point je souffre parfois. J'espère que tu n'as pas vu à quel point j'ai maigri après ton décès.
Tu sais, je vendrais mon âme pour te serrer dans mes bras une dernière fois, pour pouvoir te dire une dernière fois quelques mots d'amour. Mais je peux pas vraiment, alors je vais me contenter de les dire, ici.
Merci pour tout mamie. Je t'aime...

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