~ Chapitre 58 ~


Amara

- Ça va aller ?

- Pour la centième fois, oui. Tu peux y aller, Oliver.

- Je n'aime pas te laisser seule. J'appelle ma mère pour te tenir compagnie...

- Oly, je ne serai pas seule. Kika sera là dans une demi-heure. Ne va pas déranger ta mère.

- D'accord. Tu as besoin de quelque chose ?

- Non, ça va. Vas-y, tu vas être en retard.

- Je reviens vite, d'accord ?

Il y a deux jours de cela, quelqu'un a posté une vidéo sur Instagram où l'on voit clairement Joe complètement saoule dans un bar. À présent, tout le monde sait que je ne suis pas la fille biologique de Maryline. Ça a mis Oliver hors de lui, mais on ne peut plus rien faire. Ça a mis Oliver hors de lui, mais on ne peut plus rien faire. Partout, sur les réseaux, on parle de moi. Certains propos sont tellement blessants. Certains arrivent jusqu'à comparer ma vie avec celle de ma mère biologique, alors que je ne la connais même pas.

Apparemment, mes parents veulent discuter. Bah voyons. Je sais que je dois écouter ce qu'ils ont à me dire un jour, mais là, je ne suis pas prête. Avec toute cette tension engendrée par cette nouvelle, je suis presque tout le temps stressé et je sais que ce n'est pas bon pour le bébé.

Oliver reste tout le temps auprès de moi, alors qu'il est aussi dans une mauvaise passe avec l'entreprise. J'aimerais dire qu'on s'entraide, mais non, lui, il fait vraiment tout pour que je me sens bien alors que moi...

- Amy, je t'en prie, écoute-moi, ce n'est pas prudent ce que tu veux faire.

- Kika, ça fait des jours que je suis enfermée ici. On va juste se promener.

- Oliver sera très furieux, tu le sais.

- Il n'en saura rien.

- Et comment on fait pour échapper aux paparazzi ?

- On va se camoufler... Comme dans les films, d'accord ?

- ... C'est moi qui choisis les tenues.

Chose dite, chose faite. Enfin, hors de la maison, Kika conduit prudemment, et moi, je laisse le vent frais me caresser le visage. Elle arrête la voiture près d'un parc et on se pose sur un banc pour discuter.

- Ça va, bichette ?

- Maintenant que je respire cet air pur, je me sens beaucoup mieux.

- Je te connais, tu sais. Je suis désolée pour ce que tu es en train de vivre, ma bichette... Joe est vraiment quelqu'un d'horrible pour te faire ça...

- Je la comprends, tu sais.

- Non, ce n'est pas de ta faute si Maryline est plus proche de toi... Amy, depuis petite, je t'ai vu essayer de te rapprocher de Joe, c'est elle qui t'a toujours repoussée.

- Maintenant, on sait pourquoi...

J'essaye de me mettre à sa place, Joe n'est pas si mauvaise. C'est la seule à m'avoir dit la vérité, son intention était peut-être mauvaise, mais je ne peux pas lui en vouloir. Même après ce qu'elle a fait, je ne peux pas la détester. Je soulève mes lunettes de soleil pour essuyer mes larmes.

- Viens là, ma bichette.

Le câlin de ma meilleure amie m'apporte du réconfort. J'essaie, mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer tout le temps, c'est fatigant à la longue.

- Toi et Alex, alors ?

- Tu veux parler d'hier soir ? Il m'a fait une crise de jalousie pour Gordon.

- Le mannequin-là ?

- C'est juste un ami. Mais lui, il croit le contraire.

- Et alors ?

- On s'est disputé et... On a fini... Dans son lit

- Ouuuh... Du coup, vous êtes

- Non... Enfin... Je ne sais pas.

- Moi, je crois que oui...

- Pareille pour toi et Oly.

- Non, il n'y a rien entre lui et moi... Nous nous sommes beaucoup rapprochés à cause du bébé... Il essaie de se racheter.

- Tu en penses quoi ?

- Ce n'est pas si simple.

- Ça ne dépend que de vous deux, toi en particulier.

- Hmm... Bien vu qu'on est là, on peut faire les boutiques.

- Ça non. Et ne me regarde pas comme ça.

- S'il te plaît Kika... Aller, rien qu'une petite heure.

- Putain Amy, si ton mec rentre avant nous, je te laisse l'affronter toute seule.

