~ Chapitre 57 ~


Amara

- Papa, qu'est-ce qu'elle invente encore ?

- Moi ? Je n'invente rien... Maman, dis-lui toi.

Je rêve ou ma mère fuit mon regard ? Le visage de Papa affiche une expression choquante. Il est en colère. Nate suit la scène sans ciller, car lui non plus ne comprend pas ce qui se passe.

- Comme on dit, telle mère, telle fille...

- Ça suffit, Erine. Cri papa en tapant son poing sur la table.

Sa réaction nous fait sursauter à Nate et à moi, alors que Joe est là calmement à le fixer.

- Alors quoi ?

- Tais-toi, Joe. Dit maman.

- Non, maman, je ne vais pas me taire. Pourquoi le ferais-je, hein ? Vous avez toujours placé Andrea au-dessus de tout, elle a toujours été ta préférée, alors que ce n'est même pas ta vraie fille...

- Quoi ? Dis-je d'une petite voix.

- Erine Josie Oliphant. Cri papa... Je te préviens que si tu dis un mot de plus, je ne réponds plus de rien.

Je suis en train de broyer la main de mon meilleur. Ma respiration s'accélère et mes yeux se remplissent de larmes.

- Vous avez peur de la vérité, c'est ça ? Laissons la petite princesse vérifier par elle-même. Dit-elle en me donnant une enveloppe.

Les mains tremblantes, j'ouvre l'enveloppe pour lire ce qui est écrit. C'est un contrat, et il y a la signature de mon père et celle de deux autres personnes.

- Tu n'es pas la fille biologique de Maryline Oliphant. Ils t'ont acheté à une certaine Annabelle. En voilà la preuve.

- Quoi ? Papa, je t'en prie, dis quelque chose... Ne suis-je pas ta fille ?

- Bien sûr, ma princesse, bien sûr que je suis ton père.

- Il a raison. C'est bien lui, ton père. Par contre, ta mère, je veux dire, ta mère biologique est une prostituée avec qui il a trompé maman.

- ... Pardon. Dit Nate.

La main de Papa vient s'abattre sur la joue de Joe. Mon regard passe de celui de Maman à celui de Papa. J'implore ma mère du regard de contredire ma sœur. Mais au lieu de ça, elle baisse la tête...

- Je ne veux plus te voir dans cette maison, tu m'entends ?

- Tu me mets à la porte, papa ? Maman, tu vas le laisser faire... Maman.

- Comment peux-tu être aussi cruelle envers ta sœur ? Demande maman.

- Elle n'est pas ma sœur. Je la déteste. Je vous déteste tous. Crie Joe, avant de quitter la maison en courant.

Je peux entendre leurs voix et voir leurs lèvres bouger, mais je ne parviens pas à parler. Comment est-ce possible ? Je sens mon corps secouer, c'est mon meilleur ami, je le regarde les yeux remplis de larmes. Ma mère pleure d'un côté et mon père, lui, me demande si ça va.

- Dis-moi que c'est un mensonge, papa, s'il te plaît... Dis-le-moi que Joe a tout inventé.

Je crie, mais il ne dit rien, alors je me tourne vers ma mère.

- Maman, toi, dis-moi, c'est bien toi ma mère, pas vrai ?  Joe m'a toujours détesté. Alors, elle dit ce mensonge pour me faire du mal, n'est-ce pas ?

- Ma chérie... Je suis tellement désolée.

- Non... Ça doit être un malentendu.

- Ma princesse, écoute-moi, s'il te plaît...

- Papa, maman aussi est en train de mentir, n'est-ce pas ? Je veux que tu me le dises... Papa, je t'en prie...

- Ma chérie... Écoute-moi, ma princesse. Je suis tellement désolée que tu l'apprennes de cette façon.

Ma bouche est sèche. Comment ont-ils pu me faire cela ? Et surtout, pourquoi ? Je sors en courant, et une fois dehors, je vide mon estomac.

- Ça va aller, ma coccinelle... Calme-toi

Mon meilleur ami me caresse le dos. Mon père s'approche de nous, faisant mine de m'aider à me relever.

- Ne me touche pas... Vous m'avez menti pendant toutes ces années. Pourquoi ? Non, mais quel genre de parents êtes-vous ?

