Hugo
Tu restais là, à me regarder, assis à côté de moi. Ça faisait longtemps qu'on avait pas discuté. Plusieurs mois. J'hésite presque à compter ça en années, mais j'exagère sûrement.
Tu hésitais à prendre la parole. Puis, soudain:
"- On est pareils hein?
- Comment ça?
- Fais pas l'innocente. T'es aussi malheureuse que moi, ça se voit. On a tout les deux les écouteurs enfoncés dans les oreilles, le regard triste. On donne le change, devant nos amis, pour faire survivre nos couples respectifs, mais on va mal.
- Comment peux-tu savoir ça? On ne se voit presque jamais!
- J'ai pas besoin de te voir souvent pour savoir ça. J'ai l'impression d'être face à mon propre reflet quand je te regardes dans les yeux.
On se comporte peut être comme deux inconnus, tu sais aussi bien ce qu'il y a entre nous. Je culpabilise de regarder quelqu'un d'autre que ma copine, de penser à une autre fille qu'elle, mais c'est comme ça, j'y peux rien, tu m'attires, encore et toujours, des mois après tout ce qu'on s'est dits, alors même que je suis censé avoir tourné la page.
Des dizaines de fois, j'ai eu envie de venir vers toi. T'avais l'air tellement brisée, sous tes allures de femme forte. Puis au dernier moment, j'ai renoncé.
La dernière fois, elle m'a fait une crise. Oui, encore. Parce que je te regardais en souriant pendant que tu courais comme une enfant dans l'herbe. T'avais l'air si insouciante, libre. Je me suis rappelé pourquoi je t'aimais. Et pourquoi je t'aime.
- Mais Hugo, on peut pas. Mon copain crève de jalousie à chaque fois que je pose les yeux sur toi, que je te souris, que je te parle, même quelques instants. Ta copine me déteste. Moi aussi, je me suis dirigé vers toi, pour savoir, pour qu'enfin on puisse vider nos sacs, et puis j'ai continué ma route tout droit, au lieu de m'arrêter face à toi. Moi aussi, je me reconnais en toi. Mais on peut pas, on a pas le droit. On a pas le droit de faire exploser des dizaines de vies, une routine bien installée, pour vivre notre amour. On serait sûrement heureux ensemble.
Puis tu sais, plus j'y pense, plus je me dis que ce n'est plus de l'amour que je ressens pour toi. Je t'adore. Mais il te remplace dans mon coeur, et c'est pas plus mal. J'en ai fait couler de l'encre pour toi, au même titre que mes larmes. J'ai le coeur en lambeaux depuis des mois, et enfin je reprends vie.
- On fera comme si cette discussion n'avait jamais eu lieu, c'est ça?
- Exactement.
- Alors à jamais?
- À jamais."
Un jour, tu sauras peut être que je t'ai menti. Que mon amour pour toi me déchire le coeur. Mais que j'ai toujours été forte pour cacher mes sentiments sous un masque dur, froid.
Je t'aime Hugo, du plus profond de mon être.
Mais tu ne dois pas le savoir.
Jamais.
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Un texte qui me trottait dans la tête depuis un moment, mais je ne parvenais pas à déterminer quel titre lui donner, ni quelle forme, ni même quoi mettre dedans. J'avais juste les bases, des pensées.
La forme m'est venue alors que j'étais seule, Eminem dans les oreilles, assise dans le froid, sous une nuit d'encre.
Le titre... je n'en avais aucune idée, j'ai simplement utilisé le nom du personnage cité ici.
Pourquoi ce texte me tenait à coeur? Peut être parce que je me délivre enfin.
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