CHAPITRE 6 - LUI
Chapitre 6
Ben
☆☆☆
J'ouvre les yeux péniblement. Dehors, les rayons du soleil traversent les persiennes de ma chambre annonçant que cette journée sera bien plus ensoleillée que la veille. Je me lève rapidement, prend conscience de l'heure qu'il est.
Je n'ai pas réussi à m'endormir avant le lever du soleil. Je n'ai pas eu mon quota d'heure et honnêtement, dans ses cas-là, je suis plutôt d'humeur exécrable. Machinalement, je fonce vers la cuisine, pressé de prendre mon café matinal.
Dans le salon, je me rends enfin compte de l'étendu l'étendue des dégâts. Putain, jamais je n'aurais pensé que trente filles et cinq mecs pouvaient autant foutre le bordel ! Et je déteste le bordel !
Je m'approche de ma machine à café, la mets en marche en baillant vulgairement. Je sors une tasse du placard quand la voix de Luke se fait entendre.
— Salut ! me dit-il en baillant.
Il passe près de moi, le visage encore endormi. Je grogne quelque chose et il se met à rire. Autant il est jovial dès le réveil, autant on ne doit pas me parler tant que je n'ai pas ma dose suffisante de caféine.
— Toujours aussi matinal à ce que je vois, plaisante-t-il.
Il fouille dans mes placards, prend un verre puis fonce vers le frigo où il sort une brique de jus d'orange. Je le regarde s'affairer, me disant que mes potes se croient vraiment chez eux parfois.
J'ai emménagé ici il y a moins d'un an. Le stress urbain ne m'a jamais vraiment convenu et quand, par un heureux hasard, j'ai visité cette villa, j'ai eu un véritable coup de cœur pour cette maison. Elle est spacieuse, fonctionnelle et moderne.
Mes potes, eux, vivent toujours en ville et quand je leur ai dit que je venais d'acheter en banlieue, ils s'étaient bien foutus de ma gueule, me disant que c'était le début d'une vie de père de famille qui s'ouvrait à moi. Il n'empêche qu'un an plus tard, ils squattent chez moi tous les week-ends. La pollution sonore de Brickell doit être incompatible avec les gueules de bois des lendemains de fêtes. Luke sort un paquet de céréales d'un placard et lève les yeux vers moi.
— Tu en veux ? me demande-t-il comme si j'étais son invité.
J'hoche la tête et mon ami me sert, en bon hôte qu'il est. Je m'étonne d'arriver à être sarcastique au réveil.
Je m'assois sur le tabouret, face au plan de travail, plonge déjà ma cuillère dans mon bol et Luke m'apporte mon café avant de s'asseoir face à moi. Il sait que je déteste qu'on me parle au matin et préfère se concentrer sur la bande dessinée à l'arrière de la boite des Captain Krunch.
En mâchant mes céréales, je repense à elle. Je n'ai pensé qu'à elle toute la nuit. Putain, je me suis quand même fais dégommer par un petit bout de femme en quelques secondes. Suis-je un cinglé en pensant que son discours moralisateur était ce que je devais entendre ? Je ne sais même pas si cette fille m'énerve ou non. Elle a le mérite de m'avoir fait réfléchir au moins.
On ne m'a jamais parlé comme ça, hormis mon père bien sûr. Ils feraient bien la paire tous les deux avec leurs discours moralisateurs. Ils devraient se marier.
Mariés !
Je me fige aussitôt. Putain ! Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? La voilà la femme suffisamment responsable pour calmer mon père. Cette fille a, quoi, vingt-cinq ans, et elle parait paraît bien mâture pour son âge. Et si ça peut m'éviter Gemma, non... Julia Bowman, je prends. En plus, elle est sexy et si j'en crois son manager, c'est une tigresse. Peut-être le serait-elle aussi au lit ?
Je relève mon visage vers Luke, qui parait obnubilé par les petits personnages de la boite céréales. Il relève son visage vers moi et me fixe, dubitatif.
— Quoi ? Pourquoi tu fais cette gueule ? Tu as bouffé le jouet de la boite de céréales ou quoi ?
