~ Chapitre 62 ~


Oliver

Après le discours qui débute la soirée, Amy est un peu moins stressée. J'ai hâte que ça se termine pour pouvoir rentrer à la maison, car Amy a l'air fatiguée et ces crampes d'estomac ne font qu'augmenter.

- Ça va aller, Mon cœur ?

- Ne t'en fais pas, Oly.

- Bébé, ce n'est pas normal ça.

- Mon chéri, ne t'inquiète pas.

- Ne me demande pas ça, s'il te plaît.

- D'accord, on appellera le docteur Raphaël demain matin, si tu veux.

- On devrait peut-être rentrer à la maison...

- Pas besoin, mon amour. Je te promets que ça va.

Lorsque j'entends mon nom dans la catégorie des plus jeunes entrepreneurs ayant signé plus de contrats, j'embrasse ma petite amie avant de rejoindre la scène sous les applaudissements.

Mon discours est un peu bref. C'est plus des remerciements adressés à ma merveilleuse petite amie d'être toujours là pour me soutenir ainsi que mes employés. J'espère que les autres vont en faire de même et ne pas déblatérer.

Pour cette soirée, j'ai été nommé trois fois et j'ai gagné les trois prix. J'aurais pensé qu'avec les événements passés, les gens allaient encore jaser sur mon potentiel, mes capacités en tant que PDG, mais non. Mon meilleur ami étant présent ainsi que sa petite amie, me serre la main pour me féliciter.

Nous sommes toujours assis, en train d'assister à la suite. Alex sort son portable de la poche de sa veste et son sourire fait place à de l'inquiétude.

- Je dois y aller.

- Alex, mais qu'est-ce qui se passe ?

- C'est ma mère, Lara est aux urgences, elle a fait une crise d'asthme... Elles ont besoin de moi.

- Je t'accompagne, mon cœur. Dit Kika en se levant.

- Alex, je vais demander à Georges de vous conduire à l'hôpital.

- Non, Oly, je peux conduire.

- Je te connais.

- Et vous allez faire comment pour rentrer Amy et toi ?

- Georges, va prendre ta voiture et moi, je vais conduire la mienne. On passe à la maison se changer et après, on vous rejoint à l'hôpital.

Lara est un grand asthmatique. Ces crises sont très flippantes. Ni Alex ni Kika n'est en mesure de conduire.

Ma petite amie et moi, nous n'attendons pas la fin de la cérémonie pour nous éclipser après le départ de nos amis. Ça fait un quart d'heure que je conduis. Les rues sont pratiquement désertiques. En même temps, il n'est pas si tôt. Amy somnole sur sa chaise, sa tête posée sur mon épaule. Je ne suis plus trop loin de la maison.

Je tourne vers la première rue. Il y a une petite pente. Je freine, mais rien. J'essaye à nouveau... Ce n'est pas possible. Georges vérifie toujours la voiture avant de sortir, et ceci tous les matins. J'essaye de ne pas paniquer pour ne pas réveiller Amy, mais trop tard, on a dû rouler sur quelque chose qui la réveille.

- Oly... On est où ?

- Je...

- Mon cœur ralentit, s'il te plaît... Oly

- Ça va aller... Accroche-toi, bébé.

Un camion roule droit vers nous. Amy essaie de ne pas s'affoler et moi, j'essaye de trouver une solution pour nous sortir de là. En essayant d'éviter le camion, la lumière de ces phares m'aveugle et je perds le contrôle de la voiture qui percute un arbre...

Amara

Les bourdonnements dans mes oreilles, cette douleur généralisée, ma vision floue. Je distingue quelques formes et beaucoup de mouvements autour de moi. Les saccades veulent sûrement dire qu'on est en train de bouger.

Mes paupières s'ouvrent lourdement pour se refermer tout de suite après. Je suis si fatiguée que j'arrive presqu'à en oublier la douleur. Les voix autour me disent de m'accrocher, que ça va aller. Oliver. Il est où ? Je suis où ? Pourquoi j'ai autant sommeil ?

