Je t'aime toujours

10 septembre 2016

J'étais là, dans la carrière, enchaînant les obstacles avec ma jument. Elle avait besoin de travailler, j'avais besoin de me vider l'esprit. M'envoler au dessus des barres avec ma monture me faisait un bien fou.
En descendant, je me suis aperçue de la présence d'un vieil ami. Tom, un cavalier émérite et toujours à l'écoute d'autrui. Nous étions tombés amoureux l'un de l'autre il y a quelque mois, mais trop de choses nous séparaient. Nous sommes donc restés amis après une courte relation. Je me suis approchée de lui, tout sourire.
" - Tu m'accompagnes pendant que je m'occupe de ma jument?
- Avec grand plaisir!"
Il est resté à mes côtés sans parler tandis que je pansais ma jument. Son regard posé sur moi me mettait mal à l'aise. Je savais qu'il analysait mes moindres faits et gestes. Excédée, j'ai fini par me tourner vers lui.
" - Bon, tu m'expliques pourquoi tu m'observes comme si on se connaissait pas? On est sortis ensemble pendant 6 mois, on s'est embrassés, on se connaît depuis 10 ans alors merde, c'est quoi le problème?
- Le problème? Je peux te poser une question?
- J'attends que ça! Dis-je avec ironie.
- Depuis quand t'es malheureuse Emma?"
Sa question me rend muette. J'ai entrouvert la bouche pour répondre mais un sanglot s'est échappé de ma gorge. Le flot de larmes m'a submergée, je me suis laissée tomber sur le sol des écuries, appuyée contre le mur. Tom s'est assis à mes côtés, m'a pris dans ses bras. Et à commencé à parler.
" - Écoute, il fallait bien que quelqu'un te le dise. Tu as toujours été quelqu'un dans le contrôle, qui refusait de montrer aux autres sa douleur. Ce contrôle et cette persévérance, cette force d'esprit c'est ce qui a toujours fait de toi une excellente cavalière. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vue monter. Tu étais méconnaissable. Ce besoin de se perdre dans le travail de ta jument. D'oublier. Oublier quoi je n'en sais rien. Ta souffrance, ton coeur brisé à de trop nombreuses reprises. T'es perdue Emma. Complètement larguée. Et ça me tue de te voir comme ça. Il faut que ça cesse. Je ne te reconnais plus. J'ai besoin que tu me parles. Tu as besoin de parler, et je suis là.
- Tu veux que je parle? Très bien. Oui je suis paumée, oui je souffre. J'ai l'impression de pas être capable d'aimer encore, ou du moins je suis  pas sûre de mes sentiments.  Quelqu'un que je croyais être mon ami m'a fait mal. Vraiment mal. Ça va mieux entre nous mais j'ai peur qu'il me refasse de la peine.
Mon corps me lâche et ça me fait peur. J'ai toujours été sportive, j'ai tiré sur mon corps et je tire encore et toujours dessus alors que je ne devrais pas. Mais tu n'as pas idée. Tu ne sais pas ce que c'est de vouloir te prouver que t'es plus forte que ton corps, qu'il va se soumettre, se plier à tes exigences. Mais non, il te laisse tomber, te lâche. Et tu as à supporter les regards de pitié des autres. Je ne veux pas de leur pitié tu comprends?
Puis y a toi, qui vient de ressurgir dans ma vie, et la claque que je viens de prendre. Parce que j'ai réalisé quelque chose. Je t'aime toujours."

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