Cauchemars...
Emeraude
Je prends le bus après les cours et rentre à la maison au moins 2 heures avant Nick. Il finit à 18 heures aujourd'hui et j'avais pas envie d'attendre deux heures. Je monte dans ma chambre et pose mon sac sur le coin du bureau. Je m'assois sur mon lit et ouvre le tiroir de ma table de chevet, sur la gauche de la literie. J'y prends le livre, branche mes écouteurs et lance ma playlist avant de me remettre dans ma lecture. Le temps défile à une vitesse folle et sans m'en rendre compte, il est déjà l'heure pour mon meilleur ami de rentrer. J'entends ses pas dans les escaliers mais reste tout de même plongée dans mon roman. Comme je m'y attendais, il toque à la porte avant de l'ouvrir et de venir s'asseoir à mes côtés. Je repose l'ouvrage sur le meuble et me tourne vers lui.
_ Qu'est ce qu'il y a ?
_Je veux que tu m'expliques ce qu'il s'est passé avec l'autre.
_ Je te l'ai déjà dit. Mais n'en fais pas toute une histoire s'il te plaît. J'ai l'habitude de ne plus prêter attention à ses remarques. Essayai-je de le persuader.
_ Tu as pu récupérer ton carnet ou pas ?
Je nie d'un mouvement de tête et je vois son visage se fermer davantage. Je l'ai toujours connu calme et sympathique avec la plupart, il n'est pas du genre à se mettre dans les problèmes sauf lorsque j'y suis liée.
_ Tu l'auras avant demain soir. Je t'en fais la promesse c'est compris ? Promit-il.
_ Nick je...
_ Em'. Il y a certaines choses que je ne cautionne pas. Et ça, ça en fait partie. Et en plus, tu as un talent inouï en art. Et c'est pas quelqu'un comme lui ou autre idiot qui va empêcher ça.
Je soupire, sachant que je ne le ferai pas changer d'avis et acquiesce après quelques secondes de silence.
_ Tu veux manger quoi ce soir ? Le questionnai je pour changer de sujet.
_ Je m'occupe du dîner. Tu vas nous faire une catastrophe toi. Je t'appelle quand c'est fait ok ?
J'hoche la tête et il sourit légèrement.
_ A tout à l'heure Em'. Me salue-t-il avant de m'embrasser le front et de sortir de la chambre.
Nick est devenu un membre à part entière de ma famille. C' est ma seule famille. Il joue d'innombrables rôles depuis que nous vivons ensembles ; il est mon meilleur ami, mon grand frère, mon confident. Je ne pourrais vivre sans lui à présent. Je l'aime du plus profond de mon être et ce n'est pas prêt de changer.
Je retourne à mon bouquin et tente de me replonger dans les aventures de l'héroïne sans succès. Je réfléchis trop à ce qu'il s'est passé au lycée ce matin...Je déteste tellement ne pas avoir mon carnet, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose et je sais que le temps que je ne l'aurais pas récupéré, ça ne changera pas. Je pose ma tête contre le mur en soupirant.
Quelques minutes plus tard, la voix de Nick m'appelle pour me demander de descendre ce que je fais. Je le rejoins dans la cuisine et le vois devant une casserole qui est occupée à bouillir.
_ Oui ?
_ Demain je finis à 15 heures. Tu veux que je t'attende ou je rentre ? Me propose t-il en me regardant par-dessus son épaule.
Je m'assois sur une des chaises du comptoir avant de lui répondre.
_ Rentre. T'inquiètes pas pour moi, je vais prendre le bus.
Je l'entend soupirer et il se tourne vers moi.
_ J'ai eu un appel du commissariat. Ils veulent savoir si tu serais d'accord pour aller les voir.
Non non non. Il est hors de question que je fasse ça. Je l'ai déjà fait et ça ne se reproduira plus. Jamais. Je ne veux plus en entendre parler.
_Je ne te dis pas d'y aller Em'. Je te dis juste ce qu'ils veulent.
