~ Chapitre 47 ~


Oliver

Je ne sais pas qui a le contrôle de la voiture, mais ce n'est pas moi. Il est vrai que je suis assis derrière le volant, mais ce n'est que mon corps, car mon âme meurtrie et vagabonde m'a quitté pour défouler sa rage quelque part. Je ne sais pas qui a le contrôle de la voiture, mais ce n'est pas moi. Et pourtant, j'arrive en un seul morceau à la maison.

- Monsieur, j'allais vous appeler. Je me suis assoupi et...

Je continue ma route. Ignore totalement Georges.

- Oliver, tu vas bien ? Que t'est-il arrivé ? Où est Amara ?

- Elle ne reviendra pas.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par elle ne reviendra pas ?

- Elle a tout découvert.

- Monsieur...

- Non, Georges, sert-moi juste un verre.

Il me sert un premier verre de whisky, ensuite un deuxième, un troisième, je les bois tous cul-sec. Au bout de six verres, je commence à ressentir les effets. Ma gorge est brûlante, mais j'en veux encore.

- Encore un autre

- Oliver

- Tais-toi, Georges, ton travail est de me servir, ou ça non plus, tu n'es pas capable de le faire correctement ?

Je continue à boire dans l'espoir que ce liquide frais coulant au fond de ma gorge arrive enfin à me faire oublier. Que j'oublie la haine qu'ai, j'ai vu dans les yeux d'Amy, que j'oublie ses mots qui m'ont transpercé le cœur. Quand j'y pense, je me demande, ai-je vraiment été cet homme ? Le suis-je encore ?

- Je n'aurais jamais dû tomber amoureux de cette femme.

- Ne dites pas ça, Monsieur... Vous avez assez bu comme ça.

- Un dernier verre, je vous prie.

- Je vais plutôt vous aider à vous mettre au lit.

Je lance mon verre dans le feu de la cheminée. Au lieu d'être effrayé, Georges a juste eu un petit mouvement de recul. Je titube en essayant de trouver la porte tout seul, mais je finis par terre en me prenant le pied dans une chaise. Georges m'aide à me relever et à retrouver ma chambre...

Amara

Plusieurs jours plus tard

Nate m'a aidé à récupérer mes affaires chez Oliver. Malika est rentrée le jour suivant notre rupture. J'ai besoin de mes meilleurs amis, parce que je n'ai aucune idée de ce que je dois faire, et là, je ne me suis pas encore décidée. Dois-je garder ce bébé ? Pourrais-je le regarder ou même l'aimer, sachant que son père est un manipulateur et un homme sans cœur ?

Malgré ces tentatives, je ne lui ai jamais reparlé. Je ne lis plus ces messages. Il est vrai qu'Oliver est le premier homme que j'ai aimé et c'est aussi le premier homme que je déteste à ce point. Qu'est-ce que je lui ai fait ? Je ne le connaissais même pas ? Pourquoi m'avoir choisi, moi, indistinctement ? Je pleure à chaque fois que j'y pense.

Je ne vais plus à l'agence depuis plus d'une semaine. C'est plus facile pour moi de travailler à la maison. Enfin, il y a la maison de Nate. Depuis que j'ai arrêté de le suivre sur les réseaux, il y a un tas de journalistes qui me suivent partout.

- Bichette, tu veux manger quelque chose ?

- Non, ça va, je n'ai pas faim.

- Amy, souviens-toi que tu n'es plus seule maintenant, pense un peu à ton bébé. Dit Lois.

Je n'aime pas qu'on me parle du bébé. Je me dis que si je ne pense pas à lui, ce sera comme s'il n'existait pas.

- Lois, arrête de me parler de ça, d'accord ? À chaque fois que tu me parles de ce bébé, ça me rappelle à quel point j'ai été idiote.

- Je te comprends, ma belle, mais tu dois prendre une décision.

- Pas maintenant, Bébé, laisse-la se reposer. Dit Nate.

Pourquoi est-ce que c'est à moi de faire ce choix ? Je n'ai pas choisi de tomber enceinte. Ce fichu week-end à Papeete, il a suffi que j'oublie de prendre cette pilule une fois, rien qu'une seule, pour me retrouver dans cette situation.

Cet enfant va chambouler ma vie encore plus. Et même si je hais son père, lui est innocent. Il n'a pas à payer pour les actes de son père, qui, j'espère, ne connaîtra jamais son existence. Enfin, peut-être qu'il l'apprendra un jour, mais ce ne sera pas de moi en tout cas.

Plusieurs fois, je me surprends à caresser mon ventre qui est encore bien plat.

- Alors, ma coccinelle ?

- Je vais le garder, c'est mon bébé et il fait déjà partie de moi.

- C'est une bonne décision, ma coccinelle.

Ce matin, je décide de me rendre à l'agence. Le docteur Moore m'a recommandé de prendre rendez-vous avec mon gynécologue, je ne pense pas le faire maintenant. Enfin pas aujourd'hui. Je vais devoir être très discrète maintenant, car je dois tout faire pour protéger ce petit bébé que j'ai dans le ventre.

- Quand je pense à tout ce que vous avez vécu tous les deux.

- Je croyais que ce qu'on vivait était réel...

- Ne dis pas ça, ma coccinelle, tu ne pouvais pas savoir. Oliver n'a peut-être pas changé comme on le croyait finalement.

