Chapitre 7 : L'histoire de Toshiro Itaichi

Il soupira. 

- Écoute, je... Je sais pas quoi dire...

- Dis rien alors. J'ai pas besoin qu'on me réconforte. J'ai juste besoin qu'il meure.

- Qu'est-ce que vous en pensez, Monsieur Itaichi ? demanda Ash en se tournant. 

Je sursautai. Je n'avais pas vu que le vieil homme s'était assis à côté de nous. Il me regardait fixement. 

- Maria de Luna Aguilera Fernandez, dit-il. Quel était le nom de jeune fille de ta grand-mère ?

- Euh... Valentina Yáñez Torrente je crois. Pourquoi ? 

Il secoua la tête.

- J'aurais dû m'en douter, marmonna-t-il. 

Un long soupir s'échappa de ses lèvres. Je me demandai quel était le rapport entre mon récit et ma grand-mère. Ash me jetai des petits coups d'œil, l'air de se demander pourquoi son vieil ami ne m'avait pas appelée "Luna Aguilera".

- Je crois que le moment est venu de me présenter, annonça-t-il. Je m'appelle Toshiro Itaichi, un humble Japonais venu en France avec sa sœur lorsqu'il était étudiant, et également le premier amour de l'Espagnole Valentina Yáñez Torrente. Ce qui t'es arrivé ce soir-là... C'est très simple à expliquer. 

- Il n'y a rien à expliquer, soupirai-je. Rafael était fou, Juana était en béquilles et moi j'ai été trop lâche. Il n'y rien de plus à expliquer. 

- Tout a une explication, persista-t-il. Et j'en ai une pour toi.

- Écoute-le, m'intima Ash. Je ne l'ai jamais entendu dire une chose fausse. 

Je soupirai une fois de plus. 

- Allez-y, alors...

- Tu a payé pour ce que m'a fait Val. 

Je haussai un sourcil.

- Je ne suis pas sûre de suivre... 

- Val était une jeune fille très belle et très gentille, expliqua-t-il. En tout cas c'est ce qu'elle montrait. Belle, gentille, chaleureuse, modeste, respirant la joie de vivre, elle... elle était pareille à une étoile scintillante en plein vol. J'en suis tombé amoureux au premier regard. Elle aussi elle est tombée amoureuse de moi. Nous nous promenions souvent au bord de l'eau, elle et moi, les pieds dans le sable, devisant et plaisantant. Puis il m'est arrivé la même chose qu'à toi. Sauf que sa bande et elle ont mis le feu au village entier. Ma petite sœur est morte dans cet incendie. Personne n'a vu qui avait déclenché la catastrophe. Mais quand je l'ai vue, le lendemain, elle faisait ses valises. "Val... Où vas-tu ? Tu pars ?" "Je... J'ai fait une grosse bêtise Toshiro. Je t'aime. Je t'aime de tout mon cœur. Et je ne veux pas que tu me détestes" a-t-elle répondu. "Jamais je ne pourrais te détester" lui ai-je assuré. Elle a secoué la tête, les yeux pleins de larmes. Elle est partie en courant et a sauté dans un taxi. Je ne l'ai plus jamais revue. En me promenant dans le village plus tard, le cœur brisé, mes pas m'ont mené jusqu'au foyer de l'incendie. Et là j'ai compris. J'ai compris, quand j'ai vu sa barrette par terre. Elle avait mis le feu au village. Elle avait tué ma sœur. Et toi, tu as payé pour ses actes.

Je secouai la tête. 

- Vous vous trompez, murmurai-je. C'est impossible. Elle est la douceur incarnée, elle n'aurait pas pu faire ça. Et.... Et qui aurait pu me faire payer pour ses prétendus actes ?

- Des choses étranges se passent, prétendit-il, sous nos pieds et au-dessus de nos têtes. 

Je n'insistai pas plus.

- Est-ce que vous la détestez ? demanda Ash. 

- J'en suis incapable, chuchota-t-il. Incapable. Je l'aime encore. De tout mon cœur. Alors que ma mémoire me fait défaut très souvent, tout ce que j'ai vécu avec elle, je n'oublie pas. Son parfum, son rire, sa voix, ses cheveux qui volaient, son sourire éclatant... Tout est gravé dans mon esprit pour l'éternité.

Je me levai et m'éloignai, en direction de la forêt, presque en courant. 

C'est fort possible, tu le sais...

Non. Non, non et non. Tu as tort, La Voix.