- Amy, laisse-nous t'expliquer, ma fille.

- Ne m'appelle pas comme ça... Je ne suis pas ta fille, Maryline.

- Ne sois pas si dure envers ta mère, s'il te plaît.

- Toi ne me parles même pas... Je te faisais confiance. Tu étais mon modèle, mon héros depuis toute petite. Je t'ai toujours admiré en pensant que tu étais un homme bien. Un papa génial... Mais en fin de compte, tu n'es qu'un hypocrite...

- Amara, ma chérie, ne dit pas ça. Nous sommes toujours tes parents...

- Des hypocrites, voilà ce que vous êtes tous les deux... En fait, s'il y a quelqu'un qui n'a pas sa place ici, c'est moi, pas Erine. Au moins, elle a eu le courage de faire ce que vous n'avez pas pu faire durant toutes ces années.

Je tourne les talons en prenant la sortie.

- Où est-ce que tu vas ?

- Je ne veux plus vous voir... Emmène-moi loin d'ici, Nate.

J'ai mal, très mal. Comment mes parents, les gens les plus honnêtes que je connaisse, ont pu me cacher une telle chose ? Pour me protéger ? Balivernes. Ce ne sont que des putains d'égoïstes. Mon père, cet honnête homme que je chéris depuis ma plus tendre enfance, a passé vingt-quatre ans à me mentir. Et ma mère, cette femme vertueuse que je croyais incapable de me mentir, me mentait depuis tout ce temps.

Je passe ma nuit à pleurer dans les bras de mon meilleur. Le lendemain, il récupère mes affaires avant que l'on ne reparte à Los Angeles.

J'ai une tête affreuse et des cernes qui ornent mes yeux. Hors de question que les parents d'Oliver me voient ainsi. Je n'ai pas besoin de le dire à mon ami, qu'il demande à Georges de nous déposer à la propriété.

- Ce n'est qu'une question de temps avant que les médias ne soient au courant de ma coccinelle. Je suis désolé de te le dire, mais tu seras plus en sécurité ici. Je resterai avec toi jusqu'à l'arrivée d'Oliver.

Les flashes de quand j'étais petite me reviennent petit à petit, je peux clairement entendre les rires de mes parents quand on jouait. La joie que je ressentais quand ma mère me prenait dans ses bras. Tout ça n'était qu'une mascarade.

Georges nous conduit dans une chambre. Je m'allonge sur le lit, ma tête sur les cuisses de mon meilleur ami. C'est avec les larmes aux yeux que je parviens difficilement à m'endormir...

Une main me caresse doucement les cheveux. J'ouvre les yeux pour découvrir le visage de mon meilleur ami.

- Ma coccinelle, ça fait des heures que tu dors. Il faut que tu manges quelque chose.

- Je n'ai pas faim.

- Tu veux prendre une douche ?

- Plus tard

Il n'insiste pas. Comment puis-je avaler quoi que ce soit ? Mon enfance, ma famille, tout n'a été qu'un mensonge...

Oliver

L'appel de Nate m'a totalement mis hors de moi. Il m'a appelé hier soir pour me raconter ce qui s'est passé au dîner. Je voulais la rejoindre là-bas, mais Nate m'a dit qu'ils allaient rentrer ce matin, alors me voilà attendant impatiemment l'atterrissage de ce fichu appareil. Alex est resté à Boston pour me remplacer. Il sait ce qu'il a à faire. Tout ce qui m'importe en ce moment, c'est la mère de mon bébé. Je redoute l'état dans lequel elle peut être en ce moment. Amara est mon amour, c'est la femme que j'aime, mon monde. Je l'aime de tout mon être, cette femme.

À peine arrivé à la maison que je monte dans la chambre.

- Merci d'avoir fait si vite.

- Où est-elle ?

- Sous la douche. Je vais donner un coup de main à Georges pour son repas.

Je me dirige vers la salle de bain. Elle est là, le regard dans le vide, l'eau coule sur sa peau pâle. Elle me regarde un court instant, puis détourne le regard. Elle souffre, je peux le voir dans ses yeux et mon cœur se brise à cette vue. J'enlève mes chaussures et rentre sous la douche. Je l'enlace sous l'eau tiède, alors que je porte encore mes vêtements. Elle niche sa tête dans mon cou avant d'éclater en sanglots.