_Je ne veux plus faire ça. Je ne veux plus les voir, ni témoigner.
Il hoche la tête et continue sa préparation pendant que je le regarde à l'œuvre.
Une bonne heure plus tard, je décide d'aller me coucher. Je vais souhaiter bonne nuit à mon meilleur ami avant de me rendre à ma chambre chercher des affaires avant d'aller à la salle de bain. Je pose mes affaires sur la vasque et me déshabille avant d'entrer sous le jet d'eau chaude de la douche. J'en ressors quelques minutes plus tard et me rhabille puis attache mes cheveux bruns en un chignon. Je croise mon regard dans le reflet de la glace et détourne le regard. Je déteste me voir. Que ce soit à travers une vitre ou en photo. Dès que je me vois, je me méprise un peu plus. Je déteste mon corps, ça fait des années que c'est comme ça.
J'ai toujours eu tendance à me comparer aux autres filles de mon âge. Celles qui reflètent une impression de perfection, celles qui je ne sais comment arrivent à provoquer de l'admiration ou encore sur lesquelles tout le monde se retourne dès qu'elles sont dans les parages. Je n'arriverais jamais à ça.
A retenir l'attention de quelqu'un...
Qui voudrait de toi de toute façon?
Mais avec le temps, on s'y fait. Je retourne à ma chambre et m'installe confortablement sur le matelas et remonte la couverture jusqu'à mes épaules. Je ferme les yeux, essayant de me vider la tête et de trouver rapidement le sommeil.
Je marche dans les longs couloirs de ma maison. Je reconnais le lieu où j'ai passé la plus grande partie de mon enfance; un endroit que j'ai fui il y a quelques années à mon plus grand bonheur.
Qu'est-ce que je fais ici ?
Pourquoi suis-je là ?
Après avoir cherché des réponses à ces deux questions sans succès, je me rends compte que je me suis arrêtée pendant ma réflexion. Je regarde autour de moi et reconnais très bien le couloir que j'empruntais autrefois pour aller à ma chambre. La tapisserie dans les tons marrons, qui commence à vieillir légèrement. Les cinq portes qui, pour quatre d'entre elles, ramènent à des chambres et la dernière conduit à la seule salle de bain de la maison. Le vieux lustre qui est là depuis des années et qui n'éclaire pas beaucoup pendant les nuits d'hiver. Mes pieds me conduisent devant mon ancienne chambre sans que je n'en ai le contrôle. Un nœud se forme au creux de ma gorge pendant que les vieux souvenirs tentent de refaire surface. Ma main s'approche lentement et avec hésitation de la poignée grise et ronde. Je détaille la porte avec une attention particulière : sur la lourde planche faîte de bois, on peut y voir les marques faîtes au couteau par mon père, indiquant ma croissance au fil des années. Vers le milieu de la porte, on distingue les lettres de mon prénom que nous avions faîtes à mon arrivée. Mes doigts frôlent l'acier froid et tournent doucement la poignée. Celle-ci s'ouvre dans un grincement désagréable et une vive lumière blanche m'éblouit.
J'ouvre les yeux et me redresse brusquement, les larmes ruisselant le long de mes joues.
Chaque nuit.
Tous les jours.
Tout le temps.
Depuis que je suis partie, ça ne s'est pas arrêté. J'étouffe mes sanglots en posant ma main droite, tremblante, sur ma bouche. Je ramène mes jambes à ma poitrine et les entoures de mes bras. Je commence à me balancer lentement d'avant en arrière, essayant tant bien que mal de calmer ma respiration.
La porte s'ouvre, mais je l'entends comme si le bruit venait de loin. Des bras m'entourent et je me crispe brutalement.
_ C'est moi, Emeraude. C'est Nick. Je ne te ferai jamais de mal et tu le sais. murmure-t-il à mon oreille d'une voix posée et calme.
___
Un jour en particulier ou vous aimeriez que je poste ? Je pense publié 2 fois par semaine si l'écriture se passe bien
Qu'avez vous pensé du chapitre ?
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