Putain, qu'est-ce qu'il est con ! Mes lèvres s'étirent et je le vois froncer les sourcils.
— Putain ! Y'a quoi dans ces céréales, sérieux ? Une dose de bonne humeur ?
— Non, je... je sais avec qui je vais me marier !
Il me fixe, étonné.
— Ouais avec la cruche de Gemma Bowman
— Julia, je rectifie.
— Ouais, si tu le dis.
— Non, je pense savoir quelle fille acceptera de se marier avec moi. Il faut que j'aille au 3G !
Je me lève rapidement sous le regard consterné de mon ami. Il ne pige rien mais je n'ai pas le temps de lui expliquer.
— À midi ? Au 3G ? C'est quoi ton délire ?
— Ne cherche pas ! Je... Rangez le bordel avant de vous barrer, il faut que j'y aille. Et pas un mot aux autres.
Je tourne les talons sans faire attention à ses remarques. Ouais, il faut que j'aille voir ce con de manager.
Quand j'arrive en plein Little Havana, je me dis que j'aurais dû prendre un taxi. Ma voiture risque de se faire dépouiller en dix minutes, montre en main. Je ne suis jamais venu dans ce quartier. Je me contente de Brickell, Downtown, SoBe ou éventuellement Wynwood. Je sors de la voiture et bien sûr, tous les regards sont tournés vers moi. Ouais, peut être cinq minutes en fait.
Sur le trottoir, adossé à un mur, je vois deux jeunes d'une vingtaine d'années me regarder avec grand intérêt. Je m'approche rapidement d'eux, les mains dans les poches.
— Sympa la caisse ! Me lance l'un d'entre eux.
— Ouais. J'y tiens énormément.
— Tu m'étonnes. Moi aussi, j'y tiendrais si j'avais les moyens de m'offrir ce bijou.
Les deux gamins bavent littéralement sur la carrosserie.
— Ça vous dit de vous faire cinq cents dollars ? Je demande.
Leurs yeux se détachent de ma caisse et se portent sur moi. Les deux gamins sourient.
— Ouais. Carrément.
— Ok. Je dois monter voir une amie. J'en ai pour dix minutes, quinze grand max.
Je sors un billet de cinq cents et le déchire en deux. Je vois aux regards des gamins qu'ils ne cautionnent pas mon acte. J'y suis allé un peu fort, c'est vrai mais mon geste était indispensable pour m'assurer de retrouver ma voiture entière.
Je fourre la moitié du billet dans la main d'un des gamins.
— Je vous donne l'autre moitié dans quinze minutes !
Je n'attends pas leur réponse et pénètre dans l'immeuble. Je sais que l'appât du gain est trop fort pour eux et ils savent que sans l'autre moitié du billet, ils ne pourront rien en faire.
Je monte les trois étages quatre à quatre. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour la revoir. J'ai déjà dû me batailler avec ce Tony pour avoir son adresse. Malheureusement, il ne l'avait pas et a accepté de me donner celle de son amie contre un petit dessous de table.
Quand j'arrive devant la porte du 3G, je souris. Une fille qui travaille au 3G et qui habite au 3G, c'est assez marrant. Je prends une grande inspiration et toque à la porte.
Au bout d'un instant, la grande métisse m'ouvre la porte. Elle sursaute légèrement et je me souviens d'elle, surtout de la danse qu'elle m'a faite hier.
— Merde ! Tu es là pour ta montre ?
Je plisse légèrement le front. Putain, la garce ! Elle m'a piqué ma montre et je ne m'en suis même pas rendu compte.
— Ok. Je vais te la chercher mais n'appelle pas les flics, s'il-te-plaît.
Elle tourne les talons, me laissant seul sur le palier. Une porte s'ouvre alors de l'autre côté du palier et je vois une vieille femme sortir de son appartement. Elle me regarde, surprise et passe devant moi en me saluant d'un signe de tête. La métisse revient alors, ma montre à la main.
— Je suis désolée, c'est compulsif. Tu ne vas pas appeler les flics ?
— Ça dépend.
— De quoi ?
