Chapter O N E
"LES JUSTICIERS ONT encore une fois sauvé notre Terre d'u..." Zap
"Ils sont dangereux ! Ce sont des monstres a..." Zap
J'éteignais la télévision en grognant. Beaucoup de super-héros, pas assez de véritables nouvelles.
-Pourquoi t'as éteint la télé ? Cria ma mère depuis sa chambre.
-J'arrête ou je fais un burn-out, criais-je en retour.
Toujours allongée, je regardais par une des nombreuses fenêtres de notre chalet en bois. Dehors, la nuit reignait en maîtresse des lieux, les arbres s'étendaient sans jamais s'arrêter. Quelques fois, si on fixait bien le feuillage dense, on pouvait croiser le regard luisant d'un prédateur.
Un trou paumé loin de la civilisation. Et j'adorais ça. Personne sauf ma mère et moi (et éventuellement des animaux affamés dont des dangereux carnivores), mais c'était tellement calme et paisible.
Tellement calme et tellement paisible que Morphée tendait ses longs bras vers moi.
-Eros, tu vas avoir de sérieux problèmes η κόρη μου*.
Et c'est à ce moment là qu'une tombe fut gravée à mon nom.
-Tu as raté TROIS heures de cours ? Cria une voix lointaine, et tu dors en plus ?
-Maaaaaaaamá, je grognais mollement en écrasant un coussin sur ma tempe.
Elle ne pouvait pas crier comme ça de bon matin, c'était inhumain, c'était comme du pop-corn sucré, ce n'était pas possible.
À partir d'un moment je ne l'entendais plus et relâchais mon coussin pour me replonger dans mes rêves lointains, peuplés de yeux luisants et de soleil levant.
Ma mère était la personne que j'aimais le plus, bien qu'un peu autoritaire, elle était si compréhensive avec moi et si douce, avec ses longs cheveux noirs, sa jolie peau olivâtre et ses yeux du néant, voilà qui était Isia Shepherd.
Tout un coup mon corps devint froid, de surprise je hurlais en me redressant, je regardais d'un air paniqué autour de moi. Ma mère tenait un seau vide et elle avait ce célèbre rictus qui voulait dire "je t'avais prévenu", qu'elle arborait en toute circonstance. Je soupirais de dépit et me levais pour me changer. J'allais avoir le droit à un savon dans la voiture alors autant prendre mon temps.
Je tombais plusieurs fois au sol en essayant de mettre mon pantalon et à chaque fois, mes yeux se retrouvaient face au plafond pendant un moment avant de me lever et recommencer mon manège, je voyais déjà les remontrances de mamá, chaque mot était gravé dans ma mémoire comme une chanson dont je connaissais les paroles par coeur. Sur un air de killer queen peut-être, ou un quelque chose de plus sauvage.
-Eros, l'école n'attend pas.
J'escaladais le rebord de ma fenêtre pour glisser sur le sol terreux de la foret. Une jeep attendait sagement avec à son volant, ma délicieuse mère.
J'ouvris la portière pour me jeter dans la voiture, je grognais seule en bouclant ma ceinture, le moteur ronronna.
-Tu n'as rien oublié ?
Je regardais autour de moi, mon accoutrement, des chaussures, un t-shirt, un jean large.
-Tu sais mamá si c'est juste une façon de dire que je m'habille mal c'est assez mé...
Un sac se posa violemment sur mes genoux. Mon sac de cours noir. Je souris innocemment en levant la tête en soufflant un "oups". Le reste du chemin fut long, parce que comme d'habitude, j'avais raison, je m'étais effectivement prise un savon.
-La troisième fois ce mois-ci ! Tu te rends compte qu'à 17 ans tu devrais être autonome, je me lève tôt pour bosser, sans parler du fait que des braconniers ont commencé à chasser des loups.
-Ah oui c'est problématique ça.
-Evidemment que c'est probl... Ne change pas de sujet ! παιδί ! Tu sèches les cours, je t'ai élevée mieux que ça quand même !
-Rectification, l'horaire de l'école n'est pas adapté au mien, répondis-je en ouvrant ma portière.
Ma génitrice allait continuer de parler, je le savais très bien, alors je lui collais un bruyant bisous sur la joue en signe de pardon en quittant l'habitacle pour rejoindre le bâtiment. Aussi appelé école.
Je parcourais les couloirs sans réelle destination, des fois mes cheveux noirs (jamais coiffés au grand damne de Mamá) se collaient à mon visage et je les poussais sauvagement en arrière. Ou plutôt avec un certain énervement. Une fois arrivée devant ma classe, je regarda les places libres et les personnes aux alentours. Non vraiment je pense à reculer pour partir en courant. Je vais m'ennuyer, je le sais. Ma mère le sait aussi.
-Eros, viens à côté de nous il reste une place ! hurla un individu de sexe masculin dans mes tympans.
Je soupirais bruyamment, il n'y avait plus de place, mais peut-être qu'avec un billet ou deux, le professeur me laisserait m'assoir au sol jusqu'à la fin de l'année. Malheureusement, j'avais dépensé mon dernier argent de poche en payant un élève pour qu'il aille me chercher mon téléphone dans le bureau du proviseur.
Je m'asseyais donc entre deux adolescents qui souriaient avec un air sympathique et polie, je levais mon sourcil droit en voyant qu'ils me fixaient. En voyant ma question silencieuse, le garçon qui m'avait abordé en premier continua de parler.
-C'est juste qu'on se demande pourquoi tu traines jamais avec personne, t'es plutôt jolie et t'as l'air cool comme meuf.
J'hésitais à demander un crédit au professeur finalement, je pourrais toujours payer le mois prochain après tout. Je les dévisageais un instant. Deux instants. Trois, je craqua.
-T'es qui ?
Ils se regardèrent d'un visage figé par l'incompréhension.
-Je suis Garett, on est dans la même classe depuis deux ans...
-Très bien Garry, je vais rester à cette place et tu vas oublier que tu m'as adressé la parole, toi et tes potes.
-C'est Garett, pas Garry, corrigea-t-il en fronçant les sourcils.
-C'est ce que j'ai dit, répondis-je en brassant l'air avec ma main.
Le professeur entra, et ils ne m'adressèrent plus la parole du cours.
Ça, c'est ce que j'appelais une bonne journée.
Ω
η κόρη μου: ma fille
παιδί: gosse
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