~ Chapitre 56 ~
Amara
Revenir à Philadelphie en compagnie de mon meilleur ami va m'aider à me changer les idées. Me retrouver chez moi avec ma famille me fera du bien, j'en suis sûr. Je dis ça juste en souvenir du bon vieux temps, bien sûr. C'est notre ville à tous les trois. La dernière fois que je suis venue, j'étais accompagné d'Olivier. Tout à coup, certains souvenirs refont surface.
- Tu n'es pas contente d'être là ? Tu es toute triste.
- Ne t'en fais pas, mon chat. Je dois t'avouer que j'appréhende ce dîner.
- Ça n'a donc rien à voir avec un beau mec bien musclé ? Un certain PDG, tu vois ? Le père de ce magnifique bébé que tu...
- Chut. Quelqu'un pourrait t'entendre.
- Tu veux que je reste avec toi cette nuit ?
- Non, ça va aller, tu peux y aller, je suis sûre que ça fera plaisir à ton père de t'avoir à la maison. On se voit plus tard, d'accord ?
Pendant que le chauffeur s'occupe de mes bagages, Leny arrive en souriant et me prend dans ses bras avant d'appeler un autre employé pour monter mes bagages dans ma chambre.
- Ma chérie.
- Salut maman
- Comment Vas-tu, ma princesse ? Ça a été ton vol ?
- Salut papa ? Oui, ne t'en fais pas.
- Tu es magnifique, ma chérie. Dit-il en déposant un bisou sur mon front.
Joe n'est pas encore là et d'après ma mère, elle n'arrivera pas avant demain matin. J'accompagne mes parents un moment avant de rejoindre ma chambre pour prendre une bonne douche et me changer. Ces cinq heures de vol ont été bien fatigantes, du coup, je vais m'accorder une petite sieste.
À mon réveil, j'attrape mon portable pour appeler Oliver, mais je le dépose aussitôt. Il doit être à Boston à l'heure qu'il est pour régler un truc. Il ne m'en a pas dit plus.
En fin d'après-midi, habituellement, grand-mère est toujours assise près de sa fenêtre, soit en train de lire, soit en train d'admirer le paysage. Quand je pousse la porte du loft, je vois ma mamie assise à sa place habituelle. Cette fois-ci, elle tient dans ses mains un album photos qu'elle regarde en souriant.
- Mon amour... Ma petite Andréa. Tu es là.
- Oui, grand-mère, je suis là.
Elle me regarde longuement, s'attardant plus sur mon visage avant de sourire.
- Tu veux te promener avec moi ?
- Bien sûre mamie.
Avant, on faisait souvent de longues promenades toutes les deux. Dans ces moments de lucidité, je suis sa petite fille, sinon elle me prend pour sa fille, ce qui est bizarre puisqu'elle n'a qu'un seul enfant et c'est papa. Après une bonne heure de promenade et de dialogue, nous revenons au point de départ.
- Je ne sais pas trop, mais quelque chose en toi a changé, ma petite Andréa.
- Comment ça, grand-mère ?
- Tu es... Différente
A-t-elle vu mon ventre par hasard ? Non. J'ai un large T-shirt qu'Oliver a glissé dans ma valise, sachant que j'aime porter ces T-shirts en guise de pyjama. Je dors mieux avec.
- Mamie... Je suis enceinte.
- Oh ma petite chérie... Félicitations.
Elle me prend dans ses bras en me promettant de ne rien dire à personne avant le dîner de demain soir. Ma grand-mère retourne au loft, et moi, je rentre à la maison. Assise entre mes deux parents, je mange mon dîner avec appétit. Lény ne me déçoit jamais avec ces plats. Elle m'a préparé un bon poisson avec des légumes.
- Ma chérie, je ne t'ai jamais vue manger avec autant d'appétit, tu vas bien ? Me demande ma mère.
- Oui maman, j'avais... Très faim.
- C'est bien, ma princesse, tu as perdu du poids, tu dois reprendre des forces.