- Ce n'est pas mon mec, mais... Je t'aime.

Je dépose un bisou sur sa joue avant de lui prendre la main pour se lever. Nous marchons pendant dix minutes environ. On passe devant un magasin où il y a un ensemble Bébé accroché derrière une vitrine. Je suis sûre qu'il me fait signe d'entrer et je ne vais pas résister. Je tire le bras de Kika pour l'entraîner avec moi. Tous ces petits vêtements. C'est tellement beau.

- Regarde cette petite robe bichette.

- Elle est trop belle...

- Bonjour... Comment puis-je vous aider ?

- Ah, bonjour, vous pouvez nous dire où on peut trouver les bodys, s'il vous plaît ?

- Bien sûr, suivez-moi, c'est par ici.

Dire que j'ai porté des vêtements aussi petits, c'est juste hallucinant. Je regarde les bodys en souriant. Il y en a un qui est très joli. Je le montre à Kika.

- Ça lui fera plaisir, tu crois ?

- Je l'espère.

Je prends un autre tout aussi joli. On sort du magasin en souriant. J'imagine déjà la tête que va faire Oly quand il va les voir.

- Excusez-moi, Mademoiselle.

Kika lance un regard mauvais à cet homme qui vient de me bousculer sans le faire exprès. Son regard insistant me fait comprendre qu'il nous a reconnues.

- Merde Amy, ta capuche.

Putain, j'ai oublié de le remettre en sortant du magasin. Kika me prend la main et on commence à marcher très vite pour rejoindre la voiture.

- Elle est là.

- C'est elle.

- Amara

- Es-tu enceinte ?

- Le bébé, est-il d'Oliver ?

J'entends toutes ces voix et cette foule de gens avec leur appareil en train de nous prendre en photo. Notre premier réflexe est de rentrer dans ce restaurant. J'essaie de reprendre mon souffle quand soudain, j'aperçois Cyril. Et merde, moi qui croyais être tranquille.

- Andy, ça va ? Je t'ai appelé et...

- Ce n'est vraiment pas le moment, Cyril. Putain, Oly va être très en colère. Dit Kika.

Cyril regarde au-dehors et comprend qu'on n'est pas là pour manger. Il nous demande de suivre ce qu'on fait. Il nous aide alors à sortir par une porte à l'arrière. Et on rejoint sa voiture dans le parking.

Oliver

J'arrive dans la salle de réunion, tout le monde est déjà là. Je m'assois sous leur regard et Manolo, qui est à la tête du conseil, prend la parole.

- Bon, vous savez tous pourquoi on est là, on ne va pas vous faire perdre de temps. Oliver, nous sommes tous conscients du bon travail que tu fournis ici, mais tu sais qu'avec tout ce qui se passe en ce moment, tu ne peux plus être à la tête de l'entreprise. Je suis désolée... Il va donc falloir te trouver un remplaçant le temps que cela se calme. On a pensé à monsieur Braxton. C'était le bras droit de ton père et c'est un excellent architecte.

Calixte a un sourire stupide dessiné sur son visage.

- Messieurs, vous n'êtes pas sans savoir que Hale Corp est une entreprise familiale, c'est donc à un Hale que revient le droit d'en prendre les rênes...

- Mais monsieur Hale, vous êtes fils unique et votre père ne peut pas revenir, il a pris sa retraite.

- Moi non, mais elle, sí... Répond mon père.

Mon père arrive en compagnie de ma mère. Et là, je regrette de ne pas avoir engagé un photographe pour capturer ce moment. La tête que fait Calixte.

- Madame Hale,

- Bonsoir à tous.

Même tous les yeux braqués sur elle ne réussissent pas à la faire flancher. J'adore ma mère.

- J'ai transféré mes parts à ma mère et mon père en a fait autant. Du coup, c'est elle l'actionnaire majoritaire.

- Excusez-moi, Madame Hale, mais vous ne connaissez pas grand-chose à l'architecture.

- Détrompez-vous, monsieur Braxton, les deux hommes de ma vie sont des célèbres architectes et... Vous serez étonné de voir comme j'apprends vite.

- Je n'y vois aucun inconvénient, alors... Bienvenue madame Hale. Ajoute Manolo.

Calixte a l'air dépité et moi, j'ai envie d'éclater de rire. J'embrasse ma mère alors que les autres attendent pour lui donner une poignée de main.