Très bien, soupira-t-elle. Fais comme tu veux. Après tout, il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.


Point de vue de Ash Ferrat

Monsieur Itaichi étant retourné à ses fleurs, j'étais seul pour réfléchir à l'histoire de Luna. Un petit ami fou... Un meurtre... Résultat : un esprit brisé qui fait semblant d'aller parfaitement bien. Maintenant que j'avais les détails, je me sentais coupable de l'avoir brusquée comme ça. Et ce garçon, Rafael Machin-Chose, qu'était-il devenu ? Je sortis mon portable pour en savoir plus. 


Point de vue de Toshiro Itaichi

Allez, encore une fois ! Je ne te laisserai pas gagner !

Un rire éclatant

Une danse gitane 

Un feu de bois en arrière-plan

Un visage souriant et heureux

Deux étudiants amoureux

Toshiro !

Un brasier

Un cri, un seul

L'odeur de la fumée

La chaleur du feu

Un enfer sur Terre


Point de vue de Luna Aguilera

Assise sur une pierre plate au milieu d'une clairière, les larmes coulaient le long de mes joues. Juana et Rafael remplissaient ma tête de souvenirs. Je les aimais tant... Mais il avait tout gâché. Pourquoi ? Pourquoi ? Rien que son nom déclenchait de violentes émotions en moi. S'il devait mourir, ce serait de mes mains. 

Juana n'aurait pas voulu que tes doigts soient souillés par le sang, me rappela doucement la voix.

Tais-toi, cinglai-je. Tu ne sais rien de Juana. Tu es arrivée après sa mort. À cause de sa mort ! Et tu me pourris la vie. Alors tais-toi.

Comme tu veux, répondit-elle d'une voix acide. Mais tu ne dirais pas ça si tu savais qui je suis vraiment.

Tais-toi.

Je me levai de la pierre, essuyai mes larmes et retournai là où j'avais laissé Ash. Il regardait son téléphone, les sourcils froncés.

- Que se passe-t-il ? demandai-je. 

Il cacha l'écran. 

- Oh, rien de spécial... 

Il enchaîna sur un autre sujet :

- Au fait, pourquoi as-tu soudainement déménagé en France ? Tu ne te plaisais pas en Espagne. 

- Je n'ai pas eu le choix, soufflai-je. Mes parents m'ont ordonné de déménager ici sans me donner d'explications. Mais je serais bien restée en Espagne, si j'avais eu le choix.

Il hocha la tête.

- Je vois, je vois... Bien ! Moi je vais rentrer, déclara-t-il en se levant.

- Attends ! m'affolai-je. Je ne connais pas le chemin !

- Suis-moi alors... soupira-t-il en s'éloignant. 

Je me levai et courus pour le rattraper. Il ne pipait mot. Ses cheveux noirs tombaient sur ses yeux. Il était vraiment le cliché du bad boy qui terrorise tout le monde.

- Ce Rafael... commença-t-il.

Je me crispai. 

- À quoi ressemble-t-il ?

J'inspirai longuement.

- Il ressemble à un ange... 

Il secoua la tête.

- Non, je veux dire, la couleur des cheveux, la forme du visage, les yeux, tout ça... 

- Ah, ok... Eh bien... Ses cheveux sont bruns, ils ont des reflets roux au soleil ; ses yeux sont marrons, avec toujours une étincelle rieuse dedans ; son visage est un peu ovale. Comme il passe beaucoup de temps au soleil, sa peau est hâlée. 

- Tu parles au présent, nota-t-il. 

Je ne répondis pas. Comment lui expliquer que mon esprit est resté bloqué à cette nuit-là ? Il ne comprendrait pas. 


Point de vue de Ash Ferrat

Je la raccompagnai jusque chez elle puis je rentrai chez moi. Le trajet s'était fait en silence. Je n'arrivai pas à cerner Luna Aguilera - où plutôt, Maria de Luna Aguilera Fernandez. Mais je savais maintenant pourquoi elle s'était retrouvée dans ce village paumé. Je m'assis sur mon lit et ressortis l'article que je lisais avant qu'elle n'arrive. 

Évasion dans une prison espagnole

Lundi dernier, un criminel espagnol s'échappe de la prison où il était détenu. 

Rafael Garcia Martinez, un dangereux tueur pyromane, s'est échappé lundi dernier de la prison ******** où il expiait sa peine, pour le meurtre de deux personnes et une tentative de viol.

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