En réalité, j'ai déjà pris un kilogramme depuis ma grossesse. Ça peut passer inaperçu parce que je ne porte plus de vêtements qui me collent à la peau de peur que quelqu'un le remarque.
Après le dîner, je reçois un appel de Nate. Son père demande à me voir. Le docteur Fleischer est vraiment sympathique. Pour une fois qu'il est à la maison. Je me change avant d'y aller. Je suis accueilli par Marsh, la grande sœur de Nate. Elle n'a pas changé.
- Amy...
- Salut Marsh,
- Ma petite Amy, comment vas-tu ?
- Bonsoir, docteur Fleischer. Je vais bien, merci. Et toi ?
Je suis restée près d'une heure, la fatigue commence à se faire sentir, alors Nate me raccompagne à la maison.
Je remets mon T-shirt et un short avant de regagner mon lit. Je sens mes paupières se fermer, mais la sonnerie de mon portable me tire de mon sommeil.
- Salut...
- Salut. Ça va ? Je t'ai réveillé ?
- Un peu oui.
- Ah, désolé, je te rappelle demain alors.
- Non, ça va, tu peux rester.
- Tu en es sûr ?
- Raccroche si tu as autre chose à faire.
- Amy, je suis dans ma chambre à l'hôtel et en pyjama.
J'avoue que ça me soulage de l'entendre dire. Ce n'est pas de la jalousie. Mais tout simplement... Oliver a un succès fou auprès des femmes, et là, il va être père, il faut qu'il se concentre là-dessus. D'accord, je suis peut-être un tout petit peu jalouse, c'est normal, non ?
- Ça a été ta réunion ?
- Je crois que oui. Toi, ça va ? Personne n'a rien remarqué ?
- Non, pas encore. Je leur dirai demain après le dîner.
- D'accord, parle-moi de ce que tu as fait depuis que tu es arrivée...
Il veut faire la conversation et moi, ça ne me dérange pas. Je porte son bébé, ce qui veut dire qu'on va se côtoyer souvent, alors autant arrêter de me montrer désagréable. Le sommeil m'emporte peu de temps après.
Je me réveille avec le sourire ce matin en me rappelant ma conversation de la veille. Je prends ma douche en fredonnant Kiss from a rose de Seal avant de descendre pour le petit-déjeuner. Je salue mes parents avant de m'asseoir à côté de ma sœur.
- Salut Joe. T'es arrivée quand ?
- Il y a une demi-heure.
- Ah d'accord.
Tout au long de notre déjeuner, ma mère essaie de faire la conversation en nous introduisant ma sœur et moi. C'est étrange, mais Joe ne fait aucun commentaire déplacé, pour une fois.
Je passe la journée avec ma mère et Joe. On fait les boutiques, une idée de Maman. Je me cache derrière mes lunettes de soleil, un chapeau, un large jumper jeans, un T-shirt et des baskets. Ma sœur, elle, porte un jean, un T-shirt à sa taille et des baskets. Maman porte une jolie robe. Tout le monde a son manteau, car il fait froid. C'est l'hiver tout de même.
Après des heures de shopping, on rentre enfin à la maison les bras chargés de sacs.
Ensuite, je vais voir ma grand-mère, mais l'infirmière me dit qu'elle ne va pas bien, elle est en train de se reposer. Du coup, je n'insiste pas et retourne dans ma chambre me préparer pour le dîner auquel elle ne participera pas.
Nate arrive à vingt heures, alors que moi, je ne suis pas encore prête. Je finis de me préparer quelques minutes après et descends à la salle à manger. Il ne manque que ma sœur. Évidemment, elle se fait désirer afin de soigner son entrée. Joe arrive quelques minutes plus tard dans une démarche digne d'une reine. Elle prend place sur la chaise en face de la mienne.
- Désolée pour mon retard, je n'ai pas vu l'heure passée. Mais le résultat en vaut quand même la peine, non ?
Personne ne répond. Joe est d'une beauté et ça, elle n'a besoin de personne pour le lui dire. Son regard tombe enfin sur Nate.
- J'avais dit repas de famille. Andrea, qu'est-ce qu'il fait là, lui ?
- Nate est mon meilleur ami et il est de la famille...
- Jonathan est toujours la bienvenue, il est ici chez lui. Ajoute papa.
- Comme vous voulez.
Alors que les autres se servent du vin, moi, je prends de l'eau. Joe me regarde en mode « T'es sérieuse ? » Mais ne dit rien en voyant Nate faire la même chose. La conversation tourne autour de Nate, mes parents lui demandent des nouvelles, Joe n'est pas du tout intéressé par la conversation, elle se contente juste de piquer dans son assiette et d'apporter sa fourchette gracieusement dans sa bouche.
- Ça va avec ton petit ami Jonathan ? Demande, ma sœur.
- Tout va bien. Merci de demander.
- Il fait quoi déjà ?
- Il est infirmier.
- Ah, mais c'est bien ça. Ajoute ma mère.
- Du coup, vous ne devez pas vous voir souvent, non ?
- Arrête avec tes questions indiscrètes, Erine. Dit mon père .
Elle roule des yeux avant de porter un morceau de brocoli à sa bouche. On parle du temps qu'il fait, de l'état de santé de grand-mère, de l'entreprise familiale, du boulot de maman, et bien sûr, Joe n'a pas pu résister à mon envie de nous faire part de son nouveau partenariat avec une marque de basket. Le dîner touche presqu'à sa fin, mon meilleur ami me regarde comme pour me donner du courage pour me lancer. Je dépose alors ma fourchette...
- J'aimerais... Dit-on en cœur Joe et moi
Joe avait l'habitude d'attirer l'attention lors de nos dîners précédents, mais ce soir, c'est tout le contraire. Et elle n'arrête pas de sourire.
- Vas-y. Dis-je.
- Non, toi d'abord.
Je repousse une mèche rebelle derrière mon oreille avant d'avaler ma salive.
- J'aimerais vous annoncer quelque chose. Papa, maman, vous m'avez toujours épaulé et... J'espère que ça vous fera autant plaisir qu'à moi...
- On t'écoute, ma chérie. Dit papa.
- Voilà, il y a quelques semaines, j'ai appris que...
- Que quoi, Andrea ? M'incite Joe.
- Voilà... Euh... Je...
Tout à coup, je me sens idiote d'avoir refusé qu'Oliver m'accompagne. La main de mon meilleur se glisse dans la mienne, il me fait signe de continuer.
- Je suis... Je suis enceinte.
Le silence total. Tout le monde semble être figé, à part Nate et moi. Puis Papa fait tomber sa fourchette et ma sœur part dans un fou rire. Maman se lève aussitôt et vient me prendre dans ses bras en me félicitant. Papa ne réagit toujours pas.
- Papa... Papa. Dis-je plus fort.
- Oui, ma chérie.
- Tu ne dis rien ?
- Ça se voit qu'il est choqué, ma petite... La tête que vous faites Ça alors, papa ! Ta préférée, ta petite fille parfaite, ta princesse va être une mère célibataire à seulement vingt-quatre ans.
- Eh bien... Commence Papa.
- Mais non, papa, cela ne devrait pas t'étonner tant que ça... Vous savez ce qui est intéressant quand grand-mère ne passe pas son temps à dire du mal de moi je n'ai qu'à lui promettre de lui amener sa petite fille chérie pour qu'elle me raconte tout ce que je veux...
- Où veux-tu en venir ? Dis-je.
- Dis-moi une chose, papa, elle avait quel âge sa mère quand elle a commencé à se prostituer ?
- Joe, à moi, tu peux me dire tout ce que tu veux, mais je te demande de ne pas insulter maman, s'il te plaît.
- Maman ? Attends. C'est vrai que tu n'es pas au courant. Je parle de ta mère à toi.
- De quoi tu parles ?
- Quelqu'un va se dévouer à lui dire ou bien devrais-le moi-même le faire ?
Je me doutais bien qu'elle fût trop calme pendant ce dîner...
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