- Le pire dans tout ça, c'est qu'il m'a fait croire qu'il est tombé amoureux de moi.

Si j'étais sensible avant, je le suis dix fois plus maintenant à cause de ces fichues hormones. En d'autres termes, je pleure pour un rien.

Avant de sortir de la maison, je mets un manteau assez long pour me couvrir. Même si mon ventre n'est pas encore visible pour l'instant, je ne veux pas prendre de risque. Alors que je les croyais tous partis, ils se regroupent auprès de ma voiture.

- Amara, peux-tu nous expliquer ce qui s'est passé avec Oliver ?

- Avez-vous rompu ?

- On raconte qu'il t'a trompé, qu'as-tu à dire à ce sujet ?

- Oliver a-t-il repris ses vieilles habitudes ?

- Allez-vous vous remettre ensemble ?

- C'était qui la femme avec qui il t'a trompé ?

- Et vos fiançailles alors ?

Toutes ces questions me donnent mal à la tête et tout à coup, j'ai envie de pleurer. Je pense qu'il est temps de leur dire la vérité. Enfin une partie, histoire qu'ils me laissent tranquille.

- Tout ce que vous devez savoir, c'est qu'il n'y a plus de fiançailles... Entre Oliver et moi, c'est terminé, alors je vous demande de respecter ma vie privée, s'il vous plaît. Maintenant, excusez-moi.

Au milieu de tous ces journalistes, je réussis à atteindre la portière de ma voiture pour ensuite quitter le parking alors qu'ils continuent de me mitrailler avec leurs questions.

Je conduis donc jusqu'à l'agence. Pour eux, ils n'ont pas besoin de savoir ce qu'a fait Oliver. Non, ce n'est pas nécessaire parce qu'ils ont toujours connu le vrai visage d'Oliver Hale et ils l'ont peinte pendant des années, alors que moi, j'ai été aveuglé par sa carrure et ses beaux yeux qui désormais n'ont plus le même effet sur moi. Isie m'aide à trouver un appartement pour m'installer.

- Amy, regarde celui-là.

- Fais voir... Il me plaît bien.

- Je trouve aussi. Même si je ne vois toujours pas pourquoi tu ne viens pas chez moi. C'est chez toi après tout.

- Isie, on en a déjà discuté. Cette maison est à toi, et... J'ai beaucoup trop de souvenirs là-bas.

Avoir un bébé, ça demande d'avoir beaucoup d'espace, je suppose, mais pour l'instant, je vais me contenter d'un petit appartement. Ce n'est pas que cela ne me plairait pas de vivre en colocation avec mes amis (es), mais je vais avoir besoin de passer du temps seule pour réfléchir et me préparer à ce que sera ma vie à présent.
C'est la troisième fois que ma mère m'appelle. Elle a sûrement dû voir dans les infos la nouvelle de ma rupture avec Oliver. Je la rappellerai plus tard, là maintenant, je dois me rendre à mon rendez-vous avec ma meilleure amie.

Son portable sonne pour la deuxième fois, le nom d'Alex s'affiche sur l'écran. Elle décide de l'éteindre.

- Tu ne lui parles toujours pas ?

- Non. Et je ne le ferai pas.

- Kika, Alex n'y est pas pour grand-chose.

- Il était au courant depuis le début, Amy. Il dit vouloir m'expliquer pour la conversation, mais tout ce qui m'importe maintenant, c'est toi.

- Je sais ma Kika, mais... D'accord, il était au courant que son meilleur ami m'a vu un soir à la télé et sans aucune raison a décidé de jeter son dévolu sur moi dans le seul but de se servir de moi. Dis-moi ce qu'il aurait pu faire ?

- L'en empêcher. Ou bien te prévenir quand tout a commencé, par exemple.

- Kika, je te rappelle que c'est son meilleur ami.

- Et alors, toi aussi, tu es devenue son amie. A-t-il pensé à toi ? Non. Et moi qui suis sa copine, a-t-il pensé à notre relation ? La réponse est toujours non. Il n'a fait que protéger son enfoiré de meilleur ami. Ça, je ne peux pas le lui pardonner.

- Et votre histoire alors ? Tu vas mettre fin à votre histoire d'amour à cause de ce qu'a fait Oliver ?

- Elle s'est arrêtée le jour où ma meilleure amie m'a appelé en larmes pour me raconter ce que son meilleur ami lui a fait. Et puis qui me dit que ça ne faisait pas partie de leur plan à tous les deux.

- Kika...

- Non, Amy, pour moi, ils peuvent crever tous les deux.

Elle arrête la voiture et nous pénétrons à l'intérieur de la maison. Je pourrais bien rester chez elle comme elle me l'a proposé, mais c'est un peu trop près de mon ancienne maison.

- Je vais prendre quelques jours de congé pour rester encore un peu avec toi, ma bichette.

- Je te remercie, ma Kika, mais ce n'est pas la peine. Je vais bien. Ne change pas tes plans pour moi. Et puis on se parlera tous les jours.

- Promis ?

- Promis

- Alors tu veux commencer par quoi ? Je te fais les ongles ou bien les cheveux ?

- Hmm, j'hésite encore...

Nous passons un bon moment entre filles comme on sait le faire. Et après, je rentre retrouver mon lit douillet pour une petite sieste. J'ai de quoi m'occuper avec mes événements et c'est ce qui m'empêche de m'effondrer totalement jusque-là...

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