- Mon amour, je suis là... Ça va aller, bébé... Chute... Je suis là, mon ange.

- Pourquoi est-ce qu'ils m'ont fait ça, Oly ? ... Je les déteste.

- Ne dis pas ça, mon cœur, ce sont tes parents.

- Non, ce sont des menteurs.

- ... Chut... Je n'aime pas te voir pleurer, mon cœur.

- Je les déteste... Ils m'ont menti. Tu te rends compte, je suis la fille d'une... Fille de joie

- Je suis désolé, mon bébé. Nate m'a appelé hier soir...

À vrai dire, Nate m'a juste dit qu'Amy a besoin de moi, qu'elle vient de découvrir par sa sœur qu'elle n'est pas la fille de Maryline. J'aimerais tellement prendre sa souffrance. Si seulement...

Nous restons encore un quart d'heure sous l'eau. Je profite du fait qu'elle ne pleure plus pour la laver et l'aide à mettre des vêtements secs avant de la porter jusqu'à la chambre. Son portable se met à sonner.

- C'est ton père.

- Éteint-le, s'il te plaît.

Je l'éteins avant de prendre des vêtements secs pour m'habiller à mon tour. À mon retour dans la chambre, je vois Nate se débattre avec elle pour qu'elle mange.

- Je repasserai plus tard, d'accord, ma coccinelle ?

Elle ne lui répond même pas. Ses yeux fixent encore ce point invisible.

- Tu auras peut-être plus de chance. À plus tard. Me chuchote-t-il.

Je m'allonge auprès d'elle en lui caressant la joue.

- Mon amour, il faut que tu manges... Fais-le pour notre bébé.

- Je ne suis pas digne de porter cet enfant, Oliver.

- Pardon ? ... Je ne veux plus jamais t'entendre dire ça, d'accord ? Amy, tu es la femme la plus merveilleuse que je connaisse, comment peux-tu en douter ? ... Bien sûr que tu en es digne... C'est notre petit monde que tu portes en toi, mon cœur, alors je t'en supplie, fais un effort.

- Je te dis que je n'ai pas faim.

- Amy, je t'en prie...

Comment ne pas me sentir mal en la voyant comme ça ? J'avais prévenu à Jérémy qu'un truc comme ça pouvait arriver, mais je ne tenais qu'une partie de la vérité. Il était trop occupé à me prouver que je ne suis pas digne d'elle, maintenant elle souffre et tout ça à cause de lui.

Elle accepte enfin de prendre quelques bouchers. Son assiette est à moitié pleine. Ce n'est pas grand-chose, mais ça va tenir pour l'instant. Ne voulant pas la laisser seule, j'attends d'abord qu'elle s'endorme avant d'aller me chercher de l'eau dans la cuisine. Mes pensées ne vont au bébé et à la nouvelle conception qu'à Amy d'elle-même. Ce n'est pas juste. Mon portable me sort de mes pensées. Je souffle avant de répondre.

Conversation téléphonique

- Oui ?

- Oliver, c'est Maryline. Comment vas-tu ?

- Ça va, merci. Et toi ?

- Ça va, je crois... Tu l'as vue ? Comment va-t-elle ?

- Anéantie. Elle ne cesse de pleurer.

- Est-elle avec toi ?

- Oui

- Jérémy et moi pensons venir à Los Angeles dans la semaine pour lui parler...

- Écoute, Maryline, elle ne veut pas vous voir pour l'instant. Donne-lui du temps. Elle a besoin d'être seule. Votre présence n'arrangera rien, vous comprenez ?

- Bien sûr... On va rester ici et attendre le temps qu'il faudra. Je te remercie.

Ce dont elle a besoin en ce moment, c'est d'amour et de tendresse. Moi aussi, je lui ai fait du mal et je vais m'en vouloir jusqu'à ma mort. Mais là maintenant, voir ses parents alors qu'elle est dévastée d'apprendre qu'ils lui ont menti, toute sa vie va encore causer plus de dégâts et ça, je ne le permettrai pas...

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