- Allons-y, maman, je vais te montrer ton bureau.

Elle me suit jusqu'au bureau et là encore, elle me prend dans ses bras et on éclate de rire. Je n'aurais jamais laissé une telle chose se produire, cette entreprise est le fruit des efforts de mes grands-parents, mon père a travaillé dur pour la maintenir à flot et Calixte a pensé que j'allais accepter qu'on le nomme PDG alors que je connais ces ambitions ?
Ma mère est aux toilettes et mon père est encore à la salle de réunion.

- Ça a marché ? Me demande Alex.

- Tu aurais dû voir sa tête.

- Bien joué mon pote... Bienvenue Patronne.

Ma mère sourit à Alex. Je laisse ma mère en sa compagnie pour retrouver mon père. En arrivant près de la salle, j'entends une conversation. Ça semble plus à une dispute.

- Tu t'attendais à quoi ?

- Surtout, pas à un si mauvais coup de votre part.

- Ça n'a rien à voir, Calixte. Oliver est mon fils, l'entreprise lui revient de droit... Et toi, dis-moi comment tu as pu me cacher ça ? Il était si près de mon fils et tu ne m'as rien dit ?

- C'est toi qui as voulu arrêter tes recherches. Et de toutes façons, il est reparti...

Il arrête de parler quand il me voit.

- Papa, maman aimerait te parler.

- Allons-y.

- Est-ce que ça va ? Vous parliez de qui ?

- Personne d'important. Allons retrouver ta mère.

Il a l'air en colère. J'ai envie d'insister, je voudrais savoir qui était si près de moi, et pourquoi en parler avec lui précisément.

- Oly, il faut que tu vois ça.

Je prends le portable qu'Alex me tend et mon sang ne fait qu'un tour.

- Je viens d'avoir Kika, elles sont en route pour la maison.

- Il faut que j'y aille.

J'espère que la colère va redescendre avant d'arriver à la maison. En quelques minutes, j'arrive à la maison. La voiture de Kika n'est pas là, celle d'Amy non plus. Il n'y a personne dans la maison. J'appelle Georges sur la route et il me dit qu'il est en chemin lui aussi. Je sors presqu'en courant en entendant une voiture s'arrêter. Je ne sais pas à qui elle appartient. Je vois Amy et Kika sortir suivies de Cyril. De mieux en mieux.

- Oly...

- Rentre à l'intérieur, s'il te plaît.

Elle rentre suivie de son amie. Putain lui, il va m'entendre.

- Oliver, avant que tu ne dises quoi que ce soit, je veux que ce soit clair entre nous. J'étais dans le restaurant, je les ai juste aidé.

Je devrais le remercier alors ? Il n'a pas arrêté de lui tourner autour et...

- J'ai compris.

- Et qu'est-ce que tu as compris ?

- Que c'est toi qu'elle aime. Que je n'ai été qu'un ami pour elle et que je ne le regrette pas... Tu peux être tranquille, je ne me mettrai plus entre vous deux. Je vais partir vivre à Cancun la semaine prochaine. Voilà...

Puis il s'en va. Kika et Amy sont toutes les deux assises dans le canapé.

- Je vais y aller, je dois récupérer ma voiture.

Je me rapproche d'Amy, et quand je suis assez près, je vois une larme coulée sur sa joue que j'attrape avec mon pouce.

- Je suis désolée.

Elle se jette dans mes bras en pleurant. Comment être en colère contre elle maintenant ? J'inspire profondément avant de déposer un bisou sur son front.

- Tu vas bien ?

- Ça va.

- Pourquoi tu ne m'as pas écouté ? Pourquoi tu ne m'écoutes jamais, Amy ?

- Oly...

- Ils sont au courant maintenant, tu te rends compte ? Ils savent pour ta grossesse.

- Je sais.

- Pourquoi tu es sorti de la maison ?

Elle se détache de moi pour prendre un sac et en sortir un truc.

- Je voulais t'acheter ceci.

Elle me le donne en souriant et je ne tarde pas à sourire moi aussi. Un body avec « Mon papa est le plus fort ». Elle sait que même si je ne parle pas de ce que je ressens au fait de perdre ma place à l'entreprise, je ne vais pas bien. Et ce body en est la preuve. Je la prends à nouveau dans mes bras...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top