— De ce que tu peux faire pour moi.
Ses lèvres s'élargissent et elle empoigne le col de mon polo. Elle m'attire dans son appartement et me plaque contre le mur. Ouh la ! On ne s'est pas bien compris je crois. Cette fille est carrément sexy et je ne serais pas contre l'idée de la prendre contre le mur mais je suis assez pressé et j'ai un peu peur pour ma caisse.
— Attends, attends ! Je veux juste l'adresse de ta copine.
Elle se fige et me regarde, étonnée.
— Ma copine ?
— Ouais. Selena.
— Oh !
Elle se recule et lâche mon col. Elle le remet en place et sourit.
— Tu ne sais pas ce que tu loupes ! me dit-elle.
Je souris. Cette fille n'a pas froid aux yeux. Et oui, je dois surement louper quelque chose d'incroyable...
— Qu'est-ce que tu lui veux à Selena ? Parce que ça m'étonnerait qu'elle t'ait piqué quelque chose...
— M'excuser. Juste m'excuser.
Ça passe toujours mieux que l'épouser. Elle me sourit une nouvelle fois même si elle ne semble pas me croire un instant.
— Mouais. Je crois que tu lui en dois, des excuses.
— Je sais.
— Elle t'intéresse, dis-moi ?
Elle affiche un grand sourire puis lâche :
— Ok. Je te dis où elle est mais à une condition.
— Laquelle ?
Putain, je sens que je vais devoir encore casquer.
— Promets-moi que tu ne la feras pas souffrir.
J'élève les sourcils. C'est ça, sa demande ?
— Je n'en ai pas l'intention, je réponds rapidement.
Elle plisse les yeux et me scrute méfiante.
— Je suis sérieuse. Si j'apprends que mon amie a versé ne serait-ce qu'une larme à cause de toi, ce n'est pas ta montre que je te vole, c'est tes couilles. Et là, je ne te les rendrai pas. Pigé ?
J'hoche la tête, non convaincu par sa pathétique menace. Elle croit qu'elle me fait peur peut-être.
— Elle est à la laverie, juste en face.
Je lui souris, ne prends pas le temps de la remercier et dévale les escaliers en courant et sors de l'immeuble.
Dehors, les deux gamins sont en pleine séance selfie devant ma caisse. Tout un tas de mecs s'émerveillent devant mon bolide. Quand l'un de mes gardiens me voit, il me sourit et s'approche de moi.
— Elle est trop bien ta caisse ! Me lâche-t-il
Je sais. C'est pour ça que je l'ai acheté. Son pote me rejoint et tend sa main vers moi.
— On avait dit quinze minutes les gars. Il en reste encore un peu. Je dois vite fait aller à la laverie.
— Quoi ? Avec le fric que tu as claqué pour cette merveille, tu ne vas pas nous faire croire que tu laves tes slips toi-même !?
— Ouais, tu n'as pas les moyens de t'acheter une machine à laver ? dit l'autre. Ou te payer une femme de ménage ?
Je ris à leurs remarques. Si seulement ils savaient que je n'ai jamais eu à laver mes vêtements de ma vie.
— Encore dix minutes les mecs !
— Ouais, vas-y. On prend soin de cette beauté.
Je les remercie et tourne les talons.
— Regarde Tante Becky, la voiture, elle est trop belle, dit un petit garçon qui tend son doigt en souriant alors que je traverse la rue.
Depuis la vitre, je la vois, fourrant du linge dans une machine. Je prends une grande inspiration et pousse la porte de la laverie.
À l'intérieur, plusieurs personnes sont présentes, s'affairant à plier du linge ou à patienter que leur machine se termine, en lisant un magazine ou en profitant de ce temps pour dormir.
Je m'approche d'elle lentement et j'ai le loisir de l'observer. Elle est habillée d'une petite robe d'été fleurie et porte des sandales roses. Certaines mèches s'échappent d'un chignon désordonné. Elle est magnifique et paraît si concentrée à faire une tâche si banale. Je m'approche encore plus et m'arrête derrière elle.
— Salut, je dis.
Elle se retourne et se fige en me voyant. Elle semble soudainement mal à l'aise. Peut-être parce que je l'ai vu pleurer hier.
— Passe-moi la lessive, me dit-elle sèchement en pointant derrière moi.
Je me retourne et saisis le bidon.
— Ça va ?
— Jamais quand je fais la lessive. Je déteste ça.
Je souris. Ouais, ça doit être chiant et je suis bien heureux d'avoir une femme de ménage qui s'occupe de ses corvées. Elle ouvre le bidon, en verse dans le tiroir de la machine. Elle ferme la trappe de la machine un peu trop brutalement et tourne plusieurs boutons.
— C'est un cycle court alors dis-moi ce que tu as à me dire et retourne à ta petite vie dorée.
Elle met son bidon de lessive dans son panier à linge vide et s'abaisse pour le prendre.
— Ça te dit d'aller boire un café ?
Elle secoue la tête. Et merde ! Ça semble compromis. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot pour autant.
— Juste cinq minutes.
— Non. Je ne veux pas prendre le risque qu'on me pique mon linge.
Je me raidis et plisse le front.
— Sérieux ? Y'en a qui piquent le linge des autres ?
— Et oui, mon grand ! Bienvenue dans la vraie vie. Certains n'ont pas suffisamment de fric pour s'acheter des fringues alors, ils saisissent les occasions.
Merde ! Le monde va mal ! Je tourne ma tête vers un coin de la laverie.
— On peut s'asseoir ? Je demande
Elle hésite, soupire puis hoche de la tête. Elle me fait signe de la suivre et je la laisse s'asseoir. Je prends place près d'elle. Elle est silencieuse et je sais qu'elle attend d'entendre ce que j'ai à lui dire.
— Écoute Selena. Je suis désolé.
Je lève mon visage vers elle. Un rayon de soleil frappe son visage et éclaircit ses yeux. Elle est magnifique. La peau de son visage est fine et lisse. Ses lèvres, charnues me donnent autant envie d'y goûter que la première fois que je l'ai vue.
— Dis donc, j'ai l'impression que tu as dû cogiter toute la nuit !
— Ouais. J'ai pensé à toi.
Elle semble soudainement gênée.
— À ce que tu m'as dit je veux dire, je rectifie rapidement
— Et bien ! Je pensais que les miracles ne se produisaient qu'à Noël. Dois-je m'attendre à voir une invasion de sauterelles demain ?
Je laisse échapper un rire. Qu'elle compare mes excuses aux dix plaies d'Égypte me fait rire. Elle est marrante comme fille.
— Non, je te promets que demain sera une journée comme toutes les autres.
— Alors qu'est-ce que tu me veux ?
— Juste me faire pardonner. Je me suis rendu compte que j'ai déconné. J'aimerais réparer mes erreurs et même si je sais que tu as peur que des sauterelles ou des grenouilles déboulent ici...
Elle se met à rire et je souris en entendant son rire. Je ne l'ai jamais entendu rire et son rire, il est presque magique.
Au bout d'un instant, je comprends qu'elle se fout de ma gueule. Je dois avouer qu'il y a de quoi.
— Écoute, t'es mignon mais je doute que tu puisses faire quoi que ce soit. Et ne te vexe pas, mais je ne veux pas être l'œuvre de charité d'un beau gosse bourré de fric qui s'emmerde un peu trop dans la vie.
Alors c'est comme ça qu'elle pense que je la vois ? Parce que pas du tout. Je ne connais rien de cette fille. Juste son prénom mais je la trouve attachante.
— Et si tu as besoin d'expier tes pêchés, je ne suis pas prêtre. Mais il y a une église au coin de la septième rue, dit-elle en se levant de son siège. Elle est très bien et le père Thomas t'aidera.
Elle avance d'un pas et je la saisis par le poignet. Elle se tend à mon contact. Délicatement, je la force à se rasseoir.
— Tu n'es pas mon œuvre de charité. J'ai entendu ce que tu m'as dit hier soir. Et tu as raison. Je n'avais pas à te faire virer de ton travail.
— Ni à me prendre pour une pute, enchérit-elle.
— Ouais, je m'excuse aussi pour ça. Je veux faire quelque chose pour toi. Vraiment. Tout ce que tu veux. Je ne bougerai pas d'ici tant que tu ne me diras pas ce que je peux faire pour toi.
Elle me fixe, méfiante et hésitante.
— Si tu veux, je peux rappeler ton manager et lui dire de te rendre ton travail, je suggère.
Elle se met alors à rire, nerveusement.
— Non merci, j'ai donné. Le striptease, c'est terminé pour moi.
— Ah oui ? C'est con, tu es douée pourtant, je souffle.
Elle se met à rire une deuxième fois, mais cette fois ci fois-ci, amusée.
— Tu crois que je faisais ce boulot pour le plaisir ? Eh bien, je vais t'avouer un petit truc. La moitié des filles font ce boulot pour payer leur loyer, leur dose de cocaïne. Certaines le font pour payer la dose de leurs mecs, pour rembourser des dettes ou pour payer leurs études.
Je souris. Cette fille est en train de me donner une nouvelle leçon de vie. Elle est définitivement très mâture et bordel, j'aime ça.
— Mais rare sont celles ne le font pour le plaisir. Il n'y a rien de valorisant à montrer son cul dix fois par soir et se faire peloter par des pervers. Moi la première.
— Et pour quelle raison tu fais ça ?
— Que je faisais ça.
— Oui, pardon. C'est pour tes études ? Pour un mec ?
Elle sourit. Son regard se remplit d'amour. Oui, j'aurais dû m'en douter. Cette fille a un mec. Un gros con qui la laisse se déshabiller toutes tous les soirs, sûrement pour rembourser ses dettes de jeu ou sa dose d'héroïne.
— En quelque sorte. Je t'ai dit que quelqu'un comptait pour moi. Je ne peux pas le laisser. Il est malade et ses frais médicaux coûtent chers.
Qui est ce mec ? Un père ? Un frère ?
— Les assurances ne te remboursent pas ?
Elle rit encore. Elle se fout de ma gueule ? Ça se trouve, elle me raconte des cracks depuis tout à l'heure. Pourtant, j'ai bien vu son regard quand je lui ai demandé si elle faisait ça pour un homme.
— Je n'ai pas de couverture sociale. Je ne suis même pas américaine.
Elle m'offre un petit sourire gêné avant de reprendre.
— Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça. Si ça se trouve, tu travailles aux services d'immigration et là, je serais dans une merde pas possible. Je ne peux pas me faire expulser. J'ai trop besoin des services médicaux de ce pays.
— C'est pour ça que tu es venue ici ?
— Oui. Je ne pouvais pas rester à Cuba.
La machine à laver se met alors à sonner. Elle vérifie sa montre et se lève alors. Elle reprend son bac à linge vide et se dirige vers la machine à laver qu'elle ouvre aussitôt.
Ce que cette fille vient de me dire me laisse sans voix et je suis encore plus impressionné par ses confessions. Je me lève à mon tour et m'approche d'elle.
— Pour qui tu fais ça, Selena ?
Elle lève son visage vers moi et se met à sourire. Un sourire si beau, si pur. C'est la première fois qu'elle me sourit comme ça.
Quand elle pointe son doigt derrière mon épaule, je comprends que son sourire ne m'était pas destiné.
— Pour lui.
Je me retourne alors et voit un petit garçon, pas plus haut que trois pommes courir vers nous. Je le reconnais, c'est celui que j'ai croisé sur le trottoir avant d'entrer dans la laverie.
— Maman ! s'écrie-t-il.
Elle s'abaisse, son sourire toujours aux lèvres et le petit garçon se blottit dans ses bras. Elle dépose un baiser sur le bout de son nez puis se relève. Ses yeux croisent alors les miens et son sourire s'efface.
— Rentre chez toi, beau gosse. Ne te donne pas bonne conscience avec moi.
Elle me sourit, attrape son panier à linge et passe près de moi. Elle sort de la laverie et je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle tourne au coin d'une rue.
Putain ! Elle est maman !
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