Je suis en train de revivre les souvenirs de mon enfance. Plus précisément, la fois où je suis tombée dans la piscine alors que Joe est là en train de me regarder me débattre en souriant avant de me sortir de l'eau. Je suis apeurée et je pleure. Mes parents sont sortis, c'est la grand-mère qui nous garde.

Les souvenirs continuent à faire surface jusqu'à ce dîner à Philadelphie. C'est forcément un cauchemar. Sinon, pourquoi est-ce si dur pour moi de me réveiller.

J'entends les voix de mes meilleurs amis. Plus tard celui de mon père. Il pleure. Mais pourquoi ? Et Oliver qui me demande de lui revenir. Là encore, je ne comprends pas. Je suis pourtant là, et tellement fatiguée.


Oliver

- Pourquoi n'est-elle pas encore réveillée ?

- Elle a perdu beaucoup de sang et s'est cogné brutalement la tête d'Oliver.

- Dis-moi, Docteur, quand vous pensez qu'elle va se réveiller ?

- Je ne peux pas te dire quand exactement, mais elle va le faire Olivier... Reste confiant,

On me répète ces mots depuis une semaine maintenant et pourtant Amy est toujours dans le coma. Elle semble juste dormir, pourtant ça ne devrait pas être si difficile pour elle de se réveiller, non ?

C'est le chauffeur du camion qui a appelé une ambulance et qui m'a aidé à la sortir hors de la voiture tout juste avant qu'elle n'explose. Quand on est arrivé ici, Amy était inconsciente. Je n'arrête pas de me dire que c'est moi qui aurais dû être allongé dans ce lit, pas elle. Elle a déjà assez souffert...

- Oliver, tu devrais te reposer.

- Merci maman, mais je ne suis pas fatiguée.

- Écoute ta mère, Oliver. Tu as quand même eu une contusion cérébrale. Ajoute Maryline.

- Le docteur dit que je ne risque plus rien.

- Bien sûr. Et ma fille, elle, est allongée dans ce lit d'hôpital à lutter entre la vie et la mort. Ajoute Jérémy.

- Vous insinuez quoi au juste ? Je vous rappelle que mon fils n'est pas responsable de cet accident, Jérémy. Lui aussi souffre énormément. Dit mon père.

- C'est ton fils qui a entraîné ma fille à cette foutue soirée. Il s'en est sorti. Crie-t-il.

- Mon amour calme toi s'il te plaît... Allons prendre un peu d'air. Dit Maryline.

Il a raison, c'est en partie de ma faute, puisque c'est moi qui conduisais, d'autant plus qu'elle ne voulait pas y aller. Je n'aurais pas dû la convaincre. La police n'a encore rien trouvé. Georges dit avoir vérifié la voiture tout juste avant de nous conduire à la soirée. Ce qui nous fait croire à un sabotage. Qui peut bien être derrière tout ça ? Et surtout, pour quelle raison ? Je décide de retourner au chevet d'Amy.

- Oly, je sais ce que tu te dis, mais... Ce n'est pas de ta faute.

- Bien sûr que oui, Kika. Je suis le seul responsable.

- Crois-moi que non. Je sais à quel point tu l'aimes, tu n'aurais jamais mis sa vie en danger.

- ... Peux-tu me laisser un moment avec elle, s'il te plaît ?

- D'accord, je vais rejoindre Nate à la cafétéria. Tu veux quelque chose ?

- Non merci.

Il faut qu'elle se réveille. Je lui prends la main, puis y dépose un baiser. Je peux entendre encore son rire raisonné dans ma tête. C'est tellement dur de la voir allongée sur ce lit, le corps inerte.

- Réveille-toi, mon amour. J'ai besoin de toi... Reviens-moi, mon ange. Ma vie n'a aucun sens sans toi.

Je lui caresse la joue. Je ne rêve pas, ses yeux sont bien en train de papillonner.

- Mon amour... T'es réveillé... Oh mon cœur.

