~ Chapitre 64 ~


Amara

Il est dix heures et ça fait deux heures depuis qu'Oly est parti. Il a une réunion importante ce matin, m'a-t-il dit. Je prends ma douche et mon petit-déjeuner. Puis vers les onze heures, je reçois la visite d'Isie accompagnée de l'avocat de l'agence avec les papiers que je lui ai demandés.

J'attends maintenant le retour d'Oliver avant d'envoyer les e-mails que j'ai rédigés avec l'aide d'Isie.

Oliver

Calixte veut vraiment me rendre dingue. Maintenant, il veut avoir sa propre filiale. Non, mais quelle folie ? Je ne doute pas de ces capacités en tant qu'architecte, mais de là à le nommer chef de filiale, ça non.

- Tu fais un régime, Alex ? Tu as peur de ne plus rentrer dans tes petites robes ?

- Hahaha... Très drôle, Oly. Au moins, t'as retrouvé ton humour.

- M'ouais. Qu'est-ce qui te tracasse ? Tu lui en as parlé ?

- Pas encore. Je le ferai ce week-end.

- Elle sera contente. C'est obligé...

Je reçois la visite de ma mère. Elle veut seulement avoir de nos nouvelles avec Amy. Elle promet de passer bientôt à la maison.

- Je suis contente pour vous deux, Oly. Vous méritez d'être heureux. Je suis sûre que vous allez dépasser ça comme vous le faites toujours.

- Je l'espère bien, maman. Parce que cette femme est tout pour moi. Je n'imagine pas ma vie sans elle.

Quand je pense à la façon dont tout ça a commencé. J'ai agi comme un adolescent, mais j'ai fini par comprendre que personne ne peut échapper à l'amour. Amara est mon amour, mon paradis, la femme qui a su m'aimer envers et contre tous.

Une rose blanche dans une main, je pousse la porte pour pénétrer à l'intérieur avec un sourire. Je vais monter dans la chambre, mais un bruit dans la cuisine attire mon attention. Amy porte simplement un de mes T-shirts noirs. La vue est magnifique. Je l'admire quelques secondes avant d'entourer sa taille.

- Coucou mon ange... Tiens, je t'ai apporté une rose.

- Coucou, mon cœur. Elle est très belle. Merci...

- Ça va ?

Elle me sourit, puis m'embrasse longuement. Je finis par monter, prendre ma douche et me changer avant de descendre dans le salon. Amy est assise dans le canapé, avec sa tasse de thé. Elle paraît pensive.

- Mon cœur, à quoi tu penses ?

- À rien... Enfin,... Euh... Oly, j'ai un truc à te dire.

- Vas-y, je t'écoute ?

- D'abord, assieds-toi et... S'il te plaît, ne te mets pas en colère.

- Amy, qu'est-ce qui se passe ? Vas-y, parle-moi.

- Tu sais, quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'étais en colère et surtout très triste. Mais à aucun moment, j'ai voulu m'en débarrasser parce que... Oly, je le voulais vraiment ce bébé.

- Amy... Ce n'est pas de ta faute si on a perdu notre bébé.

- Je me croyais si forte et...

- Mais bien sûr que tu l'es, mon cœur.

- Non, Oliver, non. Je ne suis pas forte, au contraire. Je ne contrôle plus rien. Ma vie est...

- Je t'en prie, Mon cœur, ne parle pas comme ça. Tu viens de vivre une expérience horrible...

- Toi aussi, Oly. Et pourtant, tu vas plutôt bien alors que moi, je sens que je suis morte à l'intérieur.

- Pardon ? Tu penses vraiment que la perte de notre bébé ne m'a pas affecté, c'est ça ? Dis-je en me levant.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit... Écoute Oliver, il n'y a pas que ça... Cette conversation entre toi et Alex

- Bon sang Amy, dis-moi que tu n'es pas encore là-dessus, putain.

- Oly je... Je pensais que ma vie était parfaite, mais... J'ai découvert que toute ma vie n'a été qu'un mensonge, ma mère biologique m'a échangé contre de l'argent. Ma grossesse était ce qui me donnait de la force pour avancer. C'était un peu comme ma bouée de sauvetage. Ce bébé m'a redonné confiance en moi et le perdre est comme... J'en peux plus. Je ne peux pas y faire face... Pas ici en tout cas.

- Qu'est-ce que tu essaies de me dire là ?

- ... Je vais... Je... Je vais partir, Oliver.

- Quoi ? Mais comment ça, tu vas partir ? ... Pour aller où ?

- J'ai besoin de m'éloigner de tout ça... Harly va faire une étude dans sa branche en Haïti et je vais l'accompagner.

- Haïti ? C'est une blague, pas vrai ? Tu plaisantes là.

- Non Oliver...

- Et moi, alors ? Tu vas m'abandonner, c'est ça ?

Comment peut-elle penser à s'en aller ? Partir aussi loin. Pourquoi ? J'essaie de ne pas laisser sortir ma colère. Elle est effrayée, je le vois qu'elle a peur. Elle ne peut pas me faire ça. Non, pas elle. Pas maintenant. Je viens à peine de la récupérer et elle veut déjà me quitter. Encore. Qu'est-ce que j'ai fait cette fois ?

- Tu n'as pas le droit de me faire ça, Amara, tu n'en as pas le droit.

- Je suis désolée, mais je ne peux plus supporter tout ça, Oliver. J'en fais des cauchemars tous les soirs.

Je n'ai jamais aimé la voir pleurer, j'ai envie de la prendre dans mes bras, mais là tout de suite, la douleur dans ma poitrine est bien trop puissante pour penser à ses larmes.

- Et moi dans toute cette histoire, Amara ? Et nous ?

- Mais je ne suis pas en train de te quitter là. C'est juste que je ne sais plus où j'en suis...

- Mais tu sais au moins que tu m'aimes, alors s'il te plaît. Je t'en supplie, Mon amour. Ne me fais pas ça. Je t'aime, Amy, ne le vois-tu pas ?

- Mais moi aussi je t'aime. Oliver... Tellement

- Alors ne pars pas. Reste avec moi, et on affrontera ça ensemble, d'accord ?

Les sanglots secouent son petit corps dans mes bras. Je la serre encore plus fort. Si elle m'aime autant qu'elle le dit, ça ne doit pas être si difficile pour elle de rester à mes côtés, non ?

- Je partirai dans l'après-midi. Je suis vraiment désolé, Oly. Je te demande pardon...

On dit souvent que lorsqu'on a déjà eu le cœur brisé une fois, ça fait moins mal la deuxième fois. Ou plutôt que la douleur est moindre, plus supportable si on veut. Mais je constate que c'est complètement faux. Amara ne vient pas juste de piétiner mon cœur, elle vient de faire exactement ce que j'essayais d'éviter après Barbara.


Amara

Ça fait des heures qu'il est parti. Je sais comment il est quand il est autant en colère. Mes appels et mes messages sont sans retour. Je suis soulagée de savoir qu'il est chez Alex qui, lui aussi, doit m'en vouloir, vu la façon dont il m'a raccroché au nez. Je peux le comprendre, j'aurais fait pareil pour Kika ou pour Nate.

Il est deux heures du matin et Oly n'est toujours pas rentré. Je décide de l'attendre dans le canapé. Je veux juste qu'il comprenne que si je pars, ce n'est pas à cause de lui. Et ce ne sera que pour un moment.

Les clés d'Oly sont restées dans le salon et c'est justement pour cela que je cours jusqu'à la porte lorsque la sonnerie me tire dans mon sommeil. Il fait jour et quand je regarde sur mon portable, il est déjà dix heures du matin.

- Em...

- Bonjour, ma belle. Je t'ai réveillé ? Désolée, mais je vous ai appelé hier pour vous prévenir que j'allais passer ce matin, mais aucun de vous deux n'a répondu... Oliver est déjà parti, je présume.

- Euh non... Il... Il n'a pas passé la nuit à la maison.

- Ah bon ? Il est en voyage et il ne m'a rien dit ?

- Non, non... Ce n'est pas ça.

- Vous vous êtes disputé ?

Je respecte et aime énormément la maman d'Oliver. Donc, je ne peux pas lui mentir. Alors, je lui explique tout.

- Je ne suis personne pour te juger, mais laisse-moi juste te dire ceci... Ton départ va l'anéantir. À ton retour, il ne sera plus la même personne, Amara.

Je sais qu'elle aimerait me demander de reconsidérer ma décision tout comme l'a fait Nate et même Kika, mais je ne peux pas. Et ça, personne n'essaie de le comprendre.

Après le départ d'Emily, je monte prendre une douche. Georges est dans la cuisine, je vais en profiter pour avoir une petite discussion avec lui. Il m'a accepté et soutenu dès le début de ma relation avec Oliver. Je ne peux pas jouer les ingrates.

Ma valise enfin bouclée, je m'assois une minute sur le lit. C'est avec le cœur lourd que j'attrape mon portable pour envoyer un ultime texto à Oliver. Je pensais le voir avant de partir, mais après plus de dix minutes à attendre et à me remémorer des souvenirs dans cette maison, je finis par me diriger vers la porte et c'est là qu'il apparaît.

Oliver

- Salut... Je...

- Amy, bébé, ne t'en va pas. J'ai besoin de toi.

- Non, Oliver, tu n'as jamais eu besoin de moi. Et puis, qu'est-ce que je pourrai bien t'offrir maintenant ? Je ne suis pas la femme que tu crois. Je suis la fille d'une prostituée, tu comprends ça ?

- Mais j'en ai rien à foutre de qui est ta mère biologique, moi... Je t'aime, Amara, c'est tout ce qui compte, non ?

- Tu as promis de me laisser partir après la naissance du bébé et...

- Mais ce n'est pas aussi facile, Amy...

- Et tu crois que ça l'est pour moi ?

- Pourquoi est-ce que tu pars alors ? Écoute-moi, s'il te plaît, tu n'as pas besoin de fuir mon amour...

- Je ne suis pas en train de fuir.

- Ah oui. Tu pars sous un coup de tête dans un pays que tu ne connais même pas, comment est-ce que tu appelles ça, dis-moi ?

- Oliver...

- Non, Amara, c'est à toi de m'écouter maintenant, je t'en prie... Les mensonges de tes parents, la perte de notre bébé, je suis d'accord que ça en fait beaucoup. N'importe qui à ta place se sentirait bouleversé. Mais ce n'est pas une raison pour partir aussi loin et t'éloigner de ta famille, de tes amis et... de moi. Mais qu'est-ce que ça peut faire que tu sois la fille de cette femme ? Ta mère sera toujours Maryline. Accepte juste le fait que ...

- Je ne sais même plus qui je suis, comment veux-tu que j'accepte quoi que ce soit, Oliver ?

Je vois que quoi que je puisse dire, ça ne la fera pas changer d'avis. J'ai crié, je t'aime. J'ai demandé pardon un million de fois, pour une vie entière, mais rien à faire.

- Amara, je te jure que si tu passes cette porte, ce n'est plus la peine de revenir. Tu n'existeras plus pour moi. Je ferai une croix sur toi ainsi que notre amour.

Et dire qu'elle m'a traité d'égoïste plus d'une fois, alors qu'elle, elle est carrément pire. Elle m'a pourtant dit que l'amour n'est pas égoïste et qu'elle n'est pas une souffrance. Alors pourquoi est-elle sur le point de m'abandonner ? Au final, tout n'a été qu'une illusion...

Amara

Chaque pas qui me rapproche de la porte est comme un coup de poignard que je reçois en plein cœur. Je n'ai pas d'autres alternatives. Je dois faire le point pour combler ce vide en moi. Et si cela inclut que son amour pour moi doit se changer en haine, je ne peux rien y faire.

- Ça va aller ? Me demande Harly

- Oui... J'ai pris la bonne décision.

Je ne suis pas en train de l'abandonner. Je pars juste quelques mois. Peut-être qu'il me pardonnera un jour ou peut-être qu'il me détestera pour le restant de mes jours, mais...

- Nous allons décoller dans quelques minutes. Vous voulez quelque chose à boire ?

Existe-t-il une boisson assez puissante pour réparer les peines de cœur ? Si oui, donnez-moi en une douzaine...

Fin

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