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LA MÈRE saisissait l'arme noire, coincée dans son étui, et le pointa d'un geste habile vers un homme vêtu de bleu qui commençait à paniquer.

-Ma' baisse ton gun ! Hurla désespérément Eros. 

-S'il t'approche, il meurt, dit-elle d'un ton sec.

-Mais je veux juste vous aider, plaidait-il.

Il essaya de se rapprocher de la mère, la main tendue en signe de paix.

Boum

La balle était partie.

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Deux jours plus tôt

Eros ne savait pas du tout ce qu'elle faisait là. Cachée sous les gradins du gymnase, elle regardait entre les interstices des planches de bois trois jeunes hommes en tenue blanche, une fine rapière noire à la main, mimant les mêmes gestes.

Un. Pieds collés. Deux. Fente avant, arme levée, dos droit, épaules droites.

Et puis ça recommençait. Ce manège durait depuis une dizaine de minute parce que la jeune fille ne voulait pas s'approcher, le prof allait lui parler, lui montrer, la toucher. Et les autres, ils allaient essayer de papoter.

Des frissons de dégoût descendirent sa colonne vertébrale.

- T'as une belle vue sur nos fesses quand même.

La noiraude sursauta violemment, se prenant une planche du gradin sur la tête. Elle se retourna en se la frottant et grognant méchamment, ce qui faisait rigoler les deux plus grands lycéens entre eux.

- Vous voulez ? Demanda poliment la fille.

- Tu dois faire ton travail sinon on ira pas faire le concours, répondit Sky.

- Il est quand votre concours ? Aux prochaines vacances ?

- En fait on part ce soir, les kids.

Les adolescents se retournèrent d'un seul mouvement vers le coach, Slade, et sa petite moustache qui se tordait comme une grosse chenille velue.

Le sang quitta le visage d'Eros. Ils partaient ? Ce soir ? Eux ? Elle ? ENSEMBLE ?

- On a même pas fait un cours, c'est quoi ce plan ? Vous voulez qu'on se ridiculise ? Ajouta Peter.

- On a trois jours pour s'entraîner, et ce serait pas la première fois que le lycée se retrouve dernier, marmonna t-il. C'est l'année numéro un pour les cours d'escrime, je donne pas cher pour la réussite du Coach Dean.

- Votre ton sonne un peu amer quand même, intervint la lycéenne.

- Et c'est pas vos affaires ! Sachez juste qu'on ne va pas perdre devant cette larve et ses larvillons d'élèves.

- Ça existe pas le mot "larvillon", Coach, coupa Eros en baillant.

- Je veillerai à ce que tu passes en première, cracha le Coach Slade.

Elle ricana.

- Ma mère me laissera jamais partir comme ça au dernier moment ! 

Et la jeune Shepherd sortit de la salle avec un sourire narquois encré sur ses lèvres.

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Le 4x4 noir et poussiéreux klaxonna lourdement en se garant juste devant le bus scolaire pour le bloquer.

Isia Shepherd, fraîche comme une goutte de rosée un matin d'hiver, sortit de la voiture, un immense sourire plaqué sur les lèvres quand elle se dirigeait vers un autre adulte qui descendait les marches du bus jaune. Suivie de près par Eros, qui, dans ses habituels habits noirs, semblait encore plus antipathique et pâle que d'habitude, une valisette avec des patchs Hello Kitty la suivait à la trace.

Une immense écharpe en laine lui couvrait du début de sa poitrine jusqu'en bas de ses lèvres. Son extraterrestre lui faisait mal et elle n'arrêtait pas de le gratter, décollant sans cesse son habituelle compresse, alors elle l'avait remplacé par l'écharpe sombre et épaisse.

Les têtes curieuses des autres enfants (ils n'étaient que trois puisque le Coach de basket-ball ne voulait pas faire la route avec le Coach Slade), lorgnaient sans vergogne l'échange amical des deux adultes, et le visage fermé de la jeune fille qui n'osait pas lever le crâne. À la place, elle serra plus fort la poignée de sa valise que le chauffeur dû mettre dans les compartiments. Alors elle se retrouvait à croiser les bras en boudant.

- Ça lui fera du bien de voyager avec des amis ! Je ne savais pas qu'elle en avait d'ailleurs, disait Isia d'un air joyeux.

Elle tourna la tête vers la fenêtre et secoua la main vers les élèves qui lui rendirent gaiement. Elle se retourna vers sa fille, dos au bus et au professeur, son sourire avait disparu.

- Ma 'Ros j'ai fait beaucoup d'effort pour que tu puisses monter dans ce bus donc vas-y,  poignarde légalement des enfants en costume d'apiculteur.

Eros allait tenter le tout pour le tout. Elle ne voulait pas partir. Absolument pas.

-J'ai un alien dans le cou, hurla t-elle.

Sa mère roule des yeux et lui frappa l'arrière de la tête pour la faire avancer vers le car scolaire. Le Coach la laissa rentrer en première, elle se plaça au fond, seule, et regarda sa maman lui dire au revoir en passant dans sa camionette poussiéreuse.

Le moteur grogna et le bus avança.

Et sa maison s'éloigna.

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C'est un petit chapitre mais on va dire que c'est vraiment pour introduire la nouvelle "partie".

-Votre sympathique Ankh

corrigé