Chapter T H I R T E E N

La tête lourde, les yeux encore fermés, Eros semblait sortir d'un état comateux que même la plus longue des siestes ne lui réservait pas. Son sang battait contre ses tempes à intervalle irrégulier et aussi saccadé que son souffle. Ses cheveux commençaient à lui gêner la respiration, se collant avec la sueur de son visage contre sa bouche et son nez, en plus de son front et de ses joues avalées dans la marée sombre. Un son clinquant lui fit parvenir que ses mains étaient attachées dans son dos. La surprise la fit sortir de force de sa léthargie latente, les yeux presque exorbités l'adolescente se rendit vite compte qu'elle n'était plus dans sa chambre, bien au chaud et confortable, mais enchaînée sur une chaise des plus étroite comme si sa pauvre personne était le dernier des super-vilains qui régnait sur Gotham. Ses orbes aussi sombres que la pièce scanna la salle souillée de tâches de moisissure de part et d'autre, sur le plafond, le sol, les recoins. Une porte lui faisait face, aussi mal-entretenue que le reste, le moisit ne l'avait pas épargnée même si celle-ci semblait être faite en acier trempé, aucune poignée visible de l'intérieur. Toujours le regard viré sur la sortie, un rayon de lumière commença à se propager. La porte s'ouvrait. Ses fragiles yeux incapables de regarder en face l'incandescence, elle les ferma en faisant une grimace. Le sang avait arrêté de battre contre son crâne.

Silencieusement, une silhouette se détacha de l'entrée, les yeux maintenant plissés, Eros essayait de distinguer la personne. Elle se souvenait vaguement, avant qu'elle n'en arrive là, d'un garçon aux airs latino et à la main tendue vers elle. L'inconnu se rapprocha, corps élancé et musclé il marchait d'un pas sûr. Ici, la jeune fille était sur son territoire et cela se voyait. Doucement, comme un guépard qui regardait sa proie, il fit le tour de la chaise dans un silence pesant, alors que des milliers de questions traversaient son esprit. Eros sursauta pour la première depuis qu'elle s'était réveillée quand des grosses mains calleuses et animées s'abattirent contre les rebords de la chaise, à quelques centimètres. Non. À quelques millimètres de ses épaules.

- Eros Shepherd. Fille de Isia Shepherd et d'un sacré boulet. Comment toi, simple fillette faible et reclus de la société, a pu avoir cette chose en toi ?

Cette voix. C'était celle de son Coach ? Plus lugubre, plus perçante, plus tout. Son timbre calme et presque doux résonnait dans tous les os de son corps avec force. La mémoire la gifla d'un coup de soufflet. Le coach, la bedaine enlevée, les armes, la seringue. Deuxième sursaut encore plus violant quand elle se rendit compte qu'il se positionnait maintenant devant elle. Trop proche. L'adolescente déglutît et le faux-Coach reprit.

- Je t'ai laissé ici à flipper et il ne s'enclenche toujours pas, grogna t-il plus à lui-même, tu le contrôle maintenant ?

Eros ne répondit rien, déglutissant juste un peu plus fort.

- Je te parle, Eros ! Hurla t-il.

Son sang recommença à râper contre ses tempes.

- Je vois pas de quoi vous parlez, réussit-elle à articuler malgré son sang-froid à deux doigts d'éclater et sa peur au ventre.

Slade ricana.

- Me fait pas perdre mon temps, ma 'Ros. Au moins je sais que tu le contrôle pas, tu n'es pas assez forte et intelligente pour ça.

Elle savait qu'il parlait du scarabée. Elle savait aussi qu'il avait raison. L'adolescente ne contrôlait pas son extraterrestre, et elle ne le voulait pas non plus. Ce n'était qu'un poids, une ancre qui l'accrochait pour ne pas qu'elle puisse avancer dans sa vie.

- Voyons voir comment marche ton scarabée.

Son ton. Acerbe, presque sadique, aussi tranchant que la larme qu'il sortait de sa botte. Son souffle vibra. Pour la première fois de sa vie, Eros pria à l'alien de se montrer, de parler, de dégager de la fumée en espérant pouvoir la faire sortir de là, d'arrêter le futur massacre. Elle n'était pas stupide, elle savait ce qui l'attendait. Le cache-oeil de son geôlier semblait plus vivant que l'insecte et maudit sa vie. La lame s'approcha de sa jambe, vive et resplendissante. Prenant son souffle. La descendante Shepherd expulsa l'air de ses poumons avec une vitesse aussi rapide que le CO2 qui la quittait.

- Pourquoi vous faites ça ? Comment vous m'avez trouvé ? 

Sur sa chaise, elle se mouvait comme un asticot pour mettre autant d'espace que pouvait lui permettre les chaînes entre la lame et sa cuisse. Patient, le Coach grimaça malgré tout avant de répondre.

- J'avais oublié que tu ne savais rien. Tellement naïve. Je le savais depuis longtemps que cette comète allait s'abattre. Quand et où, là était toute la question. Et tu es arrivée comme une fleur pour prendre mon bijoux. Mais ce n'est pas si grave que ça, tu es comme le chaton qui soutient la pierre, on peut toujours le déboiter.

Un éclair traversa son champ de vision, vif, reflétant la lumière jaune d'au-delà de la porte. Yeux écarquillés, souffle rauque, la douleur s'abattait sur son corps comme une vague destructrice, au début elle voulut retenir son cris, elle se mordit la lèvre, puis la joue, puis re la lèvre. Les ongles plantés dans sa paume, le regard embrumé par des larmes difficiles à contenir.

- Toujours pas ? Demanda l'ex-Coach sceptique.

Du bout du doigt il secoua le manche, ouvrant la plaie qu'elle n'osait pas regarder mais qui devait dégouliner de sang sur le sol. La douleur se fit plus forte, plus profonde, elle ne pouvait plus retenir son hurlement, ni ses larmes, et encore moins ses appels à l'aide.

- Bordel arrête, arrête, c'est pas mon pantalon, ma mère va me défoncer, hurla Eros.

Elle ne voulait pas lui donner le plaisir de le supplier directement. Mais quand une deuxième lame vint à transpercer encore une fois sa pauvre jambe, un voile d'inconscience l'encercla.


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