Elle ne fait que grimacer en se massant la tempe. Je presse un bouton pour prévenir une infirmière qui, elle, appelle le docteur. Amy a l'air perdue.

- Très bien. Sa mémoire semble intacte, ce qui est une bonne nouvelle. Elle a un très bon Glasgow. Comment tu te sens, Amara ?

- Comme quelqu'un qui a dormi une journée entière... Depuis combien de temps suis-je ici ?

- Un peu plus d'une semaine

- Tant que ça ?

Le docteur me regarde, comme pour me demander de lui parler.

- Oly, est-ce que tu vas bien ?

- Ne t'en fais pas, mon cœur... Toi, t'es sûr que ça va ?

- Je me sens tout bizarre. Comme un peu vidée de mon énergie.

- Est-ce que tu te souviens de l'accident ?

- Euh... C'est un peu vague, mais...

Sa main tombe subitement sur son ventre, elle soulève brusquement sa couverture et là, c'est la panique totale.

- Oly...

- Du calme...

- Docteur, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi mon ventre est

- Mon amour, calme-toi, s'il te plaît.

- Non, dis-moi ce qui se passe tout de suite. Où est mon bébé ?

- Docteur,

Je prends sa main dans la mienne alors que le docteur lui explique comment il l'a fait avec moi quelques jours plus tôt.

- Je suis sincèrement désolé, Amara. Tu as eu ce que l'on appelle un hématome rétro-placentaire.

- Quoi ? Hématome rétro, quoi ?

- Un hématome, rétroplacentaire... Le placenta où se trouvait ton bébé et qui était normalement inséré à sa place, s'est décollé prématurément. Tu as perdu beaucoup de sang et on n'a pas pu sauver ton bébé.

- Non...

- ... En général, on assiste à ce genre de cas vers les vingt-quatrième et vingt-cinquième semaines. Des fois, ça arrive sans aucune raison apparente, mais là, je suppose que ton accident a dû être l'élément déclencheur.

- Non, non, non. Crie-t-elle.

Le docteur demande à ce qu'on lui administre un sédatif pour la calmer. Heureusement que le lit arrive à nous tenir tous les deux. Amy est en train de dormir dans mes bras. Quand elle se réveille, elle me regarde tendrement.

- Mon amour...

- Je suis désolée Oly... Tellement désolée.

- Non... Ne le sois pas. Ce n'est pas de ta faute.

Elle se remet à pleurer. Je déteste me sentir aussi impuissant...

Quelques jours plus tard

Le docteur autorise Amy à quitter l'hôpital. Jérémy insiste pour la ramener chez eux à Philadelphie, mais moi, je ne peux pas accepter ça. Ils restent donc quelques jours à l'hôtel et passent la voir de temps en temps à la maison.

Amy ne parle presque plus et ne mange presque rien. Elle ne fait que pleurer et moi, ça me rend fou de la voir ainsi sans pouvoir l'aider.

Tout le monde est là pour nous soutenir. Même sur les réseaux, ils nous envoient des petits messages. Je passe plus de temps à la maison, ne voulant pas me séparer d'elle.

Les jours passent et moi, j'essaie tant bien que mal de lui redonner le sourire. Elle est dans la chambre avec Nate. Quand j'arrive, la porte étant entrouverte, j'entends leur conversation.

- Ma coccinelle, je sais que c'est dur pour toi, mais lui aussi, il souffre.

- Je sais. Mais je n'y peux rien. Je n'ai pas la force pour affronter ça. Pourquoi ça m'est arrivé ? Oly voulait tellement avoir ce bébé. Moi aussi, d'ailleurs, et maintenant...

- Ma coccinelle, tu es une femme forte. Votre amour est solide. Vous avez traversé tellement de choses ensemble. Vois-le comme une épreuve.

- Une bien trop grande épreuve...

- Ne fais pas ça, je t'en supplie.

Il la prend dans ses bras alors qu'elle se remet à pleurer. Je ne sais plus